Saint Charles Borromée joue un rôle essentiel dans la poursuite, la conclusion et l’approbation officielle du Concile général de Trente. Son zèle et son engagement en font un acteur central dans le déroulement de ce concile important pour l’Église catholique.
Bien que l’on puisse affirmer que l’attention du Cardinal Borromée envers toutes les grandes affaires dont il était chargé était égale, et qu’il les traitait avec autant de diligence que d’intégrité, cela ne serait rien d’autre que des faits prouvés. Néanmoins, il convient de reconnaître que, quelle que fût son exactitude et sa vigilance dans toutes ses responsabilités, rien ne l’intéressait autant que la préservation de la foi, l’éradication des nouvelles hérésies, la réforme des mœurs et la restauration de la discipline ecclésiastique.
C’étaient là les grands objets qui l’occupaient continuellement, et qu’il ne pouvait perdre de vue. Son amour pour la Sainte Église de Jésus-Christ le maintenait dans une agitation perpétuelle : soit en prodiguant des conseils sages à Sa Sainteté, en proposant des moyens pour répondre aux besoins immédiats, soit en prévoyant ce qui pouvait être redouté et qu’il était sage d’anticiper, soit en participant à l’exécution de bonnes œuvres déjà résolues. Tout cela semblait bien au-delà de ce que l’on attendrait d’un jeune cardinal de 22 ou 23 ans. Cependant, Saint Charles en faisait le premier objet de ses réflexions et de ses études. Parmi les grandes et saintes entreprises pour lesquelles il était justement considéré comme le principal moteur pendant tout le pontificat de Pie IV, la plus glorieuse et la plus importante, sans conteste, était la nouvelle convocation ou la continuation du saint Concile de Trente.
Ce Concile était non moins nécessaire depuis l’avènement des hérésies de Luther, Zwingli et Calvin que le salut de tous les peuples fidèles. Il avait été demandé aux Souverains Pontifes Léon X, Adrien VI et Clément VII, souvent promis et indiqué par Paul III, et après de longs délais, finalement convoqué à Trente en 1545. Cependant, le Concile avait été transféré à Bologne en raison de rumeurs de perte, puis rétabli à Trente, mais avait été interrompu à nouveau en raison des guerres et des troubles en Allemagne.
Il avait été suspendu pendant huit ans sous les pontificats de Marcel II et Paul IV. Lorsque Pie IV accéda au trône de Saint-Pierre à la fin de l’année 1559, la restauration ou la continuation de cette auguste assemblée était déjà l’objet des vœux de tous les catholiques, en particulier des gens de bien qui s’inquiétaient des maux croissants de l’Église et comprenaient mieux la nécessité d’y mettre un terme. Mais personne ne travailla avec plus de zèle à cette noble tâche que Charles Borromée.
Il pouvait entreprendre cette mission avec plus d’espoir de succès que quiconque, grâce à sa vertu bien connue et à sa capacité, qui lui donnaient un crédit considérable auprès d’un pape bien intentionné. Le saint Père l’écoutait toujours avec plaisir, et Charles, sans craindre de le fatiguer, ne cessait de lui exposer les progrès continus de l’erreur, la désolation des royaumes déjà infectés par les nouvelles hérésies, et les malheurs qui menaçaient constamment les provinces voisines, prêtes à succomber sous les coups qui avaient ébranlé toute la région nord, la France et les cantons suisses.
Il soulignait l’urgence d’ériger des barrières solides contre une contagion qui gagnait de plus en plus de territoires. Pie IV pouvait difficilement ignorer ces réalités, car il était conscient que l’hérésie commençait déjà à se répandre ouvertement dans certaines régions d’Italie, notamment dans le Piémont et le pays des Grisons.Sa Sainteté comprenait donc pleinement l’importance des raisons qui motivaient Borromée à souhaiter la poursuite du Concile général.
