La dévotion aux âmes du purgatoire n’a pas besoin d’être recommandée aux fidèles. En cette dévotion, tous les saints sont nos modèles.
Rome a conservé, un touchant souvenir de la dévotion de saint Bernard envers les défunts. Sur la route d’Ostie où fut martyrisé saint Paul et où sa tête, en tombant, fit jaillir trois sources, qui coulent encore, cet illustre saint disait la messe pour les morts.
Il fut ravi en extase et vit une échelle qui allait de la terre au ciel, et sur laquelle montaient les âmes délivrées par ses prières. Toute charité est d’autant plus agréable à Dieu que les misères qu’elle soulage sont grandes. Or, quelle plus douloureuse nécessité que celle d’âmes plongées dans un océan de feu ?
Le purgatoire est pire que les maladies, tourments et martyrs d’ici-bas. Le feu du purgatoire est mille et mille fois pire que celui de la terre. Beaucoup de saints enseignent qu’il est le même que celui de l’enfer.
Cependant, le supplice de la privation de la vue de Dieu est plus intolérable encore. Ce que nous faisons pour les vivants ressemble à des richesses déposées dans un vaisseau sur mer, qui peuvent être englouties, c’est-à-dire, perdues par leurs péchés. Ce qui est fait pour les défunts ne court pas un tel risque, Dieu aime infiniment les âmes du purgatoire et il récompense magnifiquement celui qui les soulage.
De plus, toutes les âmes qu’on aura secourues auront, au purgatoire comme au ciel, une inexprimable reconnaissance envers ceux qui les auront assistées ; elles les protégeront ici-bas ; mais surtout au purgatoire. Que de faveurs les vivants obtiennent par les âmes du purgatoire.
Nous ne prétendons pas abriter tous ces récits sous une autorité plus grande que celle qu’il est permis de leur attribuer. Ce sont des traditions admises comme certaines par des esprits très judicieux. De plus, ils sont tous consignés dans les écrits de maître très renommés de la vie spirituelle.
Nous les offrons uniquement à ce titre. Toutefois, pas un de ces traits n’offense en rien la foi. Certains catholiques refusent témérairement de croire aux apparitions des anges, des saints et des âmes du purgatoire. S’ils ne veulent pas tomber dans l’hérésie, doivent-ils croire, au moins, à celles que rapportent les Saintes-Écritures, par exemple, celle de Dieu à Adam, à Noé, à Abraham, à Moïse, etc.
Le prophète Samuel n’apparut-il pas au roi Saül ? Qui refusera aussi une foi parfaite aux apparitions de Notre-Seigneur aux apôtres et aux saintes femmes, après sa résurrection ? Qui n’adhérera pas aussi à la pieuse croyance de ses apparitions à sa très sainte Mère dans le même temps ? N’apparut-il pas encore à saint Pierre et à saint Jean, après son ascension ? Tous les bons catholiques n’admettent-ils pas aussi les nombreuses apparitions de la très sainte Vierge à Lourdes ?
En plusieurs endroits de la Sainte-Écriture, on lit que le bon Dieu s’est servi des morts pour instruire les ignorants, secourir les nécessiteux, ramener les pécheurs à l’observation des commandements.
Saint Gothard, évêque d’Hildesheim, en Hanovre, avait dans sa ville plusieurs hommes couverts de crimes et de scandales. Il essaya, par les meilleurs moyens, de les convertir, mais en vain, de sorte qu’il fut contraint de les excommunier.
Ces malheureux n’en tinrent point compte. Par cette sentence, l’entrée de l’église leur était interdite ; mais, dès le lendemain, au moment où l’évêque montait à l’autel, les plus osés d’entre eux entrèrent dans l’église. Gothard se tourna vers eux et prononça, à haute voix, ces paroles :
« J’ordonne, au nom du Saint-Esprit, à tous ceux qui sont excommuniés, de quitter immédiatement ce saint lieu, qu’ils profanent« .
