Le catholicisme libéral a fait trois tentatives depuis un siècle pour conquérir l’Église de France et la papauté : la première a été arrêtée par l’encyclique Mirari vos de Grégoire XVI, la seconde par le Syllabus de Pie IX et le concile du Vatican, la troisième, par les actes pontificaux de Pie X.
Les tentatives infructueuses du libéralisme
La première fut proprement l’œuvre d’un homme. Lamennais, au lieu d’invoquer les droits de l’Eglise, selon la tradition de celle-ci, invoqua les droits de tous et pensa qu’il suffisait de placer la liberté catholique sous la protection de la liberté commune.
La seconde campagne unit d’abord tous les catholiques libéraux. La plupart ne songeaient qu’à obtenir la liberté d’enseignement pour l’Église, mais leurs chefs, les vrais disciples de Lamennais, la demandaient pour tous et décidèrent les évêques à réclamer le droit commun. On a pu dire que les catholiques étaient alors tous libéraux.
La loi de 1850 fut leur trophée ; elle fut aussi l’occasion des discordes. La République de 1848 avait poussé quelques-uns d’entre eux à soutenir l’alliance de l’Eglise avec la démocratie, mais la grande réaction déchaînée par la peur du socialisme gagnait le monde religieux comme le monde politique. Le 2 décembre marqua le triomphe du « parti de l’ordre », qui eut vite rallié le clergé et donna sa protection à l’Église.
Les catholiques libéraux voulurent alors combattre la solidarité entre elle et le régime autoritaire. Le Congrès de Malines poussa à leur apogée leurs protestations en faveur de celui de la liberté, mais le Saint-Siège, dont ils espéraient la neutralité, leur opposa le Syllabus. Ils essayèrent encore de sauver la face par des distinctions aventureuses entre la thèse et l’hypothèse ; le concile du Vatican leur enleva tout moyen de se soustraire à l’autorité du pape infaillible.
La troisième apparition du libéralisme catholique se produisit durant le pontificat de Léon XIII. Ce pape illustre maintenait avec fermeté la doctrine du Syllabus dans ses encycliques. Néanmoins, sous le prétexte de se conformer à l’évident esprit de conciliation dont s’inspiraient ses rapports avec le Gouvernement français, tous ceux qui voulaient allier le catholicisme avec la République existante, avec les réformes sociales demandées par la démocratie, s’enhardirent dans leurs idées ; et une tolérance de fait laissa le champ à peu près libre aux libéraux jusqu’à la fin du règne.
Pie X la leur retira et reprit la tradition de Grégoire XVI et de Pie IX.
On voit apparaître dans ces phases successives les trois caractères du catholicisme libéral : sympathie pour la liberté politique, sympathie pour la démocratie sociale, pour la libre recherche intellectuelle. Ces trois caractères n’ont pas toujours été réunis.
La politique domina d’abord chez les novateurs. Il s’agissait d’accepter, d’utiliser en France les institutions Créées ou promises par les hommes de 1789. Mais Lamennais avait l’esprit trop généralisateur pour s’en tenir là ; bientôt il parla de modifier l’esprit de l’Église universelle, poussa le clergé vers le travail scientifique, puis il arriva très vite à se faire le défenseur de la démocratie. Les catholiques de la seconde génération se cantonnèrent sur un terrain plus étroit ; préoccupés surtout de politique, ils encouragèrent peu les hardiesses intellectuelles ; la plupart se résignaient seulement à la démocratie comme a un mal nécessaire. Même au début de la troisième période, on pouvait encore admettre nombre de catholiques libéraux, non pas tous.
Dérive libérale de l’antilibéralisme économique
Car si tous les catholiques sociaux ne devinrent pas démocrates chrétiens, une bonne partie d’entre eux glissa lentement vers le libéralisme. L’exemple du marquis de La Tour du Pin est particulièrement instructif. Son opposition à la révolution tend à se focaliser sur certains aspects économiques et sociaux et à perdre de vue le principal.
