Saint Gérard Majella à certainement reçut TOUTES les faveurs que Dieu a faites aux autres Saints dans l’ordre mystique, il a voulu les réunir, semble-t-il, dans la personne de notre séraphique Saint. Nous allons en donner un court aperçu, en avertissant toutefois le lecteur, que nous ne reviendrons pas sur les faits déjà signalés, attendu que les phénomènes mystiques surabondent dans la vie de cet admirable serviteur de Dieu.
Les extases de Saint Gérard Majella
Lorsque l’âme est tellement absorbée en Dieu que l’exercice des sens est suspendu, on dit qu’elle est en extase. L’extase naît de l’amour. C’est une élévation délicieuse de l’âme vers une vision surnaturelle qui la charme et la captive par sa beauté et par sa bonté. Alors l’âme est tellement éprise de ce qu’elle voit, qu’elle oublie toutes les choses de la terre, et qu’elle s’oublie elle-même, pour ne plus voir et ne plus vouloir que ce qui la ravit.
De l’amour de Gérard pour Dieu résulta donc chez lui une amitié si étroite avec le Seigneur, que ses extases commencèrent dès son enfance. Peu de saints jouirent de l’extase avec ce caractère de continuité que nous admirons dans notre Saint. Il semblait vivre dans un élément céleste.
Il lui suffisait de penser aux perfections de Dieu, de contempler le mystère de la Sainte Trinité ou celui de l’Incarnation, de jeter les yeux sur un crucifix ou sur un tableau de la très sainte Vierge, de se trouver en présence du Saint-Sacrement ou de quelque merveille de la création, pour entrer dans le ravissement.
Saint Gérard devant passer quelques jours à Olivéto reçut l’hospitalité chez l’Archiprêtre don Salvadore. Un matin, la sainte messe allait commencer, et Gérard, qui voulait y communier, ne paraissait point.
On l’appelle, on frappe à la porte de sa chambre, mais inutilement. Enfin, on entre, et l’on trouve le séraphique frère à genoux, le crucifix dans la main droite, la gauche posée sur la poitrine, le front pâle, les yeux à demi fermés et ravi en extase. Toute la maison de l’Archiprêtre put jouir de ce ravissant spectacle pendant plus d’une demi-heure.
La science infuse de Saint Gérard Majella
Dieu est vérité et lumière. Aussi, quand il vient en nous, apporte-t-il des clartés inconnues à la raison. Une âme pure, qui s’est élevée par le sacrifice aux sommets de la vie parfaite, en sait souvent plus que les théologiens sur la religion et ses plus sublimes mystères.
Cette science infuse, qui fut donnée à nos premiers parents avant leur péché, fut aussi largement accordée à l’âme si humble et si pure de Gérard. Dieu répandit la lumière dans son intelligence et donna à ses lèvres la grâce de la communiquer.
Cette science surnaturelle lui attira beaucoup de disciples et d’admirateurs.
On vit, dit le Père Tannoya, on vit des théologiens distingués, séculiers et réguliers, recourir à ses lumières, le consulter sur la direction des âmes, et lui soumettre des cas embarrassants. Et Gérard, comme s’il eût été maître en théologie, discutait profondément les questions ascétiques et morales ; il résolvait les doutes avec l’aplomb et la sagesse d’un docteur, tellement que tous ceux qui le consultaient, se retiraient émerveillés, en se disant :
« Il vous a plu, Seigneur, de dérober ces mystères aux sages et aux savants, pour les révéler aux humbles et aux petits. »
L’évêque de Muro, Mgr Vito Muyo, ne se lassait pas d’admirer la lucidité et l’aplomb avec lesquels Gérard résolvait les cas de conscience. Mgr Basta, évêque de Melfi, se fit même son disciple. Les prêtres venaient en foule lui soumettre leurs doutes.
Il semblait établi directeur universel des âmes. Il donnait à tous des règles lucides et sages avec un à-propos étonnant. Mgr Amato, évêque de Lacédonia, s’était mis sous sa direction et suivait ses conseils avec une docilité parfaite, tant pour son diocèse, que pour sa conduite personnelle.
