Les nations, comme les individus, se lassent parfois d’être sages, dans notre cas, c’est l’abandon du règne de Jésus-Christ. Elles abandonnent la religion et les bonnes coutumes des ancêtres. Les nations chrétiennes, et la France en particulier, étaient fatiguées de la direction maternelle et tutélaire de l’Église.
Elles se sont retournées vers le paganisme. Elles ont voulu faire un nouvel essai de ses principes et de ses mœurs. Voyons où nous avons abouti.
Bienheureux Léon Dehon en 1894.
La dépopulation
«Croissez et multipliez» [Gn 1,22]. C’est la loi de la nature et c’est la loi divine. L’homme aime à se voir entouré de rejetons nombreux. C’est sa force, sa consolation et son honneur. Mais l’égoïsme contemporain, l’amour du luxe et le sensualisme ont changé tout cela. Voici, du reste, le fait brutal.
C’est le tableau officiel de l’accroissement de la population en Europe en 1891 :
Russie …………………………… 800.000
Allemagne ………………………675.000
Angleterre………………………. 368.000
Italie ……………………………… 270.000
Hollande ………………………… 60.000
France …………………………… 10.500
Et encore ces 10.500 sont des étrangers émigrés en France. En réalité, les décès, en 1891, ont dépassé les naissances de 10.505. En 1892, le déficit est de 20.041.
La race française est en décroissance, tandis que l’accroissement en 1881 était encore de 108.000 par an. Le chiffre annuel des naissances était encore, en 1881, de 937.000. En 1886, il n’était plus que de 880.000. Il est tombé en 1891 à 838.000. C’est une diminution de 100.000 en neuf ans.
En 1892, la population du département de l’Aisne a diminué de 1438 habitants. La majorité de nos départements en sont là. Si le mouvement de la population se continue dans les mêmes rapports, d’ici à cinquante ans, les États-Unis compteront 200 millions d’habitants, la Russie 160 millions, l’Allemagne 90 millions, la Grande-Bretagne 65 millions et la France 40 au plus ! Elle sera comme noyée au milieu de cet immense développement d’êtres humains.
Les causes de cet arrêt dans l’accroissement de la population sont, en première ligne: le calcul opposé au devoir; l’immoralité, qui est en proportion de l’affaiblissement des principes religieux et de l’instabilité des foyers; la prostitution provocante dans les villes; la promiscuité qui naît des logements restreints et du mélange des sexes dans les usines.
Il faut avoir le courage d’enlever l’appareil qui couvre cette plaie et d’avouer encore d’autres causes, telles que: les désordres contre nature qui croissent à mesure que l’infidélité grandit; l’incurie des premiers maîtres de l’enfance, indifférents à la morale, surtout depuis les lois scolaires; la précocité coupable par suite de la nervosité des tempéraments actuels; l’internement de la jeunesse dans les casernes; les obstacles apportés aux mariages des ouvriers par la complication des formalités à remplir; les retards forcés du mariage chez les fonctionnaires, les industriels, les employés administratifs ou civils, les agents de l’État, et dans l’armée, à cause de la nécessité d’attendre un avancement, une position faite.
Enfin, l’insuffisance de l’allaitement pour beaucoup d’enfants que leurs mères ne peuvent nourrir, et le manque de conscience chez la plupart des nourrices non chrétiennes. Les statistiques socialistes ajoutent, avec des preuves irréfutables la mortalité précoce chez les ouvriers dans beaucoup d’industries et surtout chez les descendants des ouvriers de ville.
Nous taisons les autres causes qui relèvent d’une certaine clinique. «Vitio parentum rara juventus» (Horace [Carmina, I, 2,23]). Les médecins accusent encore une diminution dans l’aptitude de la race, qui a dégénéré sous le rapport de la natalité. Comment ne pas voir là une punition divine ? Il y a en France deux millions de familles sans enfants ! Ajoutons, non pas pour nous consoler, mais pour dire toute la vérité, que le mal gagne les nations voisines.
La moyenne de la natalité a baissé depuis dix ans en Angleterre, en Belgique, en Allemagne, en Italie.
