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Les protestants se sont fondés sur le sang d’innocents

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Combien de fois, nous pouvons lire sur le forum 18-25, twitter, facebook, les protestants dirent que les méchants Catholiques ont commis un génocide sur les gentils protestants. Ils oublient un peu trop rapidement l’histoire, la vraie, pas l’artificielle inventée de toute pièce. Le protestantisme, s’est fondé sur le sang d’innocent Catholique, par la force, par la persécution, l’humiliation, le vice, l’orgueil, par le rejet du beau et de Dieu. Le protestantisme est le fils des révolutions en France, fils du père du mensonge. Paix sur vous néanmoins les protestix.

Il faut, avant tout, bien connaître la Réforme et la manière dont elle s’établit au sein des nations catholiques. Il n’y a pas de sujet historique plus dénaturé par les déclarations humanitaires.

L’esprit le moins prévenu a peine à déblayer l’amas de préjugés qu’elles ont soulevé, et ce n’est que par un effort considérable qu’on peut pénétrer jusqu’à la vérité sous les couches successives de mensonges dont les écrivains protestants et philosophes se sont exercés à la couvrir.

C’est ainsi que la plupart des historiens modernes affirment comme une vérité banale, que les doctrines des novateurs sont une protestation de l’intelligence humaine contre le joug que l’Église lui avait jusqu’alors imposé.

Il semble, dans le tableau de fantaisie qu’on fait généralement de cette époque critique, que l’Europe puisse être représentée comme un esclave immortel, meurtri par des chaînes plusieurs fois séculaires, et qui, s’éveillant, par un bonheur providentiel, à la conscience de sa force en même temps qu’au sentiment de sa misère, brise avec colère et mépris les fers dont on l’a chargé.

Pour nous, les documents contemporains ne nous ont révélé rien de semblable. Aucun trait de cette peinture imaginaire n’a même un prétexte dans l’état des peuples que Luther et Calvin entraînèrent en partie hors des voies de la civilisation traditionnelle.

Il serait grave, en effet, que les générations élevées par l’Église, nourries de son enseignement et disciplinées par dix siècles de christianisme pratique, eussent eu le cœur assez gâté pour être saisies de l’immense haine qu’on leur suppose contre l’autorité, et l’esprit assez énervé pour s’engouer à première vue de celte théorie de la libre pensée, qui ne saurait être la marotte que des âges vieillis et abêtis par les sophistes.

Mais, pour l’honneur de l’homme et de la vérité, cette effrayante anomalie ne s’est pas produite. Sans doute les débauches de grec, auxquelles le quinzième siècle s’était livré, avaient altéré la santé intellectuelle des lettrés.

L’admirable tempérament que les études théologiques, à la fois fortes et élevées, sublimes et précises, avaient donné à la raison générale, s’était un peu affaibli chez les plus cultivés sons l’influence de ces orgies de philosophie païenne qui livrèrent les érudits aux séductions du panthéisme.

Mais, sans nier le mal causé par les tendances anti-chrétiennes de la renaissance et l’appoint qu’elles apportèrent aux partisans des innovations, il faut reconnaître que, lorsque Luther parut, elles n’avaient pu encore neutraliser la vie catholique en Europe.

Les prétendus réformateurs se trouvèrent en face de populations attachées à leur foi, qui, loin de secouer leurs croyances comme un joug, n’en furent éloignées d’abord qu’à l’aide de tromperies de toute nature, et finalement par l’argument du glaive temporel.

Il est certain toutefois que la Réforme fut favorisée à ses début par un mouvement d’opinion qu’il importe de préciser. Ce mot de réforme était populaire parmi les catholiques, mais il signifiait seulement l’amélioration des mœurs et la cessation des scandales, qui se multipliaient trop et avec trop d’éclat au sein de l’épiscopat et parmi les dignitaires ecclésiastiques.

Un trop grand nombre d’entre eux préludaient à ces apostasies qui épouvantèrent la conscience chrétienne en Angleterre, en Réarn, et dans d’autres provinces de l’Église, par des mœurs éhontées et propres à pervertir les fidèles. La liberté de la chaire tonnait contre ces désordres, et Florimond de Rémond rapporte qu’un cordelier nommé frère Thomas, de très-religieuse vie, parcourut l’Europe, dans les années qui précédèrent l’explosion de Luther, en vitupérant le libertinage des prélats, et en prédisant les malheurs par lesquels l’Église l’expierait devant Dieu.

Mais si ces douloureux spectacles inspiraient aux fidèles le désir d’une réformation de ces difformités morales, opérée par le saint-siége seul ou par le pape et un concile réunissant leur action, ils n’entamaient pas la foi rationnelle de ces temps. En quoi les égarements des hommes, même des hommes consacrés aux autels, peuvent-ils logiquement démentir la vérité de Dieu?

D’ailleurs, la perpétuelle évocation d’une chrétienté primitive, souverainement pure et parfaite, que les hérétiques inventaient pour frapper les imaginations, ne pouvait influencer profondément des générations aussi instruites de l’histoire de l’Église que n’étaient les contemporains. Les vices de l’humanité ont toujours été à peu près les mêmes; l’âge d’or du christianisme est aussi fabuleux que celui des poètes.

Le libre arbitre de l’homme et sa nature inclinée au mal par le péché d’origine n’ont jamais cessé de produire des désordres et des crimes. C’est avec infiniment de bon sens que le cardinal Pallavicino, répondant à Soave relativement à ce fantôme de l’âge évangélique, exprime une vérité bien connue des catholiques du seizième siècle, mais qu’il nous semble utile de rapporter ici :

« Soave pourrait peut-être persuadé à de vieilles femmes son rêve de concorde inaltérable et d’exquise sainteté chez les premiers fidèles, mais non à ceux qui savent assez de latin pour entendre la messe. Les Épîtres de saint Paul se plaignent hautement des énormités, et entre autres, des schismes et des révoltes, qui étaient éclairés par cette aurore du christianisme. Dieu en a voulu laisser le témoignage certain dans les Écritures qu’il a dictées, afin que les censeurs de leur propre siècle et les thuriféraires du temps passé n’eussent occasion de croire qu’une Église, composée de membres aussi défectueux que ceux du corps catholique que nous voyons, ne pouvait pas être la véritable épouse du Christ. Et si c’est vrai de la primitive Église, que dirons-nous des siècles suivants jusqu’à celui de saint Cyprien qui, selon Soave, nous représente, comme durant encore de son vivant, cette juridiction indivise des évêques (thèse soutenue par Sarpi et presque tous les hérésiarques contemporains) Est-ce que saint Cyprien lui-même, dans l’opuscule excellent qu’on allègue, ne gémit pas sur les déplorables divisions de ceux qui dirigeaient l’Église ? Est-ce que les annales ecclésiastiques ne sont pas pleines des scandaleuses discordes qui divisaient jusqu’à ces courageux confesseurs du Christ au fond des cachots où ils attendaient de jour en jour le martyre ? »


Aussi, quand on avance que les scandales ecclésiastiques, qui n’imprimaient d’ailleurs leur tache qu’à la minorité des membres du clergé, facilitèrent les prédications des réformateurs, il est nécessaire d’ajouter que ces scandales ne leur prêtèrent cependant qu’un appui indirect. Il est faux qu’ils eussent ébranlé la croyance de l’Église prise en masse, et qu’ils eussent inspiré aux peuples la soif du changement de leurs anciens dogmes.

