L’actualité canadienne nous montre une fois de plus les dangers d’une société qui banalise l’euthanasie. Une enquête publiée récemment dans le journal The New Atlantis, par Alexander Raikin, expert en bioéthique, révèle des informations accablantes sur le système d’euthanasie au Canada. En effet, dans la province de l’Ontario, le bureau du Coroner en chef a recensé plus de 400 cas de non-respect de la loi sur l’aide médicale à mourir (ou MAID en anglais). Depuis 2018, 428 violations ont été identifiées et, pour l’année 2023 seulement, 178 infractions ont été signalées, soit une moyenne d’une violation tous les deux jours. Et pourtant, pas une seule de ces infractions n’a été signalée à la police.
Selon la loi, les médecins autorisés à pratiquer l’euthanasie au Canada sont tenus de respecter des normes rigoureuses. Ils doivent notamment s’assurer de la conformité des critères d’éligibilité pour les patients, éviter tout abus ou souffrance supplémentaire, et remplir un rapport complet de chaque procédure. Malgré cela, de nombreux manquements ont été identifiés, notamment des dossiers incomplets, des violations des exigences de déclaration fédérales et des cas où le médecin a omis de respecter les étapes de conformité essentielles.
Dirk Huyer, le Coroner en chef de l’Ontario, a affirmé que son bureau était le plus “robuste” en matière de surveillance de l’euthanasie au Canada. Cependant, les révélations de l’article montrent que son bureau a laissé passer ces infractions, les traitant comme de simples erreurs de niveau inférieur sans conséquence réelle. Seuls quatre cas ont été transférés à une instance réglementaire, le Collège des médecins de l’Ontario, sans que cela ne mène à une véritable action disciplinaire.
Pour Alex Schadenberg, directeur de l’Euthanasia Prevention Coalition, il s’agit ni plus ni moins d’un « énorme camouflage ». D’après lui, l’absence de conséquences significatives pour les contrevenants, même après plusieurs avertissements, prouve l’inefficacité du système et la gravité de ces violations. Au-delà de la question morale, ces manquements montrent que les promesses de rigueur et de protection des patients faites lors de la légalisation de l’euthanasie en 2016 ne sont pas tenues.
À l’époque de la légalisation, beaucoup avaient averti que l’euthanasie s’étendrait rapidement, couvrant un éventail de situations de plus en plus large et englobant même des personnes qui n’auraient peut-être pas dû être éligibles. Les statistiques de 2022 confirment cette inquiétude : l’euthanasie représente désormais la sixième cause de décès au Canada, avec plus de 13 000 cas recensés cette année-là. Cela représente 4,1 % des décès dans le pays.