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L’Autriche interdit les frères musulmans sur son territoire


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L'Autriche interdit les frères musulmans sur son territoire
L’Autriche interdit les frères musulmans sur son territoire

Avec sa nouvelle loi antiterroriste adoptée le 8 juillet au Parlement, l’Autriche devient le premier pays européen à interdire les frères musulmans fondée il y a près d’un siècle par l’Égyptien Hassan al-Banna.

Les disciples de Hassan al-Banna, le fondateur égyptien de la confrérie, ont implanté leurs premiers réseaux européens, au milieu des années 1960, à Graz, capitale de la province de Styrie, au sud-ouest de Vienne. Youssef Nada, le financier occulte de l’organisation, y a créé en 1969, les premières usines de production de fromages et de produits laitiers de son empire industriel fondé avec le « trésor de guerre » de la confrérie. Avant de migrer vers la Suisse voisine pour y ouvrir la banque al-Taqwa.

Au bout de 21 000 heures d’écoutes et à l’aide de 1,2 million d’images de filature, le procureur décide de clore l’enquête et dresse une liste de 70 personnalités soupçonnées de « liens avec une organisation terroriste, financement du terrorisme et blanchiment d’argent ». Une grande rafle est décidée. Elle devait avoir lieu au matin du 3 novembre 2020. La veille, Vienne est frappée par attentat djihadiste.

L’information sur cette rafle fuite dans la presse. L’opinion voit aussitôt dans cette corrélation un lien de cause à effet. D’autant plus que le procureur général de Graz a révélé que son enquête avait permis de geler plus de 20 millions d’euros d’argent sale. Et qu’une liste noire de personnalités opposées à l’islam politique circulait chez les Frères.

Tant et si bien qu’au lendemain de l’attentat, le ministre de l’Intérieur, Karl Nehammer, promet de s’attaquer « aux racines de l’islam politique ». Dans la foulée, la ministre de l’Intégration, l’écologiste Susanne Raab, annonce la création d’un « Centre de documentation sur l’islam politique » chargé de surveiller de près la mouvance des Frères. Une nouvelle loi antiterroriste est déposée devant le Parlement fédéral, le 16 décembre 2020. Objectif du chancelier Sebastian Kurz : « affirmer la volonté d’en découdre avec l’islam politique ».

« L’INTERDICTION DES SYMBOLES »

La nouvelle loi antiterroriste a été adoptée le 8 juillet dernier. Elle offre aux autorités de plus larges prérogatives dans le domaine de la surveillance et du contrôle des milieux extrémistes. Mais sa mesure la plus importante est l’inscription des Frères musulmans sur la liste des « groupes extrémistes liés à la criminalité à motivation religieuse ». Le nom de la confrérie s’ajoute ainsi à ceux de Daech, d’ Al-Qaida, du Hamas, du Hezbollah, du PKK kurde, des Loups Gris turcs également interdits en France et en Allemagne, et du mouvement fasciste croate des oustachis.

Selon les dispositions de cette nouvelle loi antiterroriste, toute détention ou propagation de slogans ou de documents faisant l’apologie des groupes inscrits sur la liste noire sera puni d’une amende de 4 000 euros et/ou d’une peine d’emprisonnement d’un mois. En cas de récidive, les condamnations pourront aller jusqu’à 10 000 euros d’amende et six mois de prison.

Plus judicieuse que la simple interdiction de groupes ou d’associations, lesquels se reconstituent aussitôt sous de nouveaux intitulés, cette stratégie autrichienne dite de « l’interdiction des symboles » s’avère très efficace. Selon le ministre de l’Intérieur, Karl Nehammer, plus de 27 000 infractions ont été constatées depuis sa mise en place au lendemain des attentats de novembre 2020. Le fait de l’étendre aux Frères musulmans est le coup le plus dur jamais porté à la confrérie en Europe.

Qu’attend la république pour faire exactement la même chose ?

Source : Marianne

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