Seulement, ils suscitèrent le blâme énergique de la parole orthodoxe, qui habitua les oreilles populaires au nom de la réforme en la faisant souhaiter connue un bien ; et quand les premiers prêcheurs de l’hérésie se présentèrent avec ce mot à la bouche, les peuples purent s’imaginer qu’il ne s’agissait point de renier la religion de leurs pères, mais seulement de chercher la purification des mœurs.

Ainsi, écartons comme une pure fantasmagorie à reléguer parmi les inventions des historiens du progrès, l’image de l’homme moderne arrachant de ses mains les entraves dont la religion l’avait enchaîné, et respirant à pleins poumons dans l’atmosphère épurée par les procédés de Luther et de Calvin.

Au seizième siècle, l’humanité aime « sainte mère Église. » C’est le nom qu’elle lui donne comme à celle qui l’a enfantée à la civilisation du temps et allaitée pour l’éternité. Elle est trop docile aux leçons de la foi et trop imprégnée de la vie surnaturelle qui découle des sacrements, pour se laisser emprisonner dans le cercle vicieux de la libre pensée.

Les réformateurs sont eux-mêmes trop de leur temps pour lui présenter une aussi creuse chimère. C’est au nom de la foi qu’ils lui parlent et qu’ils le tentent. Ils ne lui proposent pas de changer de religion, mais bien de dégager la religion des scories qui en souillent la pureté.

La stratégie protestante

Au commencement, ils restent catholiques, même de nom. Pendant toute leur carrière, leurs allures sont celles de l’autorité ; leur prétention est de régénérer l’Église, et non de disperser un troupeau errant de philosophes attachés à différentes négations. De liberté, à peine un mot, si ce n’est avec Luther, dans la première ivresse de la révolte, mais rien qui ressemble à cette liberté du doute et du néant préconisée par les révolutionnaires de nos jours. Aussi peut-on résumer toute l’histoire du protestantisme dans deux formules très-certaines, qui dégagent les masses populaires, au seizième siècle, de toute complicité raisonnée dans l’émancipation prétendue dont la confession d’Augsbourg a été l’acte juridique : dans sa première période très-vite fermée, la Réforme attire la foule, parce qu’elle y croit voir le catholicisme délivré de certains abus, une épuration et non une destruction de l’Église.

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Dans sa seconde période, lorsqu’il est évident que la tradition ecclésiastique est répudiée par les prédicants et qu’ils veulent apostasier la croyance des ancêtres, les peuples reculent effrayés, et ne sont maintenus que par la violence sous l’oppression des reformés. Partout où les souverains l’établissent, dans le sang d’abord, puis dans les lois, il se maintient, comme en Angleterre, en Suède, en Béarn, dans la plus grande partie de l’Allemagne. Partout où les souverains demeurent indécis, comme en France, tantôt favorables, tantôt hostiles, l’hérésie, malgré des luttes acharnées, ne peut asseoir sa domination.

Enfin, quand les rois l’abandonnent, leurs peuples l’abandonnent aussi, comme en Angleterre sous Marie Tudor; en Béarn, sous Henri IV converti. Les églises pillées, les hosties profanées, les saintes images brisées, les prêtres massacrés, ces détestables sacrilèges ont été l’ouvrage de ces brutes sanguinaires, que toutes les révolutions font surgir de la boue et qui exécutent dans l’infamie les hautes œuvres d’expiation de la Providence.

Mais le vrai peuple n’a été éloigné de sa foi que par la perfidie. Il n’en a été détaché que par le glaive du bourreau et la sanction de la loi. C’est ce qu’il sera facile d’indiquer, même dans ce résumé à grands traits des conditions réelles de la victoire du protestantisme.

Mais quelques mots d’explication auparavant sur le premier élan de Luther, qui trompe l’observateur inattentif sur les suites du mouvement réformé. On peut considérer les premiers pas de Luther dans les domaines de l’hérésie comme d’aventureuses équipées. Il ne sait ni ce qu’il veut ni où il va. En proie aux convoitises des sens bien plus qu’à l’orgueil de l’esprit, il marche au souffle violent, mais incertain, des mauvais désirs. Surpris et enivré de l’écho qu’éveille sa parole, il commence à entrevoir une ère de gloire et d’assouvissement, et pour s’y ouvrir un chemin plus large, il élève sa popularité sur la flatterie des instincts de domination et de révolte, de suprématie et d’égalité, qui vivent dans le cœur des hommes, perpétuellement contradictoires et perpétuellement puissants. Mais ce n’est là que le prélude du combat, et pour ainsi dire le retentissement de la trompette qui sonne la charge. Encore faut-il remarquer que, dans les plus grands excès de sa prédication révolutionnaire, Luther n’invoque pas ce non-sens du libre examen, tel que nous affectons d’en être amoureux aujourd’hui. C’est dans l’inspiration de l’Esprit-Saint qu’il trouve les titres à la fois de la souveraineté et de l’égalité des hommes. Mais lorsque les anathèmes de la papauté et ses propres succès eurent consommé son exclusion de l’Église, il ne tarde pas à marcher résolument à une autocratie qui ne se laisse pas discuter.

Il affirme toujours ce que nos théosophes contemporains ont nommé par euphémisme la réhabilitation de la chair. On l’entend alors s’écrier, avec la brutalité de langage qui lui était habituelle qu’il ne peut pas plus se passer de femmes que de vin. Mais une fois cet appât tendu aux appétits, il ne songe plus qu’à organiser une Église fondée sur sa doctrine. On connaît ses disputes contre les autres sectaires et l’anathème qu’il lança contre la version de la Bible par Zwingle.

Découragé de voir, malgré ses condamnations, pulluler les nuances religieuses au sein de la Reforme, il s’écriait :

« C’est grand cas, je ne ferme jamais une bouche au diable, qu’il n’en ouvre dix »

C’est à partir de ce moment qu’il a vraiment des sectateurs, l’anarchie n’ayant que des sicaires. Mais ces sectateurs, qu’on ne s’y trompe pas, sauf les meneurs et quelques énergumènes, c’est au nom du catholicisme qu’ils sont dévoyés. C’est en conservant d’abord la messe, l’épiscopat, la plupart des sacrements, et même, dans le cœur des plus pieux, l’espoir d’une réunion avec le pape. Et malgré tous ces semblants d’unité essentielle, tous ces adoucissements à la séparation trop profonde et trop vraie, le fer et le feu purent seuls arracher du cœur des peuples la foi romaine. La législation des princes, vendus aux novateurs en échange d’une part des biens ecclésiastiques.

Si Luther, emporté par la fougue de sa nature, homme de plaisir et de table, grand buveur, mobile comme les orateurs et dominé par son imagination, a eu quelques accents, qui ont pu faire illusion sur la vertu d’autorité infaillible qu’il prétendait donner à sa parole, Calvin, le véritable organisateur du protestantisme, en tant que le protestantisme pouvait être organisé, Calvin n’a pas varié un instant dans ses prétentions de chef d’Église et de pape réformateur.

Le protestantisme, père des révolutions Française.

Sans doute le protestantisme est anarchique par excellence. Il a détruit toute véritable autorité religieuse, parce qu’il a rompu la tradition qui la rattache par la chaîne du sacerdoce à Jésus-Christ lui-même. Il est par conséquent la source de toutes les révolutions européennes, depuis le seizième siècle et sera la cause la plus profonde des révolutions à venir.

Il est la révolution elle-même dans son expression la plus dangereuse. Mais, encore une fois, ces vérités ne contredisent pas une autre vérité de fait : c’est qu’il est absurde de représenter les pères de la Réforme comme des libérateurs et les populations qu’ils ont séduites comme des forçats échappant avec transport aux galères de l’Église.

