Ce chapitre parlera de la bonté de Dieu, son immense BONTE !
I. Heureux qui s’applique à connaître la bonté de Dieu
Parole du Seigneur à Sœur Mechtilde :
« Celui qui méditera combien je suis bon s’attachera à moi pour jamais. » (Liv. V, ch. XX.)
Ô mon unique bien-aimé, disait sainte Mechtilde au Seigneur, qu’aimez-vous mieux que les hommes connaissent de vous ?
Le Seigneur répondit :
« Ma bonté et ma justice : ma bonté qui me fait attendre miséricordieusement l’homme jusqu’à ce qu’il se convertisse, à quoi je l’attire continuellement par ma grâce ; mais quand il ne veut absolument pas se convertir, ma justice réclame sa damnation. »
L’âme :
« Et que dites-vous de votre charité ? »
Le Seigneur :
« Un fidèle ami fait part de tous ses biens à son ami et lui révèle ses secrets ; ainsi je fais moi aussi. » (Ire part., ch. XIII.)
II. Bonté du Père éternel
Un soir, raconte sainte Thérèse, comme j’étais à Matines, Notre Seigneur se plaça entre mes bras, comme les peintres Le représentent mort entre les bras de la Sainte Vierge. Ce fut par une vision intellectuelle, mais si vive, qu’elle ressemblait à une vision imaginative.
Notre Seigneur me dit :
« Ne t’étonne pas de ceci. Mon Père est avec ton âme dans une union bien plus grande, sans comparaison. » (Relation, 44.)
Et une autre fois la même sainte rapporte ceci : le Père éternel m’approchait de Lui et m’adressait des paroles pleines de douceur.
Il me dit entre chose en me témoignant beaucoup d’amour :
« Je t’ai donné mon Fils, l’Esprit-Saint et la Vierge. Et toi, que pourras-tu me donner ? » (Relation, 22.)
Il m’est impossible, dit Marie Brotel, d’exprimer l’immense bonté de Dieu le Père. Il me regardait d’un regard paternel qui m’anéantissait d’amour. Je croyais que dans Dieu le Père il y avait surtout la grandeur et la puissance ; mais non, c’est surtout et au-dessus de tout l’amour que j’y ai vu.
Il m’a dit :
« Ma fille, les hommes ne me connaissent pas et c’est pour cela qu’ils me servent avec une crainte servile et comme étant bien sévère ; mais tu vois mon amour pour mes créatures et mon désir de les voir heureuses » (Vie, appendice, I, n° 16.)
III. Bonté de Dieu qui se donne Lui-même et au premier appel
Au moment de l’élévation de l’hostie, le Seigneur dit à sainte Mechtilde :
« Voici que je me livre tout entier avec tout le bien qui est en moi, en la puissance de ton âme, afin qu’il soit absolument en ta puissance de faire de moi tout ce qu’il te plaira. » (IIe part., ch.II.)
Et une autre fois :
« Voici que je me remets en ta puissance pour être ton captif et pour que tu commandes de moi tout ce que tu voudras, et moi, tel qu’un captif qui ne peut que ce que son maître lui ordonne, je serai à tes ordres. » (Ch. XXXI)
« Toutes les fois que tu gémis tu m’attires en toi, je me suis rendu plus facile à obtenir que toute autre chose ; il n’est objet si vil et si insignifiant, un brin de fil ou une paille qu’on puisse acquérir par un simple acte de volonté ; mais moi, un seul vouloir, un seul soupir suffit pour me mettre en la possession de l’homme. » (IIIe part., ch. XXXV.)
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IV. Dieu se donne autant qu’on veut le recevoir
Sainte Gertrude vit le Seigneur qui, répandant de toutes parts les flots de son amour divin, se donnait à toute la communauté avec ces paroles :
« Je suis tout à vous ; que chacun de vous jouisse de moi selon son désir. » (Liv. III., ch. XVII.)
Mais ce désir, d’après lequel le Seigneur mesure le don qu’il fait de Lui-même, est le fruit d’une volonté sincère et efficace et non le produit d’une simple velléité.
Jésus dit à Bénigna :
« On a une idée trop petite de la bonté de Dieu, de sa miséricorde, de son amour envers les créatures; on mesure Dieu par les créatures, mais Dieu n’est pas limité, aussi sa bonté est sans limite ! Oh ! Pouvoir se servir, profiter de Dieu et ne pas le faire ! Et pourquoi ne le fait-on pas ? parce que, dans le monde on ne Le connaît pas. Je suis un trésor infini, mis par mon Père éternel à la disposition de tous ; mes créatures me refusent, et combien c’est à leur détriment, elles le comprendront seulement dans l’éternité. » (Notice, pp. 88, 89.)
V. Dieu par bonté s’est rabaissé et mis à notre portée dans l’Incarnation
Le Seigneur a expliqué à sainte Brigitte pourquoi sa divinité ne s’était pas manifestée d’une manière éclatante :
« l’infirmité corporelle n’aurait pu la supporter ; si les yeux corporels voyaient la divinité, ils se fondraient comme la cire devant le feu ; et même si l’âme avait cette faveur de voir la divinité, le corps se fondrait et deviendrait comme de la cendre. Ma divine bonté ne l’a pas voulu, car si je montrais ma divinité, qui est incomparablement plus brillante que le feu et que le soleil, j’irais contre moi-même, qui ai dit : Nul homme ne me verra sans mourir. (Exode, XXXIII, 20.) Les prophètes eux-mêmes ne m’ont pas vu comme je suis en la divinité. Aussi moi qui suis le Dieu de miséricorde, afin que l’homme m’entendît mieux, je me suis montré à lui sous une forme qui pouvait être vue et ressentie, c’est-à-dire dans mon humanité. » (Liv. v, ch. v.)
VI. Bonté toute gratuite. Âmes choisies
Le Seigneur dit à Mechtilde :
« Moi qui suis le Créateur de l’univers, je n’ai besoin d’aucune récompense, mais tu es toi-même ma récompense, car mon Père céleste t’a donnée à moi pour être mon épouse et ma fille. »
La sainte s’écria :
« Pourquoi, Seigneur très aimant, agissez vous ainsi avec moi? »
« Uniquement par un effet de ma bonté, parce que j’ai placé en toi les délices de mon Cœur. » (IIe part., ch. VIII.)
