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La révolution française terroriste, Louis XVI devant la Convention

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La révolution française terroriste, Louis XVI devant la Convention

Louis XVI devant la Convention est condamné à la mort, les chefs de la révolution française terroriste, Girondins et Montagnards sont maîtres de la situation, c’est sous leur influence que vont être élus les membres de la Convention nationale. Qu’on se représente ces directeurs de l’opinion, tels qu’ils étaient quelques années auparavant.

Desmoulins, avocat sans causes, en chambre garnie, vivant de dettes criardes et de quelques louis arrachés à sa famille ;

Danton, autre avocat de second ordre, sorti d’un bicoque de Champagne, ayant emprunté pour payer sa charge et dont le ménage gêné ne se soutient qu’au moyen d’un louis donné chaque semaine par le beau-père limonadier ;

Brissot, bohême ambulant, ancien employé des forbans littéraires, qui roule depuis quinze ans, sans avoir rapporté d’Angleterre autre chose que des coudes percés et des idées fausses ;

Marat, écrivain sifflé, savant manqué, philosophe avorté, falsificateur de ses propres expériences, pris par le physicien Charles en flagrant délit de tricherie scientifique, retombé du haut de ses ambitions démesurées au poste subalterne de médecin dans les écuries du comte d’Artois.

Robespierre, enfin, besogneux et avide ; encore un avocat sans causes.

Ce futur proscripteur de prêtres fut élevé comme boursier aux frais de l’abbé Saint-Waast ; son bagage économique se réduisait au Contrat social qu’il savait par cœur et à certaines formules vagues et emphatiques, qui lui tenaient lieu de principes.

« Ni une idée dans la tête, ni un sentiment dans le cœur », disait de lui Condorcet.

C’est cet homme qui devait mériter de l’ignoble Marat le nom d’incorruptible.

Voilà les personnages qui, le 2 décembre, dirigent les élections, pendant qu’on accomplit, autour d’eux, à Paris et en province, les massacres qu’ils ont provoqués. Jamais la liberté du vote ne fut plus cyniquement entravée. A Paris ce furent Robespierre et ses amis qui firent les élections par la terreur. Le scrutin était à deux degrés.

Robespierre obligea les neuf cents membres du corps électoral, délégués par les sections primaires, pour choisir les députés, à procéder au vote dans la salle même des Jacobins, où il dominait sans partage.

En passant au Pont-au-Change pour s’y rendre processionnellement, les délégués eurent à traverser une double haie de cadavres que les égorgeurs de la Conciergerie et du Châtelet y entassaient en ce moment. Cette vue commença à épouvanter les plus résolus. Mais ce fut bien autre chose, lorsqu’ils furent réunis dans le sanctuaire de la démagogie.

Robespierre parut à la tribune, et déclara que quiconque avait été affilié à des sociétés anticiviques, ou avait signé quelque pétition empreinte de modérantisme, ne devait pas, malgré le mandat qu’il tenait de sa section, participer à l’élection. Les tribunes éclatèrent en applaudissements, et personne n’osa contredire cette inqualifiable proscription. Un grand nombre de délégués, effrayés de la tournure que prenait le vote, s’esquivèrent prudemment ; la peur livra tous les autres aux volontés de Robespierre.

Le résultat était facile à prévoir : Robespierre fut élu le premier ; puis Danton ; le comédien Collot d’Herbois ; Manuel, ancien frère de la doctrine chrétienne ; Billaud-Varennes, ex-oratorien ; Camille Desmoulins, le futur pourvoyeur de la lanterne.

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Devant le nom de Marat, il y eut parmi les électeurs un mouvement d’horreur et de dégoût ; mais Robespierre laissa entendre sa volonté, et « l’ami du peuple » fut élu, sans opposition. Robespierre avait un jeune frère qui avait toujours habité Arras : nul ne le connaissait ; mais Robespierre ayant témoigné son désir, ce fut un ordre, et il fut nommé ; les autres, également inconnus, à l’exception de l’abject Duc d’Orléans, devenu Philippe-Égalité, étaient à la dévotion du dictateur de Paris.