Quoiqu’animé d’une haine plus noire et plus implacable contre le catholicisme que Luther, Calvin n’affecta pas moins ce caractère de régénérateur et non de destructeur que les prédicants à leurs débuts tenaient essentiellement à revêtir.

En novembre 1557, il écrit au roi de France en ces termes :

« Nous avons icy couché avec simplicité une briefve confession de la foy que nous tenons, laquelle nous espérons que vous trouverez accordante avec l’Église catholique »

Plus tard, partout ou le gouvernement fut sous sa main, il ne songea plus qu’à noyer dans le sang les abominations de la messe et les idolâtries papistes, mais partout en vertu du droit qu’il disait tenir de Dieu, et en s’en référant aux obligations du pouvoir temporel envers l’Église,

« C’est bien pour le moins, écrit-il, que les seigneurs à qui Dieu a donné le glaive et authorité ne permettent point qu’on blasphème en leur ville contre la foy en laquelle ils sont enseignés. »

Il établit à Genève une contrefaçon de théocratie tyrannique et tracassière, qui montra bien quel était ce briseur des fers de l’esprit humain. Non-seulement il brûlait les malheureux assez hardis pour soutenir des doctrines opposées à la sienne, et il confisquait les biens de ceux qui lui avaient échappé par l’exil, mais il punissait de la prison les femmes qui laissaient passer immodestement leurs cheveux sous leurs coiffes et défendait de porter « des chausses découpées, parce que nous voyons que par les fenestres de ces chausses on voulait introduire toutes sortes de dissolutions »

Il s’instituait en outre suprême législateur du mariage. Le marquis de Vico, Galéas Caraccioli , ayant apostasié la religion catholique, vint se fixer à Genève en 1551. Il ne put décider sa femme, fille du duc de Nucera, à le suivre dans la cité calviniste. Il se maria une seconde fois sans s’inquiéter de son premier lien, et Calvin approuva cette bigamie.

En un mot, mêlant, comme nos terroristes, le grotesque à l’effrayant, Calvin, loin d’être un apôtre de liberté, prêcha et appliqua les conséquences extrêmes du principe d’autorité, Il fallait une main de fer pour maintenir dans les rangs de l’Église nouvelle tous ces malheureux habitués à la liberté réglée, mais vivante et humaine, de l’Église ancienne.

La force seule pouvait les enlever à ces habitudes d’adoration privée, et pour ainsi dire de conversation familière avec l’Homme-Dieu, qu’on leur avait appris à voir toujours présent au milieu d’eux. La correspondance française de Calvin, dont j’ai déjà cité plusieurs endroits, fournit un témoignage bizarre de l’état des esprits, même parmi les réformés les plus ardents, mais qui confirme ce qui vient d’être dit sur leur attachement au culte qu’on leur faisait répudier.

Renée de France, duchesse de Ferrar, très-entêtée des idées calvinistes, et sur la complicité de laquelle le réformateur comptait pour introduire ses erreurs en Italie, se faisait dire la messe tous les matins par un moine apostat. Tant le chaos avait été fait dans l’intelligence de ces pauvres disciples du pur Évangile, et tant il était vrai, suivant l’aveu de Calvin lui-même, « que les superstitions de l’Ante-Christ ayant pris racine de si longtemps ne se pouvoient aisement oster des cœurs. »

Il serait impossible de consigner ici, même en les résumant, tous les témoignages authentiques de l’hypocrisie avec laquelle les réformateurs se ménagèrent d’abord des demi-succès auprès des populations catholiques, en feignant de ne pas vouloir rompre avec l’antique Église, puis de la fureur avec laquelle ils détruisirent jusqu’aux derniers vestiges de son culte lorsqu’ils purent disposer du bras séculier.

Ils étaient si habiles à jeter dans l’illusion leurs premiers partisans, qu’on sait que ce fut un évêque, Guillaume Briçonnet, qui introduisit les luthériens dans sa ville de Meaux, en 1526, et favorisa leurs doctrines naissantes, quoi qu’il n’eût jamais formé le dessein de mentir aux serments de son sacre, et qu’il se soit amèrement repenti d’avoir penché du côté des nouveautés.

D’autres prélats ne craignirent pas de se servir de leur pouvoir épiscopal pour égarer le troupeau qui leur avait été confié. Roussel, abbé de Clérac, le maître de Calvin, se fit nommer au siège d’Oloron (1537) par Marguerite de Navarre, femme d’Henri H d’Albret, et prêcha la réforme, milre en tète et crosse en main. Calvin tenait à établir un vaste presbytérianisme dont il voulait être le chef. Trop essentiellement despote pour n’avoir pas en horreur l’éclat et les privilèges du caractère épiscopal, il rêvait de faire des Églises protestantes une sorte de démocratie religieuse couronnée par sa dictature.

Il condamna donc la comédie sacrilège de Roussel et écrivit, pour le blâmer, son pamphlet contre les Nicomédites. Les peuples, éclairés sur le manège de ce pasteur intrus, le chassèrent violemment de sa cathédrale, et il mourut peu de temps après des suites de la peur qu’il avait éprouvée.

Jeanne d’Albret

M. Bonnet, un apôtre de la tolérance, dans une note de son édition des Lettres françaises de Calvin écrit ces lignes :

« Docile aux conseils de Calvin, et sans se laisser effrayer par les anathèmes de Rome ni par les menaces de l’Espagne, Jeanne d’Albret avait courageusement entrepris l’œuvre de la Réforme dans ses États. Elle abolit le culte des images, interdit les processions publiques et transforma les églises en temples protestants.

Une révolution si profonde ne pouvait s’accomplir sans de grandes difficultés. Le génie de la reine en triompha heureusement.
»

Chaque mot de ce placide éloge rappelle, à qui connaît l’histoire du Béarn, des milliers de victimes, des massacres atroces, une première édition protestante de la Saint-Barthélemy, les spoliations les plus éhontées et le code le plus tyrannique que le despotisme n’ait jamais inventé.

Il paraît que la tolérance permet de vouer à l’exécration les princes qui, comme Philippe II, en ont appelé à la force pour préserver la religion nationale des attaques du dehors et des prêches de l’hérésie, mais qu’elle ne voit que du courage et un génie heureux chez les souverains qui, comme Jeanne d’Albret et son odieux modèle, Élisabeth d’Angleterre, changent violemment la religion de leurs peuples pour l’accommoder à leurs croyances de fantaisie.

Tant qu’Antoine de Bourbon vécut, quoiqu’il fût lui-même enclin aux doctrines réformées et qu’il les favorisât dans sa principauté de Béarn, Jeanne d’Albret, conservant dans ses paroles une dissimulation démentie par ses actes, protesta de sa dépendance du siège de Rome.

Elle préparait pourtant les voies au triomphe de la Réformation en excitant les prêtres au mariage, en laissant leurs bénéfices aux apostats, et en imposant au clergé fidèle de ses États un subside de 15,000 livres tournois pour l’entretien des ministres du saint Évangile.

Mais lorsqu’une blessure, reçue au siège de Rouen, eut mis fin aux jours de son époux, le 17 novembre 1562, Jeanne jeta le masque, en participant à la cène calviniste dans la ville de Navarreins, où lui parvint la nouvelle de la mort d’Antoine.

À partir de ce moment, elle ne s’arrêta plus dans la persécution. Elle asservit les évêques béarnais, notamment celui de Lescars, à la tyrannie qu’elle étendit sur les consciences et obtint de leur lâcheté un concours qui ne fut récompensé que par leur spoliation finale. Les cathédrales sont saccagées et les chapitres forcés d’y recevoir des prédicants hérétiques.

