« Ah ! ma fille, dit le Seigneur à Anna-Maria Taïgi, le profit spirituel ne consiste pas dans la pénitence ; il ne consiste pas dans la fréquente participation aux sacrements ; ni dans la componction du cœur, mais dans la persévérante union de la volonté avec la mienne. »
Il peut se faire en effet qu’une âme communie souvent, pratique les mortifications et ne fasse que peu ou point de progrès parce qu’elle reste attachée à sa volonté; mais, si elle y renonce pour ne vouloir que ce que Dieu veut, elle profitera infailliblement. (Vie, par Mgr Luquet, ch. XIII.)
Anna-Maria Taïgi reçut encore cette leçon :
« Qui veut suivre ma voie et marcher sur mes traces, qui veut être vraiment à mon service, doit contredire en tout et partout sa propre volonté. Ceux qui agissent ainsi sont mes vrais serviteurs ; ils obtiendront de moi tout ce qu’ils veulent. »
« Sache, fut-il dit encore à la même servante de Dieu, que tu auras dans cette vie un jour bon et cent jours mauvais parce que tu dois ressembler à mon Fils. Or, dans ce monde toutes ses bien-aimées ont souffert et se sont fait violence à elles-mêmes. Elles ont entrepris de très rudes pénitences. Toi tu dois t’appliquer spécialement à suivre sa volonté, ta vie à toi étant toute particulière (ses devoirs de pauvre mère de famille l’obligeant au labeur quotidien ne lui permettaient pas de sortir de la voie commune).
On y verra un jour qu’il est possible dans tous les états et dans toutes les conditions de servir Dieu sans faire d’aussi grandes pénitences extérieures, mais en luttant avec force contre ses passions et en se conformant à la volonté de Dieu. C’est chose plus grande de renoncer à sa volonté et de se soumettre complètement à celle de Dieu, que de faire les plus grandes pénitences. »
Réfléchissant un jour, rapporte sainte Thérèse, à la peine que j’éprouvais de manger de la viande et de ne point faire pénitence, il me fut dit que « parfois cette peine venait bien plus de l’amour-propre que du désir de pénitence. »
Jésus m’a dit, écrit Bénigna :
« Si l’on jette une pierre dans l’eau, elle n’est pas pénétrée par celle-ci, car elle est compacte ; mais une éponge se remplit, étant pleine d’orifices. Les orifices sont des actes de mortification : plus l’âme en contient, plus il lui est facile de recevoir Dieu. »
Qui s’aime soi-même se perd, et qui se sacrifie se sauve Sainte Marie-Madeleine de Pazzi, ayant demandé l’explication de cette parole de Jésus : Qui aime son âme la perdra et celui qui hait son âme en ce monde la garde pour la vie éternelle, reçut du Père éternel cette leçon :
« Il faut, ma fille, faire attention à ces mots : dans ce monde, et à ces autres : pour la vie éternelle, et distinguer ensuite différentes sortes d’amour, car ce qui paraît amour n’est pas toujours amour… Ce que vous appelez amour-propre, amour de vous-même, est la plus subtile et la plus parfaite de toutes les haines, car il n’est pas d’ennemi dont la haine puisse vous être aussi préjudiciable que cet amour prétendu, qui est l’auteur de tous vos maux.
C’est lui qui fournit des armes au démon pour vous attaquer et vous vaincre ; c’est lui qui me met en main la verge pour vous punir ; sans lui, comme l’a dit mon apôtre, personne ne pourrait vous faire le moindre mal : qui vous nuira, si vous ne cherchez que le bien ?
Mon Verbe vous a donné une belle leçon lorsqu’Il a dit en mourant sur la croix : Mon Père, je remets mon esprit entre vos mains. Il vous a appris par là à me remettre tout ce que vous avez et tout ce que vous êtes, parce que tout vient également de moi.
Votre être est sorti de l’idée que j’en ai conçue de toute éternité et qui fait partie de mon essence même, car il y a en moi rien d’accidentel, et c’est ma volonté qui a mis en exécution, dans le temps fixé par moi, ce que j’avais résolu de toute éternité. Si donc vous revenez à moi, qui suis votre principe, comme les fleuves qui retournent à la mer d’où ils sont sortis, vous jouirez d’un bonheur perpétuel, parce que vous vivrez en moi, qui suis la vie de votre âme et votre souverain Bien. »
Très précieuses sont les leçons que Jésus donna à sa Benigna pour l’encourager à se faire de saintes violences et à marcher dans cette voie des sacrifices qui fut toujours celle des vrais amis de Dieu.
« Bénigna, dit Jésus, peu d’âmes marchent d’un pas décidé dans la voie de l’amour, parce que peu entrent avec générosité dans la voie du sacrifice. Si on s’arrête dans le sacrifice, on s’arrête dans l’amour ; si l’on vacille dans le sacrifice, on vacille dans l’amour. Ma Bénigna, ne dis jamais : C’est assez, dans l’esprit de sacrifice ; tu dirais par là même : C’est assez, aux accroissements en toi du divin amour.
Rien ne fait autant que la croix grandir l’amour dans une âme. Je te demande seulement la mortification, et surtout la mortification de l’esprit, parce que si la mortification du corps est une des conditions que je recherche pour faire à l’âme des grâces spirituelles, celle de l’esprit, je la recherche pour faire avancer l’âme davantage dans la perfection.