Les divorces
Les juifs nous ont imposé la loi du divorce. C’est un retour en arrière de deux mille ans. Or voici l’échelle si tristement progressive de ces attentats à la famille chrétienne.
En 1886 2.950 divorces
En 1887 3.636 «
En 1888 4.708 «
En 1889 4.766 «
En 1890 5.457 «
En 1891 5.752 «
En 1892 5.772 «
De là des milliers d’enfants scandalisés, ballottés et souvent abandonnés. À noter que les divorces sont encore bien rares dans les départements les plus catholiques. La Bretagne, toute entière et la Lozère n’en comptent presque pas. Dans l’Aisne, la proportion est, hélas! de 809 pour 100.000 ménages. En 1884 les mariages atteignaient encore le nombre de 289.000. En 1890, ils sont tombés à 269.000.
La criminalité dans l’enfance et la jeunesse
Voici un autre symptôme de progrès, triste entre tous : c’est le nombre toujours croissant de criminels et même d’assassins à peine sortis de l’enfance. Les derniers comptes-rendus, publiés par le ministère de la justice, donnent les plus effrayants résultats.
En 1880, les crimes poursuivis atteignaient déjà le chiffre de 167.000. Il y en a eu plus de 200.000 en 1892. Il y a dix ans les statistiques donnaient par an 16.000 criminels âgés de moins de vingt ans. En 1892, il y en a eu 41.000. De 1889 à 1891, on a arrêté à Paris 40.000 garçons (Pesez bien ce chiffre 40.000), et 13.000 filles au-dessous de seize ans, pour faits de prostitution.
Ces faits n’ont-ils pas leur éloquence? C’est là le fruit le plus clair de la laïcisation de l’enseignement et de l’absence de religion dans l’éducation au sein de la famille.
Parmi les crimes et les délits commis en France en 1889 par les enfants, on compte :
30 assassinats,
39 meurtres,
3 parricides,
3 empoisonnements,
33 infanticides,
4.213 coups et blessures,
25 incendies,
153 viols,
11.852 délits divers
Total: 17.000 crimes et délits
Les suicides
Dans ces dernières années, l’augmentation du nombre des suicides suit une progression continue et rapide. De 7.572 en 1884, ils se sont élevés à 8.451 en 1888. C’est un accroissement de 879 par an. Paris seul en compte environ 60 par mois. Parmi ces 8.451 suicidés en 1888, il y avait 1.788 femmes; et, ce qui est plus triste encore à constater, 65 de ces malheureuses n’avaient pas atteint leur seizième année, et 383 n’étaient âgées que de 16 à 21 ans.
C’est là un fait nouveau. Autrefois les suicides dans l’enfance étaient très exceptionnels. Cela montre le vide effrayant que laisse, dans les âmes, l’absence de l’idée chrétienne du sacrifice. La religion catholique seule donne un sens à la souffrance, à l’épreuve morale, à l’insuccès, à l’humiliation imméritée, au brisement du cœur; seule elle peut par la prière et la grâce des sacrements relever des âmes que le monde laisserait dans l’ignominie et l’abattement.
Les infanticides
Voici maintenant un genre de crime atteignant un développement sans exemple jusqu’ici sur une terre chrétienne et nous ramenant au niveau des mœurs barbares: l’infanticide. Dans un rapport à l’Académie, Monsieur le docteur Brouardel dit qu’il a fait, lui seul, 326 autopsies pour des présomptions d’infanticides.
Après divers détails de statistique médicale, l’éminent praticien ajoute : « la fréquence des infanticides en France va toujours croissant ». Notez bien que sur ce point, la province ne le cède point à la capitale. Personne n’ignore qu’il n’est presque pas de sessions d’assises où plusieurs affaires d’infanticides ne soient inscrites au rôle. Et dans quelles conditions de barbarie et de cynisme s’accomplissent, dans la plupart des cas, ces méfaits qui rencontrent trop souvent des jurys bien indulgents !
La diversité des pratiques abortives et leur vulgarisation tiennent une place notable dans les causes de la dépopulation. Leur fréquence est telle que maintes fois les parquets ont dû renoncer à faire usage des résultats de leurs enquêtes, et beaucoup de ces pratiques échappent à toute répression humaine.
Les enfants abandonnés
Autre signe du progrès. Ces renseignements se trouvent dans un projet de loi élaboré par le Conseil supérieur de l’Instruction publique. Le nombre des enfants que la charité officielle doit prendre annuellement à sa charge est d’environ cinquante mille, dans le seul département de la Seine. Ce nombre comprend les orphelins, mais les enfants abandonnés y occupent une place notable.
Pendant l’année 1880, ils ont été à Paris seulement au nombre de 3.547. Et ce chiffre va croissant. À quel total effrayant n’arriverait-on pas si on y joignait l’appoint des autres départements?
Le paupérisme
D’après les statistiques officielles, 130.000 individus en France sont morts de misère et d’inanition en l’an de grâce 1892. Parmi eux, on compte 66.000 enfants, 44.000 adultes et 26.000 vieillards. C’est l’abandon des êtres faibles et souffrants comme dans les sociétés barbares.
Le budget de l’assistance publique à Paris doit subvenir aux besoins de 44.000 enfants assistés; 367.000 pauvres secourus à domicile 154.000 entretenus dans les hôpitaux et hospices La proportion est la même dans toutes nos grandes villes. La misère n’est pas moins grande dans les campagnes. 95% des enfants d’ouvriers meurent dans les premiers jours après leur naissance.
Les mères sont obligées par le besoin à rester à l’atelier jusqu’à leurs couches et à reprendre le travail peu de jours après. Sans doute, « il y aura toujours des pauvres »: la prévoyance organisée et la charité spontanée sont là pour adoucir la situation des individus incapables de travailler; mais, au sein d’une civilisation brillante, l’existence de classes entières, manquant habituellement des moyens suffisants pour subsister, est un état contre nature, engendré par l’économie libérale et par les principes sociaux de la Révolution. Une des fins de la société est précisément d’aider les membres de la famille humaine, par une bonne organisation sociale, à échapper aux étreintes de la misère.
Les contrastes
À côté de ce dénuement, il y a encore des fortunes qu’on peut appeler scandaleuses, celles de la banque juive par exemple, puis celle de ces spéculateurs qui exploitent la crédulité des masses et accaparent les épargnes du travailleur.
Les Krupp à Essen en Westphalie ont gagné en quelques années dix millions de revenu: ont-ils bien fait participer leurs ouvriers au succès de leurs entreprises ?
Les Baare à Bochum ont 13 millions de revenu; les Rothschild de Francfort en ont 8; Jay Gould à New York en a 70.
Ne faut-il pas déplorer aussi dans une partie de la classe élevée un luxe offensant pour le pauvre et une liberté de mœurs scandaleuse? On évalue à deux milliards les biens du clergé que l’État s’est approprié. Il faut y ajouter quinze autres milliards pour les biens confisqués aux corporations, aux œuvres d’enseignement et de bienfaisance et aux communes.
Ces biens étaient une réserve amassée par des siècles de travail et de charité pour l’utilité du peuple. La vente des communaux, la suppression des droits d’usage ont contribué à rendre l’existence plus difficile à la campagne et ainsi à pousser les populations vers les villes, où les convoitises sont excitées par le rapprochement du luxe et de la misère. [Juillet 1894]
Le malaise dans l’industrie
Il y a des meneurs, politiciens habiles ou idéologues utopistes, qui pervertissent le sentiment de la justice dans les foules pour les ameuter. Les ouvriers sont préparés à cette propagande par de justes sujets de mécontentement et des réclamations rebutées. De là un état habituel d’antagonisme, des réunions tumultueuses, des mises en quarantaine, des grèves, des menaces.
Du côté des patrons, nous constatons un malaise correspondant : la méfiance exagérée, la brusquerie, le refus d’écouter les plaintes, dés retenues multiples, des diminutions de salaires parfois non justifiées, des renvois effectués légèrement ou en guise de représailles.
Dans cet état de guerre, la concurrence des patrons étrangers et même des ouvriers étrangers vient compliquer la situation. Il y a entre les deux partis un déficit moral qui empêche l’entente. L’intervention de la force n’y peut rien: les patrons peuvent échapper à l’État et cesser de faire travailler, si les ouvriers les pressent trop.
Les ouvriers de leur côté considèrent les patrons comme des ennemis implacables. C’est là une impasse où s’usent les forces vives de la société.
L’écrasement de la petite industrie et la décadence de la petite propriété
Les grands magasins et les sociétés anonymes font disparaître le petit commerce et la petite industrie. Une infinité de foyers où régnaient la paix et une modeste aisance avec un travail modéré, sont abandonnés pour aller vivre dans des usines aussi malsaines pour l’âme que pour le corps ou dans les caravansérails du haut commerce, avec le surmenage en perspective, les veilles soutenues par l’alcool et la phtisie pour finir.
On comptait pour 10.000 habitants:
en 1840 en 1885
Boulangers ………… 28 13
Bouchers …………….19 11
Tailleurs ………………92 39
Cordonniers ………..151 40
Menuisiers ……………63 20
Le machinisme, comme on l’a montré à la conférence de Berlin en 1890, ayant mis en œuvre la force énorme de 50 millions de chevauxvapeur, a laissé sans travail des millions d’ouvriers. Le petit métier a été ainsi détruit, et des populations entières se sont trouvées abandonnées aux spéculations de l’industrie, sans règle ni frein.
La libre concurrence, poussée par l’appétit du lucre, s’est mise à produire avec une rapidité vertigineuse, à produire chaque jour davantage, pour dépasser en quantité et en bon marché le produit du voisin ou de la veille. On a cessé de filer, de tricoter, de festonner, de tisser à domicile et la famille ouvrière s’est disloquée. Les artisans, groupés jusqu’à nos jours avec les membres du même foyer à l’entour de leurs métiers, ont été agglomérés par bandes considérables, à la merci du nombre encore plus que des contremaîtres, des directeurs ou des patrons.
D’abord, l’ouvrier a pu gagner le double ou le triple de ce qu’il gagnait chez lui. Il a vendu sa petite maison, ses bouts de terre, et il est venu résider à la ville, où il a perdu le calme de l’existence et la sécurité morale. Bientôt l’instabilité du commerce ou de la mode et les stocks amoncelés par la surproduction ont forcé de diminuer les salaires, alors que des habitudes de dépense et de consommation avaient été contractées.
Bien souvent, les fluctuations de l’offre et de la demande, soit pour les matières premières, soit pour le genre de travail ou le nombre des ouvriers qui se présentent, mettent une quantité d’honnêtes gens sur le pavé, et ainsi des familles qui ont quitté la campagne pour un salaire plus élevé se trouvent exposées à une misère noire imméritée.
Mais pourquoi ont-ils quitté la campagne? La population agricole représente les 60% de la population totale du pays. Elle vivait surtout du blé: or, il y a surproduction à l’étranger. La Russie, l’Amérique, la Hongrie, l’Inde, peuvent au gré des spéculateurs nous inonder de leurs produits; et dans ces pays les frais d’exploitation sont minimes en comparaison des nôtres. Le maigre Hindou travaille à 0 franc 10 par jour et il faut 2 francs 50 ou 3 franc à notre ouvrier. L’accélération des voies de communication les a mis en concurrence.
La mise en valeur des terres du Nouveau Monde et la facilité d’amener les produits de tous pays dans les ports européens, comme de les distribuer dans l’intérieur par les voies navigables ou ferrées produisent l’avilissement de la valeur des terres et de la rente foncière dans notre pays. Ajoutez à cela que, depuis la suppression des petits métiers beaucoup de gens peu aisés ont de la peine à vivre à la campagne.
Le partage forcé conduit à l’unicisme de la famille ou à la licitation du petit domaine qu’aucun des enfants ne peut racheter. Ils doivent chercher fortune ailleurs et ainsi les fortes races de nos paysans s’éteignent ou tombent dans le prolétariat.