« Parler avec ce bon frère de matières théologiques et de spiritualité, disait-il, c’est devenir son disciple, tant sont grandes les lumières qui émanent de lui ! »
L’esprit de prophétie de Saint Gérard Majella
Il n’appartient qu’à Dieu de connaître l’avenir, et il n’a coutume de le révéler qu’aux âmes d’une éminente vertu, soit pour faire éclater leur sainteté, soit pour le bien des âmes. Elles ont alors ce qu’on appelle le don de prophétie.
Le Frère Gérard eut à un haut degré cette lumière extraordinaire. Sa première prophétie le concernait lui-même. Un jour qu’il s’était livré volontairement à toutes les avanies des jeunes gens de Muro, il s’écria :
« Vous me méprisez aujourd’hui, mais viendra un temps où vous tiendrez à honneur de me baiser la main. »
Ces paroles se réalisèrent à la lettre quelques années plus tard. Lorsque le serviteur de Dieu se rendit dans sa ville natale sous l’habit de rédemptoriste, les riches et les pauvres lui prodiguèrent les marques de haute vénération. Dès qu’il sortait, la foule se précipitait vers lui pour lui baiser, qui la main droite, qui la main gauche.
Il prophétisa à un jeune profès, nommé Pierre Blasucci, qu’il serait un jour supérieur général de l’Institut. La prophétie se réalisa quarante ans plus tard, en 1793.
Il visita un jour un jeune homme de Melfi nommé Michel di Michéle, dangereusement malade.
« Quoi ! vous avez la fièvre ? lui dit-il en lui tâtant le pouls. Mais non, vous vous portez bien. »
À l’instant même, le malade se trouva guéri.
« Un jour, ajouta Gérard, vous serez des nôtres.
— Je le serai, répondait Michel, lorsque je toucherai le ciel de la main. »
Il exprimait ainsi la profonde répugnance qu’il avait pour la vie religieuse. Or, Michel devint rédemptoriste, et se distingua par un zèle tout apostolique.
Le discernement des esprits et la pénétration des cœurs de de Saint Gérard Majella
La créature ne peut connaître les secrets des cœurs sans la lumière de Dieu même, qui seul sonde les cœurs et les reins, et aux regards de qui rien n’échappe. Il est peu de saints qui aient eu, au même degré que le Frère Gérard, ce don du discernement des esprits et de la pénétration des cœurs.
Un jeune homme phtisique, nommé Nicolas Bénincasa, se trouvait souvent dans la compagnie du Saint. Un jour qu’il admirait intérieurement ses vertus, il se disait en lui-même :
« Ce bon Frère Gérard fait tant de miracles pour les autres, et il ne prie pas pour moi, afin que Dieu m’enlève ce mal de poitrine. »
Il avait à peine formulé cette plainte dans son cœur, que le frère lui dit :
« Que dis-tu là ? Tu dis que je ne prie pas pour toi. Certes, je le fais ; mais Dieu ne veut pas te guérir. Mon fils, tu n’es point pour ce monde. »
Ce jeune homme mourut, en effet, peu de temps après, et, comme les paroles du Saint l’insinuent, il alla dans une meilleure patrie. Don Philippe Salvadore entrant un jour dans la chambre du serviteur de Dieu pour lui demander conseil sur des affaires de conscience le trouva en extase devant un crucifix et soulevé de terre.
Il allait se retirer, lorsque Gérard lui dit:
« Don Philippe, je sais pourquoi vous venez : ne vous faites point scrupule de telle et telle chose ; reposez-vous sur la Providence. »
Ces paroles étaient précisément la solution à toutes les questions que ce brave chrétien voulait poser au saint religieux.
Une dame de Lacédonia ne savait comment se défaire d’une attache qui l’entraînait peu à peu vers le précipice. Elle s’en ouvrit à Gérard, qui lui dit:
« À vous la faute, Madame, vous n’êtes pas assez fidèle à Jésus-Christ. »
Ensuite, il lui montra comment elle entretenait secrètement sa passion.
« Fermez mieux l’entrée de votre cœur, ajouta-t-il en finissant, et ayez confiance. »
Cette femme mit en pratique les avis du serviteur de Dieu, et fut à jamais délivrée de sa tentation.
