La révélation du Sacré Cœur au Calvaire: « Jean 19:34 : Mais un des soldats lui transperça le côté avec sa lance, et aussitôt il en sortit du sang et de l’eau. »
I. – La lance du soldat ouvre le Cœur de Jésus pour accomplir un mystère divin
Jésus avait exhalé son dernier soupir en poussant un grand cri… Le voile du temple pendait lacéré du haut en bas; et les rochers montraient béantes les crevasses qu’une force inconnue venait tout d’un coup d’ouvrir dans leurs flancs séculaires. La nature et la loi avaient subi le contrecoup de ce brisement, exigé par la colère divine et rendu nécessaire par le péché de l’homme qui séparait violemment l’âme très sainte du Sauveur de son très saint corps. Un autre abîme allait s’ouvrir à l’instant et projeter de ses profondeurs une lumière plus brillante que celle de l’éclair qui fend la nue, pour ouvrir à tous les regards les trésors d’amour renfermés dans les entrailles du Sauveur et permettre de lire les admirables mystères cachés dans le saint des saints de son Cœur.
Accomplissant une prescription relative aux crucifiés, les soldats de garde s’approchèrent pour achever leur supplice d’un coup mortel. Ils brisèrent les genoux des deux larrons. Mais quand ils arrivèrent au troisième crucifié, ils le trouvèrent bien mort. Sa tête inclinée sur sa poitrine, sa pâleur semblable à l’albâtre, sa bouche entr’ouverte d’où ne sort plus aucun souffle, l’immobilité absolue de tout son corps, dont pas un muscle ne se contracte, tous ces signes annoncent avec évidence que le supplice a achevé son œuvre.
Il ne leur restait donc rien à faire à son égard. Ils décidèrent de ne pas lui briser les genoux, vu l’évidence de sa mort. Ils se disposaient à se retirer. Mais voici qu’un d’entre eux, apparemment sans s’être entendu avec ses compagnons, se retourne, va droit au Christ et d’un coup violent du fer de sa lance, lui ouvre le côté, d’où jaillit aussitôt un flot de sang et d’eau.
La lance de Longin ouvre le Cœur de Jésus pour accomplir un mystère. Le coup de lance de Longin nous révèle la pensée inspiratrice de la passion qui est l’amour. Le coup de lance de Longin opère l’œuvre capitale de la passion qui est la formation de l’Église. La lance du soldat ouvre les sources des dons de la passion: source pure et délicieuse, lieu de refuge et de prière, abri sûr, école d’amour.
II. – Le coup de lance nous révèle la pensée inspiratrice de la passion, qui est l’amour
Longin devient à son insu un prophète chargé de révéler au monde les secrets de la sagesse éternelle; un coopérateur du Tout-Puissant dans l’accomplissement d’une de ses plus belles œuvres; le ministre de la bonté divine en ses souveraines largesses. Dieu lui donne la glorieuse mission de révéler le Cœur de son Fils unique, et de dire au monde, en l’ouvrant violemment, dans le solennel silence qui semble convier l’attention de tous les siècles sur le drame du Calvaire:
Sachez que c’est de ce Cœur qu’est sorti l’immense amour qui a porté le Christ innocent à mourir pour vous. C’est Dieu même qui s’empare de Longin, qui lui met la lance en mains et conduit son bras. Cette arme de mort est un très fin stylet qui va écrire des merveilles, un inestimable instrument qui produira un chef- d’œuvre, une clef des trésors divins. Le coup qu’elle porte n’est pas pour meurtrir et pour déchirer, mais pour révéler et faire déborder les magnificences de l’amour. Aussi, dit saint Augustin, l’évangéliste n’a point écrit que le soldat avait de sa lance frappé ou blessé le côté de Jésus; attentif aux merveilles accomplies, il a employé cette lumineuse parole:
« Le soldat ouvrit le côté du Sauveur. ».