Le Seigneur dit à Gertrude :
« Ma fille, je ne suis resté que depuis la sixième heure jusqu’à celle des vêpres, attaché à la croix, et cependant je l’ai bien élevée en honneur. Vois par là de quels bienfaits je me propose de récompenser les cœurs où j’ai reposé des années entières. »
A ces paroles la sainte dit : Hélas ! je vous ai donné bien peu de contentement en mon cœur ! – « Et quel contentement ai-je eu sur ce bois ! répondit le Seigneur. Mais ma gratuite bonté qui l’a choisi de préférence à d’autres, m’a induit à l’honorer. De même je récompenserai ceux que j’aurai choisi par un effet gratuit de ma bonté. » (Liv. IV, ch.LII.)
VII. Dieu est maître de ses dons
Le confesseur de Françoise de Bona la reprenant sévèrement lui dit qu’il était à craindre que toutes ses visions et ses révélations ne fussent des tromperies du démon :
« Dis de ma part à ton confesseur, dit le Seigneur à l’humble religieuse : N’est-il pas en mon pouvoir de faire de mes servantes ce qu’il me plaît ? « (Liv. II, ch. xv II.)
VIII. Bonté qui n’oublie personne sur cette terre
« Il n’y a personne au monde, dit le Seigneur à sainte Brigitte, quelque enraciné qu’il soit avec le diable que le bon Esprit ne visite quelquefois et ne lui excite et émeuve le cœur. Il n’y a personne aussi, quelque bon qu’il soit, que le diable ne tourmente par quelque tentation. » (liv. I er, ch. LIV.)
IX. Bonté qui accroît ses dons selon les efforts de l’âme
« Ceux qui commencent à porter mon joug et qui font des efforts, à ceux-là je donnerai ma grâce. Ceux qui supportent mon fardeau, c’est-à-dire qui s’efforcent d’un jour à l’autre, pour l’amour de moi, d’avancer dans le chemin de la perfection, je travaillerai avec eux, je serai leur force et les enflammerai d’amour, afin qu’ils me désirent davantage. Ceux qui sont nuit et jour dans les peines, qui souffrent avec patience et ne s’abattent pas, mais brûlent et l’enflamment de plus en plus, au point que tout ce qu’ils font leur semble peu de choses, ceux-là sont mes amis très chers, mais ils sont en petit nombre. » (Ibid., liv. Ier, ch. xv)
X. Bonté qui se révèle ou qui se cache selon le besoin des âmes
Sainte Gertrude, considérant la clarté du soleil, se dit un jour : Si le Seigneur qui a créé ce soleil et qui est Lui-même un feu consumant, était aussi véritablement en moi, qu’il se montre fréquemment devant moi, comment serait-il possible que mon cœur demeurât si froid, et que j’eusse une conduite si peu raisonnable et si peu vertueuse ?
Le Seigneur lui répondit :
« En quoi exalterait-on ma toute-puissance si, par-dessus tout, je ne pouvais en quelque lieu que je me trouve, me contenir en moi-même, ou révéler ma présence quand cela me convient le mieux, selon les circonstances de lieu, de temps et de personne ? » (Liv. II, ch. XVII.)
XI. Bonté qui met son plaisir à nous faire du bien
Le Père céleste dit à Bénigne Gojoz :
« Ma fille, lorsque vous serez parfaitement convaincue de votre néant et de votre misère, vous apprendrez à exalter mon nom et à vous réjouir dans le Seigneur, en reconnaissant que tout bien vient de moi, le Tout-Puissant, qui élève la poussière jusqu’à moi et fait le tout du rien ; vous saurez que ma miséricorde est infinie et que je me plais à la faire éclater puissamment en la sanctification des âmes, mes choisies, qui ne me résistent point, mais qui s’abandonnent avec une humble confiance à ma Providence. Retenez ces leçons, Bénigne, et vous saurez que je suis Celui qui remplit et qui rassasie l’âme qui a faim de moi ; que si je parle, j’exécute ; que si vous vous quittez vous même, vous me posséderez ; que si vous vous séparez du cœur des créatures, vous aurez ma jouissance éternelle et la familiarité des anges ici bas ; que si vous quittez vos propres prévoyances, ma Providence prendra tout soin de vous, parce que j’aime surtout l’abandon et la dépendance des cœurs qui sont à moi ; je me plais à faire des miracles pour eux et en leur faveur ; je les pourvois de tout, comme une ville qui est mon séjour. La fille qui quittera le mieux sa terre et sa parenté (psaume XLIV) sera aussi celle qui entrera le mieux dans l’intérieur de Jésus-Christ, vraie terre promise. Les lumières qui viennent immédiatement de moi qui suis nommé le Père des lumières, sont les moins sensibles et les plus dégagés de forme, parce qu’elles partent de la vérité. L’âme la plus anéantie est la plus absorbée en moi. Le meilleur moyen de se tenir à moi est de connaître mon immense bonté, de savoir que tout votre bien vient de moi, et qu’ainsi vous ne vous devez rien attribuer. Le Tout donne et le rien reçoit. » (Vie, IIIe part., ch. III.)
« Un époux, dit Jésus à Bénigna, saisit toutes les occasions d’offrir des dons à son épouse, et il jouit plus à les lui faire qu’elle à les recevoir. » (Vie, p. 37.)
Nous sommes loin de connaître tous les bienfaits que nous recevons de Dieu, combien de grâces nous sont faites que nous ne connaîtrons qu’au ciel ! Notre Seigneur me dit, raconte Jeanne-Bénigne Gojoz :
« Ma fille, remercie-moi d’une grâce que je t’ai faite et qui t’es inconnue. C’est qu’à pareil jour, je t’ai préservée de tomber dans un grand risque de m’offenser chez ton père, dans ta plus tendre jeunesse, quelqu’un des domestiques ayant été séduit et payé pour te mettre dans le péril. » (Vie, IIIe part., ch. XIII.)
XII. Bonté qui ne suspend ses bienfaits que pour les multiplier ensuite
Notre Seigneur confirma les faveurs accordées à Gertrude, en condescendant d’une façon admirable aux plaintes de sa servante, qui l’accusait de n’avoir pas scellé ses promesses en la frappant la main dans la main, ainsi que font ceux qui prennent quelque engagement.