Les visions à distance de Saint Gérard Majella
Notre Saint jouissait aussi de cette lumière divine par laquelle il voyait en esprit, même à distance, ce qu’il n’aurait pu naturellement connaître. Il lisait au loin dans les âmes :
« Ma sœur, écrivait-il à la Mère Marie de Jésus, je sais les épreuves par lesquelles vous avez passé. Je les conçois distinctement et clairement ; je les vois plus clairement que vous-même. »
Quelque temps après, il lui écrivait de nouveau :
« Il est inutile que vous m’expliquiez vos peines ; je les connais et je les vois en Dieu. »
Il voyait les événements à distance. Rencontrant un jour, à Naples, un jeune compatriote :
« Mon cher Pascal, lui dit-il, ému, savez-vous bien que notre Archiprêtre vient d’être assassiné dans une des rues de Muro?
— C’est impossible, répondit l’autre, stupéfait ; je reçois à l’instant une lettre de Muro, on me l’aurait dit.
— La chose est cependant telle, mon ami : il n’y a pas moyen d’en douter. »
L’assassinat venait réellement d’avoir lieu ; mais, à cette époque, il était impossible qu’on le sût sitôt à vingt lieues de distance.
Le chanoine Rossi étant venu jouir de quelques jours de solitude à Caposèle, il survint, pendant ce temps-là, à Melfi, sa ville natale, une affaire de haute importance pour laquelle il dut expédier un exprès.
Comme celui-ci tardait à revenir, le chanoine, retiré pour lors dans un coin du jardin, en éprouvait la plus vive agitation sans que personne pût s’en apercevoir. Cependant, Gérard connut surnaturellement et l’agitation du chanoine et l’heureuse issue de l’affaire, et, dans sa grande charité, il se rendit aussitôt auprès de lui :
« Tranquillisez-vous, Monsieur le chanoine, lui dit-il, à Melfi tout a réussi selon vos désirs. »
Bientôt, en effet, le courrier vint confirmer cette heureuse nouvelle.
Les bilocations de Saint Gérard Majella
Il existe un phénomène mystique d’autant plus étonnant qu’il est plus rare dans la vie des saints : c’est celui de la bilocation. Elle a lieu lorsqu’une personne se trouve présente au même moment en deux lieux différents. Le Frère Gérard fut favorisé plusieurs fois dans sa vie de ce don extraordinaire de la bilocation.
Un jour que le Saint ne recevait pas de réponse de Muro sur des affaires pressantes et qui intéressaient la gloire de Dieu :
« Il faut, dit-il, que j’y aille demain. »
En effet, le lendemain, on le vit à Muro, tandis que, d’un autre côté, l’on constata qu’il était demeuré au couvent.
Un autre jour, le Père Margotta dit à Santorelli :
« Ne savez-vous pas que Gérard, tout en restant dans sa chambre, a passé la nuit en extase devant le Très-Saint-Sacrement au chœur des franciscains ? »
De semblables prodiges se répétaient souvent. Que de fois, sans qu’il quittât la maison, ne le vit-on pas à Caposèle visitant les malades !
« Un jour, entre autres, dit Santorelli, tandis que je visitais mes malades, je sentis, partout où j’allais, le Frère Gérard à mes côtés, mais aussi réellement que si je l’avais vu de mes propres yeux. Après ma tournée, je me rendis au couvent, et ayant rencontré le frère, je lui dis :
« Que me vouliez-vous donc toute cette journée, en m’accompagnant ainsi partout ?
— Ce que je voulais! Ne savez-vous pas que je dois m’absenter demain ? Je voulais visiter tous mes chers malades. »
Le pouvoir sur la nature de Saint Gérard Majella
Il arrive parfois que Dieu rend partiellement à ses serviteurs l’empire que le premier homme, dans l’état d’innocence, avait sur la nature. Les prodiges qu’opèrent les saints investis de ce don, ont pour but soit de secourir le prochain, soit de réprimer le mal, soit de faire éclater la sainteté elle-même.
Il semble que le Créateur avait mis toute la création au service de Gérard. Un jour, sur la route d’Andria à Corato, il rencontre un cultivateur qui se lamentait : les souris ravageaient tout le champ qu’il avait ensemencé, l’unique ressource de sa pauvre famille.
« Voulez-vous qu’elles meurent, ou qu’elles s’en aillent ailleurs ? » demande le frère, ému de compassion.
