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Recueil d’Apparitions de Jésus #6 : Jésus Consolateur

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CHAPITRE VI : Ce chapitre parlera de Jésus Consolateur pour ses amis…

Table des matières

I. Jésus console ses amis malades

Angèle de Foligno étant bien malade, Jésus lui apparut et lui dit :

« Ma fille, je suis venu pour te servir. »

Le service qu’Il lui rendit fut de se placer devant son lit avec le visage le plus gracieux et le plus aimable. Elle ne Le voyait que des yeux de l’âme, mais plus clairement que ceux du corps. (Hello, ch. 50 ; Doncœur ; p.234 ; Ferré, p. 233.)

Comme on chantait le Salve Regina, et qu’à ces paroles : « misericordes oculos », Gertrude demandait la santé du corps, le Seigneur lui dit, avec un doux sourire :

« Est-ce que tu ignores que je jette sur toi les regards les plus miséricordieux, quand tu souffres en ton corps, ou que tu es troublée en ton esprit ? »
(Liv. III, ch. XXX, n° 9, éd. lat., p. 181.)

En la fête de la Purification, le Seigneur lui dit encore :

« Si étant malade, ma bien-aimée, tu ne peux entendre ce qu’on chante au chœur, tourne-toi vers moi et vois ce qu’il y a en moi, car je contiens tout ce qui peut à jamais te plaire. »
(Liv. IV, ch. IX.)

Le Seigneur dit à Mechtilde :

« Lorsque tu es malade, je te tiens de mon bras gauche, et quand tu es en santé, c’est de mon bras droit ; mais sache bien que, quand c’est du bras gauche, tu es beaucoup plus rapprochée de mon Cœur. » (IIè part., ch. XXXI.)

La vénérable Agnès de Langeac ne pouvant chanter au chœur, à cause de ses souffrances, disait à Jésus : Mon ami, vous voyez ma misère et mon impossibilité de chanter.

« Oui, ma chère fille, mais puisque je t’ai donné le mal, je satisferai pour toi et ferai que le chœur sera servi. »

Un ange chanta à sa place. (IIIe part., ch. XVII.)

Le jour de la Fête-Dieu, Notre-Seigneur fit ressentir à Armelle Nicolas de si douces communications de sa divinité que la nature ne les pouvant supporter, elle demeura presque toute l’octave malade. Et comme un jour elle se plaignait à son amour de ce qu’elle ne pouvait comme tant d’autres l’aller visiter au Saint Sacrement, Notre-Seigneur lui dit ces amoureuses paroles :

« Ma fille, les autres me viennent visiter aux églises ; moi je viens te visiter en ta propre maison. »
(Vie, ch. XXIII.)

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La maladie elle-même n’est-elle pas comme toute épreuve, une visite de Jésus ? Juxta est Dominus qui tribulato sunt corde. Le Seigneur est tout près de ceux qui sont dans la peine. (Ps.XXXIII, 19 )

Sabine de Ségur, en religion Sœur Jeanne Françoise, religieuse de la Visitation de Vaugirard, Paris (1829-1888) étant un jour malade, Notre-Seigneur lui dit :

« Ma fille, nous sommes mariés : toi, tu es dans ton lit qui souffres et ne peux prier ; moi je suis dans l’Eucharistie qui prie et ne peux plus souffrir. Tu souffres pour moi et je prie pour toi ; à nous deux nous faisons notre besogne. »
(Sa vie, par Mgr de Ségur.)

L’accroissement de la faiblesse, des souffrances et de l’impossibilité de m’occuper commençait à m’accabler, raconte la Mère Marie du Divin Cœur. Le divin Epoux me consola en mettant cette image devant les yeux de mon âme. La sainte Église est comme un grand jardin de Dieu ; Le maître du jardin, Notre-Seigneur, vient chaque jour y prendre son plaisir. On y voit de grands palmiers, des chênes magnifiques (le pape, les évêques, les missionnaires et les prêtres) et dans un coin caché de ce jardin une petite fleur. Après avoir joui des beaux arbres, Il se dirige vers la petite fleur qu’Il ne montre à personne ; il s’arrête là et prend plaisir à son parfum. Auparavant elle était exposée aux regards étrangers (œuvres extérieures), lorsqu’elle était encore en bouton ; mais maintenant qu’elle est épanouie, Il veut jouir seul de sa vue et de son parfum. Pour la fleur, elle est assez payée de penser que le bon Maître prend plaisir à son parfum. Une fois le jour Il la visite à une heure fixe (La sainte communion) mais souvent Il la surprend par des visites inattendues et la laisse ravie du sentiment de sa douce présence. Maintenant plus d’ennui, la petite fleur sait pour qui elle fleurit (dans la souffrance) et attend patiemment qu’il plaise au Maître de la visiter et de la transplanter dans le jardin du ciel. Une fois éclose, elle ne peut plus demeurer longtemps fleurie : dans les derniers mois Il veut se la réserver exclusivement. Par conséquent, plus aucun désir d’œuvres extérieures. Puisse chaque visite de l’Epoux, et le soleil de son amour rafraîchir chaque jour le parfum de la petite fleur et la blancheur de son coloris… N’avoir d’éclat et de parfum que pour Lui, c’est l’unique récompense qui peut la contenter. (Vie, ch. 8)

II. La maladie est la solitude où Dieu conduit l’âme pour parler à son cœur

Le Seigneur dit à sainte Gertrude, qui priait pour son abbesse malade :

« J’ai attendu ce temps avec une joie inestimable, pour emmener mon élue dans la solitude, et là lui parler alors cœur à cœur. Voilà que mon désir s’accomplit, puisqu’elle accepte tout selon mon bon plaisir, et m’obéit en tout au gré de mes vœux les plus doux » (Liv. 5, ch. 1Er ; éd.lat., p 459)

III. Comment Jésus s’unit à l’âme souffrante

Un jour que sainte Mechtilde malade souffrait beaucoup, Jésus lui apparut et lui dit :

« Je me suis revêtu de tes souffrances. J’absorberai en moi toutes tes douleurs et je supporterai tout en moi, et ainsi j’offrirai comme une offrande très agréable à Dieu le Père toutes tes souffrances unies à ma passion, et je serai avec toi jusqu’à ton dernier soupir, que tu ne rendras que pour venir te reposer à jamais dans mon cœur. Je recevrai alors ton âme en moi-même avec un amour si inestimable que toute la cour céleste en sera remplie d’admiration. » (2è part., ch. 39)

Une nuit que le mal de tête l’empêchait de prendre le moindre repos, elle supplia le Seigneur de lui indiquer au moins un trou dans lequel elle pût se reposer. Le Seigneur lui indiqua les trous de ses plaies, lui enjoignant de choisir celui dans lequel elle voulait demeurer. Mais elle, ne voulant pas choisir elle-même, remit le tout à sa bonté, afin qu’Il lui donnât ce qui lui plairait. Alors, Il lui montra la plaie de son cœur et lui dit :

« C’est ici que tu dois entrer pour te reposer. » (2è part., ch. 27)

« Pauvre âme affligée, dit Jésus à Agnès de Langeac, tout le monde te délaisse, hors ton fidèle Epoux. Courage. » (Vie, par Lantages IIIe part., ch. XVIII.)

Un jour qu’Anne-Marguerite Clément voulait prendre du repos, le Sauveur lui dit :

« Dors, mon épouse, sur ma poitrine et sur mon Cœur, et je me reposerai dans le tien. » (Vie, 1686, IIIe part., ch. VIII.)

L’an 1631, la Mère Clément voyait mourir sa sœur Marie-Louise de Balot, qui était un des plus fermes soutiens de la petite fondation de Montargis ; elle s’en montra fort attristée. Une de ses filles lui en témoignant de l’étonnement, la bonne Mère s’excusa et lui répondit que leur saint fondateur permettait de payer ce tribut à la nature. Le lendemain Jésus-Christ se présenta à elle et la reprit de sa faiblesse.

« Ne suis-je pas assez sage, dit-Il, pour être ton soutien ? Et ne doit-il pas te suffire que j’aie pris soin de ta conduite ? »

Quelques jours après, comme la vénérée Mère sentait encore son affliction, Jésus se présenta de nouveau à elle, et pour lui faire surmonter les sentiments de la nature, Il l’attira dans le sein de sa providence, lui donnant de grandes assurances qu’Il prendrait soin de son gouvernement.

