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Satan et la manière dont il nous tente à l’heure de la mort.

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C’est, surtout à l’heure de la mort que l’enfer s’arme et combine toutes ses forces pour enlever l’âme de l’homme au passage du temps à l’éternité. « Quand il se verra placé entre les démons d’un côté et ses péchés de l’autre qui se dresseront comme deux bataillons formidables pour l’écraser, dit saint Léonard de Port-Maurice, c’est alors que son cœur sera dans les transes et qu’il s’écriera en soupirant avec David : « Circumdederunt me dolores mortis ; les douleurs de la mort m’ont environné. »

C’est une opinion assez commune, confirmée par l’autorité de plusieurs Pères et appuyée sur la foi de nombreux exemples, que le démon apparaît à chaque homme à l’heure de la mort… Quel combat terrible, hélas! vous attend en ce moment, mon pauvre pécheur : terrible tant par le nombre que par la qualité des ennemis contre lesquels vous aurez à lutter.

Il y a plus de six mille ans que le démon ne fait pas d’autre métier que de tenter les hommes; pensez donc s’il doit connaître toutes les ruses, tous les stratagèmes à employer pour les faire tomber. Ajoutez à cela que pendant la vie un seul démon vous tente : c’est tantôt l’un, tantôt l’autre; tandis qu’à la mort ces monstres sortiront par bandes de l’enfer pour vous vaincre, comme il arriva à un gentilhomme allemand qui vit autour de son lit, dans son agonie, savez-vous combien de démons? Quinze mille. (S. Léonard de Port-Maurice, Sermons pour le Carême.)

Cette dernière lutte avec les puissances de l’enfer sera réellement terrible pour les pécheurs et les âmes négligentes, puisque les plus grands Saints même ont eu à combattre à leur dernière heure un nombre effrayant de démons, comme les faits suivants en font foi. Au moment où saint François d’Assise était sur le point de rendre son âme à Dieu, le démon prit possession d’une femme et la tourmenta cruellement. Néanmoins il la quitta pendant deux jours, mais ce ne fut que pour revenir ensuite la torturer avec plus de violence que jamais.

Un noble chevalier, nommé Landolfe, qui avait une grande dévotion pour le Saint, ayant entendu parler de cette femme, alla la trouver et demanda au démon ce qui l’avait engagé à se retirer d’elle pour la tourmenter ensuite plus cruellement.

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« Quand je l’abandonnai, reprit le malin esprit, c’était parce que moi et ceux des miens qui se trouvent dans cette contrée, nous avions réuni tous nos efforts à l’occasion de la mort du mendiant François. Nous voulions disputer son âme et nous en emparer ; mais elle était environnée et protégée par une multitude d’anges qui nous surpassaient de beaucoup et qui la conduisirent droit au ciel. Nous avons donc été forcés de nous retirer tout confus ; et c’est pourquoi je me dédommage maintenant du repos que j’avais accordé pendant deux jours à cette misérable. » (Fioretti de saint François d’Assise.)

On rapporte de saint André d’Avellin qu’à l’instant de sa mort dix mille démons vinrent le tenter, et on lit dans sa Vie qu’il eut à soutenir avec l’enfer, pendant son agonie, un combat si terrible qu’il faisait trembler tous les bons religieux qui l’entouraient. Ils voyaient le visage du Saint se gonfler par son agitation au point de devenir livide ; tous ses membres tremblaient et se débattaient, ses yeux répandaient un torrent de larmes, sa tête éprouvait de violentes secousses ; tous ces signes indiquaient l’horrible combat que lui livrait l’enfer. Les religieux pleuraient de compassion, redoublaient de prières et en même temps frémissaient d’épouvante en voyant qu’un Saint mourait ainsi. Ils se consolaient néanmoins en le voyant tourner les yeux, comme pour demander du secours, vers une image de Marie, se rappelant l’avoir souvent entendu dire pendant sa vie que Marie deviendrait son refuge à l’heure de la mort. Il plut enfin à Dieu de faire contraster une glorieuse victoire avec cette terrible lutte. Les mouvements du corps s’apaisèrent, le visage reprit sa sérénité habituelle, et l’on vit le Saint, les yeux tranquillement fixés sur l’image, faire une dévote inclination à Marie (qu’on croit lui être apparue en cet instant), comme pour la remercier de son secours, puis expirer doucement entre les bras de la très sainte Vierge, qui emporta son âme en paradis. Au même instant une religieuse capucine, qui était à l’agonie, se retournant vers ses sœurs qui l’assistaient, leur dit :