« Dans l’espace de huit années, dit Monsieur Urbain Guérin, dans son livre de l’Évolution sociale, huit millions de ventes ont eu lieu pour un nombre d’hectares ayant dépassé quinze millions, soit plus du tiers de la superficie cultivable de la France ».
Cette mobilisation du sol et des familles anéantit les traditions et l’influence des anciens. La concurrence effrénée, les spéculations et les pratiques usuraires mobilisent également les entreprises industrielles où les sociétés anonymes prenant la place des patrons substituent au régime paternel une réglementation rigide sous laquelle s’effacent les responsabilités.
La spéculation, le charlatanisme financier, les krachs contemporains
C’est là le vol et l’immoralité en grand. Que dire de l’affaire du Panama, qui menace de laisser son nom à ce siècle? Pots de vin innombrables, achat des votes et des consciences, concussion, escroquerie et le reste. On se rappelle le krach de l’Union générale en 1882: affaire montée par une machination politique.
À Lyon, on compta 60 suicides, et on vit sauter tout le parquet des agents de change. Et le krach des cuivres à Paris en 1889. La Société des métaux, aidée par le Comptoir d’escompte, se livrait à l’accaparement des cuivres. Les autres mines ayant habilement augmenté leur production, le cuivre baissa. Le Comptoir d’escompte vit ses actions tomber de 1.000 francs à 100 francs et ruina ses actionnaires.
C’est par milliards qu’il faut chiffrer les sommes enlevées à l’épargne française par les coups de bourse, les réclames mensongères et le charlatanisme financier qui fait vivre la presse. Des calculs sérieux ont établi que depuis quinze ans les banqueroutes et faillites de toute espèce ont fait perdre plus de douze milliards à la France.
Il est résulté de ce déplacement des fortunes au profit de l’habileté et de la mauvaise foi, un trouble profond dans la conscience du peuple, qui voit trop souvent ce bien mal acquis profiter au vice. Pendant ce temps-là les familles historiques, où l’honneur était traditionnel s’abaissent et perdent leur influence. Que de mesures à prendre contre l’accaparement, l’escroquerie, l’usure! Aurons-nous l’énergie de supprimer le jeu des différences et les marchés à terme en bourse? C’est douteux, c’est de cela que vit la banque juive.
L’alcoolisme , les cabarets
En 1870, on consommait en France, 600.000 hectolitres d’alcool, soit un litre et demi par habitant.
En 1890, c’est 1.700.000 hectolitres, soit quatre litres et demi par habitant.
Et quel alcool! Il n’entre plus dans le commerce qu’un centième d’alcool de vin. Tous les autres alcools, surtout à l’état de rectification imparfaite, contiennent des poisons dangereux. Nous sommes donc sous le coup d’un vaste empoisonnement qui décime nos populations et qui remplit nos hôpitaux et nos maisons d’aliénés.
Il y a actuellement 442.000 débits de boissons en France. C’est 50.000 de plus qu’en 1870. En 1885, on buvait en France 57.000 hectolitres d’absinthe. En 1892, on en a bu 129.000. La consommation a plus que doublé en sept ans. Il résulte de ces habitudes un tempérament excitable et souvent déséquilibré, chez les enfants.
La descendance des alcooliques d’ailleurs s’arrête le plus souvent à la quatrième génération. Il est à remarquer que l’élévation des impôts sur l’alcool aboutit à donner à l’ouvrier des boissons encore plus mauvaises faute de surveillance et de répression efficaces.
Naissances illégitimes
Leur nombre va toujours croissant. À Paris, en 1893, le mois de janvier donne 4772 naissances, dont 1249 illégitimes. C’est plus du quart. En février, 4972 naissances, dont 1433 illégitimes. C’est près du tiers. La proportion est la même dans toutes nos villes. Le département de l’Aisne, en 1892, en compte 1388. À Saint-Quentin, novembre 1892 donne 56 naissances légitimes et 22 illégitimes. Décembre donne 63 naissances légitimes et 34 illégitimes. En Belgique: Bruxelles a 38% de naissances illégitimes; Liège, 33%; Anvers, 22%. Berlin et Londres sont aussi malades.
