L’origine historique des Chevaliers de Rose-Croix n’est pas difficile à trouver. Il n’a jamais existé un Ordre de tels chevaliers en dehors de la franc-maçonnerie.
C’est purement et simplement un degré de la société secrète, dont l’origine ne remonte pas au-delà du dix-septième siècle. Le symbole de la rose-croix, dans le sens chrétien, remonte au temps des croisades. L’abbé V. Davin rapporte le compte rendu de M. le chanoine Brou sur l’armure de saint Georges dans la cathédrale de Chartres :
« Il est vêtu et armé comme saint Théodore, qui fait son vis-à-vis ; il n’y a de différence que pour le bouclier qui, au lieu d’être fleurdelisé sur le champ, est entièrement uni ; la croix sculptée à sa surface porte en son milieu une élégante rosace ; il ne reste que quelques fragments de son étendard. »
L’abbé Davin ajoute la remarque :
« L’écu offrant le signe distinctif du chevalier, il est clair que nous avons ici un saint Georges rose-croix. La rose au centre de la croix rappelle le Christ en croix, dans la pourpre de son sang qui purifie le monde et va le vivifier. Regarde la rose de la passion sanglante, vient de dire saint Bernard, ce législateur des Chevaliers du Temple, dont ici la pieuse et sublime poésie passera dans la liturgie de l’Église, à l’office des Cinq Plaies.
Est-ce de ce bouclier de saint Georges, que l’Angleterre, qui a donné saint Georges pour patron à ses armées, a tiré ses deux roses, rouge et blanche, si affreusement célèbres durant le quinzième siècle, tout plein de ses guerres fratricides ? Quoi qu’il en soit, on assure que ce triste chevalier de l’Enfer, qui prétendait l’être du Christ et réformer son Église, Luther, « portait dans son cachet une rose surmontée d’une croix » ; et ce serait de là que les Andréas, ses disciples, passant à un déisme et à un naturalisme gnostiques, dont il a trop préparé ou semé les germes, auraient donné à leur secte, en Souabe, à la fin du seizième siècle, le nom, depuis si fameux dans les annales de l’apostasie et de la dépravation, de Rose-Croix. »
Le célèbre professeur Héfélé, de Tubingue, donne, dans le Dictionnaire de Wetzer et Welte, une description intéressante de l’origine des Rose-Croix. S’il avait été au courant de la propagande que faisaient les francs-maçons en Europe, et de la doctrine kabbalistique qu’ils propageaient partout avec succès, il n’aurait pas manqué d’expliquer bien des allusions que la doctrine des Rose-Croix fait à la Kabbale et aux sectes dont nous avons déjà parlé.
Il aurait jugé que les tendances vers la magie noire, d’origine kabbalistique, importées par le manichéisme, avaient donné jour à une foule de sectes de fanatiques et de visionnaires de tout genre, qui fourmillaient surtout en Allemagne. Alchimistes, faiseurs d’or, astrologues et interprètes de songes, répandaient de tous côtés leur maladive tendance aux pratiques mystérieuses, aux doctrines occultes et aux associations secrètes.
Tandis que le monde était dans ce paroxysme, parurent, en 1614, deux opuscules anonymes, évidemment publiés par les francs-maçons, ou par les Juifs : l’un était intitulé : Réforme universelle du monde, l’autre : Adresse de la Fama fraternitatis ou de la Confrérie du vénérable Ordre des R.-C. aux États et aux savants d’Europe.
Le titre du premier livre indique déjà aux initiés ce qu’on entendait par une réforme universelle du monde. De nos jours, on appelle cette réforme établissement d’une république universelle sous le gouvernement de la franc-maçonnerie et la direction suprême des Juifs. Mais ce livre n’était qu’une satire dirigée contre les vices du monde et ses prétendus réformateurs. Le second livre complétait le premier. Il commençait par se moquer des prétendus progrès que la théologie et les sciences naturelles se vantaient d’avoir faits dans ce siècle.
Puis venait l’annonce de l’œuvre « du pieux, religieux et savant Pere Fr.-R.-C. », fondateur de l’association des Rose-Croix, ayant pour but d’introduire une réforme générale et radicale dans le monde. La brochure dit que le Fondateur était un Allemand, noble de naissance, élevé au quatorzième siècle dans un couvent, longtemps avant la Réforme. Il avait fait, sous l’habit de moine, un pèlerinage en Terre-Sainte, était arrivé, non à Jérusalem, mais à Damas, et y avait été initié à la science occulte des Arabes.