Les impies ne bougèrent pas, au scandale des fidèles. Mais, tout à coup, plusieurs des tombeaux qui étaient dans l’église, s’ouvrent, et on en voit sortir plusieurs défunts, qui se dirigent vers la porte, comme si cet ordre leur était adressé. À cette vue, les criminels s’enfuirent, épouvantés de cette leçon miraculeuse.
Il y avait, en effet, parmi les défunts enterrés dans l’église, plusieurs excommuniés, qui avaient été déposés dans ce lieu saint, parce qu’on ignorait leur état. Ils n’avaient pas été damnés cependant, parce qu’en expirant, leur contrition parfaite les avait réconciliés avec le bon Dieu. Le saint prélat demeura lui-même tout surpris de ce prodige, et, dès que sa messe fut achevée, il sortit pour s’assurer de tout.
Les morts ressuscités l’attendaient à la porte de l’église, dans la posture la plus humble. Alors le pontife, s’adressant à eux, en présence de la foule des fidèles, les loua de ce qu’ils faisaient, avec la permission de Dieu.
« Par l’autorité que j’ai reçue de Notre-Seigneur, je vous relève de l’excommunication que vous aviez encourue, au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, afin que cette censure ne soit plus un empêchement à votre entrée au ciel. Que vos corps retournent en paix dans leur tombeau, pour y attendre le dernier jugement. »
Les morts, qui s’étaient agenouillés, les mains jointes et la tête inclinée, se relevèrent aussitôt, et rentrèrent dans leurs sépulcres. Il est donc bien important d’obéir à l’Église et d’observer ses lois. Faisons-le toujours avec une scrupuleuse fidélité.
À Récaneti, petite ville d’Italie, une pieuse dame avait deux fils, pour lesquels elle priait souvent le bienheureux Luchésio, franciscain. De plus, elle leur avait inspiré une grande dévotion pour lui. Ils grandissaient en vertu comme en âge, lorsqu’une question d’argent mit la discorde entre eux.
Ils en vinrent à des voies de fait : l’un donna un soufflet à l’autre, qui lui perça aussitôt la poitrine d’un coup d’épée. Ceci se passait en 1542. Après cet assassinat, le meurtrier prit la fuite ; mais pas assez promptement pour échapper aux mains de la justice, qui s’empara de lui, le jugea et le condamna à un affreux supplice.
Il fut attaché au corps de son frère et on l’enterra vivant avec lui, durant la nuit, dans le cimetière des Frères-Mineurs, sans que ni ces religieux, ni le public en fussent avertis.
Le lendemain, dès le matin, des enfants, qui jouaient près de la tombe, s’aperçurent que la terre tremblait sous leurs pieds, que tantôt, elle s’abaissait et tantôt se relevait légèrement. Effrayés, ils se mirent à pousser des cris et à appeler les religieux. Ils viennent au bruit et voient eux-mêmes ces mouvements.
Alors, ils se décident à creuser la terre à cet endroit. Quelques soupirs étouffés, qui arrivent à leurs oreilles, dès les premiers coups de bêche, les encouragent ; ils parviennent à une couche de terre d’où une voix les supplie distinctement d’aller avec précaution. Enfin, ils trouvent les deux frères, encore attachés l’un à l’autre.
On comprend la stupéfaction des assistants. Le bruit de ce prodige fit bientôt le tour de Récaneti. Le gouverneur, la noblesse, l’évêque, les prêtres, le peuple étaient accourus. On se demandait quel miracle s’était opéré. On interrogea les deux jeunes hommes, et le premier qui répondit fut celui qui avait été tué.
