Le mystère entourant la disparition d’Emanuela Orlandi, une adolescente vaticane disparue en 1983, reste l’un des dossiers les plus troublants de l’histoire moderne. Près de quarante ans plus tard, le cas suscite toujours un vif intérêt, alimenté par des théories du complot, des révélations contradictoires et des enquêtes renouvelées. Retour sur les derniers développements, entre témoignages, accusations et pistes inexpliquées.
Domenico Giani, ancien chef de la gendarmerie vaticane (2006-2019), a récemment témoigné devant une commission parlementaire italienne. Il a confirmé l’existence d’un dossier compilé en 2012 à la demande de Mgr Georg Gänswein et de la Secrétairerie d’État, mais a précisé qu’il s’agissait uniquement d’une reconstitution historique, sans éléments nouveaux. Selon lui, aucune enquête officielle du Vatican n’avait été menée à l’époque de la disparition, laissant la gestion du dossier aux autorités italiennes.
Pourtant, cette affirmation est contestée par Laura Sgro, avocate de la famille Orlandi. Elle insiste sur le fait que ce dossier, même présenté comme « historique« , résulterait nécessairement d’une activité d’enquête et demande qu’il soit enfin partagé avec la famille, une requête restée sans réponse jusqu’à présent.
Un autre élément clé de l’affaire est le rôle supposé d’Enrico De Pedis, ancien chef de la mafia romaine, dont le nom a été lié à la disparition d’Emanuela. Giani a confirmé des échanges avec un procureur romain concernant l’ouverture du tombeau de De Pedis en 2012, situé dans la basilique de Sant Apollinare. Bien que les spéculations aient suggéré que ce tombeau puisse contenir des indices sur le sort de l’adolescente, l’ouverture n’a révélé aucune preuve de cette connexion.
Cependant, des allégations persistantes sur un possible « arrangement » entre le Vatican et De Pedis continuent d’alimenter les soupçons, renforcés par le fait que la basilique a accepté d’abriter ses restes malgré son passé criminel.
La commission parlementaire a refusé d’entendre Mehmet Ali Agca, l’homme ayant tenté d’assassiner Jean-Paul II en 1981, malgré ses revendications répétées d’un lien entre sa tentative et la disparition d’Orlandi. Ali Agca, avait déclaré aux médias italiens que la disparition d’Orlandi s’est produite à la demande d’une mystérieuse cabale secrète au sein du Vatican appelée « Entité », qui, a-t-il dit, est l’un des noms de Satan, confirmant que l’affaire est liée d’une manière ou d’une autre à la Madone de Fatima, qui, a-t-il dit, a « prédit » la tentative d’assassinat contre Jean-Paul II.
Le pape François pourrait révéler la vérité sur Orlandi demain, a-t-il dit, mais cela se heurterait à l’opposition de « l’Entité, de l’Opus Dei et d’autres secteurs conservateurs du Vatican qui veulent un silence absolu sur ce mystère qui les emprisonne spirituellement et moralement depuis 41 ans, et qui ruinera le Jubilé à venir ».
Le documentaire Netflix Vatican Girl a relancé l’intérêt public pour cette affaire en 2022, mettant en lumière des zones d’ombre et de nouvelles pistes potentielles. Cerenouvellement a conduit à trois enquêtes simultanées : l’une menée par la Justice du Vatican, une autre par les procureurs de Rome, et une troisième par la commission parlementaire italienne.
Alors que les investigations se multiplient, la famille Orlandi persiste dans sa quête de vérité, espérant briser le mur de silence qui entoure cette affaire depuis des décennies.