« Pour couper court à tes plaintes, approche et reçois la confirmation de mon engagement. »
Le Seigneur ouvrit alors de ses deux mains son Cœur déifié, cette arche de la divine fidélité et de l’infaillible vérité, et ordonna à Gertrude d’y porter sa main droite. Fermant alors cette ouverture, où sa main resta retenue, le Sauveur lui dit :
« Voilà que je te promets de conserver dans leur intégrité les dons que je t’ai confié ; si cependant quelquefois, par une économie de ma Providence, j’en suspens pour un temps les effets, je m’engage à t’en dédommager ensuite au triple. » (Liv. II, ch. xx.)
XIII. Bonté qui attend le moment le plus opportun
Pour communiquer ses grâces
« Ma fille, dit le Seigneur à Madeleine Vigneron, j’ai vu autrefois mon Père porté à faire sur toi de grandes décharges de ses grâces pour le grand amour qu’Il te portait ; mais comme j’ai vu que tu n’étais pas bien disposée à les recevoir et qu’elles eussent été répandues inutilement et sans profit pour toi, je les ai mises en réserve pour te les donner en temps et lieu. »
Et Notre-Seigneur faisait connaître qu’Il en usait ainsi envers tous les fidèles. (IIe part, ch. XIX.) Souvent nos prières ne sont pas exaucées aussi vite que nous le désirons ; l’effet en est suspendu, Dieu s’en souviendra à son heure.
XIV. Bonté qui voudrait donner davantage
J’ai entendu, raconte sainte Véronique Juliani, que le Seigneur me disait :
« Je suis tout à toi, et tu es toute à moi. »
Et alors Il m’a communiqué un peu de son amour infini. Cet amour me faisait comprendre que je ne devais chercher qu’humilité, charité et obéissance ; j’entendis que le Seigneur me dit :
« Voilà ce que je veux de toi ; et sans toi, je ne puis mener à bonne fin tout ce que j’ai dessein de faire à ton âme. »
Et je l’entendis me dire encore et me répéter :
« Sans toi, je ne puis pas. » (Diario, 19 gennaio 1697.)
Trop souvent, en effet, le Seigneur brûle de nous accorder ses dons, et nous l’en empêchons. Nous ne sommes pas capables, dit ailleurs la même sainte, de posséder le pur amour, si Dieu dans son infinie bonté , ne le met en nous ; mais cette grâce , Il l’accorde quand Il trouve un cœur disposé à la recevoir, et si grande est sa libéralité qu’il voudrait que tous nous fussions embrasés de son amour :
« Je te fais ces grâces, me disait-Il, pour montrer que je fais du bien même aux ingrats, et pour encourager toutes les âmes à m’aimer. Tout ce que je t’accorde, je l’accorderais à toutes les créatures, si elles voulaient me servir. » (Diario, 19 décembre 1715.)
Dieu me fit connaître, dit Marcelline Pauper, que si les âmes étaient fidèles, Il remplirait leurs capacités de ses grâces et les enrichirait des dons du Saint-Esprit. Il me dit :
« Je ne cherche qu’à me répandre, mais je demande des âmes pures. » (Vie, ch. XVIII.)
Gertrude-Marie a écrit :
« Nul ne sait, m’a dit Jésus, jusqu’où irait ma familiarité avec une âme qui se livrerait totalement à moi. Quand une âme prononce avec beaucoup d’amour ces mots : Notre Père, qui êtes aux cieux, elle va droit à mon Cœur, c’est une flèche qui la transperce, c’est une flèche qui le transperce. » (10 mai 1907.)
« Ah ! vous ne connaissez pas le Cœur de Dieu, m’a dit Notre-Seigneur, vous ne savez pas vous approcher de Lui ; vous ne savez pas crier : Père. Peu d’âmes sur la terre pratiquent à l’égard de Dieu cette familiarité que cependant Il attend de ses enfants. » (30 juin 1907.)
Je me suis rappelé cette parole divine que j’ai entendue au mois de décembre :
« On me chasse de partout, je me rapproche. On ne veut pas que je sois connu ; je me découvrirai aux âmes, je me communiquerai à elles. » (27 février 1907.)
XV. Quand Dieu demande, c’est pour donner
Sainte Gertrude, voyant le Seigneur dans sa gloire, les mains pleines de présents mais ne pouvant distinguer à quoi il paraissait si fort occupé, l’interrogea, et Il répondit :
« Je distribue des dons. Veux-tu m’offrir aussi ce que tu as gagné de mérites, pour accroître cette libéralité que je te fais ? »
La sainte aussitôt offrit au Seigneur, non seulement ses biens, mais ceux de toute la communauté, et le Sauveur lui dit avec bonté :
« Attache-toi à moi seul, et jouis de toute la douceur de ma grâce. » (Liv. 3, ch.9)
XVI. Bonté qui se sert des âmes saintes pour répandre ses grâces sur les autres
Le Seigneur a maintes fois déclaré à sainte Gertrude qu’elle serait le canal de ses grâces :
« Ma bonté naturelle me fait toujours pencher vers ceux qui sont les meilleurs, et en les embrassant de toute ma divinité, je cache les moins parfaits sous ceux qui le sont davantage. » (Liv.3, ch. 16)
« Quiconque sous le poids de la peine et de la tristesse s’en viendra en toute vérité et simplicité chercher la consolation dans tes paroles, ne sera jamais frustré dans son attente ; parce que je veux, moi, Dieu, résidant en toi, suivant l’irrésistible impulsion de ma tendresse et de mon amour, je veux par toi répandre mes bienfaits sur un grand nombre ; et la joie que ton cœur en ressent, est vraiment puisée dans la source surabondante du divin cœur. » (Liv Ier, Ch. 14)
« Je prendrai plaisir à me servir toujours de ton cœur comme d’un canal, par où je verserai, de la source jaillissante de mon très doux cœur, des torrents de divine consolation sur tous ceux qui se disposeront à recevoir ces effusions, c’est-à -dire qui auront recours à toi avec confiance et humilité. » (Liv.3, ch. 57)
« Voilà que je mets à ta disposition toute la douceur de mon cœur divin, afin que tu puisses en faire part à tous, autant que tu le voudras. » (Liv. 4, ch.58)
Il fut dit à la bienheureuse Angèle que le Dieu tout-puissant ayant béni les aumônes qui lui étaient faites, tous ceux auxquels elle les distribuerait en tireraient profit et que ce profit serait proportionné aux dispositions de leur âme. (Doncœur, p.85 ; Ferré, p. 91)
Une autre fois, elle entendit ces Divines Paroles :
« Moi qui te parle, je suis la puissance divine qui t’apporte une grâce : je veux que tu sois utile à tous ceux qui te verront et non seulement à eux, mais encore que tu sois en aide à ceux qui penseront à toi ou qui t’entendront nommer ; plus quelqu’un me possédera, plus tu lui seras utile. » (Doncœur, p103 ; Ferré, p 120).