Les moines sont chassés de leurs couvents, et, à la place des Dominicains d’Orthez, s’établit un collège calviniste. Sur les réclamations énergiques des états de Béarn, la reine publia, en 1563, un édit de liberté de conscience, qui fut dérisoire pour les catholiques, puisqu’il ne leur permettait l’exercice de leur culte, dans leurs temples dévastés, qu’à la condition de n’y réparer aucun des dégâts commis.

Pendant le voyage de Charles IX et de Catherine de Médicis à Bayonne, la cour fut tellement épouvantée du spectacle de désolation que leur offrirent les pays livrés à la furie des protestants, que son influence obtint de Jeanne d’Albret la restauration du catholicisme à Nérac. Mais ce fut tout et la concession ne fut pas de longue durée, car la reine de Navarre abolit le culte romain dans ses États par son édit de 1569.

Cependant, les représentants du pays protestaient contre cette législation arbitraire et la basse Navarre, révoltée sous la conduite de Charles de Luxe, obtenait, grâce à la médiation de la France, représentée par le sieur de Lamothe-Fénelon, que l’ancienne religion serait seule permise dans les contrées basques.

Mais la libérale Jeanne ne tenait aucun compte du sentiment de ses sujets. Elle fut rejoindre, en 1568, Condé et Goligny à la Rochelle, et, ne se trouvant pas assez forte pour opprimer seule la conscience nationale, elle demanda des secours à Élisabeth, qui lui envoya cent mille angelots, dix canons et des munitions de guerre pour réformer les Béarnais malgré eux.

Ces deux héroïnes étaient bien faites pour s’entendre. Poussé à bout par cet appel d’une vassale à une puissance étrangère, Charles IX, pendant une intermittence catholique de sa politique vacillante, donna commission au parlement de Toulouse, le 18 octobre 1569, de fournir des secours au vicomte de la Terride (Catholique), chargé d’envahir les domaines de la reine de Navarre, comme s’étant mise en rébellion contre le Roi de France, son suzerain.

Les populations béarnaises acceptèrent ce protectorat avec enthousiasme, et le prêche fut défendu en 1569 pendant le gouvernement éphémère des états et du vicomte de Terride. Mais Montgommery (Voir chapitre plus bas sur ses atrocités) ne tarda pas à envahir cet infortuné pays à la tête de troupes protestantes. Il défit Terride en plusieurs rencontres, le chassa de Navarreinx, le prit à Orthez, et remit le pays tout entier sous le joug de la Réforme, en commettant les plus abominables excès.

Ce fut à Orthez que, le 24 août 1569, les membres les plus illustres de la noblesse catholique du Béarn furent poignardés dans un repas, par ordre de Montgommery, au mépris de la capitulation qui leur garantissait la vie sauve.

Bataille d’Orthez : Le 24 août, les Huguenots donnèrent l’assaut à la ville. Montgomery mit la main sur quelques pièces de canons qu’il fit retourner sur le château de Moncade où s’étaient réfugiés le vicomte de Terride et ses hommes. Le frère de Terride, Sérignac, qui combattait dans les forces protestantes, averti son frère de se rendre afin d’éviter la mise à sac complète de la ville. Après quelques combats, Montgomery remporta cette bataille. Parmi les victimes catholiques ou protestantes, figuraient Terride ainsi que Bassillon, le gouverneur de Navarrenx, ainsi que les membres du clergé local et les gens d’Orthez. Une mort spéciale était promise aux membres du clergé, qui étaient précipités à partir des hauteurs du Vieux Pont d’Orthez dans le Gave de Pau. En outre, une partie du château de Moncade a été détruit ainsi que des églises de la ville et de nombreuses maisons.

Quelques historiens prétendent qu’en apprenant ces horreurs, suivies des plus sauvages violences exercées contre les catholiques dans les terres de Jeanne d’Albret, pour les contraindre à abjurer leur foi, Charles IX s’écria :

« Je ferai une seconde Saint-Barthélemy en expiation de la première. »

S’il proféra ce serment, il mit trois ans à le tenir, pendant lesquels il put nourrir dans son cœur l’ardent désir de la vengeance, au spectacle du déchaînement des réformés de toute nation qui se ruaient à travers la France comme en pays conquis.

S’il nous tarde de laisser cette piste de sang et de ruines qui marque les étapes du protestantisme dans les pays qu’il évangélisait, et d’arriver au code dogmatique, politique et liturgique que Jeanne édicta pour consolider les œuvres de la violence et former les générations futures à cette renaissance du pontificat païen, qui confondait sur les trônes de l’Europe le pouvoir des clefs et le sceptre temporel.

1° La reine entend que la parole soit annoncée par ceux qui, étant appelés de Dieu, ont seuls une vocation légitime, auquel effet elle annule, casse, bannit et proscrit tous exercices de la religion romaine sans exception, comme messe, vêpres, processions, litanies, vigiles, fêtes, images peintes ou faites en bosse, luminaires, offrandes, notamment celles accoutumées aux sépultures et pratiquées dans l’Église romaine.

2° Veut que les oratoires champêtres servant à de folles superstitions, ensemble les autels et les rétables des églises des villes et villages soient rasés, démolis, et que les pierres et boiseries soient employés à des besoins utiles.

Dans ces deux premiers articles, on fait d’abord table rase des dogmes et des cérémonies du catholicisme, et non contente de violenter ainsi son peuple dans les manifestations les plus sacrées de sa foi, la reine s’arme du marteau des démolisseurs et les invite à se ruer sur les sanctuaires vénérés par la piété des campagnes. Puis, elle s’avance progressivement dans cette codification savamment odieuse de l’oppression des âmes.

3° Enjoint à tous les habitants du pays quels qu’ils soient, d’assister aux prédications, instructions et prières que feront les ministres selon la parole de Dieu, voulant que les habitants des lieux où ils seront établis y assistent chaque fois, et ceux qui se trouveront éloignés, au moins tous les jours de dimanche ; ordonne aux jurats des communautés, de tenir la main à l’exécution de cet article, en veillant chacun respectivement sur la conduite des autres membres de leur corps et faisant un fidèle rapport de ceux qui se refuseront à cet ordre.


Si la Réformation s’était établie en Béarn par la force de l’enthousiasme populaire, qui aurait pu imaginer une législation aussi absurdement inutile ? On décrète l’assistance au prêche de par la loi, parce que les masses repoussent le prêche avec horreur. On conviendra aussi que si les réformateurs avaient proclamé cette liberté d’indifférence religieuse qu’on préconise aujourd’hui sous le nom de libre examen, ils auraient effrontément dupé leurs disciples ; mais ce genre de liberté était inconnu à la conscience publique.

Elle l’eût repoussé avec dédain, et le droit du pouvoir temporel de prêter main-forte aux prescriptions ecclésiastiques était si profondément accepté, que les tyrans réformés purent en abuser jusqu’à l’atrocité au profit de l’Église nouvelle, et lui assurèrent ainsi une existence extérieure, dont leurs divisions doctrinales auraient toujours empêché la réalisation.

4° Veut que tous les habitants, tant ceux qui ont fait profession publique de la foi réformée que tous les autres, soient soumis à l’autorité des consistoires et tenus à s’y présenter à la première réquisition pour en recevoir les enseignements, corrections et réprimandes nécessaires.

