Dans le Finistère, et plus précisément à Plougastel-Daoulas, se perpétue une tradition ancienne qui honore les âmes des défunts. Chaque année, en novembre, les paroissiens de cette petite commune mettent aux enchères un arbre particulier, le gwezenn an anaon ou « arbre des trépassés« . Les fonds recueillis lors de cette vente servent à célébrer des messes pour les défunts, offrant ainsi un soutien spirituel aux âmes de leurs proches passés dans l’au-delà. Ce geste, tiré d’une pratique millénaire aux racines celtiques, a su traverser les âges en s’ancrant profondément dans la foi chrétienne locale.
Un article publié grâce aux informations d’Aleteia – Les paroissiens ont tenu à maintenir cette coutume communautaire comme un hommage à leurs ancêtres et un moyen pieux de se rappeler la vie éternelle promise par le Christ. Aujourd’hui, la vente du « pommier des défunts » est un événement solennel et fraternel, réhabilité dans un esprit de ferveur catholique. On coupe un jeune if d’environ 1,50 mètre, soigneusement écorcé, sur lequel on accroche de belles pommes rouges. La personne chargée de cette préparation est le dernier acquéreur de l’arbre lors de l’enchère précédente, un honneur particulier.
La symbolique de l’if et de la pomme est profondément ancrée dans la culture bretonne. Dans la mythologie celtique, l’if, toujours vert, est associé à la vie éternelle, tandis que la pomme rappelle l’île d’Avallon, considérée comme un lieu de paix et de vie éternelle. La chrétienté a su s’approprier ces images pour évoquer la vie éternelle promise aux fidèles, l’if et la pomme devenant ainsi des symboles riches de sens dans la cérémonie.
Lorsque l’arbre est prêt, garni de ses fruits, la paroisse se réunit autour de l’église ou de l’une des chapelles. Des petits pains, appelés bara an anaon (pains des trépassés), sont bénis par le prêtre de Plougastel ou les moines de Landévennec, et disposés sur une table en compagnie de paniers de pommes bénites. Les enchères débutent dans un esprit de charité : chaque membre de la confrérie, ou breuriez, sait que les fonds serviront à faire célébrer des messes pour les âmes des défunts.
Les enchères sont menées dans la joie et la ferveur. Le déroulement est souvent fixé d’avance : la famille qui a connu un deuil récent est privilégiée pour l’acquisition de l’arbre. Toutefois, chacun peut participer aux enchères, y compris les étrangers, afin d’augmenter le montant final dédié aux messes. Les paroissiens apportent leur obole de tout cœur, sachant qu’il s’agit d’un acte de miséricorde envers les âmes du purgatoire.
Un hommage aux âmes et un lien avec l’éternité
Quand l’enchère est terminée, l’arbre des trépassés est remis à la famille désignée, qui le distribue ensuite aux enfants et aux anciens, symbolisant ainsi le passage de la vie terrestre à la vie céleste. Si l’année écoulée n’a pas connu de décès, les fonds récoltés servent à soutenir les jeunes couples de la paroisse, un beau signe d’espérance et de fécondité dans la tradition catholique.
Pour clore la cérémonie, un chant breton en l’honneur des trépassés est entonné, invitant les vivants à se rappeler la communion des saints. Les participants se dirigent ensuite vers la table où ils peuvent acheter les pommes et les pains bénis, à raison d’un pain par membre de leur foyer. Ce geste solennel est une façon d’associer toute la famille, présente ou absente, à la prière pour les défunts. Ces pains sont ensuite consommés lors du repas familial, marquant ainsi la clôture d’un événement empreint de respect et de recueillement.