« Je préfère qu’elles meurent, » répond le paysan.
Gérard lève la main, fait le signe de la croix vers le champ dévasté, et à l’instant même le sol se couvre de souris mortes ou mourantes. À la vue de ce prodige, le campagnard, ivre de joie et hors de lui, se met à courir à Corato, en s’écriant :
« Le saint arrive ! Le saint arrive ! »
Il suffisait à Gérard d’appeler les petits oiseaux, pour qu’ils vinssent se percher sur sa main. Un neveu de l’Archiprêtre don Salvadore d’Olivéto tenait un petit oiseau en cage. Gérard, après l’avoir caressé, lui rendit la liberté.
À la vue de l’oiseau qui s’envolait, l’enfant se mit à pousser des cris déchirants. Pour l’apaiser, le bon frère se rendit à la fenêtre :
« Reviens, dit-il. Reviens, petit oiseau, car l’enfant pleure. »
Aussitôt l’oiseau vint se poser sur la main du serviteur de Dieu, qui le rendit à l’enfant.
Le pouvoir sur les maladies de Saint Gérard Majella
D’après les contemporains de Gérard, les guérisons miraculeuses qu’il opéra pendant sa vie sont tellement nombreuses, qu’il faudrait des volumes entiers pour les transcrire. Dieu semblait l’avoir établi le lieutenant de sa toute-puissance.
Aucun genre d’infirmités ne résistait à la voix du nouveau thaumaturge. Citons encore quelques faits.
Une petite fille d’Auletta, percluse de naissance, ne pouvait faire aucun mouvement. On pria Gérard de la recommander à Dieu.
« Mais cette enfant est guérie, » répondit-il.
En disant ces mots, il l’appelle, et, au grand étonnement des assistants, l’enfant saute du lit, et va baiser la main de son bienfaiteur. Pendant que le peuple rassemblé criait : Miracle ! miracle !
Gérard, tout confus, courut se cacher dans la maison du prêtre Abondati. Le peuple l’y suivit, ne cessant de crier : Le saint ! le saint !
Le bon religieux, épouvanté, s’évada par une porte dérobée. Le Frère François Fiore, passant à Auletta plusieurs années après, on lui montra cette fille en disant :
« Voilà celle que le Frère Gérard a guérie. »
En 1753, une cruelle épidémie vint ravager la ville de Lacédonia. Elle faisait des victimes sans nombre, et la cité entière était dans le deuil. L’évêque fit venir Gérard.
Le thaumaturge fut accueilli comme un ange du ciel. À voir l’allégresse des habitants, on eût dit que le fléau avait déjà disparu. Le passage du serviteur de Dieu dans cette ville désolée ressembla à celui du Sauveur à travers les villes et les bourgades de la Judée.
Le chanoine Saponiéro fut le premier à ressentir la salutaire influence de sa présence. Il allait mourir, lorsque Gérard vint le visiter :
« Monsieur l’archidiacre, lui dit-il, rendez gloire à Dieu, car vous voilà guéri. »
Il lui trace en même temps sur le front un signe de croix qui lui rend une santé parfaite.
Le pouvoir sur les cœurs de Saint Gérard Majella
L’esprit prophétique planait sur la tête de Gérard ; son regard pénétrait jusque dans l’intime des consciences ; il commandait en maître à la nature : à sa voix, les malades étaient instantanément guéris.
Tout cela est prodigieux, sans doute ; mais il y a, dans la vie du serviteur de Dieu, une chose bien plus digne d’admiration : c’est son pouvoir sur les cœurs. Lui, humble frère servant, avait le don de convertir les pécheurs, de consoler les âmes et de les diriger dans les voies sublimes de la perfection.
Il est inutile de nous étendre longuement sur ce sujet ; toutes les pages qui précèdent prouvent que Gérard avait le pouvoir de manier les cœurs à son gré.
Mgr Nicolaï, Archevêque de Conza, vint passer quelques jours au couvent de Caposèle, accompagné d’un secrétaire qui n’était pas dans les ordres sacrés. C’était un homme jovial, d’une grande aptitude aux affaires, et, par suite, cher au prélat. Hélas ! sa conscience se trouvait dans un état bien déplorable. Dieu le révéla à son grand serviteur.