5° Vu que l’Église réformée reconnaît la qualité du baptême comme étant un des sacrements établi pour recevoir les marques de la rémission des péchés, d’où s’ensuit de la part des parents le devoir de présenter leurs enfants à la sainte Église aux fins d’y recevoir le baptême ; cependant, comme un très grand nombre se refuse à ce devoir, prétendant le remplir en administrant par eux-mêmes le sacrement, la reine interdits aux pères et mères, parents, matrones et autres, la faculté de baptiser sous telles peines qu’elle avisera. »


Un refuge restait aux catholiques persécutés. On les forçait d’aller aux prêches, de se présenter devant les consistoires. On avait détruit leurs lieux de prière, et ce n’était qu’en courant les plus grands périls qu’ils pouvaient rarement et à la dérobée participer aux sacrements de leur Église, leurs prêtres étant en fuite ou massacrés. Ils avaient la consolation d’ouvrir les portes du salut à leurs enfants, sans recourir au ministère abhorré des apostats et des intrus, en versant
l’eau sainte sur leurs fronts. Ils eurent à en rendre compte comme d’un crime, et on les atteignit de la sorte non seulement dans leur privilège de chrétiens, mais dans le plus intime de leur droit paternel. Persécution contre les Catholiques

Les temps de persécution sont revenus comme aux jours des Césars païens et de la primitive Église. De courageux messagers vont de porte en porte rappeler aux fidèles les périodes de ce grand cycle de prières et d’expiation qui sanctifie la division du temps et marque les stations du voyage terrestre de l’homme à l’éternité. Ils seront enchaînés et châtiés ces porteurs de bonne nouvelle, et quant à l’ouvrier et au pauvre qu’ils réjouissaient et consolaient par l’annonce de ces fêtes du ciel, les seules auxquelles ils soient conviés ici-bas sur le pied d’égalité avec le riche, ils ont désormais perdu le droit au repos.

C’est de cette époque que date l’inauguration de l’affreuse théorie qui fait de l’homme une machine industrielle, tenue de fonctionner sans relâche pour la plus grande joie du luxe et de la cupidité. Étrange progrès qui, au nom d’une liberté, d’un bien-être et d’une civilisation ironiques, fait de l’humanité deux parts : dans la première, quelques milliers de parvenus, privilégiés d’une heure, qui exploite et jouissent ; dans la seconde, des millions de parias, qui produisent dans l’angoisse, et qui sont exploités de manière à rendre le plus possible.

Les rhéteurs ont beau dire : ce n’est point l’explosion spontanée du génie de l’humanité, c’est la ruse et la force qui ont imposé un pareil progrès au monde régénéré par le christianisme. Il a commencé dans le sang ; craignons qu’il ne s’éteigne dans le sang. On ne laissa pas non plus la liberté du mariage aux habitants de la Navarre. Ils durent faire bénir leurs unions par les prédicants, affamés de voir des fidèles autour de leurs chaires désertes et contestées, et un article des patentes porte qu’il est défendu à ceux qui se seront fait des promesses réciproques de mariage de cohabiter maritalement sans avoir, au préalable, fait annoncer, publier lesdites promesses, ratifier et bénir leur dit mariage en face de l’Église réformée, à peine, pour les infracteurs, d’être punis comme concubinaires.

Il fut arrêté que nul ne serait reçu maître d’école s’il n’était de la religion réformée, afin d’enfermer jusqu’aux générations futures dans ce réseau de fer que la Réforme jetait sur les peuples par la main de leurs monarques. Enfin, on trouve inscrit, dans un des derniers paragraphes, ce texte qui confirme ce que nous avons avancé sur la réaction du sentiment catholique chez ceux qui l’avaient d’abord sacrifié à la séduction des idées nouvelles. :

« Et comme, par la suggestion de l’esprit malin, plusieurs se sont retirés de l’Église après en avoir embrassé la doctrine et que d’autres en ont été retranchés pour leur mauvaise vie sans qu’aucun d’eux pense à y rentrer, il est ordonné que, tant les excommuniés par l’Église que ceux qui volontairement se sont séparés d’elle, seront châtiés et punis par le magistrat comme scandaleux, rebelles et perturbateurs de l’Église, si, dans l’espace d’une année, ils ne se rangent à leur devoir et ne donnent des signes de repentance. »

Nouvelle preuve qu’il ne s’agissait pas de choisir entre la foi catholique et la réformée, et qu’on n’était pas plus libre d’entrer sous le joug des prédicants que d’en sortir.

Un mot sur la Saint-Barthélémy

De toutes les dates historiques qui ont laissé des traces profondes dans la mémoire des hommes, le 24 août 1572 est celle que la passion des partis politiques et religieux a le plus exploitée.

Ils ont compris que l’horreur légitime, qui saisit l’âme chrétienne au souvenir de ces atroces prodigalités de sang humain, ouvrait un libre champ à leurs déclamations, et ils en ont profité pour isoler le fait lui-même des causes et des excitations qui l’ont produit, de manière à le représenter comme l’explosion gratuite d’un fanatisme insensé.

Nous ne discuterons pas le chiffre des meurtres de cette nuit sanglante. Il est évident qu’il a été exagéré au-delà de toute vraisemblance par les narrateurs ennemis du catholicisme.

Pour nous, les victimes sont toujours en trop grand nombre, et nous ne trouvons pas que, dans des questions semblables, les tableaux arithmétiques soient de saison. Il ne s’agit pas de réhabiliter, comme on dit, la Saint-Barthélemy.

Un massacre ne se justifie pas. Mais il doit être permis de tenir pour suspect l’attendrissement des historiens, qui, versant toutes leurs larmes sur les protestants mis à mort par les catholiques, n’en ont plus à donner aux victimes cents
fois plus nombreuses de la rage des huguenots, et quoiqu’il s’agisse d’une de ces redoutables crises où les erreurs des peuples aboutissent et s’expient dans l’innovation, l’écrivain n’en a pas moins le devoir de ne laisser la parole qu’à la vérité.

Ici se présente l’opinion qui a tâché d’établir, dans des travaux récents, que la cour était demeurée étrangère aux exécutions de la Saint-Barthélemy, et surtout à toute idée de préméditation et de plan s’entendant à la France entière.

Il est prouvé que beaucoup de réponses théâtrales prêtées aux gouverneurs de certaines villes, qui refusèrent, dit-on, avec indignation d’obéir aux ordres de meurtre qu’ils étaient censés recevoir, sont de pures imaginations de rhétorique, dont il serait oiseux de chercher la source dans un document positif.

On publia à Reims, en 1579, cinq ans après les événements de Paris, un pamphlet enragé intitulé : Le tocsain contre les massacreurs. On y lit les lignes suivantes, qui montrent bien qu’on n’accusa pas Charles IX d’avoir adressé à tous ses lieutenants de province une sorte de circulaire de massacre, quoique les vengeances assouvies dans la capitale contre les ennemis de la religion nationale eussent inspiré çà et là, sur d’autres points de la France, de terribles imitations :

« Cela aussi augmente le crime, qu’il (le roi) a choisi sa ville capitale pour y faire descouler ainsy le sang innocent, duquel elle n’estoit desia que trop altérée, afin qu’à son exemple les autres villes fissent le pareil »

Il est clair que si l’exécution en masse de tous les huguenots du royaume eût été ordonnée, pour le 24 août, par la cour et eût provoqué les résistances héroïques dont il est fait mention dans trop d’ouvrages modernes, un pareil ordre, dans de semblables circonstances, n’eût pu rester secret. Le secret, après le succès, n’eût même pas été nécessaire. Dans tous les cas, si le bruit public eût inculpé le roi de ce raffinement de cruauté, l’auteur du Tocsain n’eût pas manqué de le relever et même d’en forcer les couleurs pour les besoins de sa thèse, qui est d’armer contre la France la coalition des souverains protestants.

Ces motifs et bien d’autres, sans parler de l’absence de toutes preuves pour étayer l’opinion contraire, nous semblent donc la reléguer parmi les fables. Il est certain d’ailleurs que la Saint-Barthélemy parisienne répondait suffisamment aux vues de la cour, puisqu’elle décapitait la Réforme par le meurtre de ses chefs les plus influents, et qu’elle n’avait à ordonner un massacre général aucun intérêt proportionné aux périls d’une telle entreprise.

Quant à la préparation du complot qui ensanglanta Paris, il paraît indubitable que Catherine et Charles IX y prirent une part active et dirigeante, et que si, comme le démontre le texte protestant cité tout à l’heure, la « ville n’était désia que trop altérée de sang » huguenot, ce fut le Louvre qui donna le mot d’ordre à la haine publique et qui favorisa son assouvissement.

Le premier témoin de cette vérité, c’est Charles IX. Il ne désavoua nullement la Saint-Barthélemy. Bien plus, il la présenta comme un juste châtiment des conjurations tramées contre sa vie et sa couronne.

Luther et ses propos divers

Luther, le plus fameux hérésiarque de l’Occident, nous dire, dans ses ouvrages, qu’il avait des entretiens avec le prince des ténèbres :

« M’étant réveillé vers minuit, nous dit-il, le démon se mit à disputer avec moi au sujet de la messe, etc. » (*Tom. VI, p. 82.)

Luther : « il faut prendre les armes contre le pape, les cardinaux, et les évêques et se laver les mains dans leur sang » ibid. f.60

Luther « Quiconque ne s’oppose pas au règne du pape ne peut être sauvé »

[Tome I/VI des Œuvres complètes de Luther d’après l’édition publiée à Genève, folio 553]

Luther, voyant la révolte paysanne se retourner contre ses appuis seigneuriaux, condamna les soulèvements de 1525 dans une courte brochure d’une rare violence, véritable appel au massacre, intitulée Contre les meurtriers et les hordes de paysans voleurs, dans laquelle il écrit :

« (…) tous ceux qui le peuvent doivent assommer, égorger et passer au fil de l’épée, secrètement ou en public,
en sachant qu’il n’est rien de plus venimeux, de plus nuisible, de plus diabolique qu’un rebelle (…). Ici,
c’est le temps du glaive et de la colère, et non le temps de la clémence. Aussi l’autorité doit-elle foncer
hardiment et frapper en toute bonne conscience, frapper aussi longtemps que la révolte aura un souffle de vie. (…)
C’est pourquoi, chers seigneurs, (…) poignardez, pourfendez, égorgez à qui mieux mieux »
. »

Gabriel de Montgomery, un des chefs principaux des huguenots

En 1569, le vicomte de Terride (catholique) eut l’ordre du roi de France d’aller faire la guerre aux huguenots (protestants) de Béarn. Son armée forma vers la fin d’avril 1569 le siège de Navarrenx (64) et il fut décidé de prendre cette place par la famine. La place était munie de vivres et d’une bonne garnison, commandée par le baron d’Arros, lieutenant de la reine Jeanne d’Albret. Le comte Gabriel de Montgomery, un des chefs principaux des huguenots, leva des troupes dans le Quercy et l’Albigeois et vint secourir Navarrenx. Sur son passage, ce ne fut que désolation avec incendies d’églises et pillages. Ses troupes (3000 hommes) pénétrèrent dans les Hautes-Pyrénées par Lannemezan et ressortirent à Pontacq le 6 août 1569, faisant de nombreux dégâts.

Le vicomte de Terride, averti de l’arrivée de Montgomery fit décamper son armée à Mauléon et à Orthez. Montgomery marcha sur Orthez, en forma le siège et prit la place en 3 jours. Le vicomte fut amené à Eauze où il mourut huit jours après.

Voici ce qu’écrit l’abbé Colomez dans son Histoire de la Province et Comté de Bigorre vers 1735 : « Lorsque Montgomery fut arrivé sur le côteau de Rustan qui borne la plaine de Bigorre, il considéra la ville de Tarbes. Soit qu’il craignît d’y trouver plus de résistance qu’il n’aurait voulu, ou qu’il voulût éviter d’y perdre son temps, il jugea à propos de n’y pas aller. Il passa la rivière de l’Adour à Montgaillard ; de là il descendit vers Laloubère, et laissant Tarbes à sa droite, il gagna la ville d’Ibos. La garnison de Tarbes, qui était de deux mille hommes commandés par le chevalier de Villembits, s’étant aperçue du passage des ennemis, leur fit une salve de coups de mousquets. Pour y répondre, ils détachèrent un parti qui commençait à mettre le feu à des maisons couvertes de paille dans le faubourg de la Sède. Mais une troupe de cavalerie, commandée par Jacques de Lavedan, prieur de Momères et vicaire général de Tarbes, courut après eux et les mit en fuite ; de sorte que Tarbes fut exempte, au premier passage de Montgomery, des maux qu’il avait faits dans sa route. »

D’après l’enquête du clergé, Montgomery, dans ce premier passage à travers la Bigorre début août 1569, incendia les églises des paroisses suivantes : Lannemezan, Capvern, Mauvezin, Lutilhous, Bégole, Burg, Campistrous, Lanespède, Ricaud, Ozon, Tournay, Peyraube, Clarac, Goudon, Chelle-Debat, Marseillan, Castelvieilh, Galès, Luby, Sinzost, Bordes, Gourgue, Sarabeyrouse, Sarraméa, Cieutat, Poumarous, Orignac, Hitte, Oléac-Dessus, Luc, Oueilloux, Antist, Ordizan, Bernac-Dessus, Vielle, Calavanté, Lespouey, Mascaras, Saint-Martin, Montgaillard, Visker, Averan, Bénac, Odos, Orincles, Julos, Paréac, Astugue, Pouts, Escoubès, Séméac, Aureilhan, Juillan, Bordères, Azereix, Ossun, Ibos, Louey, Lanne, Oursbelille, Gayan, Siarrouy, Andrest, Bazet, Aurensan, Pintac, Oroix, Luquet, Gardères, Lamarque, Loubajac, Poueferré, Pontacq, Ger, Ponson-Dessus, Ponson-Debat, Montaner, Casteide, Tarasteix, Escaunets, Villenave, Séron. Dans notre secteur, Loucrup, Layrisse et Hibarette furent miraculeusement épargnés, soit il n’y avait pas d’église soit le village était trop petit pour intéresser les belligérants.

Mais Tarbes dut subir le deuxième passage de Montgomery, nous le lisons toujours dans Histoire de la Province et Comté de Bigorre vers 1735 :

« Deux bigordains de l’armée de Montgomery allèrent à Tarbes pour donner l’alarme au chevalier de Villembits. Ils lui dirent que le comte de Montgomery s’avançait avec un puissant corps d’armée et le canon de Navarrenx dont il voulait battre la ville, étant résolu de la prendre et de mettre tout à feu et à sang. Ces malheureux espions, affectant d’être venus pour donner un conseil salutaire à leur patrie, ajoutèrent que les murailles, étant construites de cailloux ronds, ne pourraient résister à l’artillerie, que la longueur de la ville demandait une garnison plus nombreuse qu’elle n’était, que la levée du siège de Navarrenx et la prise d’Orthez avait tellement enflé le coeur des soldats du comte que rien ne leur était difficile, et que les Béarnais étaient si encouragés par ces avantages qu’ils viendraient au premier signal pour les renforcer et ravager la Bigorre. A ce récit, on n’entendit que pleurs et cris dans les rues. Parmi cette désolation, le chevalier de Villembits ne se crut pas assez en état de défense et il renvoya les compagnies. Les habitants prirent leur parti : les uns se retirèrent dans les montagnes, les autres dans les châteaux voisins où ils portèrent ce qu’ils purent sauver. Les espions rapportèrent au comte l’état des choses. Il eut bien de la peine à les croire. Mais enfin, n’en pouvant plus douter, il marcha vers Tarbes. Sur sa route, il brûla et saccagea le monastère de Larreule, les lieux de Caixon et de Baloc, la ville de Vic-Bigorre, le monastère voisin de saint-Licier ou Saint-Lézer, les lieux de Pujo et d’Andrest. il trouva en effet les portes de Tarbes et la ville sans habitants. Ses troupes pillèrent tout ce qui se trouva dans les maisons. Il fit brûler l’église cathédrale de Sainte-Marie de la Sède, l’église paroissiale de Saint-Jean, le couvent des Carmes, l’évêché, les maisons des chanoines et celles de plusieurs particuliers. Pendant un séjour de trois semaines, il fit contribuer les lieux voisins. Les villes de Bagnères, Lourdes, Ibos, Vic, Maubourguet, Castelnau-de-Rivière-Basse et leurs églises ne furent pas épargnées. Les monastères de l’Escale-Dieu et de Saint-Sever-de-Rustan, de Saint-Pé-de-Générès, de Larreule, de Tasque, n’échappèrent pas à la fureur des troupes protestantes. C’est dans cet incendie, qu’on peut appeler général, qu’on perdit les titres et les monuments anciens du pays de Bigorre, dont la rareté rend aujourd’hui l’histoire stérile et difficile. »

Supplices commis par les protestants

Voici la traduction de quelques extraits du Theatrum. Nous insérerons les textes traduits et quelques autres aux pièces justificatives, renvoyant pour le surplus au livre lui-même, imprimé chez Adrien Hubert, Anvers, en 1587, c’est-à-dire pendant que la guerre religieuse sévissait encore en France et dans d’autres pays.

– Dans la ville d’Angoulême, les hérétiques, après avoir juré de garder la paix, étranglèrent, avec une corde suspendue à un arbre , frère Michel Grellet, franciscain, gardien du monastère du même ordre, en présence de Gaspard de Coligny, et de toute sa cohorte criant : Vive l’Évangile ! Ensuite, ils tuèrent inhumainement frère Jean Viroleau, lecteur du même monastère, après lui avoir coupé les parties génitales. Frère Jean Avril, vieillard octogénaire, eut la tête fendue par eux d’un coup de hache et son corps fut jeté dans les latrines. Après huit mois de détention dans un cachot, frère Pierre Bonneau , docteur en théologie, fut pendu à un arbre, près des murs de la ville

– Les hérétiques enfermèrent trente catholiques dans la maison d’un habitant de cette même ville d’Angoulême, nommé Papin, et ils en lièrent un certain nombre deux à deux. Puis les ayant privés de toute nourriture, ils les laissèrent languir, afin que la rage de la faim les poussât à se déchirer et à se dévorer mutuellement, et ils périrent ainsi au milieu d’affreuses souffrances Enfin, ils attachèrent à des souches quelques-uns de ces malheureux; puis, allumant sous eux un petit feu, ils les laissèrent en proie à un indicible tourment et se consumer lentement sous l’action de la flamme

– Les huguenots auxiliaires, qui occupaient militairement la ville de Monlbrun, visitaient souvent une honnête et vertueuse dame du nom de Marendat, qui demeurait dans les environs. Comme elle était de moeurs douces et affables, elle les recevait avec autant de civilité que possible et les traitait généreusement, dans l’espoir de les adoucir par ses bons offices, et pour qu’ils ne fissent de mal ni à ses vassaux ni à elle-même. Mais ces barbares, ayant rejeté tout sentiment de modération et d’humanité, un jour, après s’être assis à sa table, se saisirent d’elle et la jetèrent sur son lit. Là, ils brûlèrent la plante des pieds de leur excellente hôtesse avec des lames de fer rouge ; puis découpant la peau de ses jambes, avec le tranchant de ces lames, ils l’arrachèrent par bandelettes. Enfin, la laissant en proie à ces abominables tortures, ils s’éloignèrent après avoir complètement pillé la maison.


– Maître Jean Arnould, lieutenant général du présidial d’Angoulême, fut au nombre de ceux, dont nous avons parlé plus haut, que les hérétiques firent prisonniers dès qu’ils eurent envahi la ville. Ce juge intègre fut par eux mutilé de cent manières, et enfin misérablement étranglé dans sa maison. Ils s’emparèrent également de la veuve du lieutenant criminel de la même ville, vénérable sexagénaire, et ils eurent la cruauté de la traîner par les cheveux à travers les places de la ville.

– Dans la paroisse de Chasseneuil, voisine d’Angoulême, ils saisirent Louis Fayard, prêtre, au témoignage des habitants du lieu, d’une vie exemplaire, et ils lui plongèrent si souvent et si longtemps les mains dans une chaudière pleine d’huile bouillante, que la chair se détacha de ses os. Cette atrocité ne les rassasia pas. Ils lui versèrent de l’huile bouillante dans la bouche, et comme le martyr ne mourait pas assez vite à leur gré, ils l’achevèrent à coups d’escopette.

– Ils prirent aussi un autre prêtre, nommé Colin Guillebaut, vicaire de Saint-Auzanne. Ils lui coupèrent les organes de la génération, et l’enfermèrent dans un coffre percé de trous, sur lequel ils versèrent en abondance de l’huile bouillante , afin qu’il rendît l’âme dans d’épouvantables tourments.


– Dans la paroisse vulgairement appelée Rivière, ils s’emparèrent d’un malheureux auquel ils arrachèrent la langue, par une incision pratiquée dans la mâchoire inférieure, et qu’ils massacrèrent ensuite.

– Ils étranglèrent maître Bachellon de Louville, après lui avoir excorié les pieds avec du fer rouge.


« Maître Simon Sicot, vicaire de Saint-Hilaire de Moutiers, sexagénaire, rempli de toutes les vertus, livré par un homme qu’il croyait dévoué, fut conduit prisonnier à Angoulême. On le força à racheter sa vie moyennant une forte rançon. Il parvint non sans peine à l’acquitter, et, comme il retournait chez lui, se croyant rendu à la liberté, un émissaire de ces pervers vint à sa rencontre, comme il atteignait la porte Saint-Pierre, et, se précipitant sur lui comme un bourreau, lui arracha les yeux et la langue.

– Maître Guillaume de Bricailles et un autre prêtre, pris par ces hommes féroces, furent suspendus par un pied à la voûte d’un grenier, et pour que leur supplice se prolongeât avec leur vie, on leur donnait un peu de nourriture. Après la mort de l’un d’eux, l’autre eut la tète tranchée.

– Ils prirent un autre prêtre de la paroisse de Beaulieu, maître Pierre, qu’ils enterrèrent vivant jusce qu’à la tête.

– Maître Arnold Durandeau, vicaire de Fleix, octogénaire , fut étranglé par eux et jeté à l’eau.

– Un franciscain du même âge, après avoir été abreuvé d’injures et d’affronts, fut précipité vivant du haut des murs de la ville

– Maître Octavien Ronier, vicaire de Saint-Cybard d’Angoulême, tomba entre les mains de ces percesécuteurs farouches. Ils lui firent subir divers ce genres de supplices et d’outrages, lui clouèrent sous les pieds des fers à cheval, puis, le liant à un autre, ils le criblèrent de coups de fusil.