Il constate que la Révolution a désorganisé la société en détruisant les corporations : l’individu se retrouve seul face à l’État, les ouvriers seuls face au patron ; c’est le règne de la bourgeoisie et de l’individualisme. Pour réagir, il faut rétablir les corporations. Cependant, les milieux ouvriers sont déchristianisés.
À lire aussi | Clotilde Bersone son initiation aux loges, sa conversion et son martyre
Conclusion du marquis : pour les atteindre, le mouvement corporatif ne doit pas être confessionnel (c’est-à-dire explicitement catholique). Est-ce seulement une concession provisoire ? Il ne semble
pas.
L’abbé Talmy a montré comment, pour La Tour du Pin, les associations professionnelles, étant le fondement de la vie civile, doivent certes être animées par les catholiques, pénétrées de leur esprit et de leur programme social, mais doivent en même temps garder une certaine neutralité et grouper tous les hommes honnêtes sur la base de vérités de la loi naturelle : les temps de la chrétienté, estime-t-il, sont révolus.
C’est déjà la tendance (si durable au XXe siècle) à constituer un corps de doctrine sociale chrétienne… sans tête. Comme si la royauté sociale de Notre-Seigneur n’intéressait pas la doctrine sociale de l’Église.
En 1881, La Tour du Pin dénonçait le « libéralisme économique, lequel procède du libéralisme politique et religieux et reste dans les faits l’expression peut-être la plus redoutable de la grande hérésie de 1789 ».
Voilà donc le libéralisme économique plus redoutable que le libéralisme idéologique (dont il procède pourtant). D’où la tentation de le combattre lui principalement, en délaissant la lutte pour les droits de l’Église.
La Tour du Pin restera toutefois monarchiste et finira à l’Action française. Léon Harmel, lui, va plus loin. Son biographe (et presque hagiographe) Guitton parle de « l’acharnement qu’il met à débusquer le libéralisme dans tous les coins où il s’embusque ».
C’est vrai, il dénonce la Révolution et le libéralisme. Mais qu’entend-il par là ?
« La Révolution française a été faite exclusivement au profit de la bourgeoisie et du capitalisme, qui ont prétendu être tout, et qui en effet sont devenus tout dans notre société quatre-vingt-neuviste. (…) Nous, démocrates chrétiens, nous prétendons que tout le mal vient du règne de Mammon. Le règne de la justice, par le respect des droits de chacun et de l’amour envers le prochain, la pratique de l’Évangile en un mot, nous apparaît comme la source de tout bien. »
Là encore la lutte contre le libéralisme économique prend le premier plan (tout le mal vient de Mammon) et tend à faire oublier la défense des droits de la vérité. La tendance des catholiques sociaux se réalise en acte chez les démocrates chrétiens.
Les voix de l’Église contre le libéralisme
Pape Pie VII, Post tam diuturnas (Lettre apostolique)
« La liberté de la presse, liberté qui menace la foi et les mœurs des plus grands périls et d’une ruine certaine. »
Pape Léon XIII, Libertas Præstantissimum (Encyclique)
« Il en est un grand nombre qui, à l’exemple de Lucifer, de qui est ce mot criminel : « Je ne servirai pas », entendent par le nom de liberté ce qui n’est qu’une pure et absurde licence. Tels sont ceux qui appartiennent à cette école si répandue et si puissante et qui, empruntant leur nom au mot de liberté, veulent être appelés Libéraux. […] Mais une chose demeure toujours vraie, c’est que cette liberté, accordée indifféremment à tous et pour tous, n’est pas, comme nous l’avons souvent répété, désirable par elle-même, puisqu’il répugne à la raison que le faux et le vrai aient les mêmes droits, et, en ce qui touche la tolérance, il est étrange de voir à quel point s’éloignent de l’équité et de la prudence de l’Église ceux qui professent le Libéralisme. […] Nier cette souveraineté de Dieu et refuser de s’y soumettre, ce n’est pas la liberté, c’est abus de la liberté et révolte ; et c’est précisément d’une telle disposition d’âme que se constitue et que naît le vice capital du Libéralisme. […] S’insurger complètement contre l’empire suprême de Dieu et lui refuser absolument toute obéissance, soit dans la vie publique, soit dans la vie privée et domestique, c’est à la fois, sans nul doute, la plus grande dépravation de la liberté et la pire espèce de Libéralisme. C’est sur elle que doivent tomber sans restriction tous les blâmes que nous avons jusqu’ici formulés. »
