Sainte Élisabeth de Portugal fait partie de ces rois et reines saints qui ont atteint le paradis malgré les distractions et les tentations qui ont entouré leur vie terrestre.
La reine du XIVe siècle a reçu le surnom de « pacificatrice » pour les efforts de conciliation notables qu’elle a déployés durant sa vie de reine et de douairière. Mais en réfléchissant à la vertu héroïque de sainte Élisabeth, j’avoue que ce ne sont pas ses prouesses diplomatiques qui m’ont ému, mais son humilité presque surhumaine, si tant est qu’il ne s’agisse pas d’une contradiction dans les termes.
Belle, pieuse et disciplinée, Élisabeth, princesse espagnole, a épousé son royal mari à seulement 17 ans, en épousant le roi Diniz du Portugal. Diniz était, de l’avis général, un très bon roi et un très mauvais mari, connu pour son libertinage effréné.
Pendant la quasi-totalité des 27 années de leur mariage, Élisabeth a enduré en silence les grandes humiliations que lui infligeait son mari infidèle. Vivant au cœur de la vie de la cour royale, elle ne pouvait échapper aux chuchotements et aux rumeurs qui assombrissaient son mariage et scandalisaient le pays.
Il ne fait aucun doute qu’elle connaissait personnellement de nombreuses maîtresses de son mari, tout comme elle devait connaître les sept enfants illégitimes de ce dernier. Il lui aurait été impossible de protéger ses deux propres enfants des commères vicieuses parmi lesquelles ils vivaient, alors même qu’elle cherchait à préserver leur innocence et le respect qu’ils avaient pour leur père.
Pourtant, malgré ces grandes épreuves, nous ne trouvons aucune trace d’Élisabeth perdant son sang-froid ou sombrant dans les niveaux sordides des intrigues de cour. Au contraire, la sainte reine conserva sa douceur et sa dévotion religieuse. Elle assistait à la messe tous les jours, récitait l’office divin tous les matins et jeûnait régulièrement.
Incapable de conserver l’affection et la fidélité de son mari, elle offrit ses souffrances en prière au roi Diniz, dont elle ne s’éloigna jamais. Ignorant le mépris des courtisans qui dédaignent ses œuvres de charité, Élisabeth s’occupe des malades et des pauvres. Elle s’occupe même secrètement des lépreux, les baignant et les habillant malgré la loi qui leur interdit de s’approcher des murs du château.
En 1323, Élisabeth mérite pour la première fois son titre de pacificatrice, même si, une fois de plus, son humilité l’emporte sur ses actes. Alfonso, fils aîné d’Elizabeth et de Diniz et héritier du trône, s’impatiente de la faveur que son père semble accorder à ses fils illégitimes. Il se rebelle contre son père. L’armée du roi se heurte à celle d’Alfonso et la guerre civile est imminente jusqu’à ce qu’Élisabeth intervienne.
Élisabeth, qui avait bien plus de raisons d’en vouloir à son mari et à son mépris pour leur mariage, refusa de soutenir son fils jaloux. Au lieu de cela, elle s’interpose sans crainte à dos de mule entre les deux adversaires. Les deux armées, tendues pour la bataille, se font face tandis que la courageuse reine insiste pour que son fils se réconcilie avec son père, dont les péchés contre elle sont la cause de la violence. Contre toute attente, ils écoutèrent ses sages arguments. Après avoir obtenu une paix apparemment impossible, Élisabeth se retire à nouveau dans sa vie tranquille et ses habitudes.
La vie d’Élisabeth est une douce réprimande pour notre époque troublée, où nous vivons souvent dans un état d’indignation face à des offenses, qu’elles soient perçues ou réelles. Combien d’attaques a-t-elle dû subir, combien de larmes a-t-elle dû verser après avoir été publiquement rejetée et abandonnée.
Pourtant, armée des grâces des sacrements et fortifiée par sa discipline spirituelle, elle s’est efforcée de toujours semer la paix et l’amour dans son milieu, ignorant les innombrables chemins du vice qui l’entouraient. Avec douceur et humilité, elle se détourna des commérages, réagit avec grâce à l’humiliation quotidienne de l’infidélité de son mari et ne cessa jamais de s’efforcer d’honorer ses vœux de mariage.
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Le roi Diniz meurt en 1325, mais pas avant de s’être repenti de ses péchés passés et des abus commis à l’encontre d’Élisabeth. Il meurt heureux, en communion avec son Église et réconcilié avec sa femme. Après avoir prié pendant près de 30 ans pour l’âme de son mari, Élisabeth se réjouit et, avec son humilité habituelle, elle vécut les 11 années qui lui restaient à vivre en tant que franciscaine tertiaire, au service de ses pauvres bien-aimés.
Sainte Elisabeth du Portugal, priez pour nous !
Cet article a été publié originellement par le National Catholic Register (Lien de l’article). Il est republié et traduit avec la permission de l’auteur.