Dans un coin discret de la basilique Sainte-Marie-Majeure, entre les murmures priants de la chapelle Pauline et le silence mystique de la chapelle Sforza.
C’est là que le pape François a choisi d’être enterré, comme il l’a révélé en décembre dernier. C’est la fin d’une journée de printemps pluvieuse à Rome. Dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, près de la gare Termini, des dizaines de visiteurs lèvent les yeux pour admirer le somptueux plafond à caissons recouvert de feuilles d’or. Des pas glissent sur le sol de marbre. Réjouissez-vous, car il vient… chantent des pèlerins français depuis une chapelle latérale.
À gauche du chœur, la célèbre chapelle Pauline, qui abrite l’icône de la Vierge Marie « Salus populi romani » (Salut du peuple romain) – peinte, selon la tradition, par saint Luc – ne désemplit pas. Sous le filet de protection qui signale les travaux de la coupole, des mobiles capturent les prestigieuses peintures qui ornent ses nombreuses chapelles, et s’arrêtent un instant devant l’icône si chère aux Romains, avec vue sur l’autel.
Depuis son élection en 2013, Jorge Mario Bergoglio est venu prier à ses pieds 115 fois, notamment avant et après chaque voyage. Le 8 décembre, fête de l’Immaculée Conception, il a honoré la Vierge d’une rose d’or.
« J’ai toujours eu une grande dévotion pour Sainte Marie Majeure, même avant d’être pape« , confie-t-il dans son récent livre Le Successeur, écrit avec le vaticaniste Javier Martinez-Brocal.
« Juste après la sculpture de la Reine de la Paix, il y a un petit renfoncement, une porte qui mène à une pièce où se trouvaient les candélabres. Je l’ai vu et j’ai pensé : ‘C’est ici’. Et c’est là que la sépulture a été préparée. Ils m’ont confirmé qu’elle était prête« .
Enterré comme un simple chrétien
À quelques pas de là, l’ancien hangar à candélabres se cache derrière une porte en bois presque anonyme, par laquelle les touristes passent inaperçus. Le futur tombeau du 266e pape sera adossé à la chapelle du Salus populi romani, et enterré dans la courbe des piliers protecteurs de la chapelle Sforza, seul lieu réservé à la prière silencieuse. Ici, les flashs photographiques sont interdits, et l’on n’ose même pas chuchoter, saisi par le profond silence qui habite la sobre pierre grise, imprégnée des chapelets égrenés par les pieux fidèles.
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La porte cachée du futur tombeau de François lui ressemble. François a expliqué qu’il voulait « simplifier » la liturgie des funérailles papales. Comme l’explique Javier Martìnez-Brocal, « il veut démanteler tout ce qui relève d’une logique de monarchie, de Cour… Il ne veut pas que sa dépouille soit exposée, il veut être enterré comme un simple chrétien. Il veut revenir à une certaine simplicité et que la figure du pape soit reconnue pour son caractère spirituel, sans excès« .
Entre deux confessionnaux
Un autre détail est particulièrement significatif : la porte de la future tombe de François est flanquée de deux confessionnaux où d’anciens prêtres vêtus d’albes montent la garde. Lorsqu’un pénitent s’agenouille au milieu des touristes, il est facile de comprendre qu’il ne s’agit pas d’une coïncidence. Le pontife argentin a beaucoup prêché sur la miséricorde. « Dieu ne se lasse pas de pardonner » est l’un des grands leitmotivs de son magistère, et son geste de se confesser humblement lors d’une célébration pénitentielle reste l’une des grandes images de son pontificat.
Bien que le choix d’être enterré dans la basilique Santa Maria Maggiore plutôt qu’à Saint-Pierre – près de la tombe de l’apôtre Pierre – contraste avec ses récents prédécesseurs, le pape François ne sera pas le seul pontife à reposer ici. Sept papes y sont enterrés : Honorius III (1216-1227), Nicolas IV (1288 à 1292), Pie V (1566-1572), Sixte V (1585-1590), Clément VIII (1592 à 1605), Paul V (1605-1621) et Clément IX (1667-1669).
Quoi qu’il en soit, le pape François a expliqué qu’il avait fait cette promesse à la Vierge Marie, avec laquelle il a « un très grand lien« . C’est pourquoi son corps sera tout près d’elle, dans la seule grande basilique qui lui est dédiée.
Cet article prend pour source Aleteia (Lien de l’article).