Cependant, les défis qui se présentaient dans l’exécution n’étaient pas minces, et certains politiciens les considéraient comme insurmontables. La confiance du pieux cardinal inspira le Saint-Père, et il prit sa décision. Il commença par ordonner des prières publiques, consulta les cardinaux et les prélats, et chercha l’avis des princes chrétiens par l’intermédiaire de leurs ambassadeurs à Rome. Pour stimuler davantage la piété des fidèles, le Vicaire de Jésus-Christ ouvrit les trésors de l’Église par un jubilé solennel.
Ensuite, accompagné du Sacré Collège et de plusieurs princes romains, il marcha pieds nus dans une procession de la basilique Saint-Pierre à l’église Sainte-Marie-sur-la-Minerve. Enfin, par une bulle datée du 2 novembre 1560, le Concile de Trente fut de nouveau convoqué pour le jour de Pâques de l’année suivante. On peut penser que l’Église chrétienne dut cette faveur non seulement aux ferventes prières du saint cardinal, mais aussi à ses supplications ardentes auprès du pape. Avec le même zèle et la même détermination, Borromée travailla par la suite à surmonter les obstacles et les nouvelles difficultés que la malice de Satan ou les passions humaines suscitèrent de temps en temps, tant pour perturber la paix du Concile que pour entraver sa progression.
Le pape avait spécialement chargé Borromée de veiller à la réalisation de cette grande entreprise, et il avait ordonné que tout ce qui émanait du Concile serait d’abord remis entre les mains du cardinal. Conformément à cet ordre, les Légats Présidents du Concile rendaient à Saint Charles, un compte exact des délibérations de l’Assemblée, des questions qui y étaient soulevées, des arguments avancés par les Pères et les théologiens, parfois partagés, ainsi que des résolutions et de tout ce qui se passait au sein du Concile.
Dès qu’il avait lu ces dépêches, Saint Charles les communiquait au Pontife, puis à une congrégation composée de dix-huit cardinaux, de plusieurs prélats savants, de quelques théologiens et de canonistes choisis. C’était après leur examen et une délibération réfléchie que le cardinal Borromée formulait la réponse au nom du Saint-Père. Dans toutes ces démarches, il faisait preuve d’une telle précision et d’une telle diligence qu’il mettait de côté toutes ses autres occupations et son repos pour lire les dépêches ; ses valets de chambre étaient chargés d’introduire les courriers du Concile dès qu’ils se présentaient, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit.
La confiance de Saint Charles dans la poursuite de ce qui avait heureusement commencé n’était pas moindre que sa diligence. Malgré les nombreuses difficultés, même lorsque le Concile semblait être à un point tel qu’il paraissait absolument nécessaire de l’interrompre et de reporter sa conclusion à un moment plus opportun, la foi de Borromée dans cette entreprise demeurait inébranlable. Plus d’une fois, le Pape lui-même semblait être ébranlé par cette succession d’obstacles, anticipés ou inattendus, et toujours en augmentation.
Cependant, Borromée ressentait ces difficultés avec autant d’acuité, mais un sentiment intérieur qui animait son zèle le soutenait constamment et le mettait en mesure de soutenir les autres. Ses réponses aux présidents du Concile atténuaient leurs inquiétudes, et pour rassurer son oncle parmi les cruelles inquiétudes qui le tourmentaient, il ne cessait de lui rappeler l’importance de l’entreprise et de l’encourager à tout attendre des faveurs du Ciel.
Dans ces circonstances critiques, la Providence favorisa les bonnes intentions du Pape et les saints désirs du Cardinal en leur envoyant l’un de ces hommes rares qui, en plus de leur solide vertu, possèdent un grand talent pour les affaires les plus importantes. Lorsque le bruit se répandit à Trente que le Souverain Pontife envisageait de dissoudre le Concile, en raison des dépenses considérables auxquelles il était confronté du fait de cette Assemblée, ainsi que du mécontentement suscité chez Sa Sainteté par les prélats qui exigeaient avec chaleur une décision sur l’obligation de résider, en tant que droit divin, les Pères conciliaires décidèrent d’envoyer une délégation au Saint-Siège pour exposer la véritable situation et faire valoir que le Concile, réuni à grands frais pour deux raisons principales, à savoir l’éradication des hérésies et la réforme des mœurs, ne pouvait être dissous ni suspendu sans de graves inconvénients avant que ces deux points ne soient mis en œuvre.
