Saint François désignait pour aller prêcher l’Evangile aux infidèles du Maroc, les frères Saint Bérard, Pierre, Othon…
Frères lais, premiers martyrs de l’ordre séraphique 1220
Dieu ayant fait connaître à saint François la mission de son Ordre, celui-ci l’annonça ainsi au Cardinal Hugolin :
« Je vous le dis en vérité, Dieu a envoyé et choisi les Frères-Mineurs pour le bien et le salut de tous les hommes et de tous les peuples du monde ; ils iront non-seulement dans les nations chrétiennes, mais chez les infidèles et chez les païens : ils y seront bien reçus et gagneront à Dieu un grand nombre d’âmes. »
Or, peu de temps après, saint François désignait pour aller prêcher l’Evangile aux infidèles du Maroc, les frères Bérard, Pierre, Othon, prêtres, Adjut et Accurse, frères lais.
Les missionnaires partirent donc, à pied comme les apôtres, sans provisions de route, traversèrent l’Espagne et se rendirent à Séville, alors capitale des rois Maures.
Là ils prêchent Jésus Crucifié devant le peuple rassemblé. Insultés et chassés, ils se présentent devant le roi lui-même, dont ni les promesses ni les menaces ne peuvent leur imposer silence.
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Alors, le roi les expulse de ses Etats et les fait embarquer pour le Maroc ; cette sentence remplissait les desseins de la divine Providence qui leur avait assigné cette mission. Dès leur arrivée à Maroc, capitale de cet empire, les saints missionnaires, malgré leur extrême fatigue, commencent à annoncer au peuple la foi de Jésus-Christ, parlant avec véhémence contre le faux prophète Mahomet.
Le roi Musulman, Miramolin, les fait chasser de la ville : ils y reviennent. Irrité de leur zèle, le roi les fait jeter en prison : ils y passent vingt jours, sans aucune nourriture, miraculeusement sustentés par le bon Dieu. Mais le Seigneur ayant envoyé une grande sécheresse et des maladies de tous genres dans le pays, le peuple crut y voir vengeance du ciel, et réclama la mise en liberté des missionnaires.
Le roi y consent et les fait conduire en Portugal, mais durant le voyage, les frères trompent la vigilance de leurs gardes
et reviennent à Maroc. A leur arrivée dans cette ville, les saints apôtres avaient été reçus par Dom Pedro, Infant du Portugal, qui s’y était retiré à la suite d’un différend avec son frère, le roi du Portugal.
Ce prince, craignant que le trop grand zèle des missionnaires n’occasionnât quelque persécution contre les chrétiens du pays, les engagea à le suivre dans une expédition dirigée contre les ennemis du Maroc.
Les frères inspirés par Dieu y consentent. Or, comme on traversait un désert aride et qu’il n’y avait pas d’eau, les soldats se mouraient de soif Les religieux, pleins de confiance en la miséricorde divine, promettent de l’eau à tous les soldats s’ils veulent se convertir à la foi chrétienne.
Alors, Bérard se met en prière avec ses frères, puis creuse le sol aride et il en jaillit une source abondante qui se tarit dès que l’armée se fut désaltérée. Tous furent dans l’admiration, et les saints missionnaires puisèrent dans ce prodige une grande confiance en Dieu. Mais le roi Maure n’en conçut que plus de haine contre eux, et résolut de profiter de la première occasion pour se venger.
Elle se présenta bientôt, car les frères continuaient à prêcher la foi de Jésus Christ un vendredi donc qu’ils parlaient au peuple assemblé, Miramolin les fit arrêter et jeter en prison. Leur martyre allait commencer.
A plusieurs reprises, ils sont flagellés jusqu’à ce que leurs entrailles soient mises à nu ; on les roule sur des morceaux de verre et des têts de pots cassés, on verse sur leurs plaies du vinaigre et de l’huile bouillante : au milieu de tous ces tourments, les saints martyrs bénissent le Seigneur qui les a jugés dignes de souffrir pour l’honneur de son nom.
Le lendemain, le prince infidèle les fait appeler en sa présence, espérant les séduire par l’appât des plaisirs, des richesses et des honneurs ; mais, se voyant vaincu par le courage et la fermeté des saints confesseurs, ce roi barbare entre en fureur, saisit son cimeterre et leur fend la tête. Depuis ce premier et glorieux sacrifice, l’Ordre de Saint François n’a plus cessé de donner à l’Eglise des apôtres et des martyrs.
Les corps des bienheureux martyrs du Maroc, glorifiés par de nombreux prodiges, furent transportés en Portugal et déposés dans l’église du monastère de Sainte-Croix, à Coïmbre. Or, parmi les chanoines réguliers de Sainte-Croix se trouvait alors un jeune religieux, dont le cœur fut tout embrasé par l’exemple de ces généreux martyrs, peu après, il revêtait l’habit de Saint François, et prenait le nom d’Antoine ; ce sera le glorieux Thaumaturge, Saint Antoine de Padoue.
Cette belle mission du Maroc, qui a donné d’autres saints martyrs à l’Ordre Séraphique, est encore aujourd’hui desservie par les Franciscains.