Longin ouvre le Cœur de Jésus pour fixer sur lui l’attention et montrer en lui le foyer de cet amour inexplicable qui brille dans le dessein, dans l’œuvre et dans les bienfaits de la passion. Le dessein, la pensée inspiratrice de la passion. Ouvre donc, ouvre nous le Livre aux sceaux mystérieux que personne ne peut lire si celui qui l’a écrit n’en révèle les secrets. Je vois bien que le Verbe incarné, ce livre vivant qui contient tous les mystères de Dieu, est déployé au sommet de la croix, comme sur un ambon dressé devant les regards du monde, pour être étudié, lu et compris par tous les hommes.
Mais, d’abord, je ne puis comprendre le mystère de cette mort que subit l’Auteur de la vie et le Maître de la mort. Comment celui qui d’un mot ou d’un signe a fait tant de fois reculer la mort, a-t-il pu tomber sous son joug?… Longin me montre, à travers la blessure sanglante, la vraie cause de sa mort : une blessure d’amour secrète, invisible, spirituelle, mais d’autant plus poignante, qu’il l’avait au Cœur depuis sa naissance. Voilà révélée la raison de la passion et de la mort du Verbe de vie: son amour pour nous.
L’Église chante en vers la pensée de saint Bernard à l’hymne des Laudes de la fête. Mais la mort du Fils de Dieu dans l’excès des douleurs et des ignominies, n’est pas seulement un mystère étonnant; elle est pour le Juif un scandale, pour le païen une folie. Il est scandaleux pour la foi juive de voir le Messie attendu depuis des siècles condamné comme un blasphémateur, le Fils de David, vengeur d’Israël, honteusement exécuté par le représentant d’une puissance étrangère et exécrée; il est stupide pour la raison païenne de présenter ce crucifié pour un réformateur et un rénovateur du monde.
Qui vengera le dessein héroïque du Rédempteur et montrera que cette mort dans la douleur et l’humilité est le triomphe de la sagesse de Dieu? Et Longin, ce révélateur inconscient des pensées divines, ouvre le Cœur de Jésus et le montre dominé et conduit par son amour aux plus héroïques excès. C’est l’amour pour son Père, à la justice duquel il veut donnera pleine satisfaction en payant rigoureusement la dette du péché des hommes.
Au fond du divin Cœur, on voit gravée en lettres de feu cette parole déterminante de la passion:
« Afin que le monde sache que j’aime mon Père, allons au Calvaire. » (Jn 14,31). C’est l’amour pour les hommes, qu’il veut porter jusqu’au paroxysme, en choisissant cette mort ignominieuse comme moyen de leur rachat, attendu qu’il n’y a pas de plus grande preuve d’amour que de mourir pour ceux qu’on aime.
Ce n’est pas assez pour l’amour de se justifier devant la conscience des hommes, il veut gagner leur attachement et conquérir tous les cœurs. Il faut pour cela que l’amour du divin Crucifié apparaisse dans toute sa splendeur, se répande avec toute sa force, coulant sans cesse de son Cœur sur le monde. Ah! Cœur Sacré, ne vous refermez pas! Déployez la force victorieuse de votre amour. Fixez sur vous et captivez nos regards émus et compatissants! Que la plaie qui nous révèle votre amour demeure à jamais ouverte, éclairant tous les traits de votre passion, répandant sans cesse sa chaleur pénétrante à laquelle personne ne puisse résister!
Approche, Longin, fends plus profondément le Cœur du Crucifié; retourne le fer dans la plaie, creuse et élargis encore! Et voilà que semblables aux eaux du déluge descendent du Cœur ouvert par la lance et se répandent dans les âmes des enfants de Dieu, les larges nappes de l’esprit de grâce et de prière (cf. Za 12,10).
Nos regards épris et attendris se fixent sur le divin blessé. Ils ne peuvent plus s’en détacher. Ils pénètrent dans ses plaies, dans son Cœur, dans son âme; ils descendent dans ses tristesses et se plongent dans ses amertumes. Ils l’aiment et ils pleurent sur lui les larmes d’amour que verse la mère sur le premier né, sur son unique bien-aimé ravi par la mort à sa tendresse inconsolable (cf. Za 12,10).
Voilà dix-neuf siècles que le Christ, exalté sur la croix, attire à lui les hommes. Et le charme qui du foyer de son Cœur transpercé se répand par le rayonnement de l’amour sur ses opprobres et ses souffrances est si puissant, que rien n’a pu le rompre. Le maudit du Golgotha est non seulement cru, révéré et accepté des hommes, mais aimé, chéri, adoré, avec passion, à la folie, sans réserve et sans mesure, la reconnaissance envers lui trouvant son bonheur et sa récompense dans les excès par lesquels elle s’efforce de répondre aux excès de son amour pour nous! Oui vraiment, l’évangéliste s’est servi d’une lumineuse parole: « Vigilanti verbo usus est…».
III. – Le coup de lance opère l’œuvre capitale de la passion, qui est la formation de l’Église
La lance qui vient d’ouvrir une si profonde perspective sur les insondables arcanes de la sagesse divine, est aussi l’instrument de la Toute-puissance pour opérer l’œuvre capitale de la passion, c’est-à-dire la formation de l’Épouse du nouvel Adam. Comme Dieu, parachevant sa création, avait daigné s’appliquer à ouvrir le côté d’Adam assoupi dans un extatique et fécond sommeil, pour former d’une de ses côtes la femme qu’il lui donna à aimer autant que lui-même, parce qu’elle était l’os de ses os et la chair de sa chair (cf. Gn 2); ainsi la majesté de Dieu enveloppa-t-elle ce soldat et conduisit-elle son bras à pratiquer dans le flanc de Jésus une savante ouverture pour donner naissance à la nouvelle Ève, pensant qu’il dormait plongé dans les suprêmes ivresses de son amour, voyant dans ses rêves «toute belle, sans tache et sans ride, l’épouse bien-aimée» [Ep 5,27], qu’il allait recevoir de la sollicitude de son Père.
« Dieu, dit saint Bonaventure, voulant tirer du côté du Christ endormi l’Église, son épouse, c’est en vertu d’une conduite dirigée par lui-même que le soldat ouvre et traverse de sa lance le flanc du Sauveur, afin qu’avec le sang et l’eau s’en échappe le prix de notre salut, lequel descend de la source profonde de son Cœur, pour donner leur force surnaturelle aux sacrements de l’Église » (Liber de ligno vitæ [Lignum Vitæ]).
« Non, dit saint Chrysostome, ce n’est pas par le hasard d’un coup de lance porté sans raison que jaillissent ces fontaines de sang et d’eau, qui sont les forces constitutives de l’Église et composent l’Église elle-même: car le baptême inaugure sa vie, l’Eucharistie l’achève » (Homilia, 84).
En se réveillant le matin de la résurrection, le Fils de Dieu put la contempler dans sa beauté et dans sa force, cette épouse bien-aimée; il se complut en elle parce qu’il la voyait sortie de lui, faite de son sang, l’os de ses os, la chair de sa chair. Il l’avait aimée de toute éternité et il la désirait ardemment depuis quarante siècles; enfin il avait pu se livrer à la mort pour elle et par sa mort lui donner la vie! Elle est bien à jamais l’épouse de son Cœur.
Mais cette mystérieuse union du Christ et de l’Église ne peut demeurer stérile: il est le père, elle est la mère des vivants; d’innombrables rejetons doivent couronner la flamme ardente de leur amour à son premier matin. Aussitôt, à travers la baie ouverte dans le Cœur Sacré, évoqués des régions de la mort, où ils gisaient misérablement, entrent en foule, pour y naître à la vraie vie, tous les fils du salut, l’innombrable génération des rachetés, comme autrefois pénétrèrent dans l’arche, par la porte que Noé avait su ménager à son flanc, tous ceux qui voulurent échapper à l’universelle destruction.
À cette magnifique création, à cette légion d’âmes glorieuses, toutes belles et immortelles, innombrables comme les étoiles aux cieux, ne reconnaissez-vous pas la toute-puissance de l’amour créateur devenu l’amour rédempteur? Le coup de lance du soldat, en montrant qu’elles sortent du Cœur de Jésus, proclame qu’il est l’incomparable ouvrier du chef-d’œuvre de la passion.