XVII. Bonté qui a su tirer le bien du mal.
« O felix culpa ! Si Adam n’eût pas péché, dit le Père éternel à sainte Madeleine de Pazzi, et que le Verbe ne fût pas mort pour vous, nous n’en auriez pas moins joui de la gloire éternelle, mais dans une mesure plus restreinte … Vous eussiez mérité en partie la récompense que je vous aurais accordée, mais vos mérites eussent été beaucoup moindres, et les saints n’auraient pas eu les couronnes qui brillent maintenant sur leurs fronts. Ils n’auraient pu acquérir la couronne du martyre, faute de persécuteurs, ni celle de la virginité, faute de concupiscence.
L’Église n’aurait point eu ses docteurs pour enseigner la vérité et combattre l’erreur, puisque l’ignorance et la mauvaise foi eussent été inconnues parmi les hommes. Enfin votre gloire eût été beaucoup moindre, parce que vous n’eussiez pas eu à combattre contre vous-mêmes et contre le monde ; il vous eût été fort facile d’observer mes commandements, parce qu’il n’y aurait eu en vous aucun penchant mauvais.
En un mot il y aurait eu entre la gloire que je vous aurais donnée et celle que je vous donne maintenant la même différence qu’il y a entre une créature ornée du sang de mon Fils et une autre qui ne l’est pas. Oh! Qu’elle est grande, ma fille, la gloire que je vous donne maintenant! Oh! Combien le sang de mon Verbe a grossi le torrent de volupté du Paradis. » (4è part., ch. 12)
XVIII. Bonté qui nous prépare d’ineffables récompenses
Gertrude baisant les plaies du Seigneur Lui disait :
« Je vous salue, Jésus, époux plein de grâce et de fraîcheur, je vous embrasse dans la joie de votre divinité avec tout l’amour du monde entier, et je vous baise ainsi en votre plaie d’amour. »
« Toutes les fois, lui dit le Seigneur, que tu te retournes vers moi dans une semblable disposition, je te recevrai comme un ami reçoit son ami qui lui demande l’hospitalité d’un jour ; il lui témoigne par ses actes et ses paroles toutes sortes d’amitiés, avec une bienveillance et une attention remplie de joie et de délicatesse. En recevant ces marques de tendresse, cet ami songerait plus d’une fois comment il pourrait rendre la pareille à son ami, lorsque celui-ci viendrait aussi à le visiter : ainsi moi-même je pense sans cesse en mon Cœur et je règle avec soin comment pour toutes les amitiés que tu m’as faites sur la terre, je te récompenserai en la vie éternelle, selon la royale libéralité de ma toute puissance par des prévenances et des amitiés multipliées au centuple. » (Liv. III, ch. XLVII, p. 216.)
XIX. Bonté qui accorde la grâce d’une bonne mort
Le Seigneur dit à Gertrude :
« Quand je vois à l’agonie ceux qui, parfois, ont eu quelque douce pensée ou mémoire de moi, ou qui ont accompli quelque œuvre méritoire, je me montre à eux, au dernier moment, si bon, si tendre et si aimable, qu’ils se repentent du plus profond de leur cœur de m’avoir offensé et ce repentir fait qu’ils sont sauvés. Aussi, je voudrais, pour cet excès de bonté, être glorifié par mes élus, et, parmi les actions de grâces qu’ils m’adressent pour mes bienfaits, en recevoir pour celui-ci de particulières. » (Ed. lat., p. 187, liv.III, ch. XXX, n° 20.)
Une fois que Marie-Aimée de Jésus priait pour la multitude des infidèles et qu’elle représentait combien le salut était difficile pour ces pauvres âmes qui ne Le connaissaient pas et n’avaient ni ses enseignements, ni ses exemples, ni ses sacrements pour résister aux penchants de la nature déchue, Notre-Seigneur la consola en lui disant qu’aucune âme ne sera damnée sans l’avoir voulu absolument. (Vie, ch. XVII.)
Un jour, que la pensée du mystère de la prédestination causait à sainte Rose de Lima le plus grand effroi, Jésus lui dit : « Ma fille, je ne condamne que ceux qui veulent être condamnés. Bannissez donc de votre esprit, à partir d’aujourd’hui, toute inquiétude sur cet article. »
La Sœur Mechtilde rapporte cette parole du Seigneur:
« Je te dis en vérité, qu’il y en à un plus grand nombre dans la sainte Église qui vont après leur mort au ciel qu’il n’y en a qui descendent en enfer éternel. La justice néanmoins retient toujours ses droits ; je n’enlève jamais de ses mains les fautes commises en sa présence, mais je veux, avant tout, venir comme un père à l’âme accablée sous son fardeau, si je découvre en elle quelque bien et pas de désespoir ; j’y suis comme forcé par les sentiments paternels que je ressens pour les fils que j’ai engendrés. » (Ed. franç., liv. VI ch. XI ; éd. lat., liv. VI, ch. XV.)
Jésus dit à Marie de Jésus Crucifié :
“Ce n’est pas moi qui choisis l’enfer pour vous ; vous faites ce choix vous-même. Pas une âme ne se perd sans que je lui aie parlé mille fois au cœur. » (Vie, p. 55.)
Il dit de même à Bénigna-Consolata :
« Celui-là seul se perd qui le veut et qui le veut obstinément, en dépit des efforts répétés, des efforts amoureux de ma grâce pour le conduire au bien. » (Notice, p.22.)
XX. Dieu ne laisse pas facilement se perdre les âmes qui Lui ont coûté si cher
Mechtilde priait pour une personne et disait : Mon Seigneur, je vous demande d’en agir miséricordieusement avec elle à ses derniers moments en lui donnant l’assurance de rester avec vous.
« Quel est l’homme sage qui jetterait et détruirait un trésor aimé, acquis à force de travail ? Répondit le Seigneur. » (IVe part., ch. XXVIII.)
La même sainte demandant pour une de ses sœurs en religion qu’elle eût à ses derniers moments un avant-goût de la vie éternelle, savoir, l’assurance de n’être jamais séparée de son Dieu, reçut une réponse aussi consolante :
« Quel est le marin qui, après avoir heureusement amené ses biens au port, les jetterait alors volontairement à la mer ? » (Ibid., ch. XXXV, p.26.)