« Non pas, lui dit-Il, avec cette providence que j’ai pour toutes les âmes en général, mais selon cette providence singulière que j’ai de mes élus et particulièrement de toi qui m’appartiens à de si justes titres. » (Vie, 1686, IIe part., ch. IX.)

IV. Jésus veut diviniser nos souffrances

Mechtilde trouvant que sa maladie la rendait inutile et qu’elle souffrait sans aucun fruit, le Seigneur lui dit :

« Dépose toutes tes peines dans mon cœur, et je leur donnerai une perfection aussi haute qu’aucune souffrance n’en a jamais pu acquérir. Ma divinité, attirant en elle les souffrances de mon humanité, se les a complètement unies ; de même, je veux transporter sur ma divinité tes peines, n’en faire qu’une seule avec ma passion, et te donner part à cette glorification que Dieu le Père a conférée à mon humanité pour toutes ses souffrances. Donne donc toutes tes peines à l’amour, disant : O mon amour, je te les confie dans la même intention que tu me les as apportées du Cœur de Dieu, et je te prie de les y reporter, lorsque ma reconnaissance les aura rendues parfaites.

Lorsque tu voudras me louer et que tes souffrances t’en empêcheront, demande à Dieu le Père de Le louer et de Le bénir de cette louange que je Lui ai adressée sur la croix au milieu des souffrances, avec cette gratitude en laquelle je Lui ai rendu grâces de ce qu’Il a voulu que je souffrisse ainsi pour le salut du monde, et avec cet amour qui m’a fait souffrir de tout cœur et de toute volonté. Ma passion porte des fruits infinis dans le ciel et sur la terre : ainsi les peines, les moindres tribulations que tu m’auras confiées en cette matière, en union avec ma passion, porteront de tels fruits que les saints du ciel en recevront un accroissement de gloire, les justes plus de mérites, les pécheurs leur pardon et les âmes du purgatoire un soulagement. Qu’y a-t-il, en effet, que mon divin Cœur ne puisse changer en mieux ? Car tout le bien que contiennent et le ciel et la terre est sorti de la bonté de mon Cœur
» (IIe part., ch.XXXVI.)

V. Jésus au chevet des mourants

Deux vierges, amies de sainte Lidwine, eurent une vue miraculeuse de ses derniers moments ; entendant le Sauveur lui dire, au milieu de ses atroces douleurs :

« Lidwine, ma bien aimée, Lidwine, courage ! Encore un moment de courage ! Voici venir l’heure de la récompense, l’heure du triomphe ! »

Au son de cette voix, la vierge se ranime et dit à son Rédempteur : Venez-vous me prendre ? Venez-vous m’arracher à mon exil et m’emporter avec vous dans la patrie ?

« Oui, Lidwine, oui; réjouis-toi, tes douleurs sont finies ; me voici ; tu ne me quitteras plus ; ô mon épouse, viens régner avec moi ! »

L’âme de la vierge aussitôt s’élança, brisant ses liens mortels. Le ciel s’ouvrit et les élus chantaient :

« Sois la bienvenue, ô notre sœur Lidwine, en te voyant nous sentons nos joies s’accroître dans le Seigneur. »

Jésus la reçut en lui disant :

« Viens, ma bien-aimée, approche, viens tout près de mon trône, c’est aujourd’hui que je vais récompenser ton fidèle amour. »

Il la couronna et les bienheureux chantèrent :

« Tu as eu, ô Lidwine, la foi des patriarches, l’espérance des prophètes et la charité des apôtres ! Tu as eu, ô notre sœur, l’héroïsme des martyrs, la chasteté des vierges, la sainteté des anges ! Sois couronnée comme les anges et les vierges, comme les prophètes et les patriarches, comme les apôtres et les martyrs. »

Saint Dominique, étant saisi du plus ardent désir de voir son Dieu, Notre-Seigneur lui apparut sous la forme d’un jeune homme d’une beauté ravissante, et lui dit, avec une douceur infinie :

« Dominique, mon bien-aimé, viens aux vraies joies, viens ! »

Quelque temps après, Dominique s’en allait aux cieux.

VI. Jésus remplace les âmes dont nous pleurons l’absence

Comme on chantait la messe pour l’abbesse Gertrude, sainte Gertrude priait et pleurait dans sa grande douleur ; le Seigneur vint la consoler par ses paroles pleines de tendresse :

« Ne suis-je pas capable de remplacer tout ce que je vous ai enlevé ? Croyez avec confiance que moi, qui suis la bonté même, je serai votre consolateur ; croyez que si, de tout votre cœur, vous vous tournez vers moi, je serai pour vous tout ce que chacune de vous regrette d’avoir perdu en elle. » (Liv. V, ch. Ier ; éd. lat., p. 511.)

VII. Jésus console l’âme exilée

La vénérable Anne de Jésus avait un très grand désir de retourner en Espagne pour y mourir, parce que à cause de ses infirmités, elle se croyait désormais inutile dans ce pays pour le service de Notre-Seigneur. Comme elle se trouvait un jour à la fenêtre de communion pour recevoir la sainte Eucharistie, le Maître lui fit entendre ces paroles :

« Où je suis, ne resterez-vous pas vous-même ? »

À l’instant même le désir qu’elle avait de s’en aller s’évanouit. (Vie, t. II. Liv. II, ch. XII.)

VIII. Jésus console de l’oubli et des jugements méchants des créatures

Jésus m’a dit ce matin, écrit Gertrude-Marie :

« Quand on ne fait nulle attention à toi, c’est alors que Dieu s’occupe davantage de toi. » (23 février 1907.)

Un jour, raconte la bienheureuse Anne de Saint-Barthélemy, je fis connaître à mon confesseur et l’état et les sentiments de mon âme ; il me répondit :

« Voilà quelque chose qui vient de la mère Thérèse, n’imitez pas sa conduite »

Ces paroles de mépris m’affligèrent beaucoup. Dans l’excès de ma peine je m’en allai au jardin et je me mis en oraison. Notre-Seigneur m’apparut alors tel qu’il était sur la terre ; Il était revêtu d’une chape pontificale éclatante de lumière. Il s’approcha de moi, souleva sa chape, et me montra la sainte environnée de gloire ; Il la soutenait du bras et la tenait appuyée sur son Cœur ; Il me dit :

« la voilà, je te la montre ; ne te soucie pas de ce que l’on peut dire »,

après quoi la vision disparut. Je me sentis embrasée d’un amour plus ardent à la vue de celui que Dieu portait à notre sainte. Je la priai dans une autre circonstance de m’obtenir de Dieu la grâce de connaître la vertu qui lui était la plus agréable. Elle me répondit que l’humilité était la vertu qui plaisait le plus au Seigneur. (Vie, ch. XVII.)

IX. Jésus console ceux qui sont surchargés d’œuvres extérieures

Comme sainte Gertrude priait le Seigneur de donner aux proviseurs du monastère le moyen de payer leurs dettes, afin qu’ils puissent se livrer avec plus de soin et de dévotion aux exercices spirituels.

« Et quel profit en retirerai-je, dit le Seigneur, puisque je n’ai nullement besoin de vos biens, et qu’il m’est égal que vous vous occupiez d’exercices spirituels, ou que vous vous fatiguiez aux labeurs du dehors, pourvu que votre volonté se dirige vers moi par une intention pure ? Si je ne prenais plaisir qu’aux exercices spirituels, j’aurais certainement réformé la nature humaine après la chute, en sorte qu’elle n’eut pas besoin de nourriture ou de vêtements, ni des autres choses nécessaires à la vie, qui exigent tant de sueurs et d’industrie de l’homme. Je prends, il est vrai, mon plaisir dans les exercices intérieurs des contemplatifs, mais les diverses occupations consacrées à des affaires utiles où l’on cherche mon honneur et mon amour, m’invitent également à séjourner et à faire mes délices parmi les enfants des hommes, qui trouvent en de telles rencontres une plus belle occasion de s’exercer dans la charité, la patience, l’humilité et les autres vertus. » (Liv. III, ch. LXIX)

X. Jésus dédommage ceux qui sont privés des offices et des cérémonies

Un interdit ecclésiastique ayant suspendu l’office divin, Gertrude s’écria : Comment nous consolerez-vous, Seigneur, de la présente tribulation ?

