C’est Notre Seigneur Jésus Christ lui-même qui nous le révèle dans son Évangile. Voici les trois passages célèbres où il établit saint Pierre comme le Chef de son Église, le Docteur infaillible de ses frères, et le Pasteur de son troupeau tout entier.
« Moi-même, je te le déclare, » lui dit-il un jour (au seizième chapitre de l’Évangile de saint Matthieu) : « Tu es Pierre, et sur cette pierre, je bâtirai mon Église ; et les puissances de l’enfer ne prévaudront point contre elle. Et c’est à toi que je donnerai les clefs du royaume des cieux ; et tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux ; et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux.«
Une autre fois, peu de jours avant sa Passion, il dit au même Simon-Pierre (au chapitre vingt-deuxième de saint Luc) :
« Simon, voici que le démon a demandé de vous cribler tous comme on crible le froment ; mais moi, j’ai prié pour toi, afin que ta foi ne puisse défaillir. Et toi, à ton tour, confirme tes frères.«
Enfin, après sa résurrection, au moment où il allait remonter au ciel, le Sauveur, entouré de ses Apôtres, s’adresse une dernière fois à Celui qui allait devenir son Vicaire et le Chef visible de son Église ; et il lui dit (au dernier chapitre de l’Évangile de saint Jean) :
« Sois le Pasteur de mes agneaux, de mes agneaux et de mes brebis.«
Ce sont les propres paroles du Fils de Dieu. Jadis, il m’a suffi de les montrer, de les lire et de les expliquer simplement à un jeune artiste protestant pour lui ouvrir les yeux et lui faire toucher du doigt cette grande et fondamentale vérité : l’Église catholique, qui seule a le Pape pour Chef spirituel, est la seule véritable Église de Jésus Christ. Abjurant ses erreurs, le digne jeune homme n’hésita point et se fit catholique.
Voyez en effet : Notre-Seigneur, dont la parole est souveraine et divine, déclare formellement à saint Pierre qu’il fait de lui la pierre fondamentale, la pierre unique sur laquelle il fera reposer tout l’édifice vivant de son Église, c’est-à-dire de la société de ses véritables disciples. Il n’a qu’une Église, il ne dit pas « mes Églises« , mais bien « mon Église« . Et quelle est cette Église, cette unique Église ? Il nous le dit aussi : c’est l’Église qui repose sur saint Pierre, sur l’autorité de saint Pierre, sur l’enseignement de saint Pierre, sur le gouvernement spirituel de saint Pierre, toujours vivant dans ses successeurs, les Évêques de Rome.
Et parce que son Église sera par lui fondée sur saint Pierre et que lui, le Fils de Dieu, enseignera, gouvernera et conduira toujours son Église par saint Pierre et avec saint Pierre, à cause de cela « les puissances de l’enfer » ne pourront jamais, quelles qu’elles soient, quoi qu’elles fassent, au dix-neuvième siècle comme au premier, comme aux autres, prévaloir contre elle, triompher d’elle, la détruire. La force de Pierre lui vient de Jésus Christ, et Jésus Christ, c’est le Fils de Dieu, c’est Dieu fait homme.
Jésus donne à son Vicaire, et à lui seul, « les clefs du Royaume des cieux« . Ici-bas, le royaume des cieux, c’est l’Église de Dieu ; au ciel, c’est le Paradis, où l’Église est chargée de nous conduire. Dans l’antiquité, les clefs étaient le symbole de la propriété, ou du moins de l’influence générale des palais ; et de nos jours encore, on offre aux Souverains les clefs des villes où ils font leur entrée solennelle. Les clefs de l’Église données par Notre Seigneur à saint Pierre sont le symbole de l’autorité suprême, confiée par le Fils de Dieu au Chef de son Église.
Il y a deux clefs : la clef qui ouvre et la clef qui ferme, la clef qui lie et celle qui délie. La clef qui « lie, » c’est le pouvoir de commander souverainement, d’enseigner, de définir, de juger sans appel : « Tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux. »
La clef qui « délie, » c’est le pouvoir, également souverain, de pardonner, de dégager les consciences, d’absoudre et de bénir. Pas plus que le pouvoir de lier, le pouvoir de délier n’admet de limites ni de restrictions :
« Tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » Le Pape, ou pour mieux dire Jésus-Christ, par le Pape et avec le Pape, est ainsi constitué, jusqu’à la fin du monde, le Souverain spirituel de toute la terre ; en ce qui touche, directement ou indirectement, à la gloire de Dieu et au salut des âmes, tout est soumis à sa divine et suprême autorité ; tout, sans exception : les peuples, les princes, les gouvernements, quels qu’ils soient, les lois, les constitutions et institutions publiques, les empires, les royaumes, les républiques, toutes les magistratures de ce monde, les sociétés, les familles, les individus ; tout, sans exception, est soumis au Vicaire de Dieu, comme à Dieu lui-même ; et il est chargé de faire régner partout Notre Seigneur, de signaler et de combattre partout ce qui est contraire à la loi de Dieu : de faire connaître et de faire fleurir, partout et malgré tout, ce qui est saint, ce qui est bon, ce qui est selon Dieu, ce qui conduit les âmes au bonheur éternel. Quiconque s’oppose ou résiste à ce ministère divin du Vicaire de Jésus Christ devient par là-même l’adversaire de Jésus Christ, l’ennemi de Dieu et des hommes.