En province, les élections se firent également par intimidation sur un mot d’ordre de Robespierre aux nombreuses sociétés affiliés à celle des Jacobins.

L’assemblée sortie d’un pareil vote fut plus révolutionnaire encore que la précédente. Les Girondins qui occupaient la gauche de la Législative devinrent la droite de la convention ; au centre, à la Plaine, comme on disait alors, siégeaient les timides, qui devaient perpétuellement osciller entre la Gironde et la Montagne ; enfin cette dernière formait, par la terreur qu’elle inspirait au reste de l’Assemblée, la véritable majorité.

Il était facile à prévoir que la lutte ne tarderait pas à s’engager entre les Girondins et les Montagnards. La situation se dessina dès les premières séances : la Gironde ayant proposé un blâme contre la commune de Paris et les assassins de septembre, la Montagne éclata en protestation impudente :

« J’ai regardé mon crime face à face e t je l’ai commis », s’écria Danton de sa voix tonnante.

« Le sang a coulé, ajouta Garat, mais c’était celui des coupables ; quand le peuple agit, il n’a pas besoin de juges. »

La motion des Girondins fut repoussée, au nom de l’humanité. À leur tour, les Montagnards prirent l’offensive ; ils reprochèrent aux Girondins de vouloir morceler la France, pour en faire une république fédérative, les deux partis ne tombèrent d’accord que pour abolir la royauté et proclamer la République. À partir de ce jour, 22 Septembre 1792, commença l’ère républicaine.

La Convention avait absous les assassins de septembre ; elle réservait toutes ses rigueurs pour le malheureux prince qu’elle tenait étroitement prisonnier. Les charges qui pesaient sur lui étaient autrement accablantes.

« Je vous le dénonce, dit Valazé, le 6 novembre, dans son rapport, comme accapareur de blé, de sucre et de café. »

Robespierre prend ensuite la parole :

« Il n’y a pas besoin de procès en forme, dit-il ; il faut le condamner sur-le-champ à mort, en vertu du droit d’insurrection… Louis doit mourir, parce qu’il faut que la patrie vive. »

Danton s’écrie à son tour :

« Nous ne jugeons pas le roi, nous le tuons. »

La famille royale était toujours enfermée dans la prison du Temple, sous la garde des assassins de septembre. Ces misérables n’épargnaient aux malheureux prisonniers ni injures ni menaces ; ils les surveillaient jusque dans les détails les plus intimes de la vie, et ne leur permettaient de communiquer entre eux qu’en présence d’un officier municipal.

Le mardi 11 décembre était le jour fixé par la Convention pour la comparution de Louis XVI. Quand le maire Chambon lui lut le décret qui commençait ainsi :

« Louis Capet sera traduit à la barre de la Convention. »

Le Roi eut un mouvement d’étonnement :

« Capet n’est pas mon nom, dit-il, c’est celui d’un de mes ancêtres… Je vais vous suivre, non pour obéir à la Convention, mais parce que mes ennemis ont la force en main. »

L’interrogatoire fut odieux et grotesque. Quand on lui reprocha ses aumônes comme des moyens de corruption :

« Je n’avais pas, répondit-il avec simplicité, de plus grand plaisir que de donner à ceux qui en avaient besoin. »

Il sentit l’indignation le gagner lorsque les hommes qui avaient fomenté toutes les émeutes et qui étaient souillés du sang de tant de victimes, lui dirent, en faisant allusion au 10 août :

– « Vous avez fait couler le sang des Français ? »

– « Cela n’est pas vrai » , répondit-il avec fermeté.

Le malheureux prince put choisir deux défenseurs. Il désigna Target et Troncher ; le premier eut la lâcheté de se récuser : mais aussitôt Malesherbes, le ministre des jours heureux, s’offrit spontanément et fut accepté avec reconnaissance ; ils s’adjoignirent le jeune Désèze.

