L’histoire regorge d’exemples, parfois même fastidieux, d’œuