L’imposition des mains est un geste de guérison puissant dans la tradition catholique, marqué par une profonde foi dans le Seigneur.
Jusqu’à l’avènement du protestantisme au XVIe siècle, tous les chrétiens, évêques, prêtres et laïcs, appelés auprès d’un malade, priaient, invoquaient le saint nom de Jésus-Christ et, lorsque cela était possible et approprié, faisaient des signes de croix et imposaient leurs mains sur les parties affectées du corps; souvent, la santé était ainsi restituée aux malades qui possédaient la foi.
C’est donc véritablement une action sainte dans la religion catholique. Et, par cette action, la sainte Église étend ses mains maternelles sur nous ; elle nous couvre comme d’un bouclier. Elle s’empare de nous corps et âme. Elle nous préserve et nous garantit contre les coups du démon; elle lui dit: ne touche pas à cette créature; elle est à moi. Arrière donc, Satan!
Par cette action, encore, la sainte Église nous bénit et attire sur nos têtes la grâce de Dieu.
C’est par l’imposition des mains que les Apôtres communiquaient le Saint-Esprit aux chrétiens de leur temps. C’est par l’imposition des mains et en prononçant le saint nom de Jésus qu’ils guérissaient les malades (Actes des Apôtres, chapitre 5).
C’est encore, et toujours, par des impositions de mains répétées et multipliées que, dans le baptême, on chasse le démon. C’est par l’imposition des mains que les Évêques donnent le sacrement de confirmation. Lorsque les prêtres sont ordonnés et consacrés à Dieu, on leur impose les mains. La sainte absolution, dans le sacrement de pénitence, est donnée au pécheur en levant et en étendant la main vers lui. Dans le sacrement de mariage, on donne la bénédiction nuptiale en étendant la main vers les jeunes époux. Nous lisons cette prescription dans l’épître de saint Jacques au sujet de l’Extrême-Onction :
« Si quelqu’un est malade, qu’il fasse appeler les prêtres de l’Église, afin qu’ils lui imposent les mains en lui faisant des onctions d’huile en vue du Seigneur; la prière, unie à la foi, sauvera le malade » (Épître de saint Jacques, chapitre 5).
Et c’est en conséquence de cette prescription que le prêtre, en administrant ce sacrement, prononce ces paroles, la main étendue sur le malade:
« Que toute puissance du démon soit anéantie en vous, au nom du Père, du Fils, et du Saint-Esprit, et aussi par l’imposition de nos mains…. Extingua tur in te omnis potestas Diaboli, per impositionem manuum nostrorum.«
L’Église nous enseigne donc, par ces dernières paroles, que le démon peut occasionner la maladie, mais aussi qu’il peut être chassé par la prière et l’imposition des mains.
C’est à cause de l’efficacité et de la puissance de ce sacrement sur l’esprit du mal, qu’on le recevait tous les jours au IXe siècle, ainsi que le Saint Viatique, lorsqu’on était dangereusement malade. L’historien Fleury nous le dit, en nous parlant de l’évêque saint Rambert, mort le 11 juin 888. Il ajoute que c’était l’usage en ce temps-là.
Les saintes veuves de la primitive Église étaient élevées à la dignité de Diaconesses par l’imposition des mains (Concile de Chalcédoine).
Il n’y a donc presqu’aucune cérémonie du culte catholique sans l’imposition des mains. Elle est un signe de protection et d’amour de la part de Dieu.
Un mourant bénissant sa famille étend et pose sa main défaillante sur la tête de ceux qu’il va quitter. C’est une action instinctive et qui réside dans la nature. Le Révérend Père Valuy, de la Compagnie de Jésus, dans son admirable livre intitulé : Le Directoire du Prêtre, recommande d’apprendre aux parents à présenter leurs enfants au curé, au prêtre, quand il passe, afin qu’il puisse les bénir, les toucher, et leur imposer les mains.
Ainsi faisait le divin Maître. On lui présentait les petits enfants, afin qu’il les touchât (Saint Luc, chapitre 18, verset 15).
Ne devrait-on pas toujours appeler un prêtre auprès d’un enfant malade, même pour celui qui est au berceau ? Ne serait-ce que pour lui communiquer la grâce de la santé, alors même que la maladie ne serait pas occasionnée par le démon ; l’expérience prouve que souvent, une prière, une bénédiction, un signe de croix, une imposition de mains guérit ces chers petits malades ; car le démon attaque aussi bien l’innocent que le coupable ; et la preuve nous en est donnée par saint Augustin qui nous parle « des mille insultes que le démon fait endurer à de petits enfants baptisés et innocents » (Cité de Dieu, livre 22).