Ce fut ce dernier qui porta la parole devant la Convention. Après avoir établi que, d’après la Constitution, la personne du Roi était inviolable, et qu’il était lui-même irresponsable, il démontra la fausseté des divers chefs d’accusation, et termina ainsi :

« Le peuple désirait la destruction d’un impôt désastreux qui pesait sur lui ; il le détruisit. Le peuple demandait l’abolition de la servitude, il commença par l’abolir lui-même dans ses domaines. Le peuple sollicitait des réformes dans la législation criminelle pour l’adoucissement du sort des accusés, il fit ces réformes. Le peuple voulait que des millions de Français, que la rigueur de nos usages avait privés jusqu’alors des droits qui appartiennent aux citoyens, acquissent ces droits, ou les recouvrassent, il les en fit jouir par ses lois. Le peuple désira la liberté, il la lui donna. Il vint même au-devant de lui par ses sacrifices, et c’est cependant au nom de ce même peuple qu’on demande aujourd’hui… Citoyens, je n’achève pas… je m’arrête devant l’histoire : songez qu’elle jugera votre jugement, et que le sien sera celui des siècles. »

Ce discours produisit une vive impression ; la Gironde était hésitante et aurait voulu détourner de sa tête le sang de ce juste. Lanjuinais eut le courage de protester hautement :

« Le règne des hommes féroces est passé, s’écria-t-il. Non, vous ne pouvez rester juges de l’homme désarmé duquel plusieurs d’entre vous ont été les ennemis directs et personnels, car vous avez d’avance, tous, ou presque tous, donné votre avis, et quelques-uns de vous avec une férocité scandaleuse. »

A ces mots, la Montagne tout entière s’ébranle et descend vers la tribune, les poings fermés, l’injure à la bouche. La Convention ressemble à une arène de gladiateurs. C’est au milieu d’un tumulte indescriptible qu’elle se déclare compétente. Pour gagner du temps, les Girondins proposent l’appel au peuple :

« C’est un recours en grâce, s’écrie Saint-Just ; faire grâce au tyran, c’est faire grâce à la tyrannie ! »

Et Robespierre :

« Que la Convention déclare Louis Capet coupable et digne de mort ! »

Intimidée, la Convention prononce qu’elle jugera elle-même « Louis Capet ».

L’appel nominal sur la condamnation commença le 16 janvier. Le premier Girondin qui parut à la tribune pour voter fut Vergniaud.

« Je serais seul de mon opinion, avait-il dit quelques jours auparavant, que je ne voterais pas la mort. »

Malgré le cri de sa conscience, il prononça le mot fatal :

« Je vote pour la mort »

Cet exemple entraîna les principaux Girondins, qui votèrent également, par lâcheté, pour la mort.

Quand le Duc d’Orléans, Philippe-Égalité monta à la tribune, il y eut un mouvement d’attention :

« Je vote la mort » dit le misérable maudit Royaliste Jacobin.

Quand les députés eurent défilié à la tribune et que le scrutin eut été dépouillé, Vergniaud se leva :

« Sept cent vingt-et-un députés ont pris par au vote, dit-il ; la majorité absolue est de trois cent soixante-et-un ; la peine de mort pure et simple a obtenu trois cent soixante-et-un suffrages. »

Cette majorité d’une voix était le résultat de l’effroyable pression qui pesait sur l’assemblée ; elle était arrachée à la peur, ce dernier tyran des assemblées révolutionnaires.

L’exécution eut lieu le 21 janvier sur la place de la Révolution. En arrivant sur l’échafaud, le Roi dit, d’une voix lente et ferme :

« Français, je meurs innocent des crimes que l’on m’impute ; je pardonne aux auteurs de ma mort, et je demande que mon sang ne retombe pas sur la France. »

Santerre l’interrompit, en ordonnant un roulement de tambours. Les bourreaux saisirent la victime, et le régicide fut consommé.

« Fils de Saint Louis, montez au ciel », dit l’abbé Edgewoorth de Firmont, au moment où le descendant de tant de Rois tombait sous la hache de la Révolution.

La mort du Roi avait un moment rallié dans un même vote Girondins et Jacobins, mais dès le lendemain les divisions recommencèrent plus passionnées, plus irréconciliables. Danton le dit un jour à la tribune :

« Plus de paix ni de trêve entre vous et nous. »

Source : Histoire de France par Edmond Demolins – 1893

Publié par Napo

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