Découvrez la richesse de l’enseignement des pensées du Roi Saint Louis donné à ses enfants afin qu’ils soient droit, juste et pieux comme lui et à l’image de Dieu.
Enseignement à son fils
Cher fils, je t’enseigne premièrement que tu aimes Dieu de tout ton cœur et de tout ton pouvoir, car sans ce ne peut nul valoir nulle chose.
Tu te dois garder de tout ton pouvoir de toutes choses que tu croiras qui lui doivent déplaire ; et spécialement tu dois avoir volonté que tu ne ferais pour nulle chose du monde péché mortel…
Si Notre- Seigneur t’envoie quelque persécution ou maladie ou autre chose, tu le dois souffrir de bonne volonté et lui dois rendre grâce et lui en savoir bon gré ; car tu dois penser qu’il le fait pour ton bien ; et aussi dois-tu penser que tu Tas bien mérité, et ce, et plus, s’il voulait, parce que tu l’as peu aimé et peu servi, et as fait beaucoup de choses contraires à sa volonté.
Et si Notre-Seigneur t’envoie quelque prospérité tu lui en dois rendre grâce humblement, et dois prendre garde que tu n’empires pas de ce, ni par orgueil, ni par autre vice ; car c’est très grand péché que guerroyer contre Notre-Seigneur pour ses dons mêmes (1).
Cher fils, je t’enseigne que tu t’accoutumes à te confesser souvent, et que tu élises toujours tels confesseurs qui soient de sainte vie et de suffisante science, par lesquels tu sois enseigné dans les choses que tu dois éviter et que tu dois faire; et aie en toi telle manière que tes confesseurs et autres amis t’osent enseigner et répondre hardiment…
Cher fils, aie le cœur débonnaire vers les pauvres, et vers tous ceux que tu croiras qui aient mésaise de cœur et de corps ; et selon ce que tu auras de pouvoir secours-les volontiers, ou de confort ou de quelque aumône. Et si tu as quelque tribulation de cœur qui soit telle que tu la puisses et doives dire, dis-la à ton confesseur ou à autre que tu croies qui soit loyal et que tu saches qu’il te gardera bien le secret : et tu porteras alors plus en paix ta tribulation.
Cher fils, aie avec toi compagnie de bonnes gens, ou de religieux ou de séculiers, et évite la compagnie des mauvais, et aie volontiers avec les bons, bons entretiens, et écoute volontiers parler de Dieu en sermon et privément et procure-toi volontiers par dons (2).
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Aime le bien en autrui et hais le mal. Ne souffre pas que l’on dise devant toi paroles qui puissent tirer les gens à péché. N’écoute pas volontiers dire du mal d’autrui…
Cher fils, s’il advient que tu viennes à régner, pourvois que tu aies ce qui à roi appartient; c’est-à-dire que tu sois si juste que tu ne déclines ni ne dévoies de justice pour nulle chose qui puisse avenir. S’il avient que quelque querelle qui soit mue entre riche et pauvre vienne devant toi, soutiens plus le pauvre que le riche (3), et quand tu entendras la vérité, ainsi fais-leur droit.
Et s’il avient que tu aies querelle contre autrui, soutiens la querelle de l’étranger devant ton conseil, ni ne montre pas que tu aimes fortement ta querelle (4), jusqu’à tant que tu connaisses la vérité, car ceux de ton conseil pourraient être craintifs de parler contre toi, et ce ne dois-tu pas vouloir.
Et si tu entends que tu tiennes quelque chose à tort ou de ton temps ou du temps de tes prédécesseurs, fais-le tantôt rendre combien que la chose soit grande, ou en terre, ou en deniers, ou en autre chose…
Cher fils, je t’enseigne que tu aimes ta mère et l’honores, et que tu retiennes volontiers ses bons enseignements et fasses(5), et sois enclin à croire son bon conseil.
Aime tes frères et leur veuille toujours bien et aime leur prospérité et tiens leur lieu de père à les enseigner en tout bien ; mais garde pour amour que tu aies envers aucun, que tu ne te dévoies de faire droit, ni ne fais aux autres chose que tu ne doives…
Cher fils, je t’enseigne que tu te gardes à ton pouvoir, que tu n’aies guerre avec nul chrétien ; et s’ils te faisaient quelques injures essaie plusieurs voies, à savoir si tu pourras trouver quelques bonnes voies, par lesquelles tu puisses recouvrer ton droit sans que tu fisses guerre, et aie intention telle que ce soit pour éviter les péchés qui sont faits en guerre.
