Dans une décision récente, le gouvernement israélien envisage d’imposer une taxe municipale sur les propriétés de l’Église, remettant en question des accords historiques et suscitant l’inquiétude des dirigeants catholiques, orthodoxes et protestants de Jérusalem. Cette mesure pourrait avoir des conséquences importantes sur la présence chrétienne déjà fragile en Terre Sainte et au Moyen-Orient.
La taxe « arnona » : une remise en question du statu quo
Le gouvernement israélien étudie actuellement la possibilité d’imposer une taxe municipale, appelée « arnona », sur les propriétés de l’Église. Bien que les institutions religieuses aient traditionnellement bénéficié d’une exemption fiscale, des villes comme Jérusalem, Nazareth et Tel Aviv ont commencé à réclamer cette taxe. Cette décision a été vivement critiquée par le clergé local et les patriarches, qui la qualifient d' »attaque coordonnée » contre leur présence en Terre Sainte.
Une opposition ferme des chrétiens
Dans une lettre adressée au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, les chefs des églises ont exprimé leur vive opposition à cette mesure. Parmi les signataires figurent le cardinal Pierbattista Pizzaballa, le custode franciscain de Terre Sainte, ainsi que les patriarches orthodoxes grecs et arménien. Ils affirment que cette décision va à l’encontre du statu quo et remet en question les accords historiques qui accordaient aux chrétiens un avantage fiscal sur leurs propriétés.
« Nous observons avec préoccupation la campagne actuelle contre les Églises et la communauté chrétienne en Terre Sainte, qui a escaladé à un degré inédit, impliquant les Églises dans des actions judiciaires d’un bout à l’autre du pays. En réaction, nous réitérons nos droits historiques et juridiques, que certains responsables locaux cherchent à présent à transgresser ».
Un précédent inquiétant
Ce n’est pas la première fois qu’une telle situation se produit. En 2018, une tentative similaire avait conduit à la fermeture de l’Église du Saint-Sépulcre pendant trois jours, jusqu’à ce que le gouvernement israélien revienne sur sa décision. Les chefs chrétiens rappellent cet épisode dans leur lettre, soulignant que les procédures juridiques récentes sont contraires à l’accord précédemment conclu.
Les conséquences potentielles pour la communauté chrétienne
L’imposition de cette taxe pourrait avoir des conséquences graves pour la communauté chrétienne, qui représente déjà une minorité de moins de 2% dans la région. Les fonds actuellement alloués aux hôpitaux, couvents et écoles pourraient être significativement réduits, mettant en péril ces institutions essentielles.
L’exode des chrétiens du Moyen-Orient : un phénomène préoccupant
Le cardinal Pizzaballa a souligné en septembre 2023 que l’exode des chrétiens du Moyen-Orient est principalement dû à l’instabilité politique et à l’extrême pauvreté dans la région. Cette nouvelle mesure fiscale pourrait accélérer ce phénomène, affaiblissant davantage la présence chrétienne dans des lieux historiques et symboliques comme la Terre Sainte.
Les enjeux culturels et historiques
L’exode potentiel des chrétiens de la région ne représente pas seulement une perte pour la communauté religieuse, mais aussi pour la richesse culturelle et historique du Moyen-Orient. La présence chrétienne dans cette région remonte aux origines mêmes du christianisme, et son déclin pourrait signifier la perte d’une partie importante de l’héritage de la région.
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La décision d’Israël d’imposer une taxe sur les propriétés de l’Église soulève des questions importantes sur l’avenir de la présence chrétienne en Terre Sainte. Alors que le débat se poursuit, il reste à voir comment le gouvernement israélien répondra aux préoccupations exprimées légitimement par la chrétienté et quelles seront les conséquences d’un impôt maintenu.