L’immigration est un sujet complexe qui touche aussi bien aux questions politiques qu’aux principes moraux. Face à cette problématique, l’Église catholique propose une vision nuancée, articulée autour de la charité, de la justice et du bien commun. À travers ses enseignements, notamment dans le Catéchisme de l’Église catholique et la pensée de saint Thomas d’Aquin, l’Église invite à réfléchir à la fois sur les droits et les devoirs des États et des migrants.
Le Catéchisme de l’Église catholique rappelle que les nations prospères ont une obligation morale d’accueillir ceux qui fuient des conditions insoutenables dans leur pays d’origine. Ainsi, le paragraphe 2241 souligne que les étrangers doivent être accueillis dans la mesure des capacités des pays hôtes, mettant en avant la dignité humaine et le devoir de solidarité. Cependant, cette obligation ne doit pas être interprétée comme un droit illimité. La charité, aussi importante soit-elle, ne peut se faire au détriment de la stabilité et du bien commun des nations d’accueil et surtout des citoyens.
Selon le Catéchisme, les autorités politiques ont la responsabilité de protéger leurs citoyens et de garantir le bien commun. Cela implique de gérer les flux migratoires de manière ordonnée, en fixant des conditions juridiques claires. Cette gestion doit permettre d’éviter des charges excessives sur les infrastructures sociales et de maintenir la stabilité des sociétés. Loin de prôner une politique de « frontières ouvertes », l’Église appelle à une approche équilibrée qui conjugue compassion et prudence. Les gouvernements doivent évaluer quels flux migratoires sont bénéfiques et lesquels pourraient représenter des défis pour l’intégrité sociale et culturelle. C’est-à-dire, quand une immigration a des mœurs et des valeurs culturelles totalement contraires au pays d’accueil.
La question de l’immigration ne se limite pas aux obligations des États. Les migrants eux-mêmes ont des devoirs envers leurs pays d’accueil. Ils doivent, selon le Catéchisme, respecter les lois, contribuer aux charges publiques et adopter une attitude reconnaissante envers le patrimoine culturel et spirituel de leur nouvelle nation. Ce principe de réciprocité favorise une intégration harmonieuse, où le migrant devient un acteur à part entière du bien commun.
Saint Thomas d’Aquin, dans sa Somme théologique, apporte un éclairage précieux sur la question. Il insiste sur le fait que l’immigration doit être évaluée à l’aune du bien commun. Il distingue trois catégories d’étrangers : les voyageurs temporaires, les résidents provisoires et ceux qui souhaitent s’installer définitivement.
Pour les étrangers aspirant à la citoyenneté, saint Thomas recommande une intégration progressive, parfois sur plusieurs générations. Cette prudence permet d’assurer une assimilation culturelle et une cohésion sociale durables, tout en minimisant les risques de tensions.
Le défi pour les États réside dans l’équilibre entre la charité envers les migrants et la justice envers leurs citoyens. Une immigration incontrôlée peut fragiliser le tissu social et menacer le bien commun. À l’inverse, une immigration bien gérée peut enrichir les sociétés et contribuer à leur dynamisme économique et culturel.
La position de l’Église sur l’immigration repose sur une vision holistique, où les droits des migrants et des citoyens sont pris en compte. En plaçant le bien commun au cœur des décisions, l’Église propose une voie équilibrée, qui respecte à la fois les principes de justice et de charité. Dans un monde marqué par les crises migratoires, cet enseignement offre une boussole morale précieuse pour guider les choix politiques et individuels, afin de bâtir des sociétés justes, stables et solidaires.