Parmi les choses les plus étonnantes de la vie d’Yvonne-Aimée il y avait les recherches d’Hosties profanées.
Tout avait commencé en 1923 approximativement. Elle était jeune fille et assistait à la messe à Notre Dame des Victoires. Elle avait remarquée une personne qui ayant communié avait repris l’hostie, l’avait mise dans son sac et était partie. La jeune Yvonne-Aimée qui avait une foi immense en la présence réelle du Seigneur dans l’Eucharistie fut bouleversée.
Elle fit des recherches durant deux jours et finalement retrouva et la personne et l’hostie que cette dernière avait emportée. C’était le début de ses recherches d’hosties profanées soit à Paris, soit en Île-de-France.
Une fois, elle est allée jusqu’à Cologne pour rechercher une hostie profanée. Tantôt elle devinait la profanation des hosties, tantôt elle était avertie surnaturellement. Plusieurs fois par an toute sa vie, mais occasionnellement elle faisait ces recherches. Et l’histoire qui s’est passée à la Brardière se situe dans ce contexte :
C’était le 16 Septembre 1941. Yvonne-Aimée passait ici une quinzaine de jours. Après le déjeuner, nous sommes allés nous promener vers le petit bois. Arrivés vers la cabane qui à l’occasion nous servait d’ermitage, nous avons pris des photos de la cabane et de nous-mêmes avec un Kodak à pied. Des photos inutiles, mais nous étions en vacances… Nous avons laissés l’appareil dans la cabane, puis nous sous sommes séparés. Elle est restée là à prier dans l’ermitage et moi je me suis un peu éloigné, mais pas trop, car j’avais toujours peur qu’il lui arrive quelque chose. Et voici que vers 16 heures, j’ai entendu Yvonne-Aimée pousser des exclamations… comme quelqu’un qui assistait à un spectacle horrible et qui manifestait sa peine, son chagrin et son étonnement. Je suis arrivé en courant… elle continuait de s’exclamer, néanmoins les quelques paroles qu’elle laissa échapper me permirent de comprendre qu’elle suivait de loin une scène de profanation d’hosties.
Deux hommes, me dit-elle, s’acharnaient sur une petite hostie. Oh, disait-elle, ils la piétinent, ils la percent avec un poinçon… oh ! Elle saigne ! Je revois Yvonne-Aimée se redressant et disant à son Ange :
“Va me chercher cette hostie, mon amour la réclame !”
Aussitôt nous avons vu elle et moi, un grand trait de lumière qui passait au-dessus de nous semblant porter quelque chose de blanc… ce rayon est venu se poser sur un sapin… nous sommes accourus et avons trouvé, posée à la verticale sur une branche de ce sapin, une petite hostie percé en son centre et qui saignait…
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Elle ou moi, je ne m’en rappelle plus, avons eu le réflexe d’aller chercher l’appareil photo dans la cabane. Yvonne-Aimée a photographié cette hostie “debout” sur la branche de l’arbre, Après quoi j’ai saisi cette hostie, ce n’est donc pas une hallucination, j’ai cueilli une feuille d’arbre en guise de corporal et j’ai placé dessus l’hostie.
Et comme le montre la photo, l’hostie se tient verticalement sur la feuille. Je l’ai transportée dans l’ermitage aux pieds d’une statue de la Sainte Vierge. Il y avait dans cet ermitage deux flambeaux et lorsque nous sommes entrés avec l’hostie miraculeuse, ces deux flambeaux venaient d’être allumés ! Par qui ? Nous ne le saurons jamais.
C’est là que le Seigneur lui a parlé de la valeur du silence, qu’il lui a redit de ne pas raisonner les choses incompréhensibles et il a ajouté cette parole de toute beauté : “La nuit de ton esprit sera le soleil de ton âme”. J’ai invité ma tante à nous rejoindre et elle aussi a vu l’hostie qui saignait. Puis après un temps d’adoration est repartie. Je suis resté quelques instants avec Yvonne-Aimée et je pense que c’est à cet instant que sur la porte de la cabane une inscription s’est tracée sous nos yeux, lettre après lettre : “le Ciel a visité la terre”… Le soir, à la nuit tombante, je suis retourné au petit bois pour voir l’hostie et Yvonne-Aimée. Elle me demanda de ramener l’hostie à la maison.
Ce qui s’est passé, je ne l’oublierai jamais : je portai l’hostie saignant toujours, sur la feuille d’arbre, Yvonne-Aimée me suivait et tout le long du chemin nous chantions des hymnes au Saint Sacrement. A un moment donné je me suis retourné vers elle et sans réfléchir je lui ai donné l’hostie (à cette époque là, donner à porter le Saint Sacrement à un laïc ou une religieuse était interdit)… En approchant de la maison, nous fîmes silence pour ne pas attirer l’attention de ma tante Catherine qui devait se trouver à la cuisine, et, une fois arrivés, nous déposâmes avec respect l’hostie dans l’armoire de la chambre de Mère Yvonne-Aimée, au rez-dechaussée, près du salon, parmi le linge bien blanc.
Au souper qui suivit dans la grande salle, il ne fut question de rien avec ma tante Catherine qui continuait d’ignorer l’événement. En sortant de table, Mère Yvonne-Aimée se retira. Je vins pour adorer chez elle l’hostie profanée. Mère Yvonne-Aimée était déjà couchée, elle entrait dans une sorte d’agonie. À un moment donné, elle se pelotonna sur elle-même, poussa un gémissement et me dit :
» Va vite chercher ta tante, je suis blessée au cœur « ,
puis elle retomba, étendue. Effrayé, j’allai chercher ma tante Jeanne. Viens, dis-je, parce que… oh ! Son cœur saigne et elle te demande de venir mettre un linge. Ma tante accourut et posa directement sur le cœur de Mère Yvonne-Aimée un morceau de vieille toile blanche qu’elle retira quelques instants après et qu’elle me tendit : la plaie sanglante du cœur s’y était imprimée. On y distinguait l’ouverture horizontale des chairs et l’auréole du sang. Exactement la trace qu’aurait laissé un véritable fer de lance.
Ma tante Jeanne examina la plaie et posa sur celle-ci un second linge qui s’imprima lui aussi. Nous voulûmes demeurer à veiller et à prier au chevet de Mère Yvonne-Aimée, mais celle-ci murmura :
» Ce n’est pas la peine… Allez dormir. Vous ne pouvez rien pour moi…je souffre trop. Il faut que je souffre seule… «
Elle était livrée à une intense souffrance, elle s’enfonçait dans une solitude désolée. Et, peut-être même, cessait-elle de nous voir et entendre. J’avais l’impression qu’elle se trouvait isolée entre “ciel et terre”.
Le lendemain, au cours de la Communion de la Messe, je donnai à Mère Yvonne-Aimée l’hostie transpercée et sanglante. Plus tard, je compris le parallélisme des deux mystérieux faits de ce 16 septembre 1941 : une hostie avait été percée de façon sacrilège et elle avait saigné.
Le soir, le “cœur” de Mère Yvonne-Aimée avait été, lui aussi, transpercé et il saignait. “Ce coup de lance, me suis-je dit n’était-il pas comme l’ouverture d’une source de grâces pour la Brardière, pour l’Église ?”
J’ai aperçu un jour ses mains percées… on voyait à travers la paume. Si l’on prenait sa paume entre pouce et index, les deux se rejoignaient… Du fait qu’elle se déplaçait souvent, je pense qu’elle a dû beaucoup souffrir de marcher avec ses stigmates.
Source : Témoignage du père Labutte – Un Amour Extraordinaire de René Laurentin – Yvonne-Aimée de Malestroit