Il y a 60 ans, le 13 novembre 1964, le Pape Paul VI prenait une décision marquante en renonçant à la tiare, la fameuse couronne papale à trois niveaux. Ce geste simple, mais significatif, a eu lieu lors d’une messe solennelle au cours du Concile Vatican II, à la basilique Saint-Pierre. En déposant la tiare sur l’autel, Paul VI déclarait vouloir offrir ce symbole de la puissance pontificale aux pauvres du monde entier, un acte qui fut accueilli par un vibrant « Vive le pape des pauvres ! » de la part de l’assemblée.
En agissant ainsi, Paul VI ne renonçait pas seulement à un objet de valeur, mais il abandonnait aussi un symbole de l’autorité spirituelle et temporelle du pontificat, alors considéré par certains comme obsolète. Ce geste s’inscrivait pleinement dans l’esprit du Concile Vatican II, qui cherchait à redéfinir le rôle de l’Église dans un monde en mutation, vers plus de justice, de dignité humaine, et d’humilité.
La tiare papale, qui daterait de l’époque du pape Sylvestre Ier au IVe siècle, a longtemps symbolisé la triple autorité du pontife : enseigner, sanctifier et gouverner le peuple de Dieu. Avec ses trois couronnes superposées, elle incarnait la position unique du pape en tant que « Père des princes et des rois », « gouverneur du monde » et « représentant du Christ sur terre ». Les papes ne portaient toutefois la tiare qu’en dehors des célébrations liturgiques, principalement lors des processions publiques, renforçant leur présence et autorité dans la cité.
À l’époque de Paul VI, la tiare qui lui avait été offerte lors de son couronnement en 1963 fut ensuite remise aux fidèles américains en signe de gratitude pour leur soutien aux missions de l’Église. C’est le cardinal Francis Spellman, alors archevêque de New York, qui fut chargé de la transférer aux États-Unis. La tiare voyagea à travers de nombreux diocèses du pays, accompagnée d’un appel aux dons pour les plus démunis, une initiative qui, selon certaines estimations, permit de récolter plus d’un milliard de dollars. Aujourd’hui, cette tiare repose dans la basilique de l’Immaculée Conception à Washington, D.C., rappelant le renoncement de Paul VI.
L’abandon de la tiare fut une décision personnelle de Paul VI, qui n’obligeait en rien ses successeurs à suivre le même chemin. Pourtant, les papes suivants, à commencer par Jean-Paul Ier, choisirent eux aussi de se passer de la tiare lors de leur intronisation. Si Paul VI hésita encore en 1975, en inscrivant la mention de la « couronnement » papal dans les règles du conclave, ce fut finalement Jean-Paul II qui, lors de son élection en 1978, déclara que cette ancienne cérémonie ne convenait plus à l’époque moderne. La tiare resta présente dans son blason, mais il mit de côté le rituel lui-même.
Sous le pontificat de Benoît XVI, un changement symbolique s’opéra également dans le blason papal : la tiare fut remplacée par la mitre épiscopale, marquant un recentrement de la papauté sur son rôle pastoral. Le pape François adopta aussi cette approche, renforçant l’image d’une Église servante, dévouée à l’humilité et au service du prochain. Ces choix symboliques successifs illustrent une vision du pontificat axée davantage sur le service que sur l’autorité visible.
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