Quel état social désespérant! Ce n’est pas, hélas! la déconsidération jetée sur la famille par le divorce qui y remédiera.
La licence des rues
Il faut que le mal soit bien grand pour qu’une ligue peu suspecte de cléricalisme et de pruderie se soit formée pour essayer d’y porter remède. Un congrès s’est tenu, où l’on a entendu Monsieur Jules Simon, Monsieur Gréard, Monsieur Mézières, Monsieur Frédéric Passy. Ils protestent contre les provocations auxquelles se livre la prostitution dans les rues et contre la diffusion des livres et dessins scandaleux. Soixante conseils généraux ont adhéré à cette ligue.
Il faut pour cela que le mal soit bien criant! Signalons aussi le défi constant jeté à la pudeur par l’art contemporain, qui pousse à l’excès l’intempérance païenne de la Renaissance.
Les budgets ouvriers
Des études ont été faites sur les budgets économiques des classes ouvrières. La Belgique a fait là-dessus une enquête officielle. En France, l’étude se poursuit dans les congrès catholiques. On comprend que les résultats sont très variables. Les ressources d’une famille normale de cinq personnes varient aujourd’hui de 1.100 francs à 1.400 francs. 1.100 francs! Avec la charge du loyer, cela donne 0,50 centimes par jour par personne. C’est juste assez pour ne pas mourir.
Comment l’ouvrier se soutiendra-t-il ? Comment aura-t-il une tenue décente ? Il n’est pas question qu’il ait sa petite part des joies de la terre, ni qu’il puisse faire des réserves pour le chômage, la maladie, l’éducation des orphelins, la vieillesse. Léon XIII a-t-il tort de dire que beaucoup d’ouvriers sont dans un état de misère immérité ?
Les ouvrières de l’aiguille
Rien n’est pénible à voir comme ces travaux à l’aiguille faits pour des maisons de confection ou pour des ateliers de toilettes mondaines. L’ouvrage est toujours si pressé et le salaire souvent si minime ! Les journées de 15,18 et même 20 heures n’y sont pas rares, et le dimanche n’est pas respecté.
La veillée à l’atelier est souvent suivie, hélas! d’une arrière-veillée à la maison. Le Révérend Père du Lac, dans une réunion de dames à Paris, citait une lettre, qui n’est pas du tout exceptionnelle :
« Je vous écris à deux heures du matin. Vous me le reprochez, vous avez tort. Je suis obligée de veiller chez mon patron ; mais de plus, comme il y a beaucoup de petits frères et de petites sœurs, je me suis imposé une chemise d’homme à faire le soir avant de me coucher. Elle n’est pourtant pas payée bien cher : une chemise d’homme pour les grands magasins, c’est 50 centimes ».
La vaillante femme continuait :
« Ne croyez pas que ces veillées me font mal. Je crois que j’en ai plutôt besoin, tant j’y suis accoutumée ! ».
Elle en avait si peu besoin, qu’elle dut bientôt entrer à l’hôpital avec une maladie de poitrine.
L’invasion juive
On ne le remarque pas assez, les juifs sont en train d’accomplir la conquête de l’Europe. Ils remplissent les banques, le haut commerce. Ils sont à l’assaut de l’administration, de la magistrature. Ils visent haut et juste. Comparez les Bottin de 1869 et de 1893.
Parmi les abonnés aux téléphones à Paris, un tiers sont juifs. Ils ont la majorité au tribunal de commerce de la Seine. Il y a 102 banquiers juifs à Paris sur 282. – 55 Lévy; 20 Bloch; 26 Dreyfus; une foule de Cahen, de Kohn, de Weil, Deutsch, Isaac, Israël, Nohmias, Nathan, etc.
Par la banque et le commerce, ils auront la fortune ; par l’administration, le barreau et la magistrature, ils auront le pouvoir et l’influence. Le programme leur est tracé par leur sanhédrin secret. Ils tiennent aussi les fils des loges maçonniques. Si Dieu ne nous vient en aide, ils occuperont bientôt les premières magistratures de l’État. Ils règneront et nous les servirons.