« Récitez l’Ave Maria, car un Saint vient de mourir. » [Les Gloires de Marie, par S. Liguori.)

Saint Léonard a donc bien raison de représenter au pécheur ce dernier combat comme extrêmement périlleux. Que deviendrez-vous, malheureux, lui dit-il, lorsque vous verrez votre chambre envahie par ces monstres prêts à vous dévorer ? Oh ! Quelle épouvante ! Quelle horreur ! Mais permettez-moi, en vertu de l’affection que je vous porte, de vous montrer maintenant quelle sera la plus violente de toutes les tentations par lesquelles le démon s’efforcera de vous attirer dans ses filets. Quelle sera-t-elle ? Le savez-vous ? Une tentation de défiance et de désespoir. À présent, il vous peint la voie du paradis large et spacieuse, la miséricorde de Dieu immense, la conversion extrêmement facile ; mais alors il vous resserrera le cœur et tâchera de vous persuader que votre cas est désespéré.

Attention à ceci, s’il vous plaît : pendant que vous lutterez contre les douleurs, contre l’agonie, contre mille pensées accablantes, un démon viendra vous souffler à l’oreille :

Eh bien! crois-tu pouvoir te sauver ? Je m’en étonne bien ! Ne sais-tu pas ce que dit l’Ecriture ?

« Justus vix salvabitur, le juste se sauvera à peine » ; comment donc penses-tu te sauver, toi pécheur si scandaleux ? Eh ! renie le Christ et sa foi, aussi bien tu es déjà des nôtres. — Et que répondrez-vous ?

Après celui-là il en viendra un autre qui vous dira : Il n’y a plus de pardon pour toi ; Dieu n’a pas épargné son propre Fils qui n’était chargé que des péchés d’autrui, proprio Filio suo non pepercit ; juge donc s’il voudrait te pardonner, à toi, tant de péchés si énormes ?

Non, non il n’y a plus d’espoir pour toi ; tu es des nôtres. — Et vous, que direz-vous ?

Un troisième démon viendra, qui fera naître dans votre cœur une vaine espérance de guérison, et, à la lueur de cette espérance trompeuse, il réveillera l’image de telle personne que vous savez, peut-être même la fera-t-il apparaître devant vous, comme il arriva à un gentilhomme que j’assistais à l’heure de la mort à Florence ; le malheureux, se tournant vers moi en tremblant, me disait :

« La voilà, mon Père, la voilà ! »

— Oh ! alors, certes, s’il trouve au dedans de vous quelque intelligence secrète dans une mauvaise habitude contractée, il ne manquera pas de rappeler à votre souvenir toutes les pensées les plus lubriques, de rallumer toutes les affections les plus déshonnêtes, en un mot de toucher toutes les cordes qu’il sait avoir été les plus sensibles autrefois, car, en capitaine expérimenté, dit saint Grégoire, il attaque chacun par les vices auxquels il le voit plus enclin par sa nature : Juxtà complexionem uniuscujusque convenientibus vitiis insidiatur.