IV. – La lance du soldat ouvre les sources des bienfaits de la passion
L’humanité, pourchassée par la colère de Dieu, est errante dans les déserts brûlants de son exil, altérée, haletante, dévorée par le besoin de la vérité, de la justice et de la paix. Aucune des fontaines vers lesquelles elle s’est penchée n’a pu apaiser sa soif; ses lèvres n’ont bu aux coupes des voluptés, de la cupidité et de l’orgueil que des breuvages empoisonnés, qui redoublent sa fièvre; la science, le bonheur, l’amitié ont pu tromper un instant son tourment sans le satisfaire. Qui aura pitié d’elle, car elle se meurt?
Pourquoi l’avoir créée, ô Dieu redoutable, si vous deviez l’abandonner mourante au désert de cette misérable vie? Et la lance a frappé le rocher vivant qui couronne le mont du Calvaire [1 Co 10,4]; et le cœur du rocher s’est ouvert et les eaux fraîches ont bondi (Ps 78[,20]). La source en resta toujours ouverte à tous. (Za 13[,1]).
Source pure, qui lave toutes les souillures; Source vive, qui donne toutes les énergies; Source délicieuse, qui enivre de toutes les suavités; Source intarissable, au-dessus de laquelle est écrit ce miséricordieux appel:
« La colère du Seigneur s’est changée en consolations pour vous. Voici votre Dieu et votre Sauveur: confiance! Le Seigneur se fait votre force, et vous relève et vous rend la vie. Venez et puisez avec allégresse les eaux vivifiantes aux sources du Sauveur! Bénissez-le dans la joie, invoquez son nom dans la souffrance: Faites connaître à tous les peuples ses merveilleuses inventions! Chantez cette œuvre magnifique. Que toute la terre l’entende! » (cf. Is 12).
À ces exilés sans toit et sans patrie, sans abri pour leur faiblesse et sans toit pour leur religion, il faut rendre une demeure, ouvrir un lieu de refuge et de prière. Regarde, ô exilé, sur le faîte du Calvaire!
« Voilà que ton Sauveur s’offre à toi comme une ville forte, munie de mur et d’avant-mur… Entrez, ô nations, qui voulez être justes et garder la vérité et la paix » (cf. Is 26[,1 s]).
« Seigneur, supplie saint Bernard, accordez-moi d’habiter tous les jours de ma vie dans votre Cœur. C’est pour que nous puissions y demeurer à l’abri de toutes les intempéries du dehors que votre Cœur a été ouvert. Ah! Qu’il est bon et doux d’habiter dans ce Cœur! Certes je donnerai tout, j’abandonnerai toutes mes préoccupations et tous mes désirs; je jetterai tout mon souci dans le Cœur de Jésus, et je suis assuré qu’il se chargera de moi » (Sermo III, De passione).
Ouvrez donc, Seigneur, à ma faiblesse un abri sûr dans votre Cœur et à mon âme un sanctuaire où elle vous trouve, où elle puisse vivre avec vous et se répandre à vos pieds dans les intimes effusions de la prière, de la louange et de l’amour. Le Cœur de Jésus est le ciel où Dieu habite corporellement dans la plénitude de sa vie et où il se donne contre l’homme pour accepter son repentir et lui donner en échange le baiser de la réconciliation.
Ce Cœur est le saint des saints où le pontife toujours écouté entre le premier pour offrir son sacrifice, et appelle tous les hommes à mêler leurs prières aux siennes, se chargeant de les faire agréer sûrement de son Père.
« Seigneur, j’irai vous adorer dans ce temple, et je vous chercherai dans ce saint des saints, dans cette arche de l’alliance éternelle, et je dirai avec David: j’ai trouvé mon cœur pour prier mon Dieu. ‘Inveni cor meum, ut orem Deum meum’ [cf. 2 S 7,27].
Oui, j’ai trouvé le très doux Jésus. Et alors quelle crainte pourrait me retenir de prier? Avec votre Cœur donc, qui est aussi le mien, ô très aimable Sauveur, je vous prierai, car vous êtes en même temps mon Dieu.
