Le Roi de France, Louis XVI, allait bientôt monter sur l’échafaud, victime d’un honteux assassinat, suivant la parole courageuse prononcée par M. le baron Reille à la tribune de la Chambre.
Jamais en effet, la Convention ne vota la mort du roi ; nous en avons maintenant la preuve.
Le baron Jean Debry, préfet du Doubs, franc-maçon, conventionnel et régicide, fut amené à faire des aveux sur le jugement et la mort de Louis XVI. Son vote pesait à sa conscience :
« J’étais parti de chez moi, disait-il, avec l’intention formelle de voter le bannissement du roi et non pas sa mort, je l’avais promis à ma femme. Arrivé à l’Assemblée, on me rappela un signe, le serment des loges. Les menaces des tribunes achevèrent de me troubler : je votai la mort. »
Jean Debry ajoutait d’un air mystérieux :
« On ne saura jamais si Louis XVI a été réellement condamné à la majorité de cinq voix. » (D’Estampes, la F. M et la Révolution, p. 2l3.)
La Revue de la Révolution a publié dans son numéro de février 1884 une étude fort intéressante et très fouillée de M. Gustave Bord sur cette question. En réalité, la majorité de la Convention n’a pas voté la mort de Louis XVI ; les sectaires qui occupaient le bureau proclamèrent un résultat qui n’était pas réel, pour accomplir le dessein arrêté depuis si longtemps dans les hautes loges.
Le Roi avait été irrévocablement condamné… à Francfort, en 1786 ! La séance avait duré deux jours et une nuit, rendant par sa longueur aisément réalisables toutes les falsifications de vote favorables à la secte. Certains députés et suppléants votèrent contre tout droit ; quant au compte rendu du Moniteur, il fut « arrangé en conséquence ».
De même, John Robison, franc-maçon anglais, secrétaire de l’académie d’Édimbourg, publia en 1797 un livre intitulé : Preuves des conspirations contre toutes les religions et tous les gouvernements de l’Europe ourdies dans les assemblées secrètes des Illuminés et des F. M. :
« J’ai vu, écrit-il, se former une association ayant pour but unique de détruire jusque dans leur fondement tous les établissements religieux, et de renverser tous les gouvernements existant en Europe. J’ai vu cette association répandre ses systèmes avec un zèle si soutenu qu’elle est devenue presque irrésistible, et j’ai remarqué que les personnages qui ont le plus de part à la Révolution française étaient membres de cette association, que leurs plans ont été conçus d’après ses principes et exécutés avec son assistance. »
Un personnage plus autorisé encore, le comte de Haugwitz, ministre de Prusse, va, de sa haute autorité, confirmer ces faits. C’était en 1822, au congrès de Vérone, où les souverains de l’Europe s’étaient réunis pour aviser aux mesures qu’il convenait de prendre contre les sociétés secrètes. Le comte de Haugwitz y accompagna le Roi de Prusse et dans son Mémoire, après avoir rappelé qu’il avait, dans sa jeunesse, occupé une situation des plus importantes dans la Franc-Maçonnerie, il s’exprime ainsi :
« J’acquis alors la ferme résolution que le drame commencé en 1788 et 1789, la Révolution française, le régicide avec toutes ses horreurs, non seulement y avaient été résolus alors (dans les sociétés secrètes avant 1789), mais encore étaient le résultat des associations et des serments…, nous acquîmes la conviction que toutes les associations maçonniques, depuis la plus modeste jusqu’aux grades les plus élevés, ne peuvent se proposer… que d’exécuter les plans les plus criminels » (d’Estampes, p. 211).
Voilà la victime, s’était écrié Mirabeau en montrant Louis XVI, lors de l’ouverture des États-Généraux. Or, ne l’oublions pas, Mirabeau était un haut initié qui n’ignorait rien des projets de la secte : il se bornait à faire de « l’information anticipée ».
De même, Marie-Antoinette, malgré son admirable attitude devant ses juges, ne pouvait échapper à l’arrêt secret qui avait fixé son sort. M. Lenôtre, dans son ouvrage Captivité et mort de Marie-Antoinette (p. 220), en a trouvé la preuve dans un livre anglais (dont nous avons déjà parlé), dû à un espion britannique, F. Dracke, qui, journellement, était tenu au courant des moindres faits et gestes de nos grands incorruptibles.