Leur tactique est la même dans toute l’Europe. Les congrès socialistes se sont empressés de mettre des juifs à la tête de leurs commissions. Les docteurs socialistes les plus en vogue sont juifs. Les juifs sont aussi les maîtres du grand commerce international. À Hambourg, à Anvers et au Havre, ils ont accaparé les grandes maisons d’exportation et d’importation. Ils sont les maîtres du marché des céréales.
Qui ne voit quelle influence ils peuvent avoir aussi par là sur les destinées des nations, particulièrement en cas de guerre ! L’Europe chrétienne est punie pour s’être soustraite à la direction de la papauté. Le prince-archevêque d’Olmütz, de famille juive convertie, le faisait remarquer : il eût suffi de s’en tenir aux prescriptions du Droit canon. L’Église n’a jamais varié sur la question juive. Elle a toujours voulu que les juifs fussent respectés dans leurs personnes et que leur culte fût toléré ; mais toujours aussi, elle a voulu qu’ils fussent tenus dans la soumission et l’isolement, pour les empêcher de nuire aux chrétiens.
Tous les peuples qui ont méconnu ces sages recommandations, n’ont pas tardé à s’en repentir. Les conciles d’Elvire en Espagne, de Vannes, d’Agde et d’Orléans, du IVème au VIème siècle, défendaient aux chrétiens de donner leurs filles en mariage aux juifs. Le concile de Macon (581) interdit aux juifs toutes les fonctions judiciaires. Les conciles de Tolède et de Paris, au V ème et VIème siècle, insistaient sur la défense de confier aux juifs aucune charge publique, civile ou militaire.
D’autres conciles ont défendu aux chrétiens d’avoir recours aux services des juifs comme médecins, comme serviteurs et comme nourrices. Le quatrième concile de Latran interdit aux juifs d’exiger des intérêts exagérés, à peine d’être privés de tous rapports avec les chrétiens. C’est alors que l’on vit apparaître l’injonction pour les juifs de se distinguer par leurs vêtements.
Quand les populations violaient ces prescriptions, elles tombaient sous le joug des juifs et recouraient pour s’en délivrer à des violences déplorables que l’Église condamnait. Le Pape Clément VIII déplorait que tout le monde eût à souffrir de leurs usures, de leurs monopoles, de leurs fraudes. Ils ont réduit à la mendicité, disait-il, une foule de malheureux, principalement les paysans, les simples et les pauvres.
Tant il est vrai que l’histoire recommence toujours! Quand les Papes ont été compatissants pour eux, comme l’a fait Pie IX en leur ouvrant le Ghetto, ils ont été payés d’ingratitude. Le Ghetto accueillit les Piémontais en triomphe en 1870. Les juifs se livrèrent à mille excès contre la Rome catholique. Ils sont aujourd’hui les maîtres de Rome et de l’Italie.
Ils détiennent toute la presse, les banques et le haut commerce. Les principes du Droit canon sont de tous les temps. Leur application sera nécessaire tant que les juifs seront juifs. On voit qu’ils recherchent toujours les mêmes forteresses pour dominer la société : la banque, le commerce, la magistrature, la médecine.
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Ils y ont ajouté une force nouvelle, la presse et un instrument complaisant, la franc-maçonnerie. Qui les arrêtera, si Dieu ne nous vient en aide ?
Conclusion
La solution, nos orateurs catholiques la rappelaient à la Chambre le ler mai, Léon XIII l’a indiquée dans ses lumineuses encycliques. L’Église seule a les principes de vie. En dehors de sa direction, les esprits oscillent d’une erreur à l’autre et les cœurs d’une passion à une autre passion.
L’Église est constante dans sa doctrine et dans ses lois. Il faut toujours revenir à elle pour retrouver le chemin du salut. Mais le Sacré Cœur de Jésus commence à gagner les cœurs par l’attrait de sa charité.
Prions, agissons, ayons confiance. « In te, cor Jesu, speravi, non confundar in æternum »
Source : État lamentable. Où nous a réduits l’abandon du règne de Jésus-Christ – Bienheureux Léon Dehon – 1894
Cette pillulerouge. Merci.