« Vos gémissements, vos désolations font mes délices, répondit le Seigneur, Mon Amour fera de nouveaux progrès en vous, comme un feu renfermé ne fait qu’étendre davantage son activité. Les délices que je trouverai en vous et l’amour que vous avez pour moi monteront comme une eau qui, après avoir été contenue, ne s’élance ensuite qu’avec plus de force. »

Et combien de temps durera cet interdit? dit la sainte.

« Tant qu’il durera, ces faveurs dureront également », dit le Seigneur. (Liv. III, ch. XVI.)

XI. L’âme qui se trouve sans secours peut tout trouver en Jésus

Gertrude, examinant un jour sa conscience, y trouva des fautes dont elle aurait voulu s’accuser, mais n’ayant pas de confesseur, elle se réfugia auprès du Seigneur, qui lui dit

« Pourquoi te troubler, ma bien aimée? Toutes les fois que tu le désireras, moi qui suis le souverain Prêtre et le vrai Pontife, je serai à ta disposition, et chaque fois je renouvellerai en un même temps dans ton âme les sept sacrements avec plus d’efficacité que jamais prêtre ni pontife ne le pourront faire en les administrant l’un après l’autre. D’abord, je te baptiserai dans mon sang précieux, puis je te confirmerai dans la vertu de ma victoire ; je ferai de toi mon épouse dans la foi de mon amour ; je te consacrerai dans la perfection de ma très sainte vie; dans la tendre affection de ma miséricorde, je te délivrerai de tout lien de péché ; dans l’excès de ma charité, je te nourrirai de moi-même, et je me rassasierai en jouissant de toi à mon tour. Dans la suavité de mon esprit, je pénètrerai ton intérieur d’une onction si efficace, que la dévotion transpirera par tout tes sens, dans tous tes mouvements, ce qui sans cesse te disposera de plus en plus, et te sanctifiera pour la vie éternelle. » (Liv. III, ch. LX.)

XII. Directeur éloigné

Marguerite-Marie, désirant beaucoup être dirigée, demanda tous les jours à Notre-Seigneur de lui envoyer quelqu’un pour la diriger:

« Ne te suffis-je pas ? lui répondait cet aimable Sauveur ; que crains-tu ? Un enfant autant aimé que je t’aime, peu-il périr entre les bras d’un Père tout puissant ? » (Ed.Gauthey, II, p. 51.)

Lorsque Marguerite-Marie voulait réfléchir sur le départ du P. de la Colombière pour l’Angleterre, Notre-Seigneur la reprenait ainsi :

« Eh quoi ! Est ce que je ne te suffis pas, moi qui suis ton principe et ta fin ? » (T. II, p. 103.)

Le directeur de la bonne Armelle ayant dû quitter Vannes, elle en ressentit une grande peine et s’en plaignit amoureusement à Notre-Seigneur. Au moment de la communion, Jésus lui dit amoureusement ces paroles :

« Ma fille, je te fais comme aux enfants qu’on retire d’entre les bras de leurs nourrice, afin de les loger dans la maison de leur père, et leur donner une meilleure nourriture que celle qu’ils avaient auparavant; ainsi toi, je veux te loger en ma maison. »

Elle lui dit : Eh, Seigneur, où est votre maison ? Notre-Seigneur Lui montrant la plaie de son côté sacré, la fit entrer par là dans son Cœur, lui disant que c’était là sa maison. Elle s’y trouva dans un grand vide et une grande privation, mais dans une paix et un repos admirable. (Vie, ch. XV.)

Sainte Thérèse était affligée de ce que son directeur à cause de ses nombreuses occupations avait dû la quitter précipitamment et de qu’il ne pouvait lui donner les consolations qu’elle jugeait nécessaires. Elle eut ensuite du scrupule de s’être, à cette occasion, laissée aller à la tristesse. Notre-Seigneur lui dit de ne pas s’en étonner.

« De même que les mortels désirent trouver avec qui s’entretenir de leurs joies sensibles, ainsi l’âme lorsqu’elle a quelqu’un qui la comprend, désire lui communiquer ses intérêts et ses peines, et elle s’attriste de n’avoir personne avec qui le faire. » et il ajouta parlant de directeur:

« Maintenant il est en bon chemin et ses œuvres me sont agréables. » (Relations, 13.)

Sainte Jeanne de Chantal priant Notre-Seigneur de lui donner un guide, il lui fut dit :

« Persévère et je te le donnerai. »

La sainte ayant persévéré à le demander avec ardeur, le bienheureux François de Sales lui fut montré dans une vision et elle entendit ces paroles :

« Voilà le guide bien-aimé de Dieu et des hommes entre les mains de qui tu dois reposer ta conscience. » (Mémoires de la Mère de Changy, p. 466.)

XIII. Supérieure changée

Sœur Marie du Saint-Esprit qui fut convertie d’une vie imparfaite à une vie très fervente par la Mère Françoise de la Mère de Dieu, raconte qu’au départ d’une Mère prieure, elle était fort affligée quoique soumise à la volonté divine. La Mère Françoise étant au chœur, Notre-Seigneur lui dit après la sainte communion :

« allez à Sœur Marie du Saint-Esprit, et dites-lui qu’elle ne pense pas que ç’ait été sans douleur que j’ai quitté ma sainte Mère pour aller à ma passion ; et que je veux que par sa douleur elle honore la mienne. Encore qu’elle n’ait pas eu la fidélité de se priver de la créature lorsqu’elle en pouvait jouir, je ne laisse pas par ma bonté de vouloir la récompenser de la soumission qu’elle me rend ; il a fallu que moi-même je fasse ce coup. » (Vie, ch. IX.)

Combien de sacrifices nous ne ferions pas si Dieu ne nous les faisait faire ; Il veut bien cependant les tenir pour méritoires.

XIV. À l’âme sans consolation

Dieu seul doit suffire. Sainte Mechtilde priait avec ferveur demandant à Dieu qu’il donnât les consolations de l’Esprit-Saint à une personne extrêmement affligée. Le Seigneur lui dit :

« Et pourquoi se trouble-t-elle ? Je l’ai créée pour moi, je me suis donné à elle pour tout ce qu’elle peut désirer de moi. Je suis son père dans la création, sa mère dans la rédemption, je suis son frère dans le partage du royaume, je serai sa sœur pour lui donner une douce société. » ( IVe part., ch. L.)

Un jour sainte Mechtilde, excessivement troublée, se réfugia auprès de son fidèle défenseur, qui lui apparut lui donnant, pour se soutenir, un bâton sans pommeau pour appuyer la main. Comme la sainte s’étonnait que le bâton n’eût point de pommeau, le Seigneur lui dit :

« J’y placerai ma main pour t’appuyer ; ainsi, quand je te donne la consolation dans l’affliction, apprends que tu reposes sur ma main ; mais si tu ne sens pas la consolation, c’est que j’aurai retiré ma main et alors tu devras t’attacher à moi-même d’un cœur fidèle. » (IIe part., ch. XIII.)

XV. Jésus rassure l’âme qu’effraient les grâces divines

Un jour que sainte Mechtilde recevait de Dieu une grâce d’une grande douceur, qui faisait un grand bien à son âme le tentateur survint, jetant dans son cœur la crainte que ce ne fût pas là un don de Dieu. Dans l’excès de son épreuve, la sainte se précipita aux pieds du Seigneur Jésus et Lui dit :

« Voici, Seigneur, que je vous offre ce don pour votre louange et gloire éternelle, et je vous prie, si ce don ne vient pas de vous, que je ne le reçoive plus jamais, car je serai contente d’être privée pour vous de toute douceur et de toute consolation. »

Mais le Seigneur, l’appelant par son nom, répondit :

« Ma bien-aimée Mechtilde, n’aie pas de crainte. Je te jure, par la vertu de ma divinité, que cette crainte et cette tristesse ne te nuiront pas, mais te sanctifieront et te prépareront à ma grâce. Si la joie de ton cœur n’éprouvait de ces contrariétés, ton cœur ne pourrait résister à l’excès de ma douceur. Ne soit donc pas étonnée d’être en butte à ces pensées lorsque tu te trouves en ma présence, car le diable me tentait encore lorsque j’étais attaché pour toi sur la croix. » (IIe part., ch. XII.)