Pape Pie IX, Réponse à une députation de catholiques français (18 juin 1871)
« L’athéisme dans les lois, l’indifférence en matière de religion et les maximes pernicieuses, appelées catholiques-libérales, sont, oui, elles sont véritablement la cause de la ruine des États ; elles l’ont été de la perte de la France. Croyez-moi, le mal que je vous dénonce est plus terrible que la Révolution, plus terrible même que la Commune. J’ai toujours condamné le catholicisme-libéral et je le condamnerai encore quarante fois si c’est nécessaire. »
Syllabus de Pie IX
Proposition condamnée : « Chaque homme est libre d’embrasser et de professer cette religion qu’il a jugée être la vraie à la lumière de la raison. »
Article du journal Civiltà Cattolica (Vol. I, série V, page 27)
« De Maistre dit que l’Église et les papes n’ont jamais demandé pour leur cause rien de plus que la vérité et la justice. Tout au contraire, les libéraux, par le fait sans doute de la respectueuse horreur qu’ils professent tout naturellement pour la vérité et surtout pour la justice, nous demandent à toute heure : la charité. Il y a plus de douze ans que, pour notre part, nous assistons à ce curieux spectacle donné par les libéraux italiens. Ils ne cessent pas un moment de mendier avec des larmes notre charité. Ils en deviennent insupportables, ils en perdent toute pudeur, les bras en croix, en prose, en vers, dans leurs brochures, dans leurs journaux, dans leurs lettres publiques et privées, anonymes et pseudonymes, directement ou indirectement, ils nous supplient d’exercer envers eux la charité pour l’amour de Dieu. Ils nous conjurent de ne plus nous permettre de faire rire le prochain à leurs dépens, et de ne pas nous livrer à un examen aussi détaillé, aussi minutieux de leurs sublimes écrits, de ne point nous opiniâtrer à mettre en lumière leurs glorieux exploits, de fermer nos yeux et nos oreilles à leurs bévues, à leurs solécismes, à leurs mensonges, à leurs calomnies, à leurs mystifications, en un mot de les laisser vivre en paix. En définitive, la charité est la charité ! Que les libéraux n’en aient point, c’est si naturel qu’on peut très bien se l’expliquer, mais que les écrivains comme ceux de la ‘’Civiltà Cattolica’’ n’en fassent point usage, voilà certes bien une autre affaire. De tous temps les libéraux ont abhorré la mendicité publique jusqu’au point de l’interdire en beaucoup de pays sous peine de prison ; aussi est-ce par un juste châtiment de Dieu, qu’ils se voient réduits à devenir mendiants publics, demandant au nom du ciel, un peu de charité ! »
Monseigneur Henri Delassus, La conjuration antichrétienne
« Le libéralisme n’est pas une hérésie ordinaire, c’est l’hérésie propre, personnelle de Satan, puisqu’elle consiste, pour la créature, à usurper à son profit l’indépendance et la souveraineté qui n’appartiennent qu’à Dieu, de toute éternité, et dans l’ordre des temps à Notre Seigneur Jésus-Christ. »
Don Félix Sarda y Salvany, Le libéralisme est un péché
