Archiviste du Vatican : un SS aurait tenté d'assassiner Pie XII
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Archiviste du Vatican : un SS aurait tenté d’assassiner Pie XII


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L’archiviste du Vatican, Giovanni Coco, a déclaré au quotidien italien Corriere della Sera (supplément dominical Lettura) qu’un poignard à croix gammée trouvé dans les chambres papales en 1963 avait conduit le Vatican sur la piste d’une tentative d’assassinat contre le pape planifiée par les SS nazis dans les années 1940.

L’insertion « La Lettura » du Corriere della Sera publie à ce sujet la photographie d’un poignard gravé d’une croix gammée nazie. Ce poignard fut trouvé dans l’appartement de Pie XII par son successeur, le Pape Jean XXIII, qui à l’époque demanda des explications au sous-secrétaire d’État de la Secrétairerie d’État, Monseigneur Angelo Dell’Acqua, bien qu’il ne sache rien de cet objet.

Celui-ci se tourna alors vers Sœur Pascalina Lenhert, la gouvernante de Pie XII. Sœur Pascalina révéla que ce poignard avait été apporté lors d’une audience par un membre des SS, avec l’intention de s’en servir contre Pie XII. Toutefois, ce soldat s’était repenti et avait fait « don de l’arme au Saint-Père. » Giovanni Coco, archiviste et chercheur, partage ces informations au cours de cette même interview.

Pie XII avait été sollicité par Myron Taylor, le représentant personnel du président des États-Unis, Franklin D. Roosevelt, pour exprimer de fermes paroles contre la persécution des Juifs. Cependant, il n’a pas réagi. Selon l’historien du Vatican, « d’autres craintes ont également influencé cette décision, en particulier la possibilité réelle de représailles nazies contre les catholiques polonais, ses fidèles. Cela aurait signifié rompre les liens avec les évêques de cette communauté déjà sous le joug nazi. De plus, dans de nombreuses parties du Vatican, des préjugés contre les Juifs subsistaient, non seulement sur le plan religieux, mais parfois aussi de manière antisémite.« 

D’après cet archiviste, le Saint-Père Pie XII était au courant de l’existence des camps de concentration et du terrible massacre quotidien des Juifs qui s’y déroulait.

La lettre des Archives du Vatican retrouvée, affirme aussi que le pape Pacelli était au courant des camps de concentration et de l’extermination massive des juifs chaque jour.

Lors d’une entrevue avec Massimo Franco, il déclare avec conviction :

« C’est un cas exceptionnel, d’une valeur inestimable. »

Il poursuit en expliquant :

« Nous cherchons à éclaircir cette période sombre, à comprendre la difficile saison pendant laquelle Pacelli a guidé l’Église. »

L’historien espère que ces nouvelles découvertes « contribueront à une meilleure compréhension, à une plus grande clarté. »

« D’une part, cette nouvelle découverte met en lumière que l’histoire de ces années, en particulier en ce qui concerne les actions ou les inactions du Vatican, reste encore à écrire. D’autre part, elle témoigne du climat de terreur et de menace qui atteignait jusqu’au Saint-Siège.

Nous débattons depuis plus d’un demi-siècle sur les documents et les sources indirectes. Nous en avons désormais les directes, et d’autres vont probablement émerger. Nous nous efforçons de les rendre le plus accessibles possible à tous, afin qu’ils comprennent la terrible période dans laquelle Pie XII a dirigé l’Église. Tout doit émerger, sans peur ni préjugé. 

C’est ce que nous avons fait ces dernières années ici aux Archives.« 

Au fil des années, le consensus général qui a émergé rapidement, et qui s’est renforcé aujourd’hui suite à la découverte de cette lettre inédite, est que l’Église catholique, sous la direction du Pape Pie XII, n’a pas condamné Hitler et ses crimes. Cette conclusion rapide a conduit à l’accusation selon laquelle l’Église était complice, voire complice de la barbarie nazie. Cependant, il est essentiel de souligner que l’histoire et les faits sont beaucoup plus complexes, et cela ne peut pas être réduit à une simple question de protection de l’institution catholique.

Le simple fait que cette lettre révèle qu’un haut dignitaire nazi avait été chargé de tuer le Pape Pacelli en dit long sur la réelle considération que le Troisième Reich avait pour le christianisme. Adolf Hitler nourrissait une profonde aversion envers l’Église, et dans son plan délibéré de destruction de l’Europe, après l’élimination physique des Juifs, sa prochaine cible était clairement la présence et la culture chrétienne, dont il était lui-même issu.

Comme le déclarait Martin Bormann, idéologue de la culture nazie et secrétaire d’Hitler :

« Nous, les Allemands, avons été choisis par le destin pour nous détacher du christianisme. Nous ne voulons pas détruire les cathédrales, mais les remplir d’une nouvelle idéologie et d’une nouvelle foi. »

Des documents historiques retrouvés des décennies plus tard en Allemagne après la fin du régime nazi, ainsi que de nombreuses correspondances conservées au Vatican, montrent clairement que les relations entre l’Église et le nazisme étaient tout sauf complices. Il est important de noter que certains prêtres et évêques ont peut-être fermé les yeux sur ce qui se passait, mais ces cas sont l’exception plutôt que la règle.

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La récente découverte dans les Archives du Vatican, qui témoigne de la volonté de faire toute la lumière sur cette période sombre, démontre l’intention sincère du Vatican d’aider et de soutenir la communauté juive. En effet, 3 000 citoyens italiens d’origine juive ont été cachés et sauvés après la mise en place des lois raciales en Italie.

Ils ont été abrités dans des couvents et des ordres religieux. L’Église dirigée par le Pape Pie XII a essayé de secourir et de protéger à la fois les Juifs et la population catholique qui se trouvait déjà en danger pendant l’occupation nazie de la majeure partie de l’Europe. Peut-on dire que davantage aurait pu être fait ? Aurait-il pu y avoir une meilleure réponse ? Il est plausible que oui. Cependant, affirmer que le Vatican était complice de la barbarie nazie est une simplification excessive qui ne reflète pas pleinement la complexité de la vérité historique.

Une partie de cet article a été publiée originellement et en italien par Ansa [ Voir l’article ]

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