XVI. Jésus ménage ses amis, même quand il les éprouve

Comme Gertrude, pensant aux consolations que Dieu lui donnait pour adoucir ses peines, s’humiliait de ne pas les supporter avec assez de patience, le Seigneur lui dit :

« En ceci comme dans le reste, je fais voir ma tendre sollicitude pour toi ainsi qu’une mère fait envers son petit enfant, l’objet de son amour. Ne pouvant pas le parer d’or et d’argent, dont le poids l’écraserait, elle lui fait une parure de fleurs légères qui, sans être incommodes par leur poids, ne laissent pas que de jeter un vif éclat. C’est ainsi que j’adoucis tes peines pour t’empêcher de succomber sous leur poids, sans pourtant te laisser privée du mérite de la patience. » (Liv. III, ch. LXIII)

XVII. Jésus cache les vertus de ses élus sous des apparences de défaut

Une personne, selon le désir de Gertrude, priant pour la correction de ses défauts, reçut cette instruction :

« Ce que Gertrude, mon élue, prend pour des défauts, ce sont de grands progrès de son âme, car, à cause de ce que ma grâce opère en elle, il lui serait difficile de se garder de la vaine gloire si ses vertus ne se dissimulaient pas sous des apparences de défauts. De même qu’un champ couvert de fumier n’en devient que plus fertile, ainsi de la connaissance qu’elle a de ses défauts, elle rapporte des fruits de grâce beaucoup plus savoureux. Quand, avec le temps, je les aurai complètement transformés en vertus, son âme brillera comme une lumière éclatante. » (Liv. Ier, ch. III.)

XVIII. Peines causées par nos négligences divinement consolées

Durant les cérémonies d’une messe solennelle, Mechtilde s’étant laissée à la somnolence, s’en affligeait devant le Seigneur, qui lui dit :

« Si tu ne trouvais rien en toi qui te déplût, en quoi reconnaîtrais-tu ma bonté à ton égard ? » (IIIe part., ch. XIV.)

Françoise de Bona avait de grandes vertus et de petites faiblesses. Un jour qu’elle priait devant un crucifix, toute baignée de larmes, pour obtenir la délivrance d’une promptitude dont elle ressentait quelquefois les innocentes saillies, elle entendit ces paroles qui en sortirent d’une manière fort distincte :

« Si je te l’avais ôtée, tu aurais quelque chose de plus fâcheux. » (Liv. II, ch. XVII.)

Une fois, raconte la Mère Marie du Divin Cœur, ayant commis des fautes d’impatience, je demandais pardon à Notre-Seigneur et je Lui disais : Pourquoi me laissez-Vous toujours ces fautes, puisque, par elles je ne fais que Vous offenser ?

Il répondit qu’après être tombée dans ces fautes et Lui avoir demandé pardon avec humilité et contrition, cette humiliation Lui donnait plus de gloire que les fautes, commises plutôt par faiblesse humaine que par volonté, ne l’offensaient parce qu’elles Lui donnaient occasion de montrer sa miséricorde et de laver l’âme dans son précieux Sang et que par là son Sang précieux recevait chaque jour une nouvelle fécondité.

Une autre fois Notre-Seigneur lui fit, pour la rassurer, cette comparaison :

« Si une épouse en portant un vase précieux qui appartient à l’époux le laisse tomber par faiblesse ou inattention, l’époux ne sera-t-il pas plus touché de compassion en pensant à la faiblesse de l’épouse et au chagrin que lui cause son inattention, qu’il ne sera pas irrité de la perte du vase ? » (Vie, ch. VIII.)

Mais pour que la contrition répare à ce point nos négligences, il faut qu’elle soit inspirée par le pur amour ; si nous nous attristions de nous voir toujours si misérables, cette peine trop naturelle ne produirait pas le même effet.

XIX. L’âme qui tremble de se laisser emporter par un zèle trop ardent

Gertrude se plaignait au Seigneur de ne pouvoir contenir son indignation quand elle voyait des choses contraires à la loi. Le Seigneur répondit :

« Cette émotion ne trouble pas le bien de la tranquillité, mais plutôt elle embellit ce rempart comme de différents créneaux, qui servent à l’Esprit-Saint pour rafraichir plus sûrement l’âme en lui soufflant ses inextinguibles ardeurs. On ne perd pas la vertu de concorde pour s’opposer à l’injustice ; et si le cœur éclate dans le zèle qui le transporte pour moi, je me place sur la rupture, dont il pourrait souffrir, et je n’en conserve que plus sûrement en lui le séjour et les opérations de mon Esprit divin. » (Liv. IV, ch. XXXVII.)

XX. L’âme craignant d’être trop sévère

La Mère Agnès de Langeac dit un jour à Notre-Seigneur : J’ai peur, mon doux Jésus, de vous offenser, travaillant rudement la personne que vous m’avez commise, mais je ne le fais que pour obtenir d’elle quelque amour envers vous.

« Fais-en, lui répartit Notre-Seigneur, comme de chose tienne. Quant à toi, persévère ma chère fille, dans le bien que tu as commencé. Ne doute point de ma fidélité : je t’assisterai. Aime-moi, sers-moi et ne crains rien. » (Vie, par Lantages IIIe part., ch. v.)

XXI. Jésus console l’âme qui craint d’être trop estimée

Gertrude demandait au Seigneur pourquoi il permettait qu’elle eût l’estime des hommes, alors que lui et ses élus avaient voulu être méprisés du monde. Le Seigneur répondit :

« Je permets que certains conçoivent de toi une idée relevée, dont ils éprouvent de la douceur, et qu’ils te traitent avec bonté, afin de les sanctifier ainsi, de les disposer à ma grâce, et de me les rendre plus agréables. »(Liv. IV, ch. XXXV.)

XXII. Jésus console l’âme qui souffre de son impuissance

Dans le mois de mars 1823, Elisabeth Canori, anxieuse de ne pas faire assez pour son Dieu, Le suppliait d’avoir pitié d’elle. Jésus daigna la consoler :

« Ma fille, dit-il, ne t’afflige pas ; console-toi, tu en as de justes raisons. Ma grâce t’a fait comprendre la perfection ; tu voudrais la pratiquer ; mais les forces te manquent et de là viennent les angoisses. Aie confiance en moi et ne cède pas à la crainte. Je ne demande pas de mes serviteurs ce qu’ils ne peuvent pas faire sans une grâce toute particulière. Tu voudrais arriver à tenir ton regard si bien fixé sur moi que tu ne penses à rien autre que moi, que tu ne parles que de moi. »

– Oui, Seigneur, s’écria Elisabeth, tel est bien mon désir, fixer mon regard sur vous et ne jamais le retirer. Jésus lui répondit :

« Ma fille, ceci n’est pas donné aux âmes voyageuses, mais seulement aux élus. Si tu ne peux arriver à tenir toujours ton regard fixé sur moi, qui dans mon amour tiens toujours mon regard fixé sur toi, ne t’en étonne pas : car je suis infini et toi tu es une créature bornée, revêtue d’un corps fragile. Quand tu jouiras de la vision béatifique, tout obstacle sera enlevé. Contente-toi de ce que ce saint désir martyrise ton cœur et que mon amour t’enseigne à souffrir… Abandonne-toi et tu me trouveras ; sois sans volonté et sans aucune propriété ; résignes-toi humblement à ma volonté ; plus tôt tu le feras, plus tôt tu me plairas. » (Biografia, ch. Xl.)

XXIII. Jésus console l’âme religieuse qui souffre de ne pouvoir accomplir sa règle

Une fois, qu’à raison de maladie, Gertrude avait été dispensée de suivre la règle, elle s’en plaignit au Seigneur, craignant de Lui être moins agréable en cet état qu’en suivant les exercices de la communauté. Il lui répondit :

« Est-ce que tu trouves que l’époux a moins de plaisir, lorsqu’il entretient familièrement et avec tendresse son épouse dans la chambre nuptiale, que lorsqu’il est tout fier de la voir se produire en public, dans tout l’éclat de sa parure ? » (Liv. III, ch. XXII.)

