Le pape François pourrait bientôt convoquer un consistoire pour la création de nouveaux cardinaux, ce qui porterait le nombre de cardinaux pouvant participer à un futur conclave au-delà de la limite de 120 établie par Paul VI.
Les rumeurs d’un nouveau consistoire se sont multipliées ces dernières semaines, car la nouvelle constitution vaticane Praedicate evangelium entrera en vigueur le 5 juin, jour de la Pentecôte. Plusieurs nouveaux dicastères du Vatican verront le jour ce jour-là et l’on s’attend à ce que leurs dirigeants soient nommés cardinaux, bien que la constitution souligne que des laïcs peuvent diriger certains départements.
Le pape François a deux options. Il peut attendre la fin de l’année, lorsque le nombre de cardinaux électeurs tombera à 110 et qu’il disposera donc de 10 places. Ou bien il peut convoquer un consistoire le 29 juin, en la fête des saints Pierre et Paul. Un consistoire ce jour-là porterait, selon toute vraisemblance, le nombre de cardinaux électeurs à plus de 120. Mais leur nombre devrait ensuite diminuer au cours des mois suivants.
Le Collège des Cardinaux compte actuellement 117 cardinaux électeurs. Parmi ceux-ci, 12 ont été créés par Jean-Paul II, 38 par Benoît XVI et 67 par le pape François. Les cardinaux créés par le pape François représentent 57% des cardinaux électeurs.
Le dernier consistoire créant de nouveaux cardinaux a eu lieu le 28 novembre 2020. Jusque-là, le pape François avait convoqué un consistoire chaque année depuis 2014. Mais 2021 est passé sans la création de nouveaux cardinaux.
Le dernier consistoire à créer de nouveaux cardinaux a eu lieu le 28 novembre 2020. Jusqu’à ce moment, le pape François avait convoqué un consistoire chaque année depuis 2014. Mais l’année 2021 s’est passée sans la création de nouveaux cardinaux.
Jusqu’à présent cette année, quatre cardinaux électeurs ont déjà atteint l’âge de 80 ans, et six autres auront cet âge avant la fin de 2022. Le dernier sera le cardinal Oscar Andrés Rodriguez Maradiaga, le 29 décembre.
De ces 10 cardinaux, seulement quatre ont été créés par le pape François. Par conséquent, si le pape François décidait de nommer 10 nouveaux cardinaux électeurs et de revenir à la limite maximale de 120 électeurs établie par Paul VI et confirmée par Jean-Paul II, il créerait 76 cardinaux dans un éventuel conclave. C’est-à-dire seulement quatre de moins que les 80 cardinaux qui représentent les deux tiers des voix nécessaires pour élire un nouveau pape.
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Le pape François a généralement choisi des candidats peu connus dans l’Église au sens large, avec des profils plus pastoraux que théologiques, et avec une grande attention pour les églises locales considérées comme marginalisées, telles que celles de Tonga, du Cap-Vert et de la République centrafricaine.
Toute discussion sur les conclaves est, bien sûr, spéculative. On ne sait pas pour qui les cardinaux vont voter. Lorsqu’ils entrent dans la chapelle Sixtine, ils sont isolés, sans possibilité de contact avec le monde extérieur. Là, ils réfléchissent au choix du prochain pontife en fonction de considérations plus pragmatiques que géopolitiques.
Mais l’étude de la composition du Collège des cardinaux n’en est pas moins intéressante. À tout le moins, elle nous permet de comprendre quelle direction le pape François veut donner à l’Église et aux évêques du monde entier.
Si l’on examine les sept consistoires du pape François créant de nouveaux cardinaux, on peut distinguer trois critères fondamentaux.
Le premier est l’imprévisibilité. Le deuxième est le désir d’étendre la représentation de l’Église aux régions les plus éloignées et les moins chrétiennes. Le troisième est qu’au moins un nouveau cardinal doit représenter un lien avec le passé.
Sur le premier point, le pape François a montré qu’il pouvait choisir n’importe qui comme cardinal. Mais certaines personnalités sont plus susceptibles de recevoir un chapeau rouge en raison de leur position au Vatican. Il s’agit de l’archevêque Lazarus You Heung-sik, préfet de la Congrégation pour le clergé, de l’archevêque Arthur Roche, préfet de la Congrégation pour le culte divin, et de l’archevêque Fernando Vérgez Alzaga, président du Governatorat de l’État de la Cité du Vatican.
Il y a aussi des possibilités moins évidentes. Le nombre de cardinaux italiens n’a cessé de diminuer sous le pape François. Les sièges traditionnellement cardinalices comme Naples, Palerme, Venise, Milan et Turin sont actuellement sans chapeau rouge. Mais le pape pourrait opter pour l’archevêque Marco Tasca de Gênes, même si son prédécesseur, le cardinal Angelo Bagnasco, figure toujours parmi les cardinaux électeurs.
Il pourrait également récompenser Mgr Gintaras Grušas, archevêque de Vilnius, en Lituanie, président du Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE).
Parmi les surprises, il pourrait aussi y avoir un autre Italien : Monseigneur Pierangelo Sequeri, président de l’Institut théologique pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille. Sequeri a 77 ans et serait donc un cardinal électeur.
Avec le chapeau rouge, le pape François souhaiterait-il en quelque sorte bénir la nouvelle direction de l’institut qui porte le nom du pape polonais mais qui a été profondément remanié ces dernières années ?
