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Ressemblance du peuple Français et du peuple Juif

Une réflexion nous préoccupe sérieusement sur la nature du peuple français. Il semble avoir assumé un rôle similaire et adopté des caractéristiques semblables à celles du peuple juif de l’Antiquité.

Choisi par Dieu pour porter le Nouveau Testament aux peuples modernes, avec un sang prédestiné au sein des populations occidentales, les Francs ont reçu une abondance de dons de la nature, évoquant ces intelligences immortelles qui, malgré des dons plus grands, ont profané leur destinée.

Dieu, dans Sa sagesse, peut placer en avant un peuple en avançant en lui la race pour le profit du genre humain. Le sang d’un peuple est le terreau de son âme, et tous les instincts que la nature a renfermés dans ce sang doivent se transformer en vertus. Cependant, celui qui mange sa propre nature devient semblable à un pourceau ou un démon.

Quel sang ce peuple a-t-il reçu il y a quatorze siècles? Et quelle âme, je le demande, porte-t-il aujourd’hui au milieu des peuples modernes?

On ne saurait mieux comparer la France qu’à un fils gâté de noble famille. Elle a la nature généreuse et la fragilité de vertu de tels individus. Il nous manque de mûrir, même si le peuple français a beaucoup reçu à la naissance, il en a fait un usage mauvais.

Notre raison s’est transformée en esprit; notre force, en pétulance ambitieuse; notre richesse, en objets de mode. Versant notre sang pour Dieu lorsqu’arrive la guerre, le reniant en complet athéisme lorsqu’arrive la paix; fiers à l’extérieur, chevaleresques en apparence, au fond, pour le commerce, nous ressemblons sur tous points aux derniers enfants d’Abraham.

Sur les marchés du monde, des laines falsifiées, des soies droguées, du lin ou du coton trafiqué, du fer cachant de la fonte, des vins empoisonnés, des farines frelatées, ce sont des marchandises françaises ! Mais si nous voulons, malgré notre superbe mépris, des laines pures, des foulards vrais, des draps superbes, des lames fines, des aciers, des outils fins, nous demandons des marchandises anglaises ! Voilà cependant un fait.

Le peuple français aujourd’hui en Europe.

Dieu naquit chez les Juifs, et ils L’ont crucifié. De même, avons-nous fait de la nature supérieure que nous avions reçue ; et déjà, nous jouons en Europe le rôle du peuple méprisé.

En matière de philosophie, depuis Descartes, depuis notre rupture avec la tradition du Moyen Âge, quel rôle avons-nous joué ? D’abord, copier Locke pendant un siècle, en augmentant l’édition. Puis, pendant ce dernier demi-siècle, fabriquer de la psychologie écossaise, et s’orienter vers le spiritualisme allemand, sans lequel, peut-on le dire, Condillac, Laromiguière et Garât seraient nos penseurs d’aujourd’hui !

En matière de religion, quel peuple se dit plus catholique, et quel peuple a moins de foi que nous ? On nous appelle romains, mais nous sommes voltairiens. Les protestants n’ont conservé qu’un beau fragment de notre foi, mais au moins, ils le possèdent. Selon le degré de leur esprit, ils ont admis de la religion ce qu’ils voulaient pratiquer. Quel nom donner à ce qu’il en reste dans nos cœurs ?

En matière de mœurs, voulez-vous nous connaître ? Mettez le doigt dans notre littérature. Au théâtre, où le succès oblige à saisir l’esprit du jour, voici toute la donnée : des filles qui se croient fort gentilles de tromper leur père, des femmes fort intéressantes de mépriser leur mari, et des valets fort bien appris de tromper leur maître ; le tout en encourant, bien entendu, la loi du talion. Il faut souligner qu’actuellement, sur cent mille volumes produits par la librairie française, quatre-vingt mille sont couramment interdits à l’enfance et à la famille dans le reste de l’Europe.

Où Tout prend le chemin de la captivité. Comme tout l’avenir est dans l’enfance et dans la famille, demandez où est celui d’un peuple qui emploie les deux tiers de ses hommes instruits à se donner de tels produits ? Nos romans peuvent être certainement reçus à l’étranger comme marchandises françaises ! Dire qu’il est un pays où la position la plus difficile, la plus piteuse, est celle de père de famille ! Attaqué comme mari, attaqué comme père, attaqué comme chef d’industrie, par la légèreté, le ridicule et l’adresse, les trois meilleures armes de la France !

