Aimé par ses sujets et même par ses ennemis, Saint Ferdinand voyait l’exercice de la royauté comme une opportunité privilégiée de glorifier Dieu.
Saint Ferdinand de Castille, le grand roi d’Espagne, naît entre 1198 et 1202. Ses parents avaient entrepris un voyage entre Zamora et Salamanque, et c’est sur une colline, en plein milieu du chemin, où voit le jour celui qui sera un roi fort.
Élevé par sa vertueuse mère Berenguela de Castille, qui avait dû se séparer de son époux Alfonso IX car le Pape avait annulé leur mariage pour cause de consanguinité, elle voulut lui transmettre son pure sève catholique, en ayant conscience que l’enfant était destiné à de grands postes et de grandes gestes.
La mère lui racontait des histoires de Dieu, lui parlait du Christ, de sa vie et de sa passion, et lui disait que si un jour il devenait roi, ce ne serait rien d’autre qu’un don de Dieu, et il ne devrait imiter personne d’autre que le Roi des rois et Seigneur des seigneurs, à qui il devrait rendre des comptes à sa mort.
Après la mort du père de Berenguela, celle-ci voulut faire de Fernando directement le roi, et pour cela il fut couronné en 1217 à Valladolid, après quoi le jeune roi s’est immergé dans l’ardue tâche de gouverner l’État.
Voici comment une de ses biographes décrit la récompense donnée par Dieu pour ses efforts :
« Le roi Don Fernando, dans son incessant parcours du royaume administrant la justice, entendait de moins en moins de plaintes et de plus en plus de bénédictions. Il voyait sa Castille, la sang des blessures des nombreuses guerres, querelles et troubles déjà pansé, forte et courageuse, désireuse de reprendre le chemin que Dieu, arbitre suprême de l’Histoire, lui avait marqué« .
À la mort de son père, il hérite de la couronne de León, en 1230, après la non facile renonciation des infantas Sancha et Dulce, filles du premier mariage d’Alfonso. Mais Dieu voulait ces royaumes unifiés, pour le travail qui allait bientôt commencer.
Les sujets ont commencé à se rendre compte qu’ils n’avaient pas seulement ce que l’on appellerait aujourd’hui un bon ‘administrateur‘ mais que ce jeune homme débordait de vertu surnaturelle.
Il réservait de longues heures de la journée à la prière. Et quand cela ne suffisait pas à ses désirs, il entrait recueilli au petit matin, ne se reposant que dans les entretiens avec son « Conseiller« , comme il appelait la relique du Saint Visage du Christ, vénérée aujourd’hui dans la cathédrale de Jaén. Les membres de la cour lui ont une fois insisté pour qu’il se repose plus, mais le saint leur a répondu :
« Si je ne veillais pas, comment pourriez-vous dormir tranquilles ?« .
Une discrète suspicion, accompagnée d’un murmure qui se propageait de bouche à oreille dans le royaume, diffusait le commentaire que le Seigneur parlait à Saint Ferdinand, lui révélant des mystères du temps et de l’éternité. Personne n’osait lui demander des détails à ce sujet.
Cependant, les faits semblaient corroborer la pieuse méfiance, car les plans du roi, audacieux, inhabituels et même humainement téméraires, se réalisaient avec un succès invariable, comme s’ils dépassaient les calculs les plus sagaces et s’identifiaient à la volonté divine.
Il n’a jamais perdu une bataille
Ses campagnes militaires ont commencé en 1224 et à partir de 1231 ont continué sans interruption jusqu’à sa mort. Ce furent plus de 20 ans d’effort de guerre au cours desquels les hôtes castillans récupérèrent, entre autres, les villes de Cordoue, Jaén, Séville et Murcie.
Il n’a jamais perdu une bataille, peu importe combien disproportionné était le nombre ou les forces, ce qui a amené Innocent IV à l’appeler « champion invaincu de Jésus-Christ« .
Utilisant le pouvoir au service du bien.
Voyant son pouvoir politique et militaire croître de jour en jour, saint Ferdinand eut la vertu de ne pas s’enorgueillir, tant il était sûr que tout venait de Dieu et lui appartenait. Il veillait à administrer ses biens avec sagesse, donnant à chacun ce qui lui appartenait, et à Dieu plus qu’à tous.
C’est dans cet esprit qu’il a généreusement soutenu les œuvres spirituelles et matérielles de l’Église, en jetant les bases des cathédrales de Tolède et de Burgos, qui comptent parmi les plus grands joyaux gothiques érigés sur le sol espagnol. Toutes deux sont dédiées à la Vierge, à laquelle il vouait une affection indescriptible.
La justice, à l’image de la justice divine, devait être empreinte de droiture. Dans son palais de Séville, il fit même installer une grille surplombant les salles d’audience pour vérifier si les juges étaient droits.
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Le roi de Valence, Abu Zayd, se fait baptiser des années après l’avoir rencontré :
« Il commença par aimer le chrétien et finit par aimer le Christ« , dit un historien à propos de cet ancien fils de Mahomet.
À sa mort, le 30 mai 1252, il a gagné non seulement le respect et l’amour de son peuple, mais aussi l’immortalité, car « ils ont acquis du respect pour le roi, voyant qu’il y avait en lui une sagesse divine avec laquelle il fallait rendre la justice » (1 Rois 3, 28).
Cet article a été publié originellement par Gaudium Press (Lien de l’article).