21. Bonté qui tient compte des bonnes intentions
Une dame avait consacré à Dieu son enfant, même avant sa naissance, et voulut que, si c’était une fille, elle fut fiancée à Dieu ; mais l’enfant mourut dans la deuxième année de son âge.
Son âme apparut à Mechtilde comme une vierge très belle et lui dit :
« Tous les dons que je devais recevoir du Seigneur, si réellement j’avais pris l’habit religieux, Il me les accorde maintenant par un effet de sa grande libéralité ; et j‘ai en plus une récompense particulière pour avoir été consacrée à Dieu dès le sein de ma mère.
Comme cela étonnait beaucoup Mechtilde, le Seigneur lui dit :
« Pourquoi t’étonner ? Est-ce que les enfants baptisés ne sont pas sauvés par la foi d’autrui ? J’ai accepté la volonté bien déclarée de la mère pour le fait, et je récompense , dans son enfant, tous les biens qu’elle lui avait désirés »
– Mais pourquoi , mon bien-aimé, avez-vous si tôt enlevé cet enfant ?
– Elle était si aimable, répondit le Seigneur, qu’il n’était pas expédient pour elle de rester sur la terre ; ensuite son père, après la mort de son aînée, aurait annulé le vœu de sa mère, et l’aurait gardée pour le siècle. » (Ve part., ch. XII.)
XXII. Bonté qui récompense le dévouement de ceux qui se dépensent pour les amis de Dieu
L’intendant des religieuses d’Helfta se donnait beaucoup de peines et de fatigues pour bien gérer les affaires du monastère. Sainte Gertrude priant le Seigneur de l’en récompenser reçut cette réponse :
« Son corps qui s’épuise si souvent de fatigue pour moi en de tels travaux est pour moi comme un trésor dans lequel je mets en dépôt autant de pièces d’argent qu’il fait de mouvements pour satisfaire à la charge qu’il a reçue, et son cœur est un coffre-fort dans lequel je me plais à déposer une nouvelle pièce d’or, chaque fois qu’il recherche comment pourvoir pour ma gloire aux besoins de ceux dont il est chargé. »
Sainte Gertrude fit remarquer que cet homme n’était cependant pas poussé par des motifs tout désintéressés, et qu’au désir de faire son devoir se mêlait aussi celui d’obtenir pour lui-même quelque gain.
« Sa volonté, reprit le Seigneur, est tellement soumise à ma volonté divine que je suis toujours la cause principale de ses actions ; c’est pourquoi dans toutes ses pensées, ses paroles et ses actions, il gagne un fruit inestimable.
Néanmoins s’il procédait dans chaque affaire avec une intention plus pure, ses œuvres deviendraient d’un plus grand prix, autant que l’or l’emporte sur l’argent. Enfin, si avec une intention plus pure encore il dirigeait vers moi ses pensées et ses sollicitudes, elles en deviendraient d’autant plus belles et plus nobles qu’un or pur et raffiné vaut mieux qu’un or vieilli et obscurci. ». (Liv. III, ch. LXIX.)
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XXIII. Bonté qui récompense les moindres actes d’amour
Ayant lancé vers le Seigneur des paroles de tendresse, l’humble Gertrude se demandait si son indignité ne rendait pas insipide au Bien-Aimé ses protestation d’amour. Le Seigneur la rassura en ces termes :
« Qu’importe la nature du vase où l’on agite les parfums, pourvu qu’il exhalent toujours la même odeur ? De même lorsqu’on m’appelle : Ô très doux, ô très aimé, tout en se regardant comme une vile créature, la douceur qui m’est naturelle ne laisse pas d’en être émue jusqu’en ses profondeurs, et me fait exhaler à moi-même un arôme d’une merveilleuse suavité, qui répand sur celui qui a provoqué ma douceur par ces paroles de tendresse, une odeur de salut pour l’éternité. » (Liv. 4, ch. Ier.)
Comme ses Sœurs s’inclinaient profondément en récitant à l’office ces mots :
« Verbum caro factum est »,
elle entendit que le Seigneur lui disait:
« Chaque fois qu’une personne s’incline à ce mot avec une pieuse reconnaissance, me remerciant de ce que, par amour pour elle, j’ai daigné me faire homme, autant de fois, pressé par ma propre bonté, je m’incline à mon tour vers elle, et du plus profond de mon cœur j’offre en double à dieu les fruits de ma bienheureuse humanité pour ajouter à sa béatitude éternelle. » (Liv. 4, ch. 3)
Un jour qu’à l’Office de la nuit, bien qu’elle l’eût récité avec une dévotion sincère, elle n’avait pas reçu les lumières très élevées qui d’ordinaire lui étaient communiquées, elle pensa qu’elle s’était attiré cette privation par quelque négligence. Elle reçut alors cette divine leçon :
« Certainement, dans la balance de la justice tu as mérité d’être privée des douceurs intérieures, des illuminations spirituelles, pour avoir cédé à ta volonté propre et pris un plaisir tout humain à chanter, néanmoins, sache que tu as gagné un accroissement dans la récompense future, parce que, en t’acquittant de ce devoir, tu as préféré le travail à ta commodité. » (Liv. 4, ch. 41)
XXIV. Bonté qui récompense même le bien fait par des créatures coupables
Dieu le Père donna à sainte Catherine de Sienne cette instruction :
« L’âme qui est en péché mortel ne peut faire aucune chose méritoire pour la vie éternelle, puisqu’elle n’est pas en état de grâce. Elle ne doit pas cependant abandonner les bonnes œuvres, parce que tout bien est récompensé et toute faute punie. Le bien fait en dehors de la grâce ne sert pas à la vie éternelle, comme je viens de le dire ; mais ma divine bonté et ma justice donnent une récompense imparfaite comme est imparfaite l’œuvre que l’âme me présente. Quelquefois je la récompense par des biens temporels, quelquefois je lui accorde la vie de la grâce par le moyen de mes serviteurs que j’aime et que j’écoute. Ainsi l’ai-je fait pour mon glorieux apôtre saint Paul qui, par la prière de saint Étienne, cessa d’être infidèle et de persécuter les chrétiens. En quelque état que l’homme se trouve, il ne doit jamais cesser de bien faire. » (Dialogue, ch. 93)
XXV. Bonté qui récompense les vertus en en faisant pratiquer de plus grandes
Mechtilde demandait au Seigneur pourquoi le comte B… avait été choisi pour fondateur de sa communauté. Le Seigneur répondit :
« C’était un homme d’un cœur doux et bienveillant ; tout ce qu’il a pu commettre de péchés, il l’a fait sans malice ; c’est pourquoi ma sagesse a trouvé pour lui cette voie de salut ; car j’aime beaucoup un cœur bienveillant, tandis qu’un péché commis par malice devient un lourd fardeau pour l’âme ; et comme celui-ci a fondé ce monastère, non pour la faveur des hommes, mais pour ma gloire et le salut de son âme, et qu’il a fortement aimé la congrégation, par un droit spécial il s’est acquis les mérites de chaque personne, et jouit des biens de tous comme des siens propres. » (Ve part., ch. X.)