« Il n’y a d’autre parti catholique, acceptable en bonne thèse pour des catholiques, que celui où l’on professe, où l’on soutient, où l’on pratique des idées résolument anti-libérales. Tout autre, si respectable qu’il soit, si conservateur qu’il se montre, quel que puisse être l’ordre matériel qu’il assure au pays, les avantages et les biens que par accident il offre à la religion, n’est pas un parti catholique, du moment qu’il se présente fondé sur des principes libéraux, ou organisé dans un esprit libéral, ou dirigé vers un but libéral. »
Pape Pie VII, à l’évêque de Troyes dans Post tam diuturnitas (Encyclique)
« Un nouveau sujet de peine dont Notre cœur est encore plus vivement affligé, et qui, Nous l’avouons, Nous cause un tourment, un accablement et une angoisse extrêmes, c’est le 22e article de la Constitution. Non seulement on y permet la liberté des cultes et de conscience, pour Nous servir des termes mêmes de l’article, mais on promet appui et protection à cette liberté, et en outre aux ministres de ce qu’on nomme les cultes. Il n’est certes pas besoin de longs discours, Nous adressant à un évêque tel que vous, pour vous faire reconnaître clairement de quelle mortelle blessure la religion catholique en France se trouve frappée par cet article. Par cela même qu’on établit la liberté de tous les cultes sans distinction, on confond la vérité avec l’erreur, et l’on met au rang des sectes hérétiques et même de la perfidie judaïque l’Épouse sainte et immaculée du Christ, l’Église hors de laquelle il ne peut y avoir de salut. En outre, en promettant faveur et appui aux sectes des hérétiques et à leurs ministres, on tolère et on favorise, non seulement leurs personnes, mais encore leurs erreurs. C’est implicitement la désastreuse et à jamais déplorable hérésie que saint Augustin mentionne en ces termes : « Elle affirme que tous les hérétiques sont dans la bonne voie et disent vrai, absurdité si monstrueuse que je ne puis croire qu’une secte la professe réellement. » »
Abbé Roussel, Libéralisme et catholicisme (Pages 16-17)
« Le libéral est un fanatique d’indépendance, il la prône jusqu’à l’absurdité, en tout domaine. »
Monseigneur Fèvre, Histoire critique du catholicisme libéral (Page 546)
« La vérité est seule tolérante et ne persécute jamais personne, elle se borne à empêcher de faire le mal. L’erreur est essentiellement intolérante et dès qu’elle se sent en force, école, parti ou secte, elle tient à manifester sa puissance en supprimant ses adversaires, en les injuriant, surtout en les empêchant de parler. Le droit de parler, très préconisé des libéraux, au point qu’ils l’inscrivent dans la constitution et en font l’élément privilégié du parlementarisme, ne leur paraît acceptable que s’il leur assure les immunités de monologue et empêche toute critique. L’objet qui leur plaît le plus, c’est l’encensoir pour eux, et, pour leurs adversaires, des chaînes ou le bâillon. »
Article du journal La Croix (Avril 1942)
« L’Église a condamné – et elle condamnera toujours – la liberté illimitée de la pensée, de la presse, de l’enseignement, des cultes, reconnue comme un droit absolu de l’individu ou comme un bien essentiel de la société : le libéralisme est une erreur. »
Syllabus de Pie IX
Proposition condamnée : « La raison humaine, considérée sans aucun rapport à Dieu, est l’unique arbitre du vrai et du faux, du bien et du mal : elle est à elle-même sa loi, elle suffit par ses forces naturelles à procurer le bien des hommes et des peuples. »
Lettre pastorale des évêques de l’Équateur à leurs diocésains
« À l’heure présente le libéralisme est l’erreur capitale des intelligences et la passion dominante de notre siècle, il forme comme une atmosphère infecte qui enveloppe de toute part le monde politique et religieux, qui est un péril suprême pour la société et pour l’individu. Ennemi aussi gratuit qu’injuste et cruel de l’Église catholique, il entasse en faisceau,dans un désordre insensé, tous les éléments de destruction et de mort, afin de la proscrire de la terre. Il fausse les idées, corrompt les jugements, adultère les consciences, énerve les caractères, allume les passions, assujettit les gouvernants, soulève les gouvernés, et, non content d’éteindre (si cela lui était possible) le flambeau de la révélation, il s’avance inconscient et audacieux pour éteindre la lumière de la raison naturelle elle-même »
