C’est de cet amour-là que nous devons aimer et que nous aimons le Pape et l’Église. Il ne s’agit point ici d’un amour naturel, d’un amour de pure sensibilité. Il s’agit de cet amour de foi, bien plus élevé, bien plus puissant, dont nous aimons le bon DIEU et sa sainte volonté.
Il n’est pas non plus question ici de la personne du Pape, laquelle peut être plus ou moins aimable et sympathique : non ; nous parlons avant tout de la sainte autorité du Pape, nous parlons du Pape en tant qu’il est Pape, en tant qu’il est « Jésus-Christ sur terre », comme disait le petit pâtre de la campagne de Rome.
En ce sens, nous devons au Pape un amour qui se confond avec celui que nous devons à Jésus-Christ lui-même ; ou, pour mieux dire, c’est Jésus-Christ, c’est l’autorité de Jésus-Christ que nous aimons et révérons en son Vicaire. Dès lors, n’est-il pas évident que nous devons tous, si nous sommes chrétiens, aimer le Pape avec une foi profonde, et de ce grand amour religieux, surnaturel, dont nous aimons le bon DIEU.
Pour être vraiment chrétien, vraiment disciple de Jésus-Christ, il ne suffit pas, en effet, d’être baptisé, de faire ses prières, d’aller à la Messe, de se confesser, de communier, etc. ; il faut, en outre, avoir l’esprit de Jésus-Christ, c’est-à-dire avoir les mêmes sentiments que Jésus-Christ, aimer ce qu’il aime, rejeter ce qu’il rejette, et n’avoir ainsi avec lui qu’un cœur et qu’une âme.
Or, ici-bas, ce que Jésus-Christ aime d’un souverain amour, c’est son Vicaire, c’est le Chef de son Église, par lequel il enseigne, gouverne, sanctifie et sauve les hommes. Membres de Jésus-Christ, nous devons aimer avec lui, comme lui et pour l’amour de lui, Notre Saint-Père le Pape. Quoi de plus logique?
Il ne suffit pas non plus d’aimer l’Église en général, en faisant, sciemment ou non, abstraction du Pape : ce serait là une ruse de celui qui veut à tout prix empêcher les fidèles d’aimer le Vicaire de Jésus-Christ et de lui obéir.
« L’Église et le Pape, c’est tout un, »
Répétons-le avec saint François de Sales ; et l’on ne peut aimer l’Église qu’en aimant le Pape, qui seul la personnifie pleinement. Donc, pas de subtilités ; pas de distinctions captieuses entre l’Église et le Pape ; qu’une foi simple et pure courbe nos intelligences et incline nos cœurs devant les enseignements du Chef de l’Église.
DIEU nous parle par sa bouche ; obéissons, remercions, marchons sans crainte. Comme nous l’avons dit autre part, l’esprit catholique, l’esprit d’un véritable chrétien se résume en cette double parole : l’amour de l’obéissance et l’obéissance de l’amour. C’est l’extrême opposé de l’esprit hérétique et de son proche parent, l’esprit libéral.
Nous ne vivons point dans des temps ordinaires : tout est sens dessus dessous, dans les têtes comme dans les sociétés ; et comme la question du Pape renferme la solution de toutes les grandes questions qui agitent et ébranlent le monde en ce siècle, c’est principalement sur ce point qu’il importe de concentrer les sympathies de notre cœur comme les efforts de notre esprit.
Pour aimer le Pape comme Notre-Seigneur Jésus-Christ veut que nous l’aimions, il faut d’abord, mon très cher lecteur, l’aimer sincèrement, du fond du cœur, et non pas seulement en paroles ; il faut l’aimer efficacement, lui être réellement soumis, ne pas vouloir lui en remontrer comme font quantité d’esprits orgueilleux, vaniteux, pleins d’eux-mêmes, ridiculement convaincus qu’ils y voient plus clair que le Saint-Esprit, et que saint Pierre gagnerait beaucoup à prendre conseil de leur petite sagesse.
Rien n’est plus commun de nos jours que ce travers d’esprit, qui vient de l’ignorance et de l’esprit d’indépendance. Ne nous faisons point illusion à cet égard : il altère profondément dans les âmes le saint amour de l’Église et du Pape. La perfection de la soumission chez un catholique est la mesure de la perfection de son amour envers le Vicaire de Jésus-Christ.
En second lieu, il faut que « notre bouche parle de l’abondance de notre cœur, » selon le précepte de l’Évangile. Si les bons catholiques parlaient plus haut et plus ferme, la bonne cause triompherait bien vite. Pourquoi avoir peur de dire ouvertement ce que l’on pense sur un sujet si grand, si capital, si noble, si digne d’un véritable chrétien ? Ce n’est point aimer vraiment le Pape que d’avoir peur de paraître l’aimer.
Grâce à nos absurdes journaux, qui parlent de tout, à tort et à travers, tout le monde parle aujourd’hui du Pape, juge ses actes, les critique, etc. : sachons le défendre, rappeler à l’ordre les perroquets et les bavards, et n’oublions pas que tous tant que nous sommes, nous devons, dans la mesure du possible, soutenir l’honneur et la cause de notre Père en DIEU. Pas de respect humain ; pas de fausse prudence.
En troisième lieu, afin de pouvoir remplir ce devoir d’amour filial, d’amour catholique, instruisons-nous de notre mieux de ce qui touche à la cause du Pape. Méfions-nous extrêmement des mauvais journaux proprement dits (qu’un trop grand nombre de fidèles se permettent de lire), ainsi que de ces feuilles peu catholiques, où la foi ne guide guère les jugements des rédacteurs, et qui, par une certaine honnêteté et modération, n’en sont souvent que plus dangereuses.
Pendant son immortel Pontificat, le grand et saint Pape Pie IX n’a cessé de signaler ce danger aux catholiques. C’est ici une affaire de conscience, non moins que de bon sens.— Et ce qui est vrai des journaux, l’est également des revues, des livres, des bibliothèques.
Quatrièmement, un catholique qui aime véritablement le Pape, prie pour lui de tout son cœur, pour lui et à toutes ses intentions, pour les besoins du Saint-Siège et de cet immense gouvernement de l’Église, qui embrasse le monde entier et intéresse tous les peuples, toutes les âmes.
Sainte Marie-Madeleine de Pazzi, Prieure du Carmel de Florence à la fin du seizième siècle, apostrophait ainsi une de ses Sœurs qui, en la fête de saint Pierre, lui avouait ingénuement qu’elle avait oublié de prier pour le Pape :
« O la belle servante de Jésus-Christ, qui ne pense pas au Vicaire de Jésus-Christ ! O la belle épouse de Jésus-Christ, qui oublie de prier pour le Vicaire de Jésus-Christ ! »
On peut en dire autant des chrétiens qui ne prient point pour le Pape.
« O le beau disciple de Jésus-Christ, qui oublie de prier pour le Vicaire de Jésus-Christ ! O le beau serviteur de Jésus-Christ, qui demeure indifférent à la cause du Vicaire de Jésus-Christ ! »
Enfin, dans les mauvais jours que nous traversons, le véritable amour du Pape nous oblige à faire pour lui des sacrifices pécuniaires, proportionnés à nos moyens, et à lui venir matériellement en aide. C’est pour cela qu’est instituée dans tous les diocèses la grande et très-grande Œuvre du Denier de Saint-Pierre. Elle prime toutes les autres. Tout bon catholique doit contribuer au Denier de Saint-Pierre, le riche par une riche aumône, le pauvre, l’ouvrier, l’enfant, par sa petite obole.
On a calculé que si chaque catholique pratiquant donnait seulement quatre ou cinq sous par an au Denier de Saint-Pierre, le Pape serait à même de faire face aux charges de tout genre qui pèsent sur lui. Tels sont les principaux devoirs du vrai catholique à l’égard du Pape ; et voilà, cher lecteur, comment il faut lui témoigner notre filial amour.
L’amour du Pape, Vicaire de Jésus-Christ : telle est donc la première fleur, la première rose que je vous offre, et que je vous prie de bien conserver. Son parfum, c’est la foi, c’est l’humble soumission de la foi. Elle est pure et sans tache, parce que la foi catholique, apostolique, romaine, dont le Pape est le souverain dépositaire et dispensateur à travers les siècles, est immaculée.
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Plantons bien avant dans notre cœur et dans notre esprit cette fleur magnifique, et qu’un profond amour pour le Vicaire de Jésus-Christ soit le premier caractère de notre vie chrétienne et de notre piété. On peut l’affirmer sans crainte, l’amour du Pape, la dévotion au Pape est un signe manifeste de prédestination.
Source : Oeuvres de Mgr de Ségur – Tome 11 – 1893
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