La maladie empêchait Gertrude de glorifier Dieu comme elle l’aurait souhaité, et elle s’en plaignait à Notre-Seigneur :

– Quel honneur recevez-vous maintenant de moi qui suis là, assise, inutile et indolente, vous adressant à peine une ou deux paroles ou quelque chant ?

A quoi un jour le Seigneur répondit :

« Quelle satisfaction tu aurais si un ami t’offrait, une fois ou deux, à boire d’excellent hydromel tout frais, que tu croirais capable de te fortifier ! Eh bien, sache que j’ai encore plus de plaisir à ce peu de paroles ou de chants avec lequel tu veux célébrer mes louanges. » (Liv. III. ch. LIX.)

XXIV. Les sentiments violents ne sont pas nécessaires

Bénigne Gojoz ressentait de la peine de ne plus éprouver les grandes anxiétés qu’elle avait ressenties auparavant de voir arriver l’heure de ses oraisons et le temps de la nuit pour mieux jouir de son Bien-Aimé. La Parole divine répondit à cette peine :

« Je suis avec toi en tout temps et en tous lieux. Ma fille, l’eau coule toujours doucement et comme naturellement dans les grand fleuves ; mais dans les torrents elle fait grands bruit, parce que, grossis par d’autres eaux, ils inondent quelquefois par leur rapidité les terres voisines, et d’autres fois restent à sec eux-mêmes ; ainsi ma fille, ces surabondances de miséricorde qui te causent ces anxiétés, ces motions et ces excès ne te font pas jouir de moi avec plus de plénitude que ma grâce, lorsqu’elle coule paisiblement en ton âme, à la façon des grands fleuves qui sont intarissables. Souviens-toi que si la douceur de mes communications est ta bonne part pour te vivifier, mes souffrances aussi en sont une autre salutaire pour te sanctifier et enrichir de mérite. Je donne mes grâces, je dépars mes dons, j’offre, je prends tout, selon mon bon plaisir dans les âmes qui sont à moi et à qui je me donne, parce que les biens sont communs entre vrais amants. » (Vie, ch. X.)

XXV. Jésus console l’âme qui se croit abandonnée

La bienheureuse Angèle raconte ceci : J’étais dans la tribulation ; je ne sentais rien de Dieu, et il me semblait que j’étais comme abandonnée de lui. Je ne pouvais plus confesser mes péchés… je ne pouvais même plus louer Dieu ni me tenir en oraison… Je demeurais en cette tribulation si forte et si horrible quatre semaines et plus. Alors j’entends cette parole divine :

« Ma fille aimée du Dieu tout-puissant et par tous les saints du paradis, Dieu a placé son amour en toi, il a pour toi plus d’amour que pour aucune autre femme de la vallée de Spolète. »

Mon âme répondit, disant et criant parce qu’elle doutait : Comment puis-je le croire alors que je suis remplie de peine et qu’il me semble être comme abandonnée de Dieu ?

Il répondit :

« C’est quand tu te crois plus délaissée que tu es plus aimée de Dieu et qu’il se tient plus près de toi. » ( Doncœur, p. 109 ; Ferré, p. 131.)

Le Frère Arnauld l’ayant priée de demander là-dessus au Seigneur plus de lumières, il lui fut dit :

« Dis au Frère : Pourquoi est ce que pendant toute cette tribulation elle n’a pas moins aimé, mais davantage, quand il lui semblait qu’elle était abandonnée ? Et dis-lui : C’est moi qui la soutiens ; car si je ne la soutenais, elle serait submergée. »

Et il lui donna l’exemple d’un père qui aurait un fils très cher et qui lui mesurerait ses aliments. Il les lui mesure afin qu’ils lui soient plus profitables. Il ne lui permet ni de boire du vin pur, ni de manger avec excès, de peur que cela lui soit nuisible ; il lui mesure tout afin qu’il grandisse davantage. (Doncœur, p. 113 ; Ferré p. 136.)

Jésus dit à Marguerite de Cortone :

« Observe la règle de vie que je t’ai donnée, ne l’abandonne jamais ; et si quelquefois les rayons de ma lumière s’obscurcissent, si tu cesses de goûter les douceurs de ma présence après laquelle tu soupires, ce ne sera que pour éprouver ta foi et te prouver ce que tu es par toi-même sans cette joie souverainement ineffable. Lorsqu’il me plaira de me communiquer plus largement, tu expérimenteras alors infailliblement que c’est par Moi seul que tu es devenue lumineuse et grande. Aie confiance, car au moment où je paraîtrai me soustraire, je serai encore avec toi et ne t’abandonnerai jamais… Si tu ne me possédais pas déjà, tu n’en aurais pas même le désir à ce degré, car c’est par lui que tu grandis en mérites. Désormais tu souffriras cette soif sans te plaindre, comme tu l’as fait autrefois. »

Une autre fois Il lui dit qu’elle était la petite plante qu’Il avait plantée dans le jardin desséché du monde.

« Tu me dis dans ta douleur que ton cœur s’est refroidi dans sa charité ; c’est une illusion basée sur l’infirmité de ton corps qui t’interdit maintenant certains jeûnes, prières et autres œuvres que tu avais coutume de pratiquer autrefois ; malgré cela je te dis en vérité que, bien que ce corps paraisse privé de vie, il vit en moi et toujours dans sa première ferveur. Comment en serait-il autrement, puisque tu m’as tout donné ; il est vrai que ce que tu m’as donné est peu de chose, mais le Dieu qui sait tout n’ignore pas que si tu avais pu donner davantage, tu l’aurais fait volontiers… Ma fille, ne doute pas de mes promesses, puisque tu t’es faite pauvre pour mon amour. Ceux qui m’ont vu ne m’ont pas connu ; toi tu me connais sans m’avoir vu. »

-Seigneur, dit Marguerite, je suis étonnée que le monde ne courre pas à vous avec empressement.

Jésus lui dit :

« Je me donne dans la même mesure que l’on se donne à moi. » (Vie intime, ch XI § 2 et 8.)

Jésus dit un jour à Gemma Galgani :

« Sache, ma fille que pendant que tu souffrais, j’étais toujours près de toi ; je voyais tes travaux et je m’en réjouissais… Tu te lamentes parce que je te laisse dans ces ténèbres, sache qu’après les ténèbres viendra la lumière et alors tu seras inondée de clartés. Je te fais passer par cette épreuve pour ma plus grande gloire, pour la joie de mes anges, pour ton propre avantage et pour que tu serves d’exemple au prochain. Si tu m’aimes véritablement, tu dois m’aimer même dans les ténèbres. Je prends plaisir à me livrer avec les âmes qui me sont les plus chères, à des jeux d’amour. Ne t’afflige pas si je feins de te délaisser, ne crois pas que c’est un châtiment, c’est une invention de ma tendresse pour te détacher entièrement des créatures et t’unir à moi. Quand il te semblera que je m’éloigne de toi, sache qu’au contraire je te serre plus fortement ; quand je parais être loin, je suis plus près de toi. Aie courage ; après le combat vient la paix. Fidélité et amour ; voilà ce qu’il te faut ; patiente donc maintenant si je te laisse seule, souffre avec résignation et console-toi. Je te conduis par des voies âpres et douloureuses, tu dois regarder comme un honneur d’être ainsi traitée ; ce martyre quotidien et caché éprouve et purifie ton âme. Cherche alors de grandes vertus, cours dans la voie de la sainte conformité au divin vouloir, humilie-toi et rassure-toi car si je te tiens sur la croix, c’est que je t’aime. N’imite pas certaines âmes qui s’attachent aux consolations et aux goûts spirituels, et qui n’aiment guère la croix. Quand vient pour elles l’heure des aridités, elles diminuent peu à peu leurs prières, parce qu’elles n’y trouvent plus les consolations qu’elles ressentaient autrefois. » (Biografia, ch. XXI)

« Tu te fatigues à m’appeler, dit un jour Jésus à Véronique Juliani, mais je suis avec toi. Me voici » (Diario, 8 septembre 1696.)

