La condamnation récente d’un moine de Montserrat pour des abus sexuels sur mineur a fait éclater au grand jour une réalité douloureuse pour l’Église et pour la communauté monastique. En effet, la bénédictine abbaye de Montserrat, jusque-là épargnée par la justice en raison de la prescription des faits, a finalement été confrontée à la gravité des actes perpétrés par l’un de ses membres en 2019. Il s’agit ici du frère Gabriel Soler, un moine de 39 ans à l’époque des faits, anciennement vicerrecteur du sanctuaire et responsable de rencontres destinées à la jeunesse, appelées « Montserrat Jove« .
La victime, un adolescent, avait été invité par le frère Gabriel à un entretien privé. Ce qui semblait être une rencontre spirituelle se transforma en un piège, lorsque le moine força l’adolescent à ingérer de grandes quantités de cava (vin mousseux) dans le but de faciliter les abus. Malgré la version du moine affirmant que les relations étaient consenties, les éléments du procès et les témoignages de la victime contredisent cette affirmation, ce qui a conduit à une condamnation du moine à deux ans de prison, bien que la demande de la procureure ait été de cinq ans. De plus, l’abbaye a été tenue de payer une indemnité de 20 000 euros à la victime, étant donné que le condamné n’avait pas les moyens de se conformer à cette demande.
Il est important de noter que ce cas est bien plus récent que ceux qui ont impliqué des abus commis dans le passé au sein du monastère, notamment par le frère Andreu Soler, décédé depuis plusieurs années. La lenteur de l’action judiciaire a été dénoncée par beaucoup, car ce type de délit semble avoir été protégé pendant trop longtemps par l’institution, en particulier sous la direction de l’ancien abbé Josep Maria Soler, dont les efforts pour dissimuler ces crimes avaient été nombreux.
L’abbaye de Montserrat a exprimé ses regrets dans un communiqué, offrant ses excuses à la victime. Ce geste de repentance semble marquer un tournant dans la gestion de ces affaires, surtout depuis l’arrivée de l’abbé Manel Gasch, qui a montré une volonté claire de ne pas couvrir les fautes des membres du monastère. Toutefois, ces événements ont laissé une trace indélébile sur la communauté, surtout au sein de familles qui considéraient Montserrat comme un lieu de confiance et de sacralité, ainsi qu’un symbole de l’identité catalane.
Aujourd’hui, ce jugement n’est peut-être pas suffisant, mais il envoie un message clair à ceux qui commettent de tels crimes : la justice finit toujours par triompher. Les abus d’enfants ne peuvent plus être dissimulés, et le travail de purification de l’Église ne doit pas s’arrêter là. Le chemin reste long, mais il est encourageant de voir qu’aujourd’hui l’abbaye semble enfin prendre ses responsabilités. Il reste cependant à voir quelle suite sera donnée à cette affaire sur le plan canonique.