S’il voit un côté faible, c’est là qu’il dressera ses batteries les plus fortes et qu’il livrera ses plus rudes assauts. Saint Elzéar, comte d’Arian, au rapport de Surius, étant entré en agonie, commença à trembler et à se couvrir par tout le corps d’une sueur froide ; puis tout à coup il s’assit sur son lit, et, le regard consterné, il s’écria d’une voix à faire compassion :

« Ah ! si les hommes savaient,, s’ils savaient les combats terribles qui sont livrés à nos âmes par l’ennemi à ce dernier moment ! »

Après ces mots, il s’affaissa. Prêtres du Seigneur, vous qui, soit par le devoir de voire charge, soit par la charité, assistez les moribonds, ah ! Ne les abandonnez pas en ce moment ; assistez-les avec amour et encouragez-les. Oh ! Si vous saviez ce qu’ils voient lorsque leurs yeux errent çà et là, qu’ils demandent des couvertures, qu’ils veulent s’élancer hors du lit. C’est alors que, le démon se présente à eux sous l’aspect d’un cruel dragon, plein de rage, et, sachant qu’il lui reste peu de temps, les menace de la damnation éternelle : Habens iram magnam, sciens quod modicum tempus habet

Que ferez-vous, mon pauvre pécheur, lorsque vous vous trouverez serré entre les griffes du démon ? Hélas ! si vous ne prenez pas vos mesures à temps, vous tomberez dans le désespoir, je vous en avertis d’avance pour votre bien; oui, vous tomberez dans le désespoir, comme il arriva à ce jeune homme appelé Théodore, dont parle saint Grégoire dans ses Dialogues ; réduit à l’extrémité, il se crut perdu, et, chassant tous les prêtres qui l’assistaient :

« Retirez-vous, leur criait-il, retirez-vous : Recedite, recedite ; ne voyez-vous pas ce démon qui, sous la forme d’un dragon féroce, commence déjà à me dévorer ? Sinite ut faciat quod facturus est : laissez-le m’entraîner avec lui en enfer. »

Quelle horreur ! Quelle épouvante ! Et de vous qu’en sera-t-il ? Pensez-y bien, pensez-y. » (S. Léonard de Port-Maurice, Serm pour le Carême.)

Dans ses sermons sur la bonne mort, Cataneus raconte qu’un jeune homme dissolu ne tenait aucun compte des bons conseils qu’on lui donnait :

« J’ai un saint qui est tout-puissant, disait-il, et ce saint, c’est la miséricorde de Dieu. »

La mort vint, le malheureux fit appeler un confesseur ; mais pendant qu’il faisait son examen de conscience préparatoire à la confession, le démon écrivit sous ses yeux tous les péchés qu’il avait commis. A cette vue il fut saisi de frayeur et se mit à crier :

« Hélas ! quelle longue liste de péchés ! »

Et, avant de pouvoir se confesser, il mourut. Les dernières paroles de cet infortuné ne nous révèlent que trop le désespoir dans lequel le malin esprit avait réussi à le jeter pour sa perte éternelle.

Un autre jeune homme qui, durant sa vie, avait eu la mauvaise habitude de se confesser sans examiner soigneusement sa conscience, envoya chercher un confesseur à l’heure de la mort ; mais avant l’arrivée du prêtre, un démon apparut au moribond et lui montra une longue liste des péchés qu’il avait omis dans ses confessions précédentes, faute de soin dans son examen de conscience. Le pauvre jeune homme tomba dans le désespoir et mourut sans se confesser. (N. Erithrée.)

Surius nous apprend qu’un religieux, étant sur son lit de mort, vit à la fenêtre de sa cellule un oiseau noir qui n’était pas autre que le démon. Effrayé à la vue de l’ennemi de son salut, il pria son supérieur de le chasser. Le supérieur aspergea la fenêtre d’eau bénite et l’infernal oiseau s’envola.

Il est également rapporté par le P. Ferrerio qu’un religieux de Cluny, étant à l’article de la mort, vit sa chambre se remplir de démons ; mais, sa cellule ayant été aspergée d’eau bénite, ils disparurent. [Hist., p.183.)