XXVI. Bonté qui accepte la bonne volonté pour le fait
Le Seigneur dit à Gertrude :
« J’ai accepté ta bonne volonté pour le fait ; car ma bonté, toujours désintéressée, exige que, lorsqu’une personne s’est proposée sincèrement quelque bonne œuvre ou quelque dévote pratique, quoique, par fragilité humaine ou par autre motif, elle n’en fasse rien, je ne laisse pas d’avoir égard à sa bonne volonté, de l’accepter pour le fait et de l’en récompenser largement. » (Liv. IV, ch. XXV)
Mechtilde entendant lire dans l’Évangile ces paroles :
« Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ceux-ci ? » (Jean, XXI, 15) fut ravie en esprit et se trouva en présence du Seigneur,
qui lui dit : Je vais aussi t’interroger, et tu me répondras dans toute la sincérité de ta conscience. Est-il au monde quelque chose qui te soit si cher que tu ne voudrais pas, si cela était en ton pouvoir, l’abandonner pour mon amour ? «
La sainte répondit : Vous savez, Seigneur, que si tout le monde était à moi, avec tout ce qu’il renferme, je l’abandonnerais en entier pour votre amour. »
Le Seigneur accepta cette réponse de Mechtilde, comme si, en effet, elle eût été la maîtresse de l’univers, et l’eût abandonné pour Lui.
L’interrogeant une seconde fois :
« est-il quelque travail ou quelque joug d’obéissance que tu ne voudrais pas subir pour mon amour ? »
– Seigneur, je suis prête à tout souffrir pour votre nom.
« Est-il quelque souffrance si grave, que tu refuserais de l’endurer pour mon amour ? »
Mon Seigneur, avec vous et avec votre aide, je suis prête à endurer toutes les souffrances. Le Seigneur accepta toutes ces réponses comme si elles eussent été suivies de l’effet. (IVe part., ch.LX.)
Gertrude demanda au Seigneur de lui enseigner par quelle vertu elle pourrait lui plaire davantage. Le Seigneur lui répondit :
« Puisque l’Esprit-Saint est la bonne volonté, applique-toi donc à avoir cette bonne volonté et ainsi tu pourra posséder ce que chaque vertu a de beauté et de perfection spéciale, car par la bonne volonté on gagne plus qu’on ne pourrait jamais le faire par des œuvres. Celui qui a la bonne volonté de me louer, de m’aimer par-dessus toute créature, de me rendre grâce, de compatir à mes douleurs et de pratiquer toutes les vertus de la manière la plus parfaite, s’il le pouvait, celui-là sera infailliblement récompensé par ma divine libéralité, et même plus largement que celui qui accomplirait l’œuvre de fait, sans avoir la même bonne volonté. » (Liv. IV, ch. XVII.)
XXVII. Bonté qui aime mieux regarder la sainteté future que les défauts présents
Le Seigneur dit à Mechtilde qui priait pour une personne plongée dans la tristesse :
«S’il lui vient à l’esprit qu’elle n’est pas du nombre des élus, qu’elle fasse comme un homme qui serait dans une vallée obscure ; si cet homme était désireux de voir le soleil, il monterait de la vallée sur la colline, et sortirait ainsi des ténèbres. Elle, de même, lorsqu’elle est plongée dans les ténèbres de la tristesse, qu’elle gravisse la montagne de l’espérance, et qu’elle me regarde des yeux de la foi, Moi, le céleste firmament dans lequel sont fixées comme des étoiles les âmes de tous les élus. Quoique ces étoiles soient obscurcies par les nuages du péché et les brouillards de l’ignorance, elles ne peuvent toutefois s’obscurcir dans leur firmament, c’est-à-dire dans ma divine clarté, parce que les élus bien que parfois enveloppés de péchés énormes, sont toujours regardés par moi, dans ma charité en laquelle je les ai élus, et dans cette clarté où ils doivent parvenir. C’est pourquoi il est bon qu’on se rappelle souvent avec quelle bonté gratuite on a été élu par moi, par quels secrets et merveilleux jugements je regarde comme un juste celui qui est en plein péché, avec quel amour j’ai changé en bien tout ce qui était mal en lui, et qu’on me bénisse, moi, l’éternel firmament des élus » (IVe part. ;ch. XXIV.)
XXVIII. Le chef-d’œuvre de la bonté divine est de conduire l’âme à la perfection
« Dans toute l’œuvre de la Rédemption, dit le Seigneur à Gertrude, je me suis plus servi de la sagesse et de la bonté que de la puissance et de la majesté. Et cette sagesse, unie à la bonté, brille surtout en ce que je souffre les imparfaits, jusqu’à ce que je les conduise par le libre choix de leur volonté à la voie de la perfection. » ( Liv. IV, ch. LXVIII.)
XXIX. Bonté qui nous fait d’autant plus de bien qu’on nous fait plus de mal
Le Seigneur dit à Gertrude :
« On te fait quelquefois de la peine en parlant mal de toi ? Eh bien ! Des paroles de tes détracteurs fais-toi autant de vertus ; et lorsque tu en seras ornée, tu pourras venir à moi, et, ma compassion aidant, je te recevrai avec bonté. Plus on blâmera sans raison ta conduite, plus mon Cœur te donnera de témoignages d’amour, parce que cela te rendra toute semblable à moi, dont on s’est plu à mal interpréter toutes les actions. » (Liv IV, ch. LXVIII.)