Pape Léon XIII, È giunto (Lettre)
« À plusieurs reprises déjà, dans des documents officiels adressés au Monde Catholique, Nous avons démontré combien est erronée la doctrine de ceux, qui sous le nom séducteur de liberté du culte, proclament l’apostasie légale de la société, la détournant ainsi de son Auteur divin. »
Père Ramière, Les Doctrines Romaines sur le libéralisme envisagées dans les rapports avec le Dogme Chrétien et avec les besoins des sociétés modernes
« Le libéralisme affecte les plus graves intérêts et les dogmes les plus fondamentaux du Christianisme. »
Monseigneur Nicolas Casas y Conde, Enseñanzas dela Iglesia sobre el liberalismo (Page 27)
« Le libéralisme consiste proprement et véritablement à nier à Dieu son empire sur l’homme, ou à ne vouloir pas l’accepter ; dans cette mauvaise disposition de l’âme qui rejette l’empire de Dieu, soit pour le nier, soit pour ne pas vouloir le supporter, se condense et s’accomplit le vice capital du libéralisme, c’est-à-dire sa plus grande et principale malice. »
Ezequiel Moreno Diaz, Testament (6 octobre 1905)
« Je confesse, une fois de plus, que le libéralisme est un péché, ennemi fatal de l’Église et du Règne de Jésus-Christ, et ruine des peuples et nations, et voulant enseigner ceci, même après ma mort, je désire que dans la pièce où sera exposé mon cadavre, et même dans l’église pendant les obsèques, soit mis à la vue de tous un texte qui dira : le libéralisme est un péché. »
Père Castellani, Cristo ¿ vuelve o no vuelve ? (Page 163)
« Le libéralisme est une dangereuse hérésie moderne qui proclame la liberté et trouve son nom en elle. La liberté est un grand bien que, comme tous les grands biens, seul Dieu peut donner ; le libéralisme cherche la liberté en dehors de Dieu, et ainsi il ne trouve que des falsifications de la liberté. »
Monseigneur Marcel Lefebvre, Ils l’ont découronné
« Que fut, essentiellement, la Révolution de 89 ? Ce fut le naturalisme et le subjectivisme du protestantisme, réduits en normes juridiques et imposés à une société encore catholique. De là la proclamation des droits de l’homme sans Dieu, de là l’exaltation de la subjectivité de chacun aux dépens de la vérité objective, de là la mise sur le même niveau de toutes les « fois » religieuses devant le Droit, de là enfin l’organisation de la société sans Dieu, en dehors de Notre Seigneur Jésus-Christ. Un seul mot désigne cette théorie monstrueuse : le LIBÉRALISME. »
Abbé Basilio Mérano, Le Libéralisme est une hérésie
« Le libéralisme nie le Règne social de Notre Seigneur Jésus-Christ, la soumission des Nations au Christ Roi et à son Église, il nie la royauté sociale de Jésus-Christ. Quelle hérésie plus grande que celle-ci ! Celui qui ne le voit pas n’est pas catholique. »
Lettre pastorale des pères du 5ème Concile Provincial de Québec
« Le libéralisme s’est introduit peu à peu dans la sainte Église et s’y est caché en usant d’adresse et de fourberie, comme l’ancien serpent dans le paradis terrestre afin de séduire les âmes imprévoyantes, en les poussant, par ses artifices, à manger du fruit de l’arbre de la science du bien et du mal. »
Monseigneur Ignace Bourget, Lettre pastorale