C’est une hypothèse, tout comme le chapeau rouge de Mgr Piero Marini, maître des célébrations liturgiques pontificales de 1987 à 2007 et, jusqu’à cette année, président du Comité pontifical pour les congrès eucharistiques internationaux.
Sequeri et Marini pourraient tous deux entrer dans la catégorie des cardinaux qui représentent un lien avec le passé. L’un soulignerait le nouveau cours théologique sous le pape François et l’autre la nouvelle ligne liturgique exprimée tout récemment par le motu proprio Traditionis custodes.
Un chapeau rouge pour Marini, qui était connu pour ses idées liturgiques progressistes sous le pontificat de Jean-Paul II, en dirait plus que mille mots sur la direction que le pape François veut donner à l’Église.
La France pourrait également gagner un bonnet rouge. En dehors du cardinal Dominique Mamberti, préfet du Tribunal suprême de la signature apostolique, le pape François n’a pas posé de chapeau rouge sur une tête française depuis son élection en 2013. Avec l’ancien archevêque de Paris, le cardinal André Vingt-Trois, qui fêtera ses 80 ans le 7 novembre et perdra son droit de vote lors d’un conclave, il y a une ouverture possible.
L’Espagne compte actuellement quatre cardinaux : les archevêques de Madrid, Valence, Barcelone et Valladolid. L’archevêque Francisco Cherro Chaves de Tolède, le primat d’Espagne, n’est pas cardinal. Mais les initiés pensent qu’il est peu probable que cela change.
Si l’on regarde l’Europe, l’absence de chapeaux rouges dans des archidiocèses influents comme Cracovie, en Pologne, et Armagh, en Irlande du Nord, est frappante.
Ni les États-Unis ni le Canada ne semblent être une destination probable pour un nouveau chapeau rouge. Les États-Unis comptent déjà six cardinaux électeurs résidents : Le Cardinal Blase Cupich de Chicago, le Cardinal Daniel DiNardo de Galveston-Houston, le Cardinal Timothy Dolan de New York, le Cardinal Wilton Gregory de Washington, le Cardinal Seán O’Malley de Boston et le Cardinal Joseph Tobin de Newark. Il y en a trois autres à Rome : Le cardinal Raymond Burke, le cardinal Kevin Farrell et le cardinal James Harvey.
Le Canada, quant à lui, compte deux archevêques résidentiels – le cardinal Thomas Collins de Toronto et le cardinal Gérald Lacroix de Québec – et deux cardinaux curiaux, les cardinaux Michael Czerny et Marc Ouellet.
En Amérique latine, le pape pourrait donner le chapeau rouge à l’archevêque Carlos Mattasoglio de Lima, au Pérou, et à l’archevêque Walmor Oliveira de Azevedo de Belo Horizonte, président de la conférence épiscopale du Brésil.
L’Afrique est actuellement sous-représentée au sein du collège des cardinaux (ainsi que parmi les chefs des dicastères du Vatican) et trois cardinaux africains auront 80 ans en 2021. Le pape François pourrait se tourner vers le Sud-Soudan, où il a l’intention de se rendre en juillet. Un candidat possible serait l’archevêque Stephen Ameyu Martin Mulla de Juba.
Mais le pape pourrait également se tourner vers l’archevêque Benjamin Ndiaye de Dakar, au Sénégal, ou l’archevêque Siegfried Mandla Jwara de Durban, en Afrique du Sud.
L’Australie n’a pas actuellement de cardinal électeur, et les deux noms les plus en vue seraient ceux de l’archevêque Anthony Fisher de Sydney et de l’archevêque Peter Comensoli de Melbourne. Mais la possibilité d’un chapeau rouge pour l’archevêque Mark Coleridge de Brisbane ne doit pas être sous-estimée. M. Coleridge était jusqu’à récemment le président de la conférence épiscopale australienne et semblait avoir beaucoup d’estime pour le pape François lors du synode sur la famille de 2015.
L’Océanie pourrait également être récompensée par un cardinal, peut-être de Papouasie-Nouvelle-Guinée, où le pape a indiqué qu’il souhaitait voyager.
L’Asie compte actuellement 15 cardinaux électeurs et il est probablement peu probable qu’elle en gagne beaucoup plus lors d’un nouveau consistoire.
Pourtant, les considérations géographiques pourraient devenir sans objet si le pape François décidait d’augmenter le nombre de cardinaux électeurs. Il existe un précédent : Avec le consistoire du 28 novembre 2020, il a dépassé le seuil des 120, atteignant 128 cardinaux électeurs.
Lorsqu’il choisit de nouveaux cardinaux, le pape a eu tendance à opter pour des candidats en qui il a confiance. Mais il a également envoyé des signaux sur l’orientation de sa gouvernance. Il est remarquable que, depuis le début de son pontificat, le secrétaire général du Synode des évêques soit un cardinal (d’abord le cardinal Lorenzo Baldisseri, puis le cardinal Mario Grech), ce qui montre l’importance que le pape accorde au Synode des évêques.
Lorsque M. Czerny a reçu le chapeau rouge, il était sous-secrétaire du Dicastère pour la promotion du développement humain intégral et responsable de la politique du Vatican concernant les migrants et les réfugiés. Ce geste était une indication claire du fort intérêt du pape pour les thèmes promus par le dicastère.
Et lorsqu’il s’agit des choix du pape François, aucun signal ne doit être sous-estimé.
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