– Maître François Raboteau , vicaire de la paroisse de Foucquebrune, fut pris et lié au joug auprès de boeufs traînant un chariot. Il fut tellement et si grièvement percé de coups d’aiguillon et lacéré de coups de fouet, qu’il mourut pendant ce supplice.

– Ils firent périr un grand nombre de personnes en les passant par les armes.

– Sur les ordres du capitaine Piles, Philippe Dumont, chirurgien, et Nicolas Guirée, marchand de draps, furent attachés à un arbre, et pendant qu’avec une constance admirable ils confessaient Jésus-Christ, suivant la sainte doctrine qu’ils avaient reçue de l’Église catholique, ils périrent percés de flèches.

En sorte que, dans le diocèse d’Angouléme, en moins de deux ans, plus de cent vingt personnes des deux sexes, prêtres, nobles, femmes illustres, de toute qualité et de tout état, souffrirent le martyre pour la foi.

– Dans la ville de Houdan, du diocèse de Chartres, les hérétiques traînèrent de force un prêtre dans l’église , et le contraignirent à célébrer le saint sacrifice , au milieu de leurs dérisions. Cependant, ils frappaient la figure du célébrant de leurs poings armés de gantelets, et lui perçaient les autres parties du corps à coups de poignard. Le martyr continuait, bien qu’il eût le visage et le corps couverts de sang, à offrir la sainte victime.

Lorsqu’il fut arrivé à la communion, ils lui arrachèrent des mains le corps très-précieux de Notre-Seigneur, le jetèrent à terre et le foulèrent aux pieds. Ils en firent autant du calice renfermant le sang sacro-saint. Enfin, ils mirent le prêtre en croix et l’assassinèrent à coups d’escopette.

– Dans le bourg nommé Fleurus, près Sainte-Menehould, les cohortes du seigneur de Béthune déchirèrent un prêtre à coups de fouet, au milieu des sévices et des injures de toute sorte; puis un chirurgien le fit mourir en lui coupant les parties génitales. Ce bourreau se vantait d’en avoir tué seize avant celui-là, de la même manière

– A Cléry, ils dévastèrent l’église, et la dépouillèrent de tout ce qu’elle avait de précieux en reliques des saints et en objets dédiés au culte. Ils brisèrent le tombeau de Louis XI, roi de France, et brûlèrent ses ossements, comme s’ils avaient voulu anéantir jusqu’à son souvenir.

– Au reste, dans d’autres lieux, ils n’épargnèrent même pas les sépultures des prédécesseurs du roi de Navarre, leur général, ni le sépulcre de Jean, comte d’Angoulême, dont la vie avait été si sainte et si à l’abri de tout reproche.


Dans un village du nom de Pat, situé à six ou sept milles environ d’Orléans , vingt-cinq catholiques, poursuivis par ces furieux, ne trouvant d’autre asile que l’église, se sauvèrent dans le clocher, avec quelques enfants qui s’étaient joints à eux. Leurs ennemis mirent le feu à l’église, et comme les malheureux, pressés par le voisinage de la flamme et suffoqués par la fumée, se précipitaient à terre, leurs persécuteurs, se saisissant d’eux avec la cruauté des bêtes féroces.
les rejetaient dans le brasier, qui les consuma tous.

– Ils enlevèrent plusieurs prêtres en les attachant à la queue de leurs chevaux.

– A Saint-Macaire, en Gascogne, ils ouvrirent le ventre à plusieurs prêtres, et leur arrachèrent les intestins, après les avoir enroulés peu à peu sur des bâtons.

– Dans le même lieu, ils enterrèrent tout vifs un grand nombre de prêtres et coupèrent en morceaux les enfants des catholiques….

Sans oublier également, les gouvernements protestants récents, tel que l’Angleterre contre les Irlandais du nord, la Pologne face à la Suède etc…

Conclusion

Nous avons établi maintes fois, dans le cours de cet ouvrage, que l’introduction du protestantisme a été une oeuvre de violence, et que le pur Évangile, comme un autre Coran, a été imposé aux populations à main armée et par la volonté des despotes gagnés à la cause de la Réforme. Nous avons produit à l’appui de celte affirmation des preuves éclatantes, en regrettant que leur nombre même s’opposât à ce qu’on pût les rapporter de manière à ne pas laisser lieu de douter si les abominations citées avaient été une exception locale ou le corollaire général de la prédication des réformateurs.

Le texte de l’édit de Nantes répond merveilleusement à toutes les objections de ce genre qu’on pourrait présenter. Il a été promulgué à la demande des chefs de l’hérésie, et il a été considéré par eux comme la garantie nécessaire de la place qu’ils entendaient occuper au sein de la commune patrie. Il contient l’aveu formel, fait par les sectaires, que la secte a volé les deniers publics, pillé les églises, vendu leurs biens, levé des impôts, extorqué des contributions, traité en un mot les finances de leur pays comme dans une guerre régulière on ne traite pas celles d’un pays ennemi.

Voilà pour la netteté des mains évangéliques, et ils l’ont confessée de leur bouche, afin d’éviter que ces peccadilles ne fussent un jour poursuivies par les magistrats. La Réforme n’a-t-elle employé que le pillage pour propager ses doctrines ? Elle confesse encore, en obtenant qu’aucun châtiment ne pourra punir les emportements de son zèle, qu’elle a démantelé des fortifications, démoli des villes, châteaux, bourgs et bourgades, brûlé et ruiné des églises, en un mot, qu’elle a mis la France à sac comme une place prise d’assaut, et qu’elle y a traîné à sa suite toutes les horreurs de l’invasion et de la conquête.

Mais, en déplorant ces fureurs, on sera peut-être tenté de penser qu’elles n’étaient que l’explosion des sentiments d’un peuple entier se soulevant contre les oppresseurs de sa conscience. La Réforme reconnaît qu’elle a toujours été constituée en société secrète, ce qui est le propre des coteries et des minorités, et qu’elle a appelé le secours de l’étranger, ouvert à ses troupes le territoire national, pratiqué des intelligences avec les ennemis, ce qui est le fait des traîtres qui n’ont pas le sentiment de la patrie.

Il est vrai qu’en reconnaissant cette infamie, elle se fait ordonner d’y renoncer et semble en accepter l’ordre. Mais le règne suivant sut bientôt comment cette promesse devait être tenue, et ce fut Richelieu qui se chargea de contraindre la secte à remplir ses engagements. Il est vrai encore que les catholiques s’allièrent aux Espagnols pour repousser la férocité protestante, mais c’était une conséquence des intrigues antinationales des huguenots, et il est clair que les étrangers qui, sur le sol français, défendaient la religion de la France ne l’insultaient pas et ne violaient pas ses droits, comme les étrangers qui ne l’envahissaient que pour y introduire par la force les rêveries d’une minorité sans frein.

Le pillage, l’incendie, la dévastation, la coalition intérieure, l’intelligence avec l’étranger, est-ce tout ce que la confession générale du protestantisme accuse des accessoires habituels de sa prédication parmi nous ?

Mot de la fin

La Réforme n’effacera pas cette note de son front, et elle servira éternellement d’épreuve à la vérité de ses doctrines. Elle finira aussi, nous l’espérons, par confondre les mensonges historiques qui ont voilé ces faits, jusqu’à changer les assaillants armés, violents, effrénés de la société de leur temps en inoffensifs chanteurs de psaumes, ne sollicitant qu’une place obscure pour exhaler devant Dieu, à leur manière, les soupirs de leurs cœurs innocents.

Source : Sixte-Quinte et Henri IV – Introduction du protestantisme de France – 1861

Publié par Napo

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