Sainte Casilda de Tolède, princesse musulmane, qui trouve le visage du Christ chez les prisonniers. Jamais son père, l’émir de Tolède et grand persécuteur des chrétiens, n’aurait imaginé que sa fille serait l’une des saintes les plus aimées de l’Espagne catholique.
Hier, l’Église a célébré, parmi d’autres saints, Sainte Casilda de Tolède, dont l’histoire est merveilleuse.
Son nom, « Casilda« , signifie « poésie » en arabe, ce qui rend honneur à cette sainte, car sa vie est pure poésie.
Elle est née au début du XIe siècle dans les territoires espagnols envahis par les Arabes venant du nord de l’Afrique. Son père était Al-Mamún, l’émir de Tolède, connu pour sa cruauté envers les chrétiens.
Comme toute princesse musulmane, elle a mémorisé des versets du Coran dès son plus jeune âge et a appris à lire et à écrire grâce à ce livre religieux. Il est fort probable que sa mère était chrétienne, et les hommes responsables de son éducation lui ont inculqué une ouverture d’esprit sur les cultures anciennes, éveillant ainsi des interrogations sur la religion musulmane.
Avant de décider de devenir chrétienne, la princesse Casilda montrait sa bonne nature en visitant les cellules et les cachots, apportant aux prisonniers des aliments et des médicaments qu’elle cachait sous ses vêtements. Mais il se trouve que certains de ces prisonniers étaient des moines et des prêtres, qui lui parlaient de plus en plus du Christ : l’un d’eux la baptiserait par la suite.
Un miracle s’est reproduit avec Sainte Casilda, comme cela s’est déjà produit plusieurs fois avec certains saints.
La tradition raconte qu’il est parvenu aux oreilles de l’émir que sa fille faisait preuve de miséricorde envers les chrétiens et leur apportait de la nourriture. Furieux, il alla à sa rencontre, et lorsqu’il lui demanda ce que contenait le paquet qu’elle portait sous ses vêtements, Casilda lui répondit que c’étaient des roses.
L’émir voulut vérifier, lui demanda de les lui montrer, et les pains s’étaient effectivement transformés en un bouquet de fleurs. Le roi, qui était sûr que la princesse avait ramassé des pains, resta bouche bée et la laissa tranquille. Selon certaines traditions, elle continua son chemin et les roses se transformèrent à nouveau en pains pour ses prisonniers.
Un jour, la princesse commença à souffrir de pertes de sang, une maladie devant laquelle ses médecins se montraient impuissants. Mais alors, l’un des prisonniers, qu’elle avait aidés, lui suggéra de se baigner dans les lacs voisins du monastère de Saint Vincent, qui se trouvait à Briviesca, dans le royaume chrétien de Castille.
Après avoir insisté assez longtemps, et convaincu que la maladie de sa fille était incurable, l’émir Al-Mamún autorisa son voyage, accompagnée d’une délégation digne, où se trouvaient des chrétiens en secret.
Il se trouve que dès que Casilda se baigna dans ces eaux, sa guérison fut totale et définitive. Cela la décida finalement à devenir chrétienne. Elle fut baptisée, confirma sa foi et reçut également le sacrement de l’Eucharistie.
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Alors, prise d’amour pour son nouveau maître, Jésus, la princesse décida de rester vierge et passa le reste de ses jours en prière et en bonnes œuvres. La dot qui lui revenait fut donnée à l’Église et aux pauvres.
Sainte Casilda mourut en ermite en 1075, à Saint Vincent. Ses restes furent enterrés dans la chapelle qu’elle avait elle-même construite ; aujourd’hui, ils sont conservés dans le sanctuaire qui porte son nom, à Burgos. Nombreux sont ceux qui disent qu’elle a intercédé en leur faveur.
Le grand Zurbarán a passé son temps à immortaliser son image, l’habillant de robes de princesse, la dessinant avec un visage innocent, aux yeux noirs profonds tout comme ses cheveux, avec un regard de contemplation et de décision. Une merveille.
Sa fête est célébrée le 9 avril, car c’est ce jour-là que ses reliques ont été transférées à Burgos.
Cet article a été initialement publié par Gaudium Press puis traduit par LeCatho | Lien original