Il fallait choisir pour cette mission un homme non seulement agréable au Pontife, mais aussi doté d’une grande prudence et d’une habileté consommée, un homme instruit des affaires, sage, zélé, prévoyant et incapable d’être vaincu par les difficultés. En d’autres termes, il fallait quelqu’un en qui le Concile puisse avoir une confiance totale. Plusieurs candidats correspondaient à ces critères. Certains avaient initialement jeté leur dévolu sur le cardinal d’Alténis, cousin de Saint Charles Borromée et neveu du Pape, l’un de ses légats à Trente. Cependant, la plupart des évêques se rallièrent finalement à l’idée de confier cette mission à Léonard de Marinis.
Léonard de Marinis, un dominicain et archevêque de Lanciano, déjà connu pour ses importantes légations qui avaient toujours honoré tant lui que le Saint-Siège, fut choisi pour cette mission délicate. Il répondit aux attentes du Concile, et Pie IV le reçut avec distinction, l’écoutant avec plaisir et cédant sans difficulté à ses arguments ainsi qu’aux souhaits du Concile. Saint Charles fit encore plus : il lui ouvrit son cœur et lui parla en toute confiance de toutes les inquiétudes qu’on avait suscitées au sujet des intentions de certains Pères du Concile, des soucis que le cardinal n’osait pas exprimer, même au Pape, de peur d’accroître sa timidité et ses appréhensions au lieu de le rassurer et de lui donner de l’espoir.
Les réponses sages et solides du député réconfortèrent Saint Charles et apaisèrent son esprit. L’archevêque de Lanciano réussit de même à dissiper les inquiétudes de la Cour de Rome concernant la décision relative à la résidence des prélats dans leurs bénéfices, et il justifia les intentions des prélats qui demandaient cette décision avec insistance. Cependant, ce point était délicat. Une lettre de Saint Charles, écrite confidentiellement au cardinal Simonette, révèle que ce qui déplaisait à Sa Sainteté dans cette affaire n’était pas tant que le Saint-Siège puisse subir un quelconque préjudice du fait de cette décision, mais plutôt que la rumeur, se répandant dans toutes les cours, prétendait qu’une telle décision conduirait à la ruine du Siège apostolique et de l’autorité pontificale.
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Dans ces circonstances, il n’était ni honorable ni approprié de prendre un décret à ce sujet. Charles Borromée, en partageant ses pensées en privé avec le Cardinal Simonette, transmet également ces idées à l’Archevêque de Lanciano. Ce dernier saisit l’occasion pour informer le Pape que tous les légats du Concile, y compris les prélats favorables à la décision, défendent vivement ses intérêts. Ils soulignent que cette décision tant attendue, loin de porter atteinte à la dignité du Siège Apostolique, contribuera à sa gloire en réfutant les accusations de ceux qui affirmaient que le Pape et la Cour romaine s’opposaient à une opinion largement soutenue par de nombreux évêques et théologiens.
En fin de compte, grâce à l’effort des légats, le Concile évite une division et préserve l’unité de l’Église.
Le pape Pie IV, pour exprimer sa satisfaction à la fois envers le Concile et son nonce, chargea ce dernier de déclarer aux Pères conciliaires que Sa Sainteté voulait que le Concile reste toujours libre, permettant à chacun de s’exprimer en toute conscience comme s’il parlait au nom du Saint-Esprit, et que les décrets devaient être basés sur la vérité.
Le Pape nota également qu’il n’était pas opposé à ce que différents avis soient exprimés sur des questions non encore décidées dans l’Église, mais il exhorta à éviter les querelles acharnées et à maintenir la dignité d’un Concile Œcuménique. Enfin, il conseilla aux Pères de tempérer leur ardeur, car il estimait que la question de la résidence serait traitée avec plus de succès lorsque tous les esprits seraient en parfaite tranquillité, et que l’objectif primordial serait la gloire de Dieu et le bien de l’Église.
Source : La vie et l’esprit de Saint Charles Borromée – Révérend Père Antoine Touron – 1761
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