XXVI. Jésus rassure l’âme qui se croit éprouvée

Le bienheureux Jacques de Bévagna, de l’ordre des Frères Prêcheurs, fut éprouvé par des peines intérieures très vives. Se croyant abandonné de Dieu, la crainte de la damnation éternelle plongeait son âme dans une tristesse inconsolable. Un jour qu’il priait et pleurait devant son crucifix, le Seigneur Jésus fit tomber sur lui, de la plaie de son Cœur, une pluie de sang qui le couvrit tout entier :

« Que ce sang, lui dit le Consolateur Jésus, soit pour toi le signe assuré de ton salut éternel. »

À l’heure de son agonie, Notre-Seigneur Jésus-Christ, la très Sainte Vierge Marie, saint Georges, martyr et saint Dominique lui apparurent. Une voix du ciel adressa ces paroles à ceux qui intercédaient pour lui pendant les prières de la recommandation de l’âme :

« Ne priez pas Dieu pour lui, mais priez-le lui-même pour vous. »

XVII. Jésus rassure et instruit

Notre-Seigneur, pour dissiper les appréhensions d’Agnès de Langeac qui craignait d’être trompée par le malin esprit, lui apparut vêtu d’une longue robe de couleur tirant sur le violet. Il avait les cheveux longs et comme roux, la barbe était de même couleur ; les plaies de ses pieds et de ses mains brillaient comme les rayons du soleil ; à cette vue, Agnès se jeta par terre, effrayée, s’humiliant devant Dieu profondément ; elle entendit alors au fond de son cœur la voix de son Bien-Aimé qui disait :

« Ne crains point, je suis ton Epoux ; je suis fidèle à mes épouses ; tu me vois dans la même forme que j’avais quand je vivais dans le monde. N’aie point de peur et lève-toi ; pourquoi as-tu tant de crainte d’être trompée ? Il y a aujourd’hui un an que je t’assurai que Satan n’aurait plus de pouvoir sur toi. A–t-il eu la hardiesse de te battre depuis? »

– Non, mon cher Epoux.

– Pourquoi donc es tu encore dans la crainte, ayant reconnu les effets de mes promesses ?

– C’est ma grande misère répliqua-t-elle, qui me cause ces appréhensions.

Notre-Seigneur souriant :

« Assure-toi que depuis ta consécration par les eaux de la religion, j’ai eu un soin particulier de toi et que je continuerai de le prendre. Pour te prouver que tu n’es pas trompée tu me verras aujourd’hui à la sainte messe en la forme d’un petit enfant, la tête couronnée de rayons ; et en la communion tu me verras entre les mains du prêtre, sortant du milieu d’une lune et tenant d’une main un soleil très lumineux. »

Puis, changeant de discours, Il lui dit :

« pourquoi as-tu voulu sauter les murailles du monastère ? »

– C’est, mon Seigneur, que vous me donniez des grâces visibles auxquelles vous savez combien j’ai de répugnance, et vous savez aussi, mon doux Jésus combien de fois je vous ai supplié de me conduire par un autre chemin, ne voulant que la croix toute nue.

Le fils de Dieu témoigna par son maintien qu’il agréait fort en elle cette disposition à la pure souffrance et, se plaisant à la lui faire protester :

– Tu ne veux rien de ce que je te donne ?

-Non, mon ami, non, mon Epoux, répondit Agnès, je ne veux point de ces grâces extérieures ; rien que des peines et des douleurs !…

– Ne te fais-je pas assez pâtir ? poursuivit Notre-Seigneur. Tu souffre les peines du purgatoire ; outre cela, je t’ai fait voir les peines de l’enfer. C’est la part que tu as demandée aux premières qui met ton corps dans cette grande et continuelle souffrance.

– C’est ce que je veux, mon Seigneur.

– Tu as bien fait de refuser ces croix extérieures ; je t’en aime davantage. Mais pourquoi ne quittes-tu pas la voie de la crainte, puisque je t’ai fait dire si souvent qu’il fallait marcher par celle de l’amour, qui est la plus courte et la plus assurée ?

– C’est ma misère, ô mon Tout, et mon peu de foi qui en sont la cause.

– Ma fille, qui connaît aime, et qui aime craint ; l’un et l’autre sont bons.

– Agnès ajouta : Eh ! mon Epoux, que fais-je dans cette maison, que manger et boire ? Tirez-moi après Vous, mon doux Jésus !

– Quand tu manges et bois, tu pratiques l’obéissance, et en cela tu me sers.

Comme c’était la fête de la Chandeleur, Il ajouta : C’est à ma chère Mère que tu feras les offrandes pour toutes les religieuses. Marie me les présentera ensuite afin que je les reçoive mieux venant d’une meilleure part. Maintenant, ma fille, vas te préparer à me recevoir.

Quand Agnès eut fait la sainte communion, son époux lui apparut et dit : Sache, ma chère fille, que cette lune, dont tu m’as vu sortir, représente ma chère Mère. Elle est la vraie lune sans changement, qui a chassé les ténèbres par ses vertus. Je suis sorti de son sein. C’est la plus belle et la plus parfaite de toutes les créatures. Elle a été la plus humble de toutes et m’a plus aimé qu’aucune autre. C’est elle qui donne de l’amour aux chérubins et aux séraphins, tant elle est pleine de dilection. Bienheureux sont ceux qui la servent, qui l’aiment et l’imitent ! Quant à ce soleil que tu as vu dans ma main droite, il représente ton Epoux. Je suis le vrai soleil de justice qui fait fondre les cœurs les plus glacés, les cœurs plus durs que le diamant. C’est moi qui suis l’amour même. Je l’ai montré dans l’excès de ma passion.

« Oh ! Bienheureux sont ceux qui s’y entretiennent, quoique le nombre en soit fort petit ! Ceux qui la méditent n’auront pas peur des dernières paroles que je dirai aux pécheurs lors du dernier jugement. » (IIIe part., ch. v.)

XVIII. Encouragements divins Un jour de Noël

Jésus dit à Marguerite de Cortone :

« Ma fille, tu es dans la tristesse ; demande-moi en ce moment ce que tu voudras. »

Elle répartit : Seigneur, accordez-nous la grâce de ne vous offenser jamais.

– Pourquoi ne me demandes-tu pas la gloire de mon royaume ?

Marguerite reprit : Accordez-moi, ô mon Dieu, ce que je vous demande, c’est-à-dire de vous servir toujours, de ne vous offenser jamais, puis placez-moi où il vous plaira. Cette réponse fut si agréable au petit Enfant de Bethléem qu’Il lui dit :

« Tu es mon esclave par tes péchés passés, ma servante par tes pénitences actuelles, ma sœur par ton état de grâce, et ma fille par le gage que tu as reçu de ma gloire éternelle. »

Le jour de la Purification de Marie, Marguerite, avide de se nourrir du pain des anges, n’osait approcher de la sainte Table par humilité, se regardant comme digne de tout mépris devant le Seigneur, parce qu’Il lui avait soustrait les délices de sa présence. Moi, son indigne confesseur, j’essayai de rendre la confiance à son cœur timoré. J’y réussis tellement qu’elle voulut se confesser immédiatement, et, l’ayant absoute, je lui ordonnai de communier quand même elle ne sentirait aucune consolation, l’assurant qu’elle recevrait malgré tout une augmentation de grâces. Ayant récité le Confiteor, j’envoyai chercher le prêtre qui devait la communier. Elle reçut la sainte Hostie avec le plus profond respect, mais comme elle ne ressentait aucune joie intérieure, contrairement à l’habitude, elle s’en plaignit amèrement à Notre-Seigneur, qui lui dit :

« Ma fille, ne t’étonne point si tu n’as ressenti aucun goût ; ton âme n’y était point disposée avant de me recevoir. Je me donne tel que je te trouve. »

Elle répondit : J’hésitais vraiment à m’approcher de vous, parce qu’il me semblait que mon âme n’était pas digne de recevoir un si grand sacrement.