XXX. Bonté qui nous apprend à nous servir de l’amour infini
Mechtilde priait pour une personne qui s’était plainte à elle de la peine qu’elle ressentait de ne pas assez aimer son Dieu et de ne pas Le servir avec assez de dévotion ; la sainte en conçut elle-même une grande tristesse, se croyant de tout point inutile, puisque Dieu, qui lui avait conféré de si grands bienfaits, n’était pas aimé comme Il devait l’être. Le Seigneur lui dit :
« Allons, ma bien-aimée, ne t’afflige pas : tout ce qui est à moi est à toi. »
La sainte reprit : Si vraiment tout ce qui est à Vous est à moi, votre amour est donc mon amour, et l’amour c’est vous, ainsi que le dit saint Jean : Dieu est amour. (Jean, IV, 16.) Je vous offre donc cet amour, afin que, par lui, soit suppléé tout ce qui me manque.
Le Seigneur accepta cette offrande et lui dit :
« Tu feras très bien de la sorte, et, lorsque tu voudras me louer ou m’aimer et que tu ne pourras accomplir ton désir, tu diras : Bon Jésus, je vous aime; et pour tout ce qui manque à mon amour, je vous prie d’offrir pour moi à votre Père l’amour de votre Cœur.
Tu diras à la personne pour laquelle tu pries de faire de même, et si elle y revient mille fois par jour, autant de fois j’offrirai pour elle mon amour au Père sans lassitude ni ennui. » (IVe part., ch. XXIII.)
XXXI. Bonté qui répare nos négligences et supplée à notre impuissance
Sainte Gertrude ne pouvant mettre dans la récitation de l’office divin toute l’attention et toute la ferveur qu’elle désirait, en était tout affligée.
Le Seigneur, ne pouvant souffrir qu’elle fût triste, lui présenta son Cœur divin, sous la forme d’une lampe ardente, lui disant :
« Voilà que je présente aux yeux de ton âme mon très doux Cœur, l’organe de l’adorable Trinité. Tu lui remettras avec confiance, pour qu’il y supplée, tout ce que tu ne peux accomplir parfaitement toi-même, et de la sorte, mes yeux ne verront rien en toi qui ne soit de la dernière perfection. Car de même qu’un fidèle serviteur est toujours à la volonté de son maître, ainsi mon Cœur sera désormais toujours à ta disposition, pour réparer à toute heure tes négligences. »
Cette bonté du Seigneur remplit la sainte d’admiration et d’épouvante. Mais Lui, l’encourageant par cette comparaison, lui dit :
« Si, ayant une voix sonore et flexible, et de plus aimant beaucoup à chanter, tu étais avec quelqu’un dont la voix serait désagréable et qui ne saurait pas chanter, tu serais indignée s’il ne voulait pas te laisser exécuter ce que tu peux rendre si facilement, et que lui ne peut, qu’à grande peine, faire entendre. Eh bien ! mon Cœur divin, qui connaît la faiblesse et l’inconstance de l’homme, désire d’une ardeur incroyable que tu l’invites, sinon de paroles, au moins de quelque signe, à te remplacer et à exécuter pour toi ce que de toi-même tu es complètement incapable de faire. Car, pour pouvoir et savoir l’accomplir, il a une vertu toute puissante et une sagesse inscrutable ; et la douceur et la bonté qui lui sont naturelles font qu’il n’a qu’un désir qui est de s’en acquitter avec joie et bienveillance. » (Liv. II, ch. XXV.)
L’aimable Sauveur rassura de la même manière sainte Lutgarde :
« Âme troublée, ne te bouleverse plus l’esprit en récitant tes Heures : tes prières ont été exaucées et sont montées jusqu’à Dieu comme un agréable encens… Ne crains rien, moi même je suppléerai à ce qui te manque. » (Vie, par le P. Jonquet, ch. v.)
XXXII. Bonté qui fait ce que nous aurions dû faire
Un vendredi soir, Gertrude regardant le crucifix fut saisie de douleur d’avoir passé ce jour sans se rappeler, à chaque heure, ce que le Sauveur avait souffert pour son amour et elle Lui en exprima son profond regret. Jésus lui répondit de la croix :
« Ce que tu as négligé, je l’ai fait pour toi ; à chaque heure j’ai recueilli en mon Cœur ce que tu aurais dû recueillir dans le tien ; j’attendais, avec une grande impatience, l’heure où tu devais me dire ton regret. Appuyé sur ce sentiment que tu m’exprimes, je veux offrir à Dieu mon Père tout ce que j’ai suppléé pour toi en ce jour, parce que, sans ton intention, tout ce que j’ai fait ne pourrait te profiter. » (Liv. III, ch. XLI.)
XXXIII. Bonté qui efface les taches des âmes
Sainte Gertrude dit au Seigneur : Où sont donc les taches produites par l’impatience que j’avais en mon cœur, et que j’avais tant soit peu manifestée dans mes paroles ?
« Le feu de ma divinité les a totalement consumées, dit le Seigneur, comme c’est ma coutume de consumer toutes les taches, et de corriger toutes les difficultés dans une âme vers laquelle je m’incline gratuitement poussé uniquement par ma bonté. » (Liv. III, ch. XVI.)
XXXIV. Bonté qui nous ramène à la présence de Dieu
Le Seigneur dit à Gertrude :
« Lorsque tu veux saisir quelque objet, tu étends la main, et lorsque tu as pris ce que tu voulais, tu la retires à toi ; ainsi moi-même, tout languissant d’amour pour toi, quand tu te dissipes aux choses extérieures, pour te reprendre, je te présente mon Cœur ; puis lorsque, m’obéissant, tu rentres en toi-même pour t’occuper de moi, je retire à moi mon Cœur avec toi, et je t’offre en lui la douceur de toutes les vertus. » (Liv. III, ch.. XXVI )
XXXV. Bonté qui réconforte
Le 22 août 1815 Élisabetta Canori pleurait ses infidélités, et si vive fut sa douleur que son cœur fut sur le point d’éclater, il lui sembla que ce fut un miracle qu’elle n’en mourût pas. Soudain elle entendit la voix très suave du Seigneur qui lui dit :
« Ne t’étonne pas de ta misère ; tourne tes yeux et regarde. »
Je regardai, écrit la servante de Dieu et je vis présentes devant moi et comme alignées en bon ordre toutes les bonnes œuvres que, avec la grâce de Dieu, j’ai accomplies depuis le premier usage de ma raison jusqu’aujourd’hui.