Pour gagner la confiance de cet étranger, le zélé rédemptoriste fit en sorte de le rencontrer partout, lui parlant toujours avec amabilité, répondant à ses bons mots, riant de ses saillies. Un jour, le voyant bien disposé en sa faveur, il l’appelle en particulier et le conduit à l’oratoire. Là, se jetant à ses pieds, il lui dit, les larmes aux yeux :
« Mon ami, je ne comprends pas comment vous pouvez être si gai, en vivant, comme vous le faites, dans l’inimitié de Dieu. »
Le secrétaire, confus, se jette à genoux à son tour, et lui avoue tout, en pleurant et en implorant le secours de ses conseils et de ses prières. Gérard l’encourage en lui rappelant les miséricordes infinies de Dieu, et l’engage à prendre une résolution ferme et sincère.
Le secrétaire, troublé de cette révélation inattendue, va trouver aussitôt le Père Fiocchi, et lui raconte tout ce qui venait de se passer entre Gérard et lui.
« Il faut, dit-il, que ce soit Dieu ou le démon qui lui ait révélé ma vie ; mais ce ne peut être le démon, puisque je suis touché de repentir. »
Après cette entrevue avec le Père Fiocchi, il se confessa et renonça à ses désordres. Quand il se rendit à l’église pour communier, Gérard alla au devant de lui, et lui rappela un péché qu’il avait oublié en confession.
Le changement subit du secrétaire fut remarqué de tout le monde. D’enjoué qu’il était, il devint grave et sérieux. L’Archevêque, qui ne pouvait en deviner la cause, lui demanda d’où venait cette métamorphose.
Le secrétaire, fondant en larmes, lui répondit par les paroles de la Samaritaine :
« Venez et voyez celui qui m’a révélé tous mes égarements. »
Il dévoila ensuite à Monseigneur le triste état dans lequel il avait vécu, et comment il en était sorti par les soins du bon Frère Gérard.
Le pouvoir sur l’enfer de Saint Gérard Majella
Un ami de Dieu tel que Gérard ne pouvait manquer d’être en lutte avec l’enfer. Son zèle pour le salut des âmes et les conversions éclatantes qu’il opérait, suscitèrent contre lui, la rage des démons. Ces esprits maudits tentèrent par tous les moyens de le décourager et de le détourner de ses pieuses entreprises.
Ils lui apparurent souvent pendant le jour et pendant la nuit, le menaçant et le maltraitant, afin qu’il cessât de leur ravir les âmes. Ses directeurs ont attesté qu’ils allaient jusqu’à le traîner dans les corridors de la maison.
« Tu ne veux pas en finir, lui dit une nuit le démon, eh bien, je ne me donnerai pas de relâche que je ne t’aie enlevé de ce monde. »
Il arrivait parfois que les esprits malins se jetaient sur lui et le tenaient serré avec une telle force, qu’il courait risque de mourir étouffé. Ils l’accablaient de coups si nombreux et si violents, que son corps n’était plus qu’une plaie et que ses os semblaient se briser.
Un jour qu’il faisait la cuisine, plusieurs démons tentèrent de le jeter dans le feu. D’autres fois, ils se présentèrent à lui sous la forme de chiens furieux, prêts à le mettre en pièces :
« Vous pouvez aboyer, leur disait Gérard, mais comme j’ai avec moi Marie, ma Mère, et Jésus-Christ, mon Sauveur, vous ne pouvez me mordre. »
C’est surtout dans la nuit du vendredi que ces combats avaient lieu. Dans cette lutte acharnée, le fidèle serviteur du Christ resta toujours victorieux. Il avait conquis sur les démons un empire prodigieux.
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Un dimanche, on vit deux prétendus jeunes gens se tenir immobiles à côté de notre église, sans qu’on sût qui ils étaient ni d’où ils venaient. À peine Gérard les eut-il aperçus, qu’il alla droit à eux, et leur dit:
« Que faites-vous là ? ce n’est pas ici votre place. Au nom de Dieu, retournez en enfer. »
Les démons, car c’en étaient, disparurent au même instant. On ignore ce qu’ils prétendaient ; mais le fait est indubitable, plusieurs des nôtres en furent témoins.
Source : La vie, les vertus et les miracles de Saint Gérard Majella – Saint-Omer, Edward – 1907