Dieu ajouta un miracle qu’il accorda à tous nos Rois de France Catholique, la guérison des écrouelles, telle est la marque de la faveur divine de la vraie Foi et de la vraie église.
Comme le montre très bien Claude de Seyssel. Archevêque de Turin, ce privilège n’est pas accordé à tel ou tel de nos Rois à titre personnel, mais exclusivement à la fonction de Roi de France, quel qu’en soit le détenteur, dés qu’il est l’héritier légitime de la couronne et qu’il a été sacré.
Quant à l’origine de ce don, écrit M. Frantz Funck-Brentano d’après la croyance générale, dont on trouve trace jusque dans les écrits de Saint Thomas d’Aquin, elle se serait également rattachée à « l’onction par la Sainte Ampoule (L’ancienne France : le Roi p177 de Frantz) ». Certains auteurs la font remonter à Saint Marcoul ( op. cit. p215 Mgr Delassus ).
Ce miracle n’était possible au Roi qu’autant qu’il était en état de grâce et venait de recevoir la Sainte Communion. Le Roi touchait les malades, puis les embrassait, en disant :
« Dieu te guérisse, le Roi te touche »
Non seulement nos Rois pouvaient accomplir ce miracle en France, mais encore à l’étranger ; c’est ainsi que l’on vit Jean II, après la bataille de Poitiers, prisonnier à Londres, et François Ier, après Pavie, à Madrid, guérir « bien des malheureux atteints de semblables maladies (Témoignages de Saint Simon, du Marquis de Sourches…) »
Marie-Thérèse, la femme de Louis XIV, avait fait disposer une maison à Poissy où étaient reçus et logés les malheureux qui venaient souvent de contrées lointaines afin de se faire toucher par le Roi : ils y attendaient le jour fixé pour la cérémonie.
On cite même des Jésuites qui furent envoyés de Portugal, d’Espagne, etc… dans notre pays par leur Compagnie, pour être guéris par le Roi de France.
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Les derniers miracles, enregistrés avec le plus grand soin, se produisirent au sacre de Charles X en 1825 (Monseigneur Delassus, op. cit. page 66).
Dans la Revue de Philosophie ( Nov-Dec 1925 page 621), le Docteur Robert Van der Elst dans la magistrale critique qu’il fait du livre de M. Bloch « Les Rois Thaumaturges » affirme la guérison des écrouelles et conclut :
« Le fait ne s’explique donc que par une cause transcendante. Et cette cause, c’est la prédilection marquée par Dieu envers la Dynastie des Rois de France. Est-ce parce qu’ils sont Rois ? Non, certes, car les Rois des autres Pays ne sont pas favorisés du même prestige. Est-ce parce qu’ils sont Saints ? Non, pas davantage, car ils le sont très inégalement et quelques-uns ne le sont pas.
Qu’y a-t-il donc en eux qui justifie cette sorte d’alliance entre leur race et Dieu ? Eh ! Précisément la vocation de leur règne ! Ils sont Rois pour concourir au règne de Dieu ! Ils sont de la race élue pour cette fonction, ils reçoivent ce privilège à la façon d’une grâce, sans doute imméritée comme toute grâce, mais motivée par leur devoir sur le sens duquel le peuple est ainsi renseigné.
C’est ce que rappelle le traité de « Régimine Prineipum, commencé par Saint Thomas, achevé sans doute par le docte Tolomée, imbu, quoiqu’il en soit, de la pensée de l’Ange de l’École.
De ce point de vue, pour l’esprit humain affamé de justes rapports et non de probabilités, indéfiniment discutables, une claire relation s’établit entre deux ordres de faits inégalement patents : d’une part la destinée de la France, surnaturellement soumise, dans l’intention de Clovis, aux fins de l’Église, et parfois honorés, comme au temps de Jeanne d’Arc, d’une libération miraculeuse : d’autre part le privilège des Rois qui n’est qu’un moyen de leur influence et un motif de leur confiance en Dieu, subordonnées elles-mêmes aux fins que ce privilège signifie. »
Au surplus, ces miracles sont attestés dans la bulle de canonisation de Saint Louis ( 11 août 1297) : le Souverain Pontife, Boniface VIII, prend soin de distinguer les miracles que faisait le Saint Roi en vertu de sa Sainteté et ceux qu’il faisait de par sa dignité de Roi de France, la guérison des écrouelles ; et Benoît XIV écrit :
« Citons, par exemple, le privilège qu’ont les Rois de France de guérir les écrouelles, non par une vertu qui leur est innée, mais par une grâce qui leur a été accordée gratuitement soit lorsque Clovis embrassa la foi, soit lorsque Saint Marcoul l’obtint de Dieu pour tous les Rois de France. »
Enfin, Saint François de Sales, dans ses « Controverses » pour convertir les Protestants, s’appuie entre autres miracles certains et indubitables sur ceux que faisaient les Rois de France pour montrer que la « vraie église doit reluire en miracles » et que l’Église Catholique Romaine est la seule vraie parce qu’elle seule jouit du miracle.
Il écrit :
« Le bon père Louis de Grenade, en son Introduction sur le Symbole récite plusieurs miracles récents et irréprochables. Entre autres, il produit la guérison que les Rois de France Catholiques ont faits, de notre âge même, de l’incurable maladie des écrouelles, ne disant autre que ces paroles : « Dieu te guérit, le Roi te touche » n’y employant autre disposition que de se confesser et communier ce jour-là. »
Ces deux seules conditions mises par Dieu s’expliquent :
Sans l’état de grâce, l’âme étant éloignée de Son Créateur est hors d’état de pouvoir faire aucun bien, à plus forte raison un miracle.
Quant à la Communion, n’est-il pas logique que dans une oeuvre de charité et d’amour : la guérison de malade incurable, elle soit absolument nécessaire. Le Christ n’est-il pas la source de tout amour et de toute charité et la Communion n’est-elle pas le moyen par lequel il se donne et nous nous donnons à Lui pour qu’Il vive en nous. Quoi d’étonnant alors qu’au moment où il vit réellement dans le coeur du Roi, son oint et son Représentant dans l’ordre temporel, il accomplisse des miracles par son bras.
Ainsi, Dieu a voulu orner le front de nos Rois d’un rayon de Sa Puissance, et il a choisi l’un des plus beaux : celui du miracle source de la santé, c’est-à-dire du bien le plus précieux à l’homme après la foi. Comme s’Il avait voulu montrer à notre France qu’elle ne recouvrera sa force et sa santé que par son retour aux traditions monarchiques, qui ont assuré sa gloire et sa prospérité dans le passé. Privilège unique dans sa permanence puisqu’il ne dépend que du Roi, une fois sacré, d’en prodiguer sans cesse les effets.
Dans le même ouvrage Saint François de Sales s’appuie sur le miracle pour prouver la divinité de l’Église ( St François de Sales, op. cit, p 106 à 108) :
« Dieu donnait témoignage à la foi qu’il annonçait par miracles. Dieu mit en mains de Moïse ces instruments afin qu’il fût crû ( Exode 4 ) dont Notre-Seigneur dit que s’il n’eut faits des miracles, les Juifs n’eussent pas été obligés de le croire.
Pour vrai ce que nous avons toujours vue en toutes sortes de saisons, accompagner l’Église, nous ne pouvons que nous l’appelions propriété de l’Église ; la vraie Église dont fait paraître sa sainteté par les miracles…
L’église a toujours été accompagnée de miracles solides et bien assurés, comme ceux de son Époux, donc c’est la vraie Eglise. »
Ce raisonnement irréfutable s’applique rigoureusement aussi à la Royauté Française. Il s’ensuit donc qu’en France le seul régime politique voulu par Dieu est la Royauté puisque seule elle a été établie miraculeusement et qu’au cours des âges elle a toujours joui de privilèges miraculeux à elle seule accordés par Dieu. Les autres régimes sont donc seulement permis par Dieu pour le châtiment des fautes de notre Pays. Que si ces autres formes de gouvernement prétendent à la légitimité, avec Saint François de Sales on leur « imposera silence avec ces saintes paroles : Si vous étiez enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham. ( Jean 8:39 )
Et Saint François de Sales ajoute pour nous obliger à croire sous peine de péché à la vérité de ce qui repose sur le miracle :
« Si Notre Seigneur n’eut fait tant de miracles on n’eut pas péché de ne pas le croire… Saint Paul témoigne que Dieu confirmait la foi par miracle ( Hébreux 2:4 ) donc le miracle est une juste raison de croire, une juste preuve de la foi, et un argument poignant pour persuader les hommes à créance ; car si ainsi n’était pas, notre Dieu ne s’en fut pas servi.
Là où il plait à la bonté de Dieu d’en faire pour confirmation de quelque article, nous sommes obligés de le croire. Car, le miracle est une juste persuasion et confirmation ou non, si c’est une juste persuasion, donc en quel temps qu’ils se fassent ils nous obligent à les prendre pour une très ferme raison, aussi, le sont-ils. Tu es Deus qui facis mirabilia, dict David ( Ps 77:14) au Dieu tout puissant, donc qu’est ce qui est confirmé par miracles est confirmé de la part de Dieu ; or Dieu ne peut être auteur ni confirmateur du mensonge, ce donc qui est confirmé par miracles ne peut être mensonge, ainsi pure vérité. »
Source : La mission Divine de la France – Marquis de la Franquerie – 1939