Et s’il avenait qu’il te fallût faire guerre… commande diligemment que les pauvres gens, qui n’ont point coopéré au forfait, soient gardés, que dommage ne leur vienne ni par brûler leurs biens, ni par autre manière, car il appartient mieux à toi que tu contraignes le malfaiteur en prenant ses choses ou ses villes ou ses châteaux par force de siège, que si tu dégâtais les biens des pauvres gens.
Et pourvois qu’avant que tu meuves guerre, tu aies eu bon conseil que la cause soit bien raisonnable, et que tu aies bien admonesté le malfaiteur, et que tu aies attendu autant que tu devras…
Cher fils, pourvois que tu aies bons prévôts et bons baillis en ta terre, et fais souvent pourvoir qu’ils fassent bien justice, et qu’ils ne fassent injure à personne, ni nulle chose qu’ils ne doivent ; et fais aussi pourvoir de ceux mêmes de ton hôtel, qu’ils ne fassent chose qu’ils ne doivent ; que bien que ta doives haïr tout mal en autrui, tu dois plus haïr le mal de ceux qui ont pouvoir de toi…
Cher fils, donne volontiers pouvoir aux gens de bonne volonté et qui en sachent user, et pense par grande diligence que péchés soient ôtés de ta terre… et fais cesser le jeu des dés, et péché de corps, et les tavernes…
Cher fils, je t’enseigne que tu mettes grande entente à ce que les deniers que tu dépenseras, soient dépensés en bons usages et qu’ils soient justement reçus , et c’est un sens que je voudrais beaucoup que tu eusses, c’est-à- dire que tu te gardasses de folles dépenses et de mauvaises recettes, et que tes deniers fussent bien dépensés, et bien reçus (6)…
Et en la fin, très doux fils, que tu fasses messes chanter pour mon âme et oraison dire par tout mon royaume… Beau cher fils, je te dois toutes les bénédictions qu’un bon père peut donner à son fils. Et la benoîte Trinité et tous les saints te gardent et défendent de tous maux; et Dieu te donne grâce de faire sa volonté toujours, qu’il soit honoré par toi afin que nous puissions, après cette mortelle vie, être ensemble avec lui et le louer sans fin (7)…
Instruction à sa fille
Chère fille, obéissez humblement à votre mari, et à votre père, et à votre mère, dans les choses qui sont selon Dieu : vous devez faire à chacun ce qui à lui appartient pour l’amour que vous devez avoir à eux; et encore leur devez-vous mieux faire pour l’amour de Notre-Seigneur, qui a ce ainsi ordonné; mais contre Dieu vous ne devez à nul obéir.
Chère fille, mettez si grande entente que vous soyez si parfaite en tout bien, que ceux qui vous verront et entendront parler de vous y puissent prendre un bon exemple. Il me semble que ce serait bon que vous n’eussiez pas trop grand surcroît de robes ensemble et de joyaux selon l’état où vous êtes; plutôt m’est avis que meilleure chose est que vous en fassiez vos aumônes, au moins de ce qui serait trop; et m’est avis que ce serait bon que vous ne missiez pas trop grand temps, ni trop grande étude à vous parer et atourner ; et gardez bien que vous ne fassiez excès en votre ornement; plutôt soyez plus encline au moins qu’au plus.
Je vous commande que nul ne voie cet écrit sans mon congé, excepté votre frère (8).
(1) « Car l’on ne doit pas Dieu de ses dons guerroyer » (Joinville). L’expression « guerroyer Dieu », si belle et si forte, s’est perdue.
(2) : Indulgences
(3) Jusqu’à tant que la vérité éclate (Joinville).
(4) Ta cause.
(5) Les mette en pratique.
(6) Ici finit le texte d’après Geoffroy de Beaulieu publié par J.-A. Faure, Histoire de saint Louis, Paris, 1865.
(7)La fin de ces Instructions ou plutôt Enseignements à Philippe III est empruntée au texte de Joinville
(8) D’après le texte publié par J.-A. Faure, Histoire de saint Louis,
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