Que présager d’une population où la vertu est plaisante, où le vice est bien reçu, où l’honneur s’attache aux prouesses, où toute victime est méprisée ? Enfin, on vient s’amuser en France. Quelle gloire ! Chez nous, c’est le plaisir qui est sacré ! Pour la noblesse, la question de la joie est la plus grande ; pour le bourgeois, la question du gain passe avant celle de l’honneur ; pour le peuple, il y a fête à imiter des deux parts. Ce qui est frivole nous paraît grave, et ce qui est grave nous semble oiseux, absolument comme pour les enfants.

La raison ne se fait pas aisément place dans une tête trop prompte ; la vertu prend difficilement racine dans un cœur toujours allumé. La réflexion et l’épargne sont rares en France. Le luxe dissout les ressources privées ; le monde envahit depuis le riche jusqu’au pauvre. La sagesse, le pain, le sang de l’homme s’affaiblissent. Un Français est-il vertueux ? Demandez aux autres nations : on répondra qu’il a toutes les qualités avant d’être vertueux.

Prenez garde ! Nous marchons à la captivité. Une nation qui a produit Voltaire, comme les Juifs ont produit Judas ; une nation qui, à elle seule, a fourni presque tout le XVIIIe siècle, devrait songer au repentir… France ! France ! Le monde n’a pas encore perdu l’habitude de recevoir ton exemple !

Le peuple français a besoin de passer à l’âge mûr.

Si nous avons tous les défauts de la jeunesse, peut-être en avons-nous les qualités. C’est le moment de les conduire à l’âge mûr. Nous avons fait presque tout ce mal sans réflexion. Le mal chez nos voisins découle du calcul produit par une raison plus avancée. Pécheurs par impétuosité, nous devons être plus aisés à corriger.

Comme l’Anglais, nous n’avons pas soixante millions d’esclaves aux Indes produisant à trois sous par jour ; et jamais nous n’avons eu l’idée de faire de ce globe un marché pour notre commerce. Comme l’Allemand, nous n’avons pas brisé l’autorité du Saint-Père pour marier nos prêtres ; et jamais notre pensée n’a été de prendre les vases sacrés pour en faire le pot-au-feu. Comme le Russe, nous n’avons pas remis le saint pouvoir de l’Église à un prince ; et jamais notre pensée n’a été de confier notre âme à un souverain terrestre plutôt qu’à Dieu.

Si nous avons des leçons à prendre de l’étranger, nous avons aussi des qualités nationales à conserver. Il faut passer de notre vie de jeunesse, menée trop loin, à une vie de sagesse où nos mérites brilleront. Si nous restons jeunes, nous nous ruinerons ; nous serons la proie des peuples réfléchis de l’Europe. Si nous atteignons la maturité, nous deviendrons la grande nation des temps modernes.

Nous l’avons été déjà, lorsque la phase de la jeunesse correspondait à celle de la civilisation ; lorsque l’Église, que nous avons établie en Europe, lorsque l’Évangile, dont nous faisions notre loi, étaient défendus par l’épée. Soyons encore la fille aînée à cette heure où il faut les proclamer par la vertu ! La gloire des nations ne découlera pas de la vivacité du sang, mais de la force de la conscience et de la beauté du cœur.

La religion et la famille doivent remplacer la vanité et les cafés.

L’homme ne retrouve sa force que dans sa conscience et dans son cœur. Que devons-nous faire pour y revenir ? Une chose : détruire la vanité, source en France de la rhétorique, du luxe, de l’immoralité, de l’industrie, de l’agiotage, de notre ruine.

Détruisez les cafés, la mode et la rhétorique, et vous verrez le service que vous rendrez aux mœurs, au cœur, à la religion ! La conscience, la famille, l’agriculture, ces trois asiles abandonnés de la France, se rouvriront. Si le peuple français redevenait sérieux, il pourrait devenir la première nation de la terre.

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Actuellement, quand vous commencerez à produire autant de livres pour exalter la famille, l’amour idéal, que vous en avez écrits pendant cent ans pour les ridiculiser ; quand vous aurez créé autant de vers et de refrains pour la vertu, pour le beau, que pour le vin et ses excès ; quand vous prendrez autant de plaisir à vous réunir en famille qu’à fréquenter les cafés, on vous considérera comme un peuple sérieux…

Deux choses au monde : la religion et la famille ; car il n’y a que deux êtres, l’homme et Dieu. Tout ce qui viendra pour eux fleurira ; tout ce qui marchera contre eux tombera.

Ne donnez plus le scandale aux autres peuples de la terre : le fouet du Très-Haut pourrait être remis entre leurs mains !

Source : De la restauration Française – Antoine Blanc de Saint-Bonnet – 1851

Publié par Napo

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