« Lorsque je me suis senti mortellement frappé, dit-il, j’ai pardonné à mon frère et me suis recommandé à Dieu d’abord, puis au bienheureux Luchésio, pour lequel ma mère m’avait inspiré une tendre dévotion, dès ma jeunesse. Et ce saint, non seulement m’a assisté dans ma terrible mort ; mais il m’a obtenu d’être délivré du purgatoire, et d’être renvoyé dans mon corps pour faire pénitence.«
« Quant à moi, dit le meurtrier, me voyant attaché au corps de mon frère et destiné à mourir ainsi, je me suis également recommandé au bienheureux Luchésio, et, excitant dans mon cœur les sentiments de la plus vive contrition, j’ai fait vœu d’entrer, comme lui, dans l’ordre de Saint-François, s’il me conservait la vie.«
Leur mère aussi était venue l’une des premières. Elle fondait en larmes, sans pouvoir prononcer une parole. Dès qu’elle put parler, elle raconta comment elle avait imploré le bienheureux Luchésio, à qui elle avait consacré ses deux fils, dès leur naissance, le suppliant de ne pas permettre qu’ils périssent éternellement, et que ce saint avait fait encore mieux, en les lui rendant.
Le ressuscité se rendit à la maison de sa mère, et y vécut toujours dans la pratique de toutes les vertus. L’autre entra comme religieux, au couvent des Franciscains, où il devint le modèle de toute la communauté.
Si l’on comprenait tous les avantages de la dévotion aux saints, avec quelle ferveur on la pratiquerait de plus en plus. Commençons cette dévotion avec courage ; plus nous la pratiquerons, plus nous aimerons à le faire et plus nous en retirerons de profits spirituels.
La Sainte-Écriture nous dit que ceux qui secourent les pauvres seront délivrés par Dieu, aux jours mauvais. L’Église, dans l’office des Morts, applique ces paroles à ceux qui soulagent les âmes du purgatoire.
Voici un trait qui montre la reconnaissance des défunts envers ceux qui les aident. Guillaume Freyssen, fameux libraire de Pologne, écrivait cette lettre au père Jacques de Montfort,
« Je vous écris pour vous faire part de la double et miraculeuse guérison de mon fils et de ma femme. Je lisais votre livre, touchant le zèle envers les âmes du purgatoire, lorsqu’on vint me dire qu’une maladie grave réduisait mon fils à l’agonie.
Les médecins en désespéraient et déjà, on faisait les préparatifs des funérailles. La pensée me vint que je pourrais peut-être le sauver, par un vœu en faveur des âmes du purgatoire. Dès le matin, je me rends à l’église et promets de distribuer gratuitement cent exemplaires de votre livre, qui apprend à soulager les défunts, si mon enfant guérit.
Je rentrai à la maison et trouvai mon enfant en meilleur état ; il demandait déjà de la nourriture, bien que, depuis plusieurs jours, il ne pouvait pas même avaler une goutte d’eau. Le lendemain, il était parfaitement guéri. Pénétré de reconnaissance, je distribuai les cent volumes promis.
Trois semaines après, ma femme fut surprise d’un tremblement de tous ses membres. Bientôt, elle perdit la parole et on jugea qu’elle ne tarderait pas à mourir. Alors, je retournai à la même église et fis le vœu, cette fois, de distribuer deux cents exemplaires du même livre, afin de répandre, par lui, la dévotion aux âmes du purgatoire en plus de personnes.
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Après cet acte de piété, comme je retournais à la maison, je vis accourir au-devant de moi, mon domestique : il m’annonça que la malade était mieux, que le délire avait disparu et qu’elle parlait librement. Très peu de temps après, elle était si bien guérie, qu’elle vint remercier le bon Dieu avec moi, à l’église. Je distribuai aussitôt les livres que j’avais promis.
Vous pouvez croire entièrement à ce récit, que je signe devant Dieu. Aidez-moi, je vous prie, à remercier le Seigneur de cette double et grande faveur. Recourons donc à Dieu, dans nos nécessités, en promettant quelque chose d’utile aux âmes du purgatoire, et nous serons sans doute secourus efficacement par ces saintes âmes.«
Source : Le livre d’or des âmes du purgatoire – Père Benoït de J. – 1925
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