Ah! Daignez seulement laisser pénétrer mes prières dans ce sanctuaire où vous les exaucerez toujours; non, ce n’est pas assez, mais prenez-moi tout entier et me jetez dans votre Cœur pour y vivre à jamais!» (Saint Bernard, Sermo III, De passione).
Faut-il ne voir dans l’acte de Longin qu’un accès de brutalité? Ou les soldats, qui n’ont pas cru devoir briser les jambes au Christ, ont-ils voulu justifier leur abstention en démontrant par ce coup de lance qu’il était bien mort? Ces raisons ont leur valeur, mais il faut monter plus haut pour expliquer ce que les Pères ont appelé un grand mystère. Et d’abord c’est bien le Cœur et non pas seulement le côté de Jésus qu’a transpercé la lance du soldat.
C’est un de ces points de doctrine qui tiennent de si près à la foi révélée qu’on ne saurait les mettre en doute sans grande témérité. La tradition le rapporte, l’Église l’enseigne dans sa liturgie, la raison naturelle le démontre, mais davantage encore la raison divine, les grands mystères que Dieu voulait opérer par cet événement. – Corneille de la Pierre pense que la lance traversa la poitrine et le Cœur de Jésus de part en part, de droite à gauche (In Joannem ad locum). Suarez pense que le soldat frappa à gauche pour atteindre le cœur (Disputationes [Metaphysicæ], XVI, sectio 1, § 3).
Nous citerons ailleurs Augustin, Chrysostome, Bernard, Bonaventure.
« Mon cher fils, dit la Mère des Douleurs à sainte Brigitte, fut percé si cruellement dans le Cœur que la pointe de la lance ne s’arrêta qu’après avoir traversé le Cœur d’outre en outre » (cf. Révélations [célestes], livre 2, chapitre 21).
Écoutez l’Église dans les hymnes où elle célèbre le Cœur adorable de Jésus et la lance qui l’a frappé. La raison naturelle le déclare à l’évidence. À quoi bon ce coup de lance s’il n’eût visé le Cœur de Jésus? Et d’où viendraient ce sang et cette eau, sinon de leur réservoir naturel?
V. – Conclusion Le Cœur de Jésus, école d’amour
La raison de la mort de Jésus, cette invisible plaie d’amour dont meurt le Christ, bien plus que des tourments de la passion; l’œuvre magnifique du salut de l’humanité, devenue l’épouse féconde de son amour; l’apaisement de tous nos désirs, le remède à tous nos maux: voilà la magnifique floraison qui s’épanouit au flanc du Sauveur sous le coup de lance du centurion.
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Ce dessein, cette œuvre, ces bienfaits sont les fruits authentiques de l’amour du Rédempteur, les manifestations, par conséquent, du Cœur de ce Fils de Dieu qui, de par la volonté du Père et avec la coopération du Saint-Esprit, a rendu la vie au monde par sa propre mort. La plaie du Cœur de Jésus est une éloquente école d’amour.
En la contemplant, on est irrésistiblement gagné par l’amour, et l’on veut aimer de ce bel amour de compassion qui, fondant d’abord le cœur en d’infinies pitiés, le relève ensuite fortifié pour tous les dévouements.
« Qui pourrait ne pas aimer ce Cœur si profondément blessé? – dit encore saint Bernard, le docteur du Sacré Cœur –. Qui pourrait ne pas rendre amour à tant d’amour? Encore que la misérable condition de notre infirmité pèse si lourdement sur nous, aimons tant que nous pourrons; aimons encore, embrassons de toute l’ardeur de nos tendresses ce bien-aimé Blessé dont les fils impies ont percé les mains et les pieds, le côté et le Cœur; demeurons penchés sur lui jusqu’à ce que nous sentions notre cœur si dur toujours et si rebelle à la pitié, saisi dans les liens de son amour, blessé du même trait qui a transpercé son Cœur! » (Sermo III, De passione)
Source : Etudes sur le sacré-coeur de Jésus – Léon Dehon – 1922