« C’est ici que se place une séance secrète du Comité de Salut public ; elle eut lieu le 2 septembre, à onze heures du soir, non pas dans le local ordinaire des réunions, aux Tuileries, mais au domicile de Pache, maire de Paris… On y résolut la mort de la reine, celle des Brissotins et de tous les arrêtés du 31 mai.
Sur la reine, Gambon fit observer que Forgues disait qu’on était en traité avec Bruxelles et Vienne et avec la Prusse à cet égard, et que peut-être, on pourrait, en effrayant, mais en éloignant le jugement, tirer grand parti de cet objet. Hérault, Barrère, Jean Bon, Saint-André et Hébert s’élevèrent en furieux contre cette proposition ; que la vie de Louis XVI remplissait ce même objet dans tous ses points, qu’il fallait le sang de la reine pour associer le tribunal révolutionnaire à la Convention.
Hébert parla d’une manière plus marquante encore. Il dit :
« J’ai promis la tête d’Antoinette ; j’irai la couper moi-même si on tarde à me la donner. Je l’ai promise aux sans-culottes qui la demandent et sans qui vous cessez d’être… Nous ne vivons donc que pour la vengeance ! Elle peut être immense. En périssant, laissons à nos ennemis tous les germes de leur mort ; et en France, une destruction si grande, que jamais la marque n’en périsse.
Il faut les entretenir (les sans-culottes) dans leur chaleur par la mort d’Antoinette et par le pillage des trésors de nos ennemis. » »
On envoya chercher l’accusateur du tribunal révolutionnaire pour savoir ce qu’il prétendait faire au sujet de la reine. Il dit qu’il fallait renouveler les jurés, car cinq étaient résolus à la servir ; que pour le tribunal, il fallait une mesure d’insurrection pour vaincre sa peur : que lui (accusateur public) résoudrait, avec le Comité, l’acte d’accusation comme on voudrait.
Voilà alors dans quel conciliabule secret fut fixé le sort de la reine. Le tribunal révolutionnaire, comme pour Louis XVI, comme pour tant d’autres nobles et innocentes victimes, n’avait plus, dès lors, qu’à enregistrer le jugement arrêté au cours de cette mystérieuse et sinistre séance nocturne. La vengeance des Templiers était en partie assouvie.
Mais il est un fait horrible et peu connu, croyons-nous, qui suivit immédiatement l’exécution du roi.
Louis XVI, pendant qu’on le liait à la planche de la machine fatale, avait eu le temps et la force de s’écrier :
« Peuple, je meurs innocent, je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que mon sang ne retombe pas sur la France ! » (La mort du Roi, par P. de Vaissière, p. 132.)
Or, voici la scène affreuse qui, au témoignage d’Eliphas Levi, se déroula dès que la tête fut tombée dans le panier de Sanson :
« Après la mort de Louis XVI, au moment même où il venait d’expirer sous la hache de la Révolution, l’homme à la longue barbe — ce juif errant du meurtre et de la vengeance — monta sur l’échafaud devant la foule épouvantée ; il prit du sang royal plein ses deux mains, et le secouant sur la tête du peuple, il dit d’une voix terrible ;
» Peuple français, je te baptise AU NOM DE JACQUES (De Molay ) et de la liberté ! » (Histoire de la Magie, p. 444-)
Donc le trône aboli, on s’en prit à l’autel. Les églises fermées et dévastées ; les prêtres réduits à trahir leurs serments ; la déesse Raison trônant sous l’emblème vivant d’une prostituée sur l’autel métropolitain de Notre-Dame ; tous les biens ecclésiaux mis sous séquestre et dénaturés : ces choses et mille autres encore ne furent que les premiers effets de la rancune jacobine ! » (Guaita, p. 317. )
Le Lotus (revue théosophique) a publié en juillet 1887, sous la signature d’un occultiste fort connu, les lignes suivantes qui confirment bien le caractère de vengeance double exercée contre la monarchie et contre la papauté :
« Quelques-uns (des Templiers) échappent et créent la maçonnerie active politique. Les Chapitres et les aréopages poursuivent leur œuvre en silence. Un jour, un cri retentit :
« Vengeance, Nekam, Nekam! » le couteau de la guillotine s’abat, une tête couronnée roule dans un panier. La moitié de la vengeance de Jacobus Burgondus Molay est accomplie. A quand le prochain coup de canon ? » (Évidemment l’attaque suprême contre la papauté, en haine de Clément V1 .)