« Le libéralisme tend toujours à subordonner les droits de l’Église aux droits de l’État par mesure de prudence et de haute sagesse, et même à séparer l’Église de l’État, ou il voudrait une Église libre dans un État libre. Le libéralisme prétend que le clergé seul est appelé à défendre la Religion ; et que les laïques n’ont point cette mission, tandis que le Pape déclare, dans son Encyclique de 1853, que les laïques remplissent en cela un devoir filial, du moment qu’ils combattent sous la direction du clergé. Le libéralisme moderne prétend que la Religion ne doit pas sortir de la sacristie, ni franchir les limites de la piété privée. Mais le Pape déclare que les catholiques ne peuvent défendre efficacement leurs droits et leurs libertés qu’en se mêlant activement à toutes les affaires publiques. »
Saint Augustin, Lettre CLXVI
« Quelle mort plus funeste pour les âmes que la liberté de l’erreur ! »
Monseigneur Joseph Clifford Fenton, Journal (31 Octobre 1962)
« Ce qui ressort de tout ce fatras paraît entièrement libéral. Il me tarde de rentrer. J’ai bien peur de n’avoir plus rien à faire ici. Avoir fait partie de ce concile est sans doute la grande expérience de ma vie. Mais, dans le même temps, j’en retire une déception qui me fait frissonner. Je n’aurais jamais pensé que l’épiscopat pût être aussi libéral. C’est la fin de la religion catholique telle que nous l’avons connue. »
Louis Veuillot, L’illusion libérale
« Le catholique libéral n’est ni catholique ni libéral. Je veux dire par là, sans douter encore de sa sincérité, qu’il n’a pas plus la notion vraie de la liberté que la notion vraie de l’Église. Catholique libéral tant qu’il voudra ! Il porte un caractère plus connu, et tous ses traits font également reconnaître un personnage trop ancien et trop fréquent dans l’histoire de l’Église : sectaire, voilà son vrai nom. »
Mgr de Ségur, Aux jeunes catholiques libéraux à Paris 1887
« Le libéralisme catholique est « une peste très pernicieuse », parce qu’il place à la base de nos institutions publiques des principes dont les conséquences extrêmes, rigoureusement logiques, aboutissent à des horreurs. Le principe fondamental du libéralisme peut se résumer ainsi : vis-à-vis de la loi, l’erreur a les mêmes droits que la vérité. De là sort « la liberté de penser », qui peut se formuler ainsi : « J’ai le droit de penser tout ce que je veux, de croire tout ce que je veux, de nier tout ce que je veux. J’ai le droit de croire qu’il n’y a pas de DIEU, que je n’ai pas d’âme, que le vol est permis, qu’il n’y a pas plus de mal à tuer un homme qu’un poulet. De là sort la « liberté de conscience » : toutes les religions ont un droit égal au respect et à la protection de la loi… Même respect pour le chrétien qui adore JESUS-CHRIST et pour le juif qui le blasphème. Même respect pour le catholique qui vénère la Sainte Eucharistie et pour le huguenot qui la foule aux pieds. Même respect pour le martyr et pour son bourreau. De là sort « la liberté de la parole » : j’ai le droit de dire tout ce que je pense, et personne n’a le droit de retenir ma parole sur mes lèvres. J’ai le droit au blasphème. M’empêcher de louer Dieu et m’empêcher de l’insulter sont, l’un comme l’autre, un attentat à ma liberté, et par conséquent un crime… De là sort « la liberté de la presse » : tout ce que j’ai le droit de lire, j’ai le droit de l’imprimer et de le publier. Le premier apostat venu a le droit d’écrire que JÉSUS-CHRIST n’est pas DIEU, et nul homme, nul pouvoir n’a le droit d’arrêter son livre ou son journal. De là sort « la liberté d’action »: j’ai le droit de faire tout ce que je veux et de mettre en pratique tout ce que je pense, à la seule condition (encore parfaitement arbitraire) d’être en règle avec la police. Assurément tous les catholiques-libéraux, et non seulement eux, mais tous les honnêtes gens repoussent avec indignation ces absurdes et horribles folies ; mais ils admettent bel et bien les principes d’où elles découlent, et dans les bas-fonds de la société, il ne manquera jamais de terribles logiciens qui les tirent. »
Source : Barbier Emmanuel (Histoire du catholicisme libéral) – Bréviaire de combat – Louis Medler (Mgr Henri Delassus)