Mardi, le puissant Comité central laïc des catholiques allemands (ZdK) a émis un avertissement sévère à l'égard des évêques du pays.
Le "Chemin Synodal" allemand, initié en décembre 2019, aborde des sujets cruciaux tels que le pouvoir ecclésiastique, le sacerdoce, le rôle des femmes dans l'Église et la morale sexuelle. Cependant, ces discussions ont engendré des désaccords profonds tant au niveau national qu'avec Rome.
L'un des conflits majeurs concerne la proposition de création d'un "Conseil Synodal" permanent, composé à parts égales d'évêques et de laïcs. Le Vatican a émis de sérieuses réserves, soutenant que cette structure pourrait violer le droit canonique, qui confère à l'évêque l'autorité suprême dans un diocèse. Néanmoins, les évêques allemands, dirigés par Mgr Georg Bätzing, président de la Conférence épiscopale allemande, ont persisté à défendre cette réforme, la considérant comme un moyen de renforcer la participation des laïcs dans la gestion de l'Église.
Lors de récentes discussions entre les représentants allemands et le Vatican, un compromis précaire a été trouvé. Les évêques allemands ont accepté que toutes les décisions prises par le futur Conseil Synodal soient soumises à l'approbation du Saint-Siège. Cette solution temporaire permet de maintenir les discussions ouvertes tout en respectant les prérogatives du Vatican, mais laisse persister des tensions quant à la mise en œuvre effective des réformes.
Le 22 avril, le conseil permanent des évêques allemands s'est assemblé à Bonn pour discuter de divers sujets, dont la candidature de Kohlberger à un poste national. Il a été rapidement rapporté qu'elle n'avait pas reçu l'approbation majoritaire requise des évêques lors d'un vote secret.
En tant qu'évêques diocésains, Mgr Woelki et Mgr Voderholzer sont membres du conseil permanent. Ils boycottent aussi le comité synodal, qui réunit des évêques et un cercle restreint de laïcs pour appliquer les décisions de la voie synodale. Cependant, il reste incertain de savoir comment les divergences avec Mgr Woelki et Mgr Voderholzer, qui font partie d'une petite minorité d'évêques conservateurs, pourraient justifier l'incapacité de Kohlberger à obtenir le soutien de la majorité des évêques allemands.
Lors de l'assemblée plénière du ZdK le 28 mai à Erfurt, 80 % des participants ont voté une motion critiquant le rejet de Viola Kohlberger par les évêques allemands.
Le ZdK a déclaré :
"Avec sa décision, le conseil permanent a gravement compromis la coopération constructive et confiante au sein du comité synodal. La conférence des évêques est responsable d'une nouvelle perte de confiance et de crédibilité parmi les croyants."
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Le ZdK souligne qu'il est un "partenaire égal" avec la conférence des évêques et exige des réponses claires à six questions avant la prochaine réunion de juin :
- Comment une action fiable et commune sur la voie synodale peut-elle réussir si les décisions des évêques continuent d'être prises de manière non transparente et sans explication ?
- Comment et quand les décisions déjà prises sur la voie synodale seront-elles mises en œuvre dans les diocèses ?
- Comment les évêques garantissent-ils le sérieux des délibérations futures et le caractère contraignant des décisions sur la voie synodale au sein de la conférence épiscopale ainsi que dans les différents diocèses ?
- Comment les évêques contribueront-ils au travail de fond du comité synodal ?
- Comment les évêques vont-ils gérer les réserves/résistance romaines ?
- Comment les évêques discuteront-ils et communiqueront-ils de leurs actions au sein du comité synodal ?
Ces questions révèlent l'incertitude qui entoure encore le comité synodal, plus d'un an après la clôture du chemin synodal. Le ZdK a menacé de se retirer du projet si les réponses des évêques ne sont pas satisfaisantes.
La prochaine réunion du comité synodal allemand, prévue pour juin 2024, sera déterminante. Ce comité doit élaborer les statuts et les règlements du futur Conseil Synodal, dont les travaux devraient commencer en 2026. Parmi les réformes envisagées, on trouve des propositions sur la bénédiction des unions de même sexe et la reconnaissance des personnes transgenres dans les ministères ordonnés, des sujets qui ont déjà suscité de vives réactions au sein de l'Église.