Ce complot maçonnique mondial, ourdi contre les Papes, n’est-il pas sur le point d’éclater : l’Action Sociale de Québec semble le penser. Elle a récemment rappelé que le général et sénateur italien Pelloux avait, dans une lettre publique, dénoncé le chef des conjurés, le F.-. Juif Nathan, maire de Rome ; et elle ajoutait : Après avoir insisté sur le caractère insolite, insolent, du speech officiel de Nathan, le 30 septembre 1910, premier acte du complot, — ayant pour but, si le gouvernement gardait le silence, de montrer qu’il en est le complice passif — le général écrivait :
« Nous sommes à la veille des grandes fêtes nationales, destinées à commémorer le cinquantenaire de la proclamation de Rome capitale de l’Italie-Une. Quand on pense que pas une parole de blâme n’est venue de qui devait la dire pour les regrettables incartades qui ont tant alarmé non seulement les catholiques, mais tous les hommes d’ordre, tous ceux qui ne veulent pas, ne toléreraient pas que les Factions (lisez : la Secte judaïco-maçonnique) se substituent au gouvernement !...
« … Ce silence obstiné et peureux ne se peut interpréter autrement que comme une véritable faiblesse, un manque absolu d’énergie et de courage civique de la part du gouvernement…. Rien de rien n’ayant été fait, le gouvernement s’est donc rendu coupable de connivence, je dirai même de complicité, dans tout ce qui est arrivé… »
L’Action sociale ajoute très justement : et dans tout ce qui se prépare ! Or, ce qui se prépare, c’est un coup de force contre le Vatican, pour en expulser Pie X, ou en faire un martyr sur place, le cas échéant, à moins que le Pape ne quitte Rome comme Pie IX, en 1848…
La Croix de Montréal cite, dans la lettre du général Pelloux, un passage qui dénonce carrément la chose :
« Les anticléricaux et leurs amis rêvent de transformer les fêtes de Rome, en 1911, en une grande manifestation (contre Pie X), de manière qu’elle constituerait la fin de l’état de choses actuel. »
Enfin, dans la Croix de Paris du 9 mars, Cyr s’exprimait en ces termes :
« Samedi dernier, notre excellent confrère de Bruxelles, le XXe Siècle, publiait un document inédit mettant au grand jour les projets audacieux de la secte. Dans un pathos grotesque et qui authentique, par sa grandiloquence boursouflée, l’origine de ce document, le délégué italien au Congrès international de la libre-pensée, réuni à Bruxelles en août dernier, annonçait à l’assemblée le projet de « constituer en face de Saint-Pierre le siège mondial de la libre-pensée ».
« Nous comptons, disait l’orateur, élever en 1911 cette maison, dès maintenant décrétée, qui sera l’emblème de la guerre aux superstitions et aux inquisitions, et qui rappellera dignement la mémoire de la dernière victime connue, Francisco Ferrer (!).
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Dans ce siège, grâce à vos cotisations, nous abriterons l’école laïque créée selon l’idée de la victime des Jésuites espagnols (!) ; nous créerons un musée de souvenirs sacrés, propres à rappeler aux présents et aux futurs les iniquités des pontifes romains, des prêtres et de toutes les catégories de leurs acolytes ; nous donnerons l’hospitalité aux conférenciers et aux propagandistes de vertu laïque…
Voilà leur dernier projet. »
Évidemment, nous sommes en face d’une conspiration ayant pour but de rendre plus insupportable encore, de rendre impossible le séjour à Rome du Vicaire de Jésus-Christ. Serions-nous donc sur le point d’entendre le second « coup de canon » ?
Source : La Révolution préparée par la Franc-Maçonnerie – Jean de Lannoy – préface du Chanoine S. Coubé – 1911