Saint Urbain succéda au Pape Calixte ; et, sous son pontificat, se produisit une grande persécution des chrétiens.
Mais enfin l’empire échut à Alexandre, dont la mère Ammée avait été convertie au christianisme par Origène. Cette sainte femme obtint de son fils, à force de prières, qu’il renonçât à persécuter les chrétiens.
Cependant, le préfet Almaque, qui avait décapité Sainte Cécile, continuait à sévir cruellement contre les chrétiens. Il fit rechercher soigneusement Saint Urbain, le découvrit sur la dénonciation d’un certain Carpasius, dans une grotte où il était caché avec trois prêtres et trois diacres, et les fit jeter en prison.
Il le manda ensuite en sa présence, lui reprocha d’avoir corrompu cinq mille personnes, parmi lesquelles la sacrilège Cécile et deux hommes illustres, Tiburce et Valérien. Après quoi il le somma d’avoir à lui restituer le trésor de Cécile.
Mais Saint Urbain rétorqua :
« À ce que je vois, ta cruauté à l’égard des Saints s’inspire davantage de ta cupidité que de ta dévotion à tes dieux. Sache donc que le trésor de Sainte Cécile est monté au ciel par les mains des pauvres ! «
Le préfet fit alors battre Urbain et ses compagnons avec des verges plombées. Et comme le pontife invoquait le Seigneur sous son nom d’Elyōn, il s’écria en souriant :
» Ce vieillard veut paraître savant, et voilà pourquoi il emploie des mots que nous ignorons !«
Mais comme les martyrs restaient fermes dans leur foi, ils furent reconduits dans la prison, où Saint Urbain baptisa le geôlier Anolinus et trois tribuns que le préfet lui avait envoyés. Ce qu’apprenant, celui-ci fit trancher la tête à Anolinus, puis ordonna à Saint Urbain et à ses compagnons de répandre de l’encens devant une idole ; mais, sur la prière d’Urbain, l’idole s’abattit de son piédestal et tua les vingt-deux prêtres qui lui rendaient hommage.
De nouveau roués de coups, les chrétiens furent de nouveau sommés de sacrifier devant une idole ; mais ils crachèrent sur l’idole, firent le signe de la croix, et, s’étant donné réciproquement le baiser de paix, se laissèrent mettre à mort, sous le règne de l’empereur Alexandre.
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Aussitôt l’homme qui les avait dénoncés, Carpasius, fut saisi du démon, et, avant de mourir étouffé, se mit à blasphémer ses dieux et à faire malgré lui l’éloge des chrétiens ; sur quoi sa femme, Arménie, sa fille Lucine, et toute sa famille reçurent le baptême des mains du Saint prêtre Fortunat, et ensevelirent pieusement les corps des martyrs.
Source : La légende dorée – Bienheureux Jacques de Voragine