Malgré les désaccords notables entre le pape François et Trump sur des sujets tels que l’immigration, le climat et les relations internationales, Rome espère établir une communication ouverte, centrée sur la recherche de solutions communes.
Le père jésuite Antonio Spadaro, proche conseiller du pape et sous-secrétaire du Dicastère pour la Culture, a confirmé cette démarche dans une interview le 6 novembre. Selon lui, il est essentiel de construire des ponts pour répondre aux enjeux sociaux et politiques, tant aux États-Unis que sur la scène internationale. Dans ses déclarations, Spadaro insiste :
« Il est crucial d’écouter le cri de ceux qui se sentent oubliés ou marginalisés dans la société américaine ».
D’un point de vue catholique, le Vatican n’a jamais adopté une posture manichéenne, classant les individus ou les partis en « bons » et « mauvais ». Au contraire, l’Église cherche à promouvoir des valeurs fondamentales et à soutenir le bien commun, indépendamment des clivages politiques. « Les catholiques n’ont pas de convictions politiques homogènes, ni aux États-Unis ni ailleurs », rappelle Spadaro. L’objectif de l’Église reste de maintenir un cap ferme sur les valeurs, tout en évitant tout mélange inapproprié entre la religion et la politique.
Cette approche rejoint la vision diplomatique de l’Église : instaurer le dialogue même avec ceux dont les positions divergent, dans l’espoir de bâtir des ponts et d’abattre les murs qui divisent.
Sur la scène internationale, la relation entre les États-Unis et le Saint-Siège est cruciale pour la paix mondiale. Spadaro souligne notamment les crises en Ukraine et en Palestine, qui préoccupent profondément le Vatican. Le Saint-Siège estime que les États-Unis ont un rôle central à jouer dans la recherche de solutions durables à ces conflits. « Il est indispensable d’éviter que les conflits qui déchirent le monde ne s’aggravent », affirme Spadaro, rappelant ainsi la vocation universelle de l’Église à travailler pour la paix.
Dans un commentaire faisant allusion au slogan de Trump, Make America Great Again, Spadaro interpelle :
« La vraie grandeur se mesure à l’attention que l’on porte aux pauvres, aux marginalisés, et à ceux qui, comme Lazare, sont aux portes de notre société ». Ce rappel évangélique vise les laissés-pour-compte de la société américaine et les migrants, qui ont contribué à façonner l’histoire des États-Unis. Pour l’Église, ces personnes constituent le véritable cœur de la grandeur nationale.
Le Vatican n’a pas encore publié de déclaration officielle à la suite de la victoire de Trump, préférant généralement attendre l’inauguration présidentielle avant d’adresser un message formel. Cependant, Vatican News, l’agence officielle, a souligné le caractère singulier de la réélection de Trump, marquée par une résilience face à des défis inédits, y compris deux destitutions et plusieurs affaires judiciaires. Cette capacité à revenir au premier plan politique a été qualifiée de « parcours inédit » par l’article du 6 novembre de Vatican News.
La diplomatie vaticane continue de promouvoir le dialogue et la recherche de solutions, tout en veillant à ne pas favoriser de parti. Le Vatican pourrait, comme en 2008 avec Barack Obama, adopter une approche flexible et adaptée aux circonstances.