Le préfet du Dicastère pour la doctrine de la foi, le cardinal argentin Víctor Manuel Fernández, est dans l’œil du cyclone depuis le document confus sur les bénédictions, qui, comme il l’explique dans une interview accordée à EFE, « révèle » une division qui existait déjà dans l’Église et assure qu’il avait prévu les critiques de ses détracteurs, qui « n’attendaient que l’occasion« .
Un entretien que je n’ai pas trouvé sur le site de EFE mais relayé par le site sérieux Religion Digital dirigé par José Manuel Vidal, correspondant religieux du journal El Mundo
Le document approuvant la bénédiction des couples de même sexe et « irréguliers » était-il nécessaire ?
Beaucoup de personnes et d’institutions s’interrogeaient depuis longtemps sur cette question, et il y avait un risque qu’elle devienne un sujet de discussion central du Synode, qui a en réalité d’autres objectifs.
Mais le plus important, c’est que dans mes conversations avec le pape, une chose m’est apparue clairement : il voulait rejeter la bénédiction des couples irréguliers avec des rites ou des formes liturgiques, mais en même temps, il voulait éviter que cela signifie commencer à fixer de nombreuses conditions pour donner une simple bénédiction dans la rue, lors d’un pèlerinage, parce qu’il a à cœur la valeur de la pastorale populaire, qui accueille tout le monde.
Pour de nombreux prêtres en Argentine, au Brésil et dans d’autres pays, il est très courant de donner ces simples bénédictions sans rien exiger, et de les donner même aux criminels. C’est pourquoi, si deux personnes le demandent, il n’est pas nécessaire d’avoir une perfection morale ou canonique pour la donner. Au fond, l’intérêt de François était de sauvegarder la liberté et la spontanéité de cet autre type de bénédiction, qui est le seul geste sacerdotal que nous devons donner à tous : si nous ne pouvons pas leur donner l’absolution, si nous ne pouvons pas leur donner l’Eucharistie, si nous ne pouvons pas les bénir avec un rite liturgique, nous pouvons leur donner une simple bénédiction pastorale : au moins dire « que le Seigneur vous bénisse et vous protège » et faire un signe de croix sur le front de chacun d’entre eux. Il était important pour François que cette possibilité ne soit pas compromise ou soumise à divers contrôles ecclésiastiques.
Vous attendiez-vous à ce que le document suscite des réactions négatives ?
Je ne savais pas à quel point elles seraient fortes, mais je m’y attendais. Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est que de nombreux évêques et prêtres que je considérais comme « conservateurs » ont publiquement exprimé leur compréhension et leur évaluation positive de ces « bénédictions pastorales« . Il arrive que l’on préjuge des gens sans bien les connaître.
Le cardinal Sarah considère que c’est une hérésie ?
Aujourd’hui, il y a une énorme liberté de dire n’importe quoi, même au sein de l’Église.
Cela peut-il conduire à une forte division dans l’Eglise ?
De toute façon, cette division existait déjà et elle ne fait que devenir plus transparente.
Après le document sur les bénédictions, vous avez de nouveau été durement attaqué pour le livre « La Passion mystique », qui traite de l’orgasme, publié en 1998 et qui a été retiré depuis un certain temps…
Je les avais prévus et je savais qu’au milieu des polémiques, ils pourraient utiliser de vieilles choses comme ce livre, ils n’attendaient que l’occasion propice. J’avais dit au pape, lorsqu’il m’a proposé cette position pour la deuxième fois, que cela pourrait arriver, mais il était déjà au courant et il connaissait aussi ce livre. Il se trouve qu’à une occasion, il y a de nombreuses années, j’ai déjà été accusé à cause de ce livre et je n’ai pas été sanctionné à Rome pour cela. J’ai déjà fait l’objet d’une enquête jusqu’aux cheveux.
Mais permettez-moi d’ajouter quelque chose. Ce livre est remarquable parce qu’il est le résultat d’une recherche sur l’orgasme masculin et féminin que j’ai menée avec un groupe de couples mariés. Mais un travail similaire a été effectué par deux personnes plus grandes et plus sages que moi : Saint Jean-Paul II et la sainte abbesse et docteur de l’Église Hildegarde de Bingen. Je cite une partie des conclusions de la recherche de sainte Hildegarde parce qu’il est important de la lire directement : « Lorsque l’impulsion sexuelle se fait sentir chez l’homme, quelque chose commence à tourner en lui comme un moulin (…) Mais chez la femme, le plaisir est comme le soleil, qui baigne doucement, légèrement et continuellement la terre de sa chaleur (…)« .
La vérité, c’est que cette sainte était plus complète et plus concrète que moi. Seulement, la recherche que nous avons faite sur ces mariages avait pour but de savoir si ces différences avaient une influence sur la façon dont ils se rapportaient à Dieu.
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Je ne sais pas pourquoi cette sainte l’a fait ; y a-t-il d’autres questions que vous aimeriez clarifier parce qu’elles créent de la confusion ?
Je dois dire que je ne pense pas faire parler de moi à l’avenir parce que nous ne prévoyons pas, au sein du dicastère, de sujets qui pourraient être très controversés, comme les derniers. Nous préparons un document très important sur la dignité humaine qui comprend non seulement des questions sociales, mais aussi une forte critique des questions morales telles que le changement de sexe, les mères porteuses, les idéologies de genre, etc. En ce sens, les personnes les plus inquiètes pourront dormir sur leurs deux oreilles.
Avez-vous discuté de ces attaques et de ces critiques avec François ?
Oui, mais il les considère comme des purifications de Dieu pour nous permettre d’accomplir mieux et avec plus d’humilité la tâche que le Seigneur nous confie.
Un simple rappel à la TV suffisait pour « donner une simple bénédiction dans la rue, lors d’un pèlerinage ».
Là, il a sorti l’artillerie lourde (un document hyper super officiel et magistériel) pour « autoriser » des « bénédictions » de « couples » et non des bénédictions de personnes. Ajuster le tir lui aurait pris quelques secondes…
Le préfet est donc pervers quand il feint de ne pas voir que le scandale est dans ces « bénédictions de couples », la nouveauté de FS.
S’il veut vraiment être charitable et libérer ces personnes, il faut juste qu’il rappelle que ces unions sont peccamineus
C’est intéressant d’avoir ses propres explications
Je comprends la volonté du Saint Père de vouloir développer la piété populaire, et vouloir ramener tous les enfants de Dieu dans sa Sainte Église
Il est regrettable que pour des questions de pure forme les passions se soient tant agitées
J’attends avec intérêt ce nouveau document magistériel
Prions pour ce cardinal Fernandez, afin qu’il soit protégé du monde, de sa chair et du diable 🙏
Le démon veut nous faire douter
Le démon veut nous faire douter de l’infaillibilité de l’Eglise
FS se réfère à la « Doctrine du Pape » comme justification. Il faut juste ajouter que le Pape n’est pas infaillible, sauf dans de rares occasions décrites par Vatican I, concile réuni justement pour les définir.
C’est déjà arrivé que les Papes disent des erreurs, en commençant par St Pierre qui a été repris par St Paul. C’est notamment un rôle des cardinaux de faire des corrections fraternelles au Pape. Bénissons notamment les cardinaux Muller et Sarah pour leur contribution sur le sujet !