« Écris, continua mon doux Seigneur, écrit les bons effets qu’a produit en moi ta grâce, »
A ces mots je me mis à pleurer abondamment et je Le suppliai de ne pas exiger de moi pareille obéissance. Ma résistance ne Lui déplut pas, mais Il continua :
« Ma fille bien-aimée, pourquoi veux-tu cacher les fruits de mes fatigues et de mes sueurs ? Manifeste plutôt mes éternelles miséricordes. » (Vita, ch. XXX.).
XXXVI. Bonté incomprise
Une Sœur du Carmel de Dieppe, dont la mort très prompte surprit et affligea la communauté, apparut, une heure après son décès, à la Mère Françoise de la Mère de Dieu. Comme Françoise s’étonnait qu’elle venait si tôt à elle, Notre-Seigneur lui dit :
« C’est quelle m’a été bien fidèle durant sa vie, et j’ai eu soin d’elle à la mort. »
Mais Françoise ne pouvait s’empêcher de faire cette plainte : Mon Seigneur, vous avez laissé mourir notre chère Sœur sans sacrements ; j’espérais de votre bonté qu’elle aurait la grâce de vous recevoir. Il lui répondit ;
« ce n’a pas été le manque de bonté, mais un surcroît de miséricorde, car je connaissais bien qu’elle n’avait pas besoin d’autre chose et je l’ai permis ainsi pour donner exemple aux autres. On a trop de crainte de faire recevoir si tôt les sacrements et de faire entrer pour cela les prêtres. Il vaut mieux le faire trois fois que d’en manquer une dans une chose si importante. On a tant de soin qu’il ne manque rien au corps, il faut avoir encore bien plus de soin pour les âmes. »
Puis comme Françoise Le priait pour la défunte, Il lui dit :
« Je la récompenserai bien des vertus qu’elle a pratiquées, qui n’ont point paru aux créatures, mais bien devant moi à qui rien n’est caché. » (Vie, ch. XI.)
XXXVII. Bonté divinement affectueuse
Comme Mechtilde venait de saluer du fond de son cœur son Bien-Aimé, Il lui répondit :
« Quand tu me salues, je te salue à mon tour ; quand tu me loues je me loue moi aussi en toi ; et quand tu rends grâces, moi aussi en toi et par toi je rends grâces à Dieu le Père. »
La sainte dit :
« Mon Bien-Aimé, quelle est cette salutation que vous adressez à mon âme, et que je ne sens pas ? »
« Ma salutation n’est pas autre chose que ma tendre affection pour l’âme. Ainsi qu’une mère caresse son enfant sur ses genoux, lui apprend les paroles qu’il doit lui adresser à elle-même, reçoit avec un cœur de mère ce qu’il lui dit et quelquefois l’en récompense par un baiser, ainsi j’instruis l’âme, par une inspiration divine et un mouvement d’amour à me saluer, et, quand elle s’en acquitte dans sa petite mesure, j’accepte ses efforts dans la mesure de la grande affection d’un père et de là, je rends à l’âme son salut par une effusion de grâces quelle peut bien ne pas toujours ressentir. » (IIIe part., ch. IX.)
XXXVIII. Bonté qui nous bénit et qui nous garde
Le Seigneur s’adressant à une personne pour laquelle Mechtilde priait, lui dit :
« Personne ne m’enlèvera jamais ton âme. »
Puis, la bénissant, il fit sur elle le signe de la croix en disant :
« Que ma divinité te bénisse, que mon humanité te fortifie, que ma tendresse te réchauffe et que mon amour te conserve ! » (4e part., ch. XXVI.)
XXXIX. Bonté qui varie ses dons par sagesse
Sainte Gertrude ayant demandé à Notre-Seigneur pourquoi les révélations dont Il la favorisait différaient de celles de ses compagnes, Notre-Seigneur répondit :
« Si un maître était interrogé par plusieurs personnes d’un langage différent et qu’il répondit à toutes dans une seule langue, cela ne serait compris par personne ; mais, s’il parlait à chacun dans sa propre langue, en latin à celui qui serait latin, en grec à celui qui serait grec, on admirerait d’autant plus sa science et sa sagesse. Semblablement, plus je mets de diversité dans les dons que je communique, plus est évidente la profondeur insondable de ma sagesse, qui me fait répondre à chacun selon la portée de son intelligence, et lui révéler, ce que je veux révéler, selon la capacité et le sens que je lui ai moi-même accordés ; parlant aux plus simples par des images et des comparaisons plus sensibles, et au plus éclairés d’une manière moins imagée et plus cachée, mais plus élevée et plus spirituelle. » (Liv. III, ch. XLVIII.)
XL. Bonté de Dieu et sa patience à l’égard des pécheurs obstinés
Le Seigneur fit souvent savoir à sainte Brigitte combien il était bon et patient envers les pécheurs ; voici quelques-unes des paroles qu’il lui dit sur ce sujet :
« Tu admires, ô mon épouse, pourquoi je souffre les méchants avec tant de patience, c’est parce que je suis miséricordieux. D’abord ma justice les supporte afin que leur temps soit entièrement accompli…Puis parce qu’ils ont fait quelque bien dont ils doivent être récompensés, afin qu’il n’y ait pas un bien, quelque petit qu’il soit, fait pour l’amour de moi, qui n’ait pas sa récompense. Enfin, je les souffre pour faire voir à tous les yeux combien est grande la patience divine ; c’est pour cela que j’ai supporté Pilate, Hérode et Judas. » (Liv. Ier, ch. XXV.)
XLI. Ce que Dieu est pour l’âme
Le Seigneur découvrit à la Mère Anne-Marie Clément les offices différents qu’Il remplissait à son égard ;
1° De Pasteur, qui la gouvernait ;
2° De Roi, qui voulait avoir un parfait empire sur elle ;
3° D’Époux, très cher, mais jaloux, qui la conduisait dans ses celliers pour l’enivrer d’un vin délicieux ;
4° De Médecin, qui guérissait ses blessures par les remèdes de ses sacrements ;
5° De Maître et de Docteur qui lui enseignait ses vérités ;
6° De législateur, qui imprimait de son doigt son nom et ses lois dans son cœur ;
7° De Conseil et de Guide, la faisant marcher dans les sentiers de la justice et de l’équité ;
8° De Pilote, pour la faire arriver heureusement au port ;
9° Enfin de nourriture et de pain de vie, qui devait la fortifier.
(Vie, 1915, p. 189.)
Source : Recueil d’Apparitions de Jésus aux Saints et aux Mystiques – Ch III – Abbé Auguste Saudreau.