Quelles sont ces insultes, si ce n’est cette série de maladies qui assiègent l’enfance ?
Dans la catholique Irlande existe, depuis un temps immémorial, l’usage d’aller chez le prêtre se faire imposer les mains, et toucher par des signes de croix, lorsqu’on est souffrant. C’est un vestige de l’ancienne foi. Les infirmes et les malades trouvent leur soulagement, et souvent aussi leur guérison, dans l’imposition des mains, dans des signes de croix accompagnés de prières mentales ou orales.
Dans nos campagnes, nous trouvons encore cette coutume dans l’expression restée populaire : « Faire toucher un malade. » C’est-à-dire, étendre la main sur lui, réciter des prières, et faire des signes de croix sur son mal.
« Je te touche, disait-on autrefois, que Dieu te guérisse.«
Et Ambroise Paré, ce célèbre chirurgien au XVIe siècle (1517-1590), disait aussi cette parole :
« Je le pansai, Dieu le guérit.«
Malheureusement, de nos jours, les prêtres eux-mêmes considèrent, bien à tort, comme une superstition, cette action que Notre Seigneur Jésus-Christ a faite si souvent, et a recommandée à ses apôtres et à ses disciples de pratiquer ; non seulement ils s’en abstiennent, mais encore ils la défendent. D’où il arrive, qu’au lieu d’avoir recours à leur saint ministère, on s’adresse à des personnes qui manquent presque toujours d’une foi éclairée, et d’une vraie piété.
Ce sont là ces chrétiens infimes et abjects aux yeux du monde dont parle Origène ; mais, néanmoins, supérieurs aux Juifs, et redoutables aux démons à cause de leur foi, quelle qu’elle soit, à cause de leur glorieux titre de chrétien, et des signes de croix dont ils se servent en récitant, sur les malades, leurs naïves prières.
Si les Juifs, même ceux qui n’étaient pas pour Jésus-Christ, chassaient, en son nom, les démons des corps, guérissaient les malades par l’imposition des mains (Saint Mathieu, chapitre 7, verset 22; chapitre 12, verset 27), pourquoi donc les chrétiens, même les plus humbles, n’auraient-ils pas le même pouvoir, puisque le démon les redoute, comme le dit Bossuet ?
Mais surtout, si les prêtres, qui sont d’autres Jésus-Christ : « Sacerdos Christus, » et par conséquent les plus hautes personnalités de la terre, se rappelaient la puissance et la sainteté de leurs mains consacrées, ils feraient tant de merveilles que, bientôt, la foi renaîtrait dans les âmes et amènerait une réaction religieuse. On croirait alors au surnaturel ; les faits auraient plus de logique et d’éloquence que les plus sublimes écrits, et les plus magnifiques discours.
Quel que soit par ailleurs son rang dans la hiérarchie de l’Église, le Prêtre est la permanence de Jésus-Christ, ici-bas, quand bien même il ne serait qu’un humble desservant du dernier hameau. Il a reçu la mission et le pouvoir de chasser le démon par la dignité d’exorciste, dont il est investi ; ne pourra-t-il pas guérir les malades obsédés ?
La visite d’un prêtre porte toujours bonheur ; elle est très estimée, désirée, recherchée par les familles vraiment chrétiennes pour lesquelles il est le « Saint de Dieu » (Saint Luc, chapitre 4, verset 34).
Le démon tremble et fuit devant le Saint nom de Jésus ; il tremble et fuit aussi devant les Ministres de Dieu. Mes bien-aimés confrères ont dû le remarquer dans le cours de leur saint ministère.
Oh, vous tous, qui que vous soyez ; vous que Satan accable de maux, de chagrins et d’infirmités, allez donc vous montrer aux prêtres, comme, autrefois, Notre Seigneur l’ordonna aux lépreux, (Saint Luc, chapitre 17, verset 14), et si vous avez une foi vive et ardente, ils vous délivreront, et ils vous guériront. Si vous ne pouvez pas aller vers eux, appelez-les, et ils vous répondront comme Jésus-Christ le faisait pendant sa vie mortelle : « Je viendrai, et je le guérirai, » (Saint Mathieu, chapitre 8, verset 7).
Prêtres de Jésus-Christ, usez donc de cette puissance pour la gloire de Dieu, et pour le soulagement de tous ceux qui souffrent. Vos mains sacerdotales, mains saintes et vénérables, puisqu’elles sont imprégnées de divinité par l’honneur qu’elles ont de toucher tous les matins, au saint sacrifice de la messe, Notre Seigneur Jésus-Christ en personne : Vos mains, dis-je, seront toutes puissantes lorsque vous les imposerez sur les malades ; elles seront comme les mains de Jésus-Christ lui-même, comme le doigt de Dieu : « Digitus Dei. » Il sortira d’elles, comme autrefois de celles du Sauveur, une vertu qui guérira tous ceux qui sont oppressés par le démon : « oppressos a Diabolo » (Saint Marc, chapitre 3, verset 10; Saint Luc, chapitre 6, verset 19).