Il n’est pas difficile d’y reconnaître un Templier. Il était ensuite parti pour l’Afrique, où il avait fait de plus grands progrès encore dans la Sagesse et notamment dans la Magie, et avait appris que l’homme est un Microcosme. À son retour, son désir était d’augmenter la lumière allumée par Paracelse et de fonder une société qui aurait tout l’or, l’argent et les pierres précieuses dont elle aurait besoin, et pourrait, comme les oracles anciens, donner aux princes les conseils les plus utiles, et aux peuples les avis les plus sages.
Il voulait réformer l’humanité. À cette fin, il avait fondé une espèce de couvent nommé le Saint-Esprit, où il avait enseigné les mystères de sa sagesse occulte. Avec sept coopérateurs, il avait fondé la première confrérie des Rose-Croix. Les disciples durent aller à travers le monde et maintenir leur fraternité secrète pendant dix ans. Tous les ans, les frères devaient se réunir une fois au couvent du Saint-Esprit. Chaque membre devait élire un successeur.
Or il arriva, nous raconte ce livre, qu’en réparant une partie du couvent, on découvrit une porte secrète menant à la voûte où se trouvait le tombeau du Grand Maître. On y trouva son corps parfaitement conservé, quoiqu’il fût mort depuis cent vingt ans. Si la narration est vraie, il s’agit d’un Templier mort quelque temps après la suppression de l’Ordre. À côté du corps, il y avait beaucoup d’écrits mystiques, notamment le livre T, écrit en lettres d’or, que, depuis, les Rose-Croix vénèrent à l’égal de la Sainte Écriture.
Ceci est de la fable toute pure ! Le T, nous est déjà connu, c’est l’équerre sur le niveau. Comme la porte secrète, continue le livre, qui menait à ce tombeau, portait l’inscription : « Je paraîtrai après cent vingt ans », les Rose-Croix décidèrent qu’il était temps de faire connaître leur association et d’inviter les hommes à y entrer pour y apprendre leurs profonds mystères. L’attention qu’excitaient ces deux livres était extraordinaire.
De tous côtés, on adressa aux membres de la confrérie des questions sur leur sagesse, leur institut et le mode d’initiation. Descartes, en 1619, fit à Francfort-sur-le-Mein et à Neubourg des recherches sur la société pour la connaître ; et il parut tout un déluge d’opuscules sur les Rose-Croix. Néanmoins, pendant une vingtaine d’années, nulle part on ne vit paraître un véritable Frère Rose-Croix. Findel, l’historien allemand des francs-maçons (p. 131), ajoute à ce récit qu’en 1615, parut un livre : Écho de la Fraternité illuminée par Dieu du vénérable ordre des R.-C., auquel il attribue beaucoup d’importance relativement à l’origine du système suédois.
Ce rite, dit-il, nonobstant ses formes templières, est basé essentiellement sur les principes des Rose-Croix. Il pense que le fondateur de ce système (du 18° degré) a puisé principalement à cette source. Un ministre protestant, Valentin Andreae, écrivit en 1616 une satire sur les Rose-Croix : Mariage chymique du chrétien Rose-Croix, qui fut prise au sérieux et fut la cause d’une foule de fondations de Chapitres de la Fraternité, surtout dans les pays du Rhin.
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De l’Allemagne, ces « Sociétés théosophiques et hermétiques », comme Findel les nomme (p. 132), se répandirent en Hollande, en Italie et en Angleterre. En Angleterre, le terrain pour la semence des Rose-Croix était déjà préparé par le docteur Robert Fludd à Londres, l’oracle des mystiques et des théosophes. Par lui, le grade des Rose-Croix s’étendit rapidement. Il prétendit, avec toute l’hypocrisie du sectaire, que c’était « un ancien symbole de la croix du Christ rougie de son sang de couleur rose ».
En France, le Grand-Orient réunit, en 1786, les deux Ordres du Chevalier Rose-Croix et du Chevalier Templier d’Hérodom en un seul, et en nomma les adeptes « Souverains Princes Rose-Croix d’Hérodom ». Personne ne demandera que nous multipliions encore les preuves pour établir que ce grade de Rose-Croix fut habilement introduit par les chefs secrets de la franc-maçonnerie. C’est sa seule origine. L’identité de sa doctrine, de sa haine et de ses pratiques sacrilèges avec celles de la Kabbale, des Gnostiques et des Manichéens, nous indique l’identité des auteurs, c’est-à-dire des Juifs kabbalistiques.
Source : La Franc-Maçonnerie, Synagogue de Satan – Mgr Léon Meurin – Archevêque de Port-Louis – 1893
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