Ma Bénigna, avec la mortification tu me donneras des vases vides que je remplirai d’huile ; tant que tu m’en donneras, je les remplirai, et quand tu n’en auras plus, l’huile cessera. »
« Ma Benigna, plus tu marches dans le chemin de la mortification, plus tu te rapproches de Dieu ; c’est seulement le commencement qui coûte. Porte ton regard sur Jésus en croix et tu verras le programme de la mortification… Après, les consolations spirituelles te dédommageront… Plus tu mortifieras la chair, plus tu seras apte à comprendre les choses de l’esprit…Traite ton corps comme un ennemi : ne lui donne que ce que tu ne peux lui refuser… »
« La mortification est comme un canal par où passent mes communications spéciales. Si ce canal est petit, il en passe peu; s’il est grand, il en passe beaucoup. Quand tu es en doute entre deux choses, et que tu ne sais pas quoi faire, regarde toujours où il y a plus de mortification ; parce que, où il y a le plus de mortification, il y a plus de perfection… »
« Crois-tu qu’on soit plus soulagé en s’accordant un soulagement matériel ou en se privant par amour ? Pourquoi, parmi les religieuses, y-a-il peu de contemplatives? peu d’âmes à qui je puisse faire des grâces extraordinaires ? Parce qu’il y a peu de mortification. J’ai beau la chercher avec une lampe, j’en trouve peu. Cela ne vous fait guère honneur. Je vous le dis par amour et par le désir que j’ai de vous faire de grandes grâces : Si vous n’êtes mortifiées, je ne puis vous les faire. »
« Il y a peu de saints, parce qu’il y a peu de gens mortifiés. On devrait vivre de mortifications comme on vit de pain, et on la fuit comme on fuirait la peste. »
« Plus tu enlèves de ce qui est de toi, plus l’Amour met en toi du sien. » (24 avril 1916.)
« L’âme qui se mortifie rejette du naturel ; aussitôt elle reçoit de Dieu plus de surnaturel. ».
Qui se tient sous la dépendance constante de la volonté divine va loin dans la perfection Le Seigneur me dit sans cesse, raconte dans son journal sainte Véronique Juliani :
« Je suis pour toi ; et tu dois te tenir dans la dépendance en tout et pour tout, voulant tout ce que je veux, comme je le veux, et abandonnée comme une morte à ma volonté. Si tu le fais, ce sera tout à ma gloire et à ton profit, et tu avancera dans l’état le plus parfait d’une vie crucifiée, toute soumise à moi, qui suis ton souverain et unique Bien. » (14 maggio 1697.)
Jésus, pour encourager Marie-Consolata encore dans sa famille, lui dit :
« Ton cœur est faible, abattu, indécis, chancelant dans la pratique de la vertu. Il lui manque ce noble élan, cette volonté ferme et résolue qui fait vouloir, à quelque prix que ce soit, ce qui est beau, ce qui est saint ; mais tu l’auras, Marie, en récompense des sacrifices que tu me feras toujours plus volontiers. » (22 mars 1903.)
Enlevez la volonté propre : il n’y aura plus d’enfer (saint Bernard) Les paroles suivantes furent dites par le Seigneur à sainte Brigitte :
« Quiconque possède le libre arbitre doit craindre et comprendre qu’il n’y a rien qui conduise plus facilement à la damnation éternelle que la volonté propre, la volonté qui est sans conducteur. Par conséquent, celui qui renonce à sa propre volonté et l’abandonne entre mes mains, de moi qui suis son Dieu, aura le Ciel sans peine. » (Liv. V, ch. Ier.)
Le renoncement universel, unique moyen d’avoir l’âme toute pure Dieu le Père dit à sainte Marie-Madeleine de Pazzi :
« Le moyen unique pour acquérir la pureté est le renoncement absolu à tout ce qui est créé : renoncement à l’être, renoncement à l’intelligence, renoncement à la science, renoncement à la volonté propre pour ne plus vouloir que ce que je veux et parce que je le veux. » (Ire part., ch. XXIV.)
Souvent des attaches inconscientes arrêtent les progrès de l’âme Voici une grande leçon donnée par Jésus à Bénigna :
« Sais-tu ce que veut dire un amour sans réserve ? Il ne défend pas seulement les attaches plus importantes, comme seraient celles qui regardent les créatures et les choses de ce monde, mais il descend à un examen plus particulier et plus minutieux : il va chercher les affections qui pullulent dans le cœur même pour des choses qui ne sont pas coupables, mais cependant ne doivent pas exister dans un cœur qui doit être uniquement occupé de Dieu.
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Par exemple, tu aimes dans la prière à ne pas être dérangée, parce qu’il te semble que si tu le fais sans interruption, tu la fais mieux. Tu sais que là où il y a moins de ton plaisir, il y a plus du mien. Eh bien ! tu dois être contente quand tu ne peux pas la faire comme tu le veux, parce que, si moi j’en dispose ainsi, c’est pour le plus grand avantage de ton âme.
Dans la sainte communion, dans la confession, dans la méditation, tu ne dois pas chercher autre chose, que le bon plaisir de Dieu. Il peut te parler dans la sainte communion, dans la confession, dans la méditation, tu ne dois pas chercher autre chose que le bon plaisir de Dieu.
Il peut te parler dans la sainte communion : tu écouteras ce qu’il te dit. Il peut te laisser privée du sentiment de sa présence : sois également tranquille et contente.
Je te veux morte : morte dans la volonté, morte dans tes goûts, morte dans tes désirs, morte dans ton jugement. C’est celui-ci surtout que je veux voir mourir en toi. »
Source : Recueil d’Apparitions de Jésus aux Saints et aux Mystiques – Abbé Saudreau – 1882