À l’œuvre donc ! Nous sommes une armée formidable et invincible ; nous ne pouvons pas être vaincus par le démon. Lorsque Jésus-Christ était sur la terre, la foi en lui était si vive et si ardente que tous ceux qui avaient besoin d’être secourus se précipitaient sur lui afin de toucher le bord de sa robe, et ils étaient guéris (Saint Marc, chapitre 6, verset 56).
Allons donc vers Lui dans la personne de son prêtre, et nous serons guéris de nos infirmités spirituelles et corporelles.
Le marquis de Mirville assure, dans son livre sur les Esprits, que le démon a peur et fuit devant une pointe acérée ; qui sait s’il n’a pas peur aussi de ce contact humain-chrétien : l’imposition des mains, celles du prêtre surtout ?
Si Jésus-Christ, la vérité même, qui ne peut ni se tromper, ni nous tromper, n’avait pas attaché une si grande importance à cette action, est-ce qu’il l’aurait lui-même pratiquée, enseignée et conseillée ? C’est à cause de cet enseignement du Sauveur que des évêques des premiers siècles, réunis dans le Concile de Milève tenu en l’an 416, veulent que l’imposition des mains soit faite par tout le monde dans l’Église : « Manuum impositiones omnibus celebrentur in Ecclesiâ.«
Bien souvent, les saints priaient et imposaient leurs mains pendant plusieurs jours de suite sur les malades qui leur étaient présentés. L’histoire nous en rapporte de nombreux exemples.
Jésus-Christ lui-même imposa ses mains divines à deux reprises différentes sur un aveugle pour lui rendre la vue (Saint Marc, chapitre 8, verset 22).
On lit dans la vie de saint Augustin (354-430) qu’il se rendait sans délai auprès des malades qui le faisaient appeler, afin qu’il leur imposât les mains : « Cumque ab ægrotantibus manus pergebat imponeret, peteretur, ut ipsi ad eos, sine mora, accederet.«
Saint Fiacre (670), ce saint si connu et si populaire, avait une telle réputation de sainteté que de toutes parts on lui amenait des malades qu’il rendait à la santé par la seule imposition de sa main. On lui demandait surtout la guérison des ulcères : « Cum autem virtutum ejus fama longe diffunderetur undequaque eum adducebantur manus impositione injirmi quod sanitati ad sola restituebat.«
Saint Germain d’Auxerre (IVe siècle) guérit, par l’imposition des mains, un jeune gentilhomme nommé Elipius, qui était gravement malade.
A lire aussi | Trump soutient l’avortement aux USA
Le roi Childebert était malade, désespéré des médecins ; saint Germain, évêque de Paris (VIe siècle), lui imposa les mains, et il se trouva tout à coup guéri. Childebert rapporte lui-même le miracle dans les lettres patentes par lesquelles il donne, en reconnaissance, à l’Église de Paris et à l’évêque Germain, la terre de Celles où il avait recouvré la santé d’une manière surnaturelle (Godescard).
Et de nos jours, presque, le saint Curé d’Ars n’agissait pas autrement ; il priait en imposant les mains sur les malades qui avaient recours à lui, et nous savons qu’il les guérissait presque toujours.
L’un des historiens de Pie XI (Villefranche, 6e édition, page 431) nous dit qu’un jour Pie IX se rendit à un hôpital. Parmi les malades, on lui en signala dix dont l’état semblait désespéré. Un jeune Canadien, entre autres, agonisait. Il n’y avait plus que le prêtre à son chevet. Le Pape s’approcha de ces malades, leur imposa les mains, les toucha, pria, et ils guérirent tous.
Pie IX a agi en cette circonstance comme agirent tous les saints pendant de si longs siècles.
Malgré notre profonde indignité, n’hésitons jamais à invoquer Dieu pour qu’il guérisse les malades par nos prières. Dieu se sert souvent des instruments les plus faibles pour opérer des guérisons vraiment extraordinaires (Épître aux Corinthiens, chapitre 1). C’est ce que saint Paul appelle « le don de guérir les malades.«
Source : Le démon, cause et principe des maladie – Un prêtre du clergé de Paris – 1890
💡🤖 Pour garantir des articles d'actualité à jour, précis et bien sourcés, l'intelligence artificielle est utilisée comme outil d'assistance. Elle contribue à la réécriture, à la vérification des faits et à l'optimisation du contenu.