Le Pape est chargé de « paître les brebis et les agneaux » de Jésus Christ, sur toute la surface de la terre, dans tous les siècles. Il est chargé de propager partout et de conserver partout la foi, c’est-à-dire la connaissance du seul vrai Dieu vivant, Jésus Christ, et de le faire aimer et servir par tous les hommes. « Sois le Pasteur de mes agneaux ; sois le Pasteur de mes brebis. »
Les « brebis » de Jésus Christ, ce sont les Évêques, successeurs des Apôtres (du moins en un sens) ; les « agneaux » de Jésus Christ, ce sont d’abord les prêtres, fils aînés et coopérateurs des Évêques, et ensuite, tous les fidèles, tous les baptisés, à commencer par les princes de ce monde et tous ceux qui, à un titre quelconque, se trouvent être dépositaires de l’autorité. Le Pape est, par décret divin, c’est-à-dire par la volonté directe de Dieu, leur « Pasteur » à tous et à chacun ; leur Pasteur, c’est-à-dire leur guide, dans les voies de la sainteté chrétienne et du salut éternel ; il est leur Docteur suprême et infaillible, le souverain Directeur spirituel de toutes les consciences, le Juge suprême de toutes les questions qui intéressent la vérité, le droit, la justice, la morale, et le bien spirituel des peuples et des particuliers, en un mot, de tout ce qui intéresse ici-bas le salut des âmes.
Pour l’honneur de son nom et pour le salut de son Église, Jésus Christ l’assiste si bien en tout ce qui concerne l’enseignement de la vraie doctrine et le gouvernement spirituel du monde, qu’il ne peut ni se tromper ni égarer les autres. C’est l’effet divin de la toute-puissante prière du Fils de Dieu, lorsqu’il était encore en ce monde : le démon va vous cribler tous ; mais « moi j’ai prié pour toi, » pour toi spécialement, parce qu’à toi seul je confierai le soin de toute mon Église. Et quelle est ma prière ? C’est que « ta foi ne puisse défaillir ; » ta foi comme Chef de l’Église, ta foi comme souverain Docteur de tous les Évêques, de tous les Prêtres, de tous les chrétiens, de toutes les sociétés, de tous les hommes. Confirme-les tous, en mon nom, par mon autorité infaillible, qui, par participation, devient la tienne. Je te confirme dans l’infaillibilité de la foi ; « à ton tour, confirme tes frères.«
Tels sont, cher lecteur, les oracles tombés des lèvres de Dieu lui-même. Telles sont les promesses qu’il a daigné faire, pour l’amour de nous et pour notre salut, à Celui qu’il constituait à tout jamais le Père de tous les chrétiens à venir, le Chef suprême de son Église, le Pasteur de tout son troupeau. N’ai-je pas raison de vous dire que l’autorité du Pape est l’autorité même de Jésus Christ ? Non quant à la personne, mais quant à l’autorité, quant à la dignité, le Pape c’est Jésus Christ continuant au milieu de nous son divin ministère de Père et de Pasteur des âmes, de Docteur, de Juge, de Consolateur et d’Ami. C’est Jésus Christ, et non point l’homme, qu’il faut toujours voir dans le Pape. À travers l’homme, il faut toujours remonter jusqu’à Jésus Christ. De quel saint amour ne devons-nous donc pas aimer le Pape ?
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Un jour, dans la campagne de Rome, je questionnais sur son catéchisme un pauvre petit pâtre, de treize ou quatorze ans, qui me servait de guide au milieu des merveilleuses montagnes du Latium. L’enfant était tout déguenillé ; il ne savait peut-être ni lire ni écrire ; mais ce qu’il savait, et avec une précision qui me ravissait, c’était tout ce qui concernait la Religion, c’est-à-dire l’unique nécessaire de l’homme ici-bas.
Après plusieurs questions, auxquelles le petit Romain avait très bien répondu, j’eus l’idée de l’interroger sur le Pape. « Dis-moi un peu, mon enfant, » lui dis-je, « qu’est-ce que le Pape ? » À cette parole, l’enfant s’arrête, se découvre et me regardant avec une sorte de fierté et de religieux respect, il répond : « Le Pape, c’est Jésus Christ sur terre.«
Oh ! la belle réponse ! Dans son énergique simplicité, elle résumait toute la doctrine sur l’autorité suprême et infaillible du Vicaire de Jésus Christ. Oui, le Pape, c’est Jésus Christ sur terre.
Source : L’enfer – Mgr de Ségur – 1893
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