« Ma fille, répondit Jésus, il me plaît que tu me reçoives ; celui qui t‘a fortifiée et t’a poussée à approcher de moi, a donné force et courage à la mère des pécheurs ; car je te fais la mère des pécheurs ; et qui te prête secours pour venir à moi le prête à la mère des pécheurs. De même que j’ai formé ma Mère, la très Sainte Vierge pour le salut du monde, de même, toute proportion gardée, je te choisis pour miroir et mère des pécheurs. Et puisque par ma grâce je te destine à être magnifique dans le ciel, je ferai de toi une sainte sur la terre. Je ne devrais pas dire : je te ferai, car par mon infinie miséricorde tu l’es déjà. Tu dis que tu es privée de toute vertu ; et moi je te dis que tu en es ornée. Tu dis que tu es pauvre parce que je te manque ; et moi je te dis que tu possède en moi un trésor infini.

Ma fille, dans le cœur de laquelle je trouve le repos, je ne te nomme pas le lis de mon jardin, mais le lis de mon champ, car le parfum de tes vertus pénètrera ceux même qui sont pourris de vices, et ceux qui n’ont pour moi aucun amour, se sentiront attirés à l’odeur de ta sainteté. Et de même que la brise porte au loin l’odeur des lis, moi je porterai partout l’odeur de tes vertus… Cesse de t’étonner si je me donne à toi tel que je te trouve. Ton âme est distraite et tiède en beaucoup de tes travaux. Vois sainte Madeleine auprès du jardin du sépulcre ; je me suis présenté à elle sous la forme qu’elle avait de moi dans son esprit. Je t’ai fait l’échelle des pécheurs, afin qu’ils montent vers moi par les exemples de ta vie.
»

Mais en quoi, reprit Marguerite, puis-je servir de modèle aux pécheurs ?

« Ils imiteront, dit Jésus, tes abstinences, tes jeûnes, ton humilité, tes prières, les tribulations que tu as supportées pour moi avec tant d’empressement. Ils imiteront la douceur de tes saintes conversations, la mansuétude qui a été le cachet de ta vie. Ils imiteront l’honnêteté de tes mœurs depuis ta conversion et le soin que tu a pris de fuir le monde. »

Enivrée de joies, la sainte avait absolument oublié de faire mémoire de moi auprès de Jésus, mais le très suave et très doux rémunérateur de toutes choses, Jésus, lui dit :

« Tu dois prier pour ton conseiller et ton confesseur, car tu lui dois beaucoup. »

– Il est vrai, Seigneur, que je lui dois beaucoup. C’est pourquoi je le recommande avec instance à votre divine Majesté, d’autant plus qu’il ne m’a jamais parlé avec tant d’onction qu’aujourd’hui.

« S’il a si bien parlé, reprit Jésus, c’est que je te parlais moi-même par sa bouche. » (Vie intime, ch. VII, § 16 et 20.)

XXIX. Jésus rassure l’âme qui craint de s’accorder trop de douceurs

Une nuit que Gertrude, très affaiblie par l’exercice des puissances de son âme, avait pris une grappe de raisins, avec l’intention d’en rafraichir en elle-même le Seigneur. Il agréa cette action et Il lui dit :

« Je reconnais présentement que je suis récompensé de l’amertume dont, pour ton amour, je fus abreuvé, quand sur la croix on me présenta l’éponge, puisque, au lieu de ce breuvage, je goûte dans ton cœur une indicible douceur et, plus purement tu rechercheras ma gloire en récréant ton corps, plus je trouverai de douce réfection pour moi dans ton âme. » (Liv. III, ch. LVII.)

Le Seigneur dit un jour à Gertrude :

« Quand tu fais avec difficulté quelque chose au dessus de tes forces pour ma gloire, je l’accepte comme si j’en avais absolument besoin pour mon honneur ; mais lorsque, laissant le reste de côté, tu fais ce que réclame le bien-être de ton corps en dirigeant vers moi ton intention, je l’accepte, comme si moi-même, malade, je n’avais pu m’en passer. Ainsi, je récompense en toi l’un et l’autre, comme l’exige la gloire de ma divine magnificence. » (Liv. III, ch. LIX.)

Un jour que fatiguée, sainte Gertrude prenait un peu de repos, le Seigneur lui dit avec une douce sérénité:

« Celui qui s’est lassé aux œuvres de la charité a parfaitement le droit de se reposer dans le tranquille appartement nuptial de la charité. » (Liv. IV, ch. XXXV)

Sainte Thérèse fut plus d’une fois rassurée par le bon Maître et encouragée par Lui à accorder à la nature ce qu’elle réclame légitimement. Songe ma fille, qu’après ta mort, tu ne pourras plus accomplir pour mon service ce que tu fais maintenant. Prend pour moi la nourriture et le sommeil ; tout ce que tu fais, fais-le pour moi, comme si tout cela n’était pas vécu par toi, mais par moi-même. C’est là ce que disait saint Paul (Relation, 42)

Un jour que la sainte, éprouvant une grande faiblesse faisait un effort pour avaler un peu de pain, Jésus lui apparut, rompit ce pain et lui en porta un morceau à la bouche en disant :

« Mange ma fille et résigne-toi de ton mieux. J’ai de la peine de te voir souffrir, mais c’est là maintenant ce qui te convient. » (Relation, 12.)

Se trouvant obligée d’entretenir assez longuement un de ses frères, Thérèse en eut quelque scrupule, craignant de violer les constitutions qui mettent en garde contre les relations trop fréquentes avec des proches. Notre Seigneur lui dit :

« Tu te trompes, ma fille, vos règles ne vous enseignent qu’une chose : à vivre conformément à ma loi. » (Relation, 35.)

Une autre fois que Thérèse craignit de goûter trop de satisfaction dans ses rapports avec les guides de son âme, Notre-Seigneur lui dit :

« Que si un malade en danger de mort se voyait redevable de la santé à un médecin, évidemment ce ne serait pas vertu de sa part de ne lui porter ni reconnaissance ni affection. Qu’aurait-elle fait sans un tel secours ? La conversation des personnes de vertu ne nuit point. Elle devait avoir soin que ses paroles fussent mesurées et saintes, moyennant quoi elle pourrait continuer ces relations : loin de lui nuire, elles lui seraient très utiles. » (Vie, ch. XL.)

Sainte Brigitte ayant un jour trop jeûné et trop veillé, la tête et le cœur lui défaillaient, si bien que Jésus lui parlant, elle ne comprit pas bien. Alors le Sauveur lui dit :

« Va, donne au corps avec modération ce qui lui est nécessaire, car c’est mon plaisir que la chair ait dans une juste mesure ce dont elle a besoin, et que l’âme ne soit pas empêchée par la faiblesse de s’adonner aux choses spirituelles. » (Liv. VI, ch. XCI.)

XXX. Jésus enseigne comment il faut subvenir aux besoins de la nature en purifiant son intention

On invitait Gertrude, vu son extrême faiblesse, à prendre quelque nourriture ; comme elle résistait, le Seigneur qu’elle avait consulté, l’y encouragea en lui disant :

« Prend par amour pour moi tout ce qui t’est nécessaire et commode, afin qu’ainsi tu te conserve vivante plus longtemps à mon service : en toute chose où tu trouveras de la commodité, observe de même trois points : Premièrement de faire tout avec joie pour ma gloire. Secondement, de n’accepter ces soulagements qu’afin de souffrir plus longtemps pour mon amour. Troisièmement, de consentir volontiers, pour mon amour à demeurer privée des douceurs de ma présence aux cieux, autant que cela me plaira, et à demeurer en cette vallée de misère. Tant que tu accepteras les soulagements dans cette intention, je le prendrai comme si un ami buvait tout le fiel offert à son ami, et lui donnait en place le nectar le plus exquis. » (Liv. IV, ch. XXIII ; éd. lat., p. 370.)

XXXI. Jésus, le délassement de l’âme fatiguée

Gertrude, fatiguée, se retira dans sa cellule, demandant au Seigneur de parler à son âme. Il lui dit :

« Comme la divinité s’est reposée en mon humanité, ainsi ma divinité se repose maintenant et se délecte dans ta lassitude. Voici deux points que je viens proposer à ta méditation : considère donc qu’il n’y a rien de plus utile à l’homme en cette vie que de se fatiguer en des travaux tels que ma divinité trouve son charme à s’y reposer ; et ainsi qu’il se dévoue pour le prochain dans les œuvres de la charité. » (Liv. IV, ch. XXIII ; éd. lat., p. 372.)

XXXII. L’âme sainte est le ciel de Dieu

L’âme de Mechtilde se sentant éloignée de Dieu songeait à ces paroles du prophète :

« Hélas ! le Seigneur m’est apparu bien loin. » (Jérémie, XXXI, 3.)

Le Seigneur lui dit alors :

« Qu’est-ce que cela fait ? Partout où tu es, là est mon ciel : que tu dormes, que tu manges, ou que tu fasses tout autre chose, ma demeure est toujours en toi. » (IIIe part., ch. XLIX.)

XXXIII. L’âme fidèle est dans le Cœur de Jésus

Une fois que Mechtilde priait pour une personne, elle vit son âme dans le Cœur divin comme un petit enfant, et le Seigneur dit :

« Qu’elle vienne ainsi me trouver dans toutes ses tribulations, qu’elle se tienne à mon Cœur divin, y cherchant la consolation, et je ne l’abandonnerai jamais. » (IVe part., ch XXXVII.)

XXXIV. Jésus agit avec l’âme fidèle comme la mère avec son enfant

Se sentant sans force et très abattue, sainte Gertrude dit au Seigneur :

« Que deviendrai-je Seigneur ? Que voulez-vous faire de moi ? »

« Le Seigneur répondit : Comme une mère console ses enfants, moi aussi je te consolerai »,

et lui rappelant qu’elle avait vu une mère caresser son petit enfant, Il lui fit remarquer trois choses auxquelles elle n’avait pas fait attention.

La première est que cette mère demandait souvent à son enfant de l’embrasser ; et l’enfant, tout faible qu’il était, se soulevait pour satisfaire à cette demande. Le Seigneur ajouta qu’elle devait, elle aussi, s’élever avec grand travail, par la contemplation, à la jouissance de l’objet très doux de son amour.

En second lieu, la mère mettait à l’épreuve la volonté de l’enfant en lui disant : Veux-tu ceci, veux-tu cela ? et ne lui accordait ni une chose ni l’autre. Ainsi Dieu tente l’homme en lui inspirant quelquefois l’appréhension de grandes afflictions qui n’arrivent jamais ; mais du moment que l’homme se soumet, cela suffit parfaitement à Dieu, et rend l’homme digne d’une récompense éternelle.

La troisième chose était que personne, si ce n’est sa mère, ne pouvait comprendre le langage de l’enfant, encore trop jeune pour pouvoir former ses paroles ; ainsi Dieu seul connaît l’intention de l’homme, et le juge en conséquence, à la différence des hommes qui ne regardent qu’à l’extérieur. (Liv. III, ch. xxx, n°26 ; éd. lat., p. 190.)

XXXV. Jésus avec nous dans les œuvres entreprises pour sa gloire

Saint Camille de Lellis (1550-1614), voulant établir l’ordre des clercs réguliers pour le service des malades, rencontra de si grands obstacles dans la réalisation de ses desseins, qu’il était tenté de découragement. Une nuit, pendant son sommeil, il lui sembla voir le Crucifix qui, tantôt inclinait sa tête et le regardait, en lui adressant ces paroles :

« Ne crains rien, je t’aiderai et serai avec toi ; tantôt détachait ses mains de la croix, et les étendaient vers lui, en lui disant : de quoi t’affliges-tu ? Poursuis cette affaire ; je viendrai à ton secours, ce n’est pas ton entreprise, c’est la mienne. » (Les petits Bollandistes, par Mgr Guérin, au 18 juillet.)

La bienheureuse Anne de Saint- Barthélemy raconte comment une fois le Sauveur eut pitié des peines de sa fidèle Thérèse ; voici son récit :

A l’époque où la Réforme souffrait de grandes persécutions et où le nonce avait ordonné d’emprisonner tous les Carmes Déchaussés, notre sainte Mère reçut, la veille de Noël, des lettres lui annonçant que ses enfants allaient être exterminés et ses couvents détruits. Elle en éprouva une très grande douleur ; Je la priai cependant de prendre une collation avant d’aller à Matines.

Elle se rendit, en effet au réfectoire, mais elle était si accablée qu’elle ne pouvait se résoudre à manger. Notre-Seigneur lui apparut alors, coupa lui-même son pain et lui mit un morceau dans la bouche, en disant :

« Mange, ma fille, tu souffres beaucoup pour moi, prends courage. »

Ces paroles mirent le comble à sa douleur et deux ruisseaux de larmes coulèrent de ses yeux tout le temps de Matines. (Vie de la vénérable Anne de Saint Barthélemy, ch. XVI )

XXXVI. Dieu, le seul Ami fidèle

Une personne ne répondant pas au zèle de Gertrude pour son salut, la sainte se réfugia auprès du Seigneur qui la consola en ces termes :

« Ne t’attriste pas, ma fille, car j’ai permis que cela arrivât, pour le plus grand bien de ton âme ; j’aime beaucoup à converser et à demeurer avec toi ; et j’ai voulu ainsi jouir plus souvent de ce bonheur. La mère d’un petit enfant tendrement aimé désire l’avoir toujours auprès d’elle ; quand il veut s’éloigner pour aller jouer avec ses petits camarades, elle place dans le voisinage quelque épouvantail pour faire peur à l’enfant, qui accourt aussitôt se réfugier dans son sein. Ainsi, comme je désire t’avoir toujours à mon côté, je permets que tes amis te causent quelque peine. Ne trouvant alors de fidélité parfaite en aucune créature, tu recours à moi avec d’autant plus d’ardeur que tu trouves là une plus grande abondance de jouissances et une fidélité plus assurée. Une tendre mère cherche à adoucir par ses baisers les chagrins de son petit enfant, ainsi je veux par de douces paroles calmer toutes tes peines et tes contrariétés. »

Et lui présentant son Cœur, Il lui dit :

« Voici maintenant ma bien-aimée, tout ce qu’il y a de plus caché dans mon Cœur : considère diligemment avec quelle fidélité j’y ai déposé tout ce que tu as fait à mon intention, et comme je l’ai enrichi pour le plus utile et le plus salutaire profit de ton âme ; vois encore si tu peux te plaindre que j’aie, même d’un seul mot, manqué de fidélité. » (Liv. III, ch. LXIII.)

XXXVII. Jésus, la force des martyrs

Au milieu des combats qu’il eut à soutenir et des supplices à endurer, saint Procope, martyr, conjura le Seigneur de ne pas l’abandonner :

« Ne craignez rien, lui dit Notre-Seigneur, je serai toujours avec vous. » (Les petits Bollandistes par Mgr Guérin, au 8 juillet.)

Au milieu de ses supplices, saint Georges, martyr, fut consolé par une voix du ciel qui disait :

« Georges, ne crains rien, car je suis avec toi. » (Ibid., au 23 avril.)

Pendant les cruelles tortures de son martyr, saint Victor de Marseille demanda à Dieu une pieuse résignation. Jésus lui apparut, tenant en main le glorieux étendard du combat, la croix.

« La paix soit avec toi, généreux Victor, lui dit-Il, je suis Jésus ; c’est moi qui souffre dans mes saints les injures et les tourments. Combats en soldat courageux, sois fort et constant ; je suis avec toi pour être ton ferme appui dans la lutte et ton fidèle rémunérateur après la victoire, au sein de mon royaume. »

Lorsque Victor eut rendu le dernier soupir, on entendit une voix venant du ciel, qui disait :

« Tu as vaincu, généreux Victor, tu as vaincu ! » (Ibid., au 21 juillet.)

Livré aux plus affreux supplices, Saint Pantaléon, médecin, eut recours au Seigneur, qui lui apparut sous la figure d’un vieillard et lui dit :

« Je suis avec toi dans tout ces tourments que tu souffres pour mon amour avec une si grande patience. » (Ibid., au 27 juillet.)

Source : Recueil d’Apparitions de Jésus aux Saints et aux Mystiques – Ch VI – Abbé Auguste Saudreau.

Publié par Napo

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