À l’occasion de la Journée internationale de commémoration des victimes de violences religieuses, plusieurs voix se sont élevées pour dénoncer l’augmentation préoccupante des crimes de haine antichrétiens en Europe. Parmi elles, l’Observatoire de l’intolérance et de la discrimination contre les chrétiens en Europe (OIDAC Europe) a publié un rapport alarmant mettant en lumière une hausse de 44 % des crimes haineux antichrétiens en 2023.
Une Europe touchée par une vague de violence antichrétienne
Selon Anja Hoffmann, directrice générale de l’OIDAC Europe, « En Occident, nous considérons souvent la persécution religieuse comme un problème d’autres continents. Mais il y a aussi des développements graves en Europe ».
Ce constat s’appuie sur une recrudescence des attaques contre des lieux de culte, tels que les églises et les cimetières, mais également contre des individus. En France, par exemple, près de 1 000 incidents antichrétiens ont été recensés en 2023, dont 84 agressions personnelles.
Depuis le début de l’année 2024, l’OIDAC Europe a documenté 25 cas de violences, menaces et tentatives de meurtre contre des chrétiens dans plusieurs pays européens, notamment au Royaume-Uni, en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Autriche, en Pologne et en Serbie. Certaines attaques ont visé des communautés entières, comme celle qui s’est produite en juin à Dijon, où une communauté adventiste a été agressée au gaz lacrymogène pendant un service religieux, provoquant la panique et blessant neuf personnes.
Les convertis chrétiens issus de l’islam : une cible particulièrement vulnérable
Les convertis chrétiens provenant de l’islam sont particulièrement exposés à ces violences. En mai, un tribunal britannique a condamné un homme à une peine de prison pour avoir tenté de tuer Javed Nouri, un musulman converti au christianisme, que l’agresseur considérait comme un « apostat méritant la mort ».
Face à cette situation alarmante, Anja Hoffmann a appelé les gouvernements européens à prendre des mesures urgentes pour protéger ces personnes :
« Le droit à la conversion est un élément essentiel de la liberté religieuse. Les gouvernements européens doivent donc faire tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger en particulier les convertis chrétiens issus d’un milieu musulman, qui sont exposés à un risque élevé. »
Un appel à la responsabilité des États et des religions
Mgr Dr. Bertram Meier, président de la Commission ecclésiastique mondiale de la Conférence épiscopale allemande, a lui aussi exprimé son inquiétude en cette journée de commémoration :
« Malheureusement, au lieu d’un déclin, nous constatons une augmentation constante de la violence contre les personnes en raison de leur foi ou de leur appartenance religieuse. Nous devons observer que l’intolérance religieuse et la discrimination conduisent à plusieurs reprises à des attaques contre ceux qui pensent différemment. »
Pour Mgr Meier, la protection des droits de l’homme, y compris la liberté de religion, est une responsabilité collective. Il a souligné que chaque État a le devoir de garantir la liberté religieuse de ses citoyens :
« Tous les États ont la responsabilité de lutter contre les violations des droits de l’homme et donc aussi de la liberté religieuse. Lorsque cela ne se produit pas ou que l’État lui-même s’attaque à ces droits, la discrimination et, en fin de compte, la violence, en particulier contre les minorités religieuses, ne sont pas loin. »
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Il a également rappelé la responsabilité des religions elles-mêmes :
« En outre, les communautés religieuses, et donc nous en tant qu’Église, avons le devoir de s’opposer résolument à l’instrumentalisation de notre propre foi et à la discrimination à l’égard de celles des autres confessions. »
Pour Mgr Meier, le dialogue interreligieux est essentiel pour une coexistence pacifique et pour éradiquer la haine et la violence.
La Journée internationale de commémoration des victimes de violences religieuses a rappelé avec force que la violence contre les chrétiens en Europe est un problème grave et croissant. Les chiffres alarmants de l’OIDAC Europe et les appels à la responsabilité éthique des États et des religions montrent qu’il est impératif d’agir rapidement pour protéger la liberté religieuse et prévenir de nouvelles violences.
Cet article est une traduction et un condensé d’informations issues de Catholic News Agency et de la Conférence épiscopale allemande.