Un autre religieux, nommé Bertolde, qui avait saint Guy pour abbé, languissait depuis longtemps d’une maladie grave sans pouvoir mourir. Pendant ce temps il perdit connaissance et faisait certains signes qui donnaient à penser qu’il désespérait de son salut. A la fin, grâce à la bénédiction de son saint Abbé, il recouvra son calme habituel et l’usage de ses sens. Alors les religieux qui l’assistaient lui demandèrent ce qu’il avait vu durant ses longs évanouissements :

« J’ai vu, leur répondit-il, des diables horribles, qui se tenaient autour de moi, et me remettaient devant les yeux un seul péché que j’avais commis il y avait longtemps et dont je ne me souvenais plus ; c’est d’avoir fait une fois un léger enchantement. C’est à cause de ce péché que les diables soutenaient obstinément que je méritais d’être damné. Mais la grâce et la vertu de Jésus-Christ, les prières de notre saint abbé Guy et les vôtres les ont fait fuir avec une amère tristesse. »

Enfin, après avoir obtenu la rémission de son péché dans le sacrement de Pénitence, il s’endormit paisiblement dans le Seigneur. (Vie de saint Guy, par le R. P. Ribadeneria, 31 mars.)

On voit par tous ces exemples quels sont les assauts terribles que l’on a à subir à l’heure de la mort de la part des cruels ennemis de notre salut ; et cependant rien n’est si important pour nous que d’obtenir une bonne mort. Quand tous les anges et tous les hommes ensemble réuniraient les forces de leur esprit pour nous donner une connaissance juste de l’importance de la bonne ou de la mauvaise mort, ils n’y parviendraient jamais, parce qu’il leur est impossible, malgré tous leurs efforts, de nous faire comprendre parfaitement les biens et les maux qui sont la suite d’une bonne ou d’une mauvaise mort.

La mort, en effet, est la consommation de noire ouvrage, la fin de notre navigation où notre vaisseau doit arriver à bon port ou bien se briser ; et de cet unique moment dépend notre éternité bienheureuse ou malheureuse : si nous mourons bien, nous serons sauvés à jamais ; si nous moutons mal, nous serons perdus pour toujours ; car Dieu a ordonné que nous ne mourrions qu’une fois. Si nous mourions deux fois, le danger serait moins grand, parce que, si la première fois nous avions le malheur de mourir dans le péché, nous pourrions réparer ce malheur la seconde fois en mourant en état de grâce. Mais non, nous ne mourrons qu’une seule fois, et de cette seule et unique fois dépend irrévocablement pour nous une éternité de bonheur ou de malheur.

Lamachus, vaillant et judicieux centenier des Lacédémoniens, reprit un jour un soldat d’une faute qu’il avait commise ; le soldat l’avoua franchement et promit de ne plus y retomber :

« Ce n’est pas assez, reprit Lamachus, il n’en est pas des fautes commises à la guerre comme des autres : il n’y a pas moyen de se tromper deux fois, la première faute est sans remède. »

Nous devons en dire de même de la mort, et à bien plus forte raison ; on ne peut se tromper deux fois, la première faute est irréparable : mourir mal une seule fois, c’est mourir mal pour toujours et être damné pour toute l’éternité. Prenons donc toutes nos précautions pour bien mourir cette seule fois. Mais comment nous procurer ce bonheur incomparable ?

Le premier et le meilleur moyen d’obtenir une bonne mort, c’est de mener une bonne vie ; car, on l’a dit avec raison : Telle vie, telle mort. Il en est de la mort de l’homme comme de la chute d’un arbre : l’arbre tombe toujours du côté où il penche et vers lequel il est entraîné par son poids ; ainsi l’homme tombe à sa mort du côté où les œuvres de sa vie le font incliner et l’entraînent par leur pesanteur. La mort est le fruit de la vie, et si, le fruit étant semblable à la semence, la semence des ronces et des chardons ne saurait porter des lis ou des roses, la mauvaise vie ne saurait produire une bonne mort. Nous savons qu’il y en a quelque-uns qui sont morts saintement, après avoir passé leurs jours dans la débauche et le vice ; mais nous savons aussi qu’ils seraient bien vite comptés, et que pour un à qui ce bonheur a été accordé, il en est des milliers à qui il a été refusé. La bonne mort de ce petit nombre suffit pour laisser au pécheur mourant quelque espoir de salut, s’il veut se repentir ; mais elle est incapable de le rassurer pleinement sur son sort éternel.

Lorsque nous verrons notre mort approcher, entrons dans des dispositions vraiment chrétiennes, ayons recours aux saintes pratiques consacrées par la religion et la piété : ayons de l’eau bénite à côté de nous, sous nos yeux le crucifix et l’image de Marie notre bonne Mère, faisons de fréquents actes de résignation à la volonté de Dieu, et surtout, disposons-nous à recevoir les derniers sacrements, sans attendre pour cela l’extrémité, ce qui nous exposerait à mourir sans les recevoir, ou à ne les recevoir qu’avec une présence d’esprit insuffisante pour apprécier toute l’importance de cette grande action et nous y préparer convenablement.

Après les avoir reçus et avoir sagement réglé tout ce qui regarde les choses temporelles, nous ne devons plus nous occuper que de la pensée de l’éternité. Nous accepterons toutes les suites de notre maladie que nous regarderons comme un remède capable de guérir tous les maux de notre âme, comme une portion de la croix de Jésus-Christ, comme un riche présent qui nous vient de la main d’un Père infiniment aimable et infiniment miséricordieux. Nous adorerons le souverain domaine qu’il a sur notre existence. Afin de donner du mérite à nos douleurs, nous les unirons aux souffrances et à la mort de notre divin Sauveur. Nous considérerons notre lit de douleur comme la croix où son amour nous attache, comme une école où nous pouvons enseigner toutes les vertus chrétiennes, comme un trône où nous devons être par notre humilité, notre patience et notre douceur, un spectacle à Dieu, aux anges et aux hommes.

Dans les progrès de la maladie, nous nous affermirons dans les vertus de patience, de douceur, de soumission, en souffrant tous nos maux avec calme, et, autant que possible, sans exhaler aucune plainte. Nous accepterons les remèdes qui nous seront donnés, comme s’ils nous étaient présentés par Dieu même, surmontant avec courage notre répugnance naturelle et pensant au fiel dont Notre-Seigneur fut abreuvé dans sa Passion.

Nous nous animerons d’une foi vive, protestant que nous voulons vivre et mourir enfants soumis de l’Église notre mère ; d’une confiance filiale dans les miséricordes infinies du Seigneur et surtout dans les plaies sacrées de Jésus-Christ, les sources de notre salut, ainsi que dans son Sacré-Cœur à la dévotion duquel il a promis les grâces les plus précieuses et notamment celle d’une bonne mort ; d’une tendre soumission aux jugements de Dieu et d’un entier abandon à son infinie miséricorde ; enfin d’un désir ardent de le posséder dans l’éternel séjour.

Observons en particulier que l’acceptation humble et soumise de la mort, comme expiation de ses péchés, touche singulièrement le cœur de Dieu et l’incline grandement à nous faire miséricorde. Dès que David eut dit :

« J’ai péché »,

le prophète lui répondit :

« Le Seigneur aussi a pardonné votre péché. »

En second lieu, nous devons mettre notre confiance dans la Passion et la mort de Jésus-Christ, qui a déclaré qu’il était venu appeler et sauver les pécheurs et chercher les brebis égarées. Il semble, en effet, traiter avec une tendresse spéciale les pécheurs repentants, tels que sainte Marie-Madeleine, sainte Marie d’Égypte, la bienheureuse Angèle de Foligno, sainte Marguerite de Cortone et beaucoup d’autres âmes repentantes de leurs égarements.

Ainsi celui qui a bonne volonté ne doit pas redouter Notre Seigneur, puisque, pour nous préserver de la damnation, il s’est condamné lui-même à la mort de la Croix. Rappelons-nous bien dans les tentations de désespoir ce que le Seigneur dit un jour à sainte Catherine de Sienne :

« Les pécheurs qui, à l’article de la mort, désespèrent de ma miséricorde, lui dit-il, m’offensent et me déplaisent beaucoup plus par ce seul péché de désespoir que par tous les autres qu’ils ont jamais commis. Car celui qui désespère, méprise ouvertement ma miséricorde et s’imagine à tort qu’elle est moindre que son iniquité. Aussi ce péché de désespoir fait qu’il s’afflige de son malheur irréparable et non pas de l’offense qu’il a commise contre moi. Mais s’il avait une vraie douleur de m’avoir offensé et méprisé, et qu’il eût une ferme confiance dans ma miséricorde, il obtiendrait très certainement le pardon de ses fautes, parce que ma miséricorde est infiniment plus grande que tous les péchés qui peuvent être commis par une créature. » (Blosius.)

Que sont, en effet, nos péchés devant la miséricorde divine ? Ne sont-ils pas comme le brouillard qui est aussitôt dissipé par les rayons du soleil ? Ou comme la cire qui se fond devant le feu ? Qui pourrait donc être assez insensé pour croire que sa malice l’emporte sur la bonté de Dieu ? Et pourtant, chose à jamais déplorable ! Parmi ceux qui ont mal vécu jusqu’à leur dernière maladie, il y en a peu de sauvés. D’où vient ce malheur lamentable ? Qu’on le sache bien, il ne vient pas de ce que la miséricorde divine fait défaut, mais, sans aucun doute, du manque de repentir et de confiance chez le pécheur à qui le démon fait dire comme à Caïn :

« Mon iniquité est trop grande pour obtenir pardon ; Major est iniquitas mea, quant ut veniam merear. » (Gen., VI, I3.)

En troisième lieu, nous aurons confiance dans l’intercession des saints et en particulier de la très sainte Vierge, qui est si justement appelée le Refuge des pécheurs, notre espérance. La Mère de Dieu révéla elle-même à sainte Brigitte que, de même qu’une mère défend courageusement son enfant contre les attaques des ennemis dont elle le voit environné, ainsi elle défend contre les assauts du démon les âmes qui se recommandent à sa protection. Elle dit aussi à la même sainte que, lorsqu’un pécheur implore son secours, elle ne regarde pas la gravité de ses péchés, mais bien l’intention avec laquelle il a recours à elle. Et Dieu lui-même dit à sainte Catherine de Sienne qu’il avait donné à Marie ce privilège que, quand un pécheur a recours à elle, il ne peut être emporté par le démon.

On ne finirait pas, si l’on voulait rapporter tous les exemples de la protection de Marie à l’heure de la mort ; contentons-nous d’en donner ici quelques-uns. L’an 1313, un saint religieux de l’Ordre des Chartreux, fort dévot à la Mère de Dieu, fut atteint d’une maladie dont il mourut. Quelque temps avant sa mort, il fut tourmenté d’une violente tentation de désespoir, le démon s’étant présenté à lui avec un livre où étaient écrits tous les péchés qu’il avait commis ; ce qui l’effraya tellement qu’il en demeura hors de lui-même.

Lorsqu’il se croyait perdu, la Reine du ciel se fit voir à lui et calma le trouble de son âme par ces paroles pleines de bonté :

« Que craignez-vous ? Doutez-vous de ma tendresse pour vous ? Doutez-vous que je veuille vous assister au besoin ? Pour vous en donner des preuves, je vous apporte mon Fils et soyez assuré que vos péchés vous sont pardonnés. »

À ces mots, ce saint religieux se trouva dans une tranquillité parfaite et fut comblé de joie et de consolation ; c’était un avant-goût du bonheur dont il allait jouir au ciel ; car, peu de temps après, lorsqu’on récitait les litanies qu’on a coutume de dire pour les moribonds et que l’on en fut venu à ces mots :

« Omnes sancti et sanctœ, orate pro eo, vous tous, Saints et Saintes, priez pour lui »,

il se mit à crier :

« O vous bienheureux que je vois, et qui êtes ici présents, priez pour moi »

Et aussitôt il expira (Histoire des Chartreux.)

Source : Guerre à Satan – Reconnu fiable par Mgr l’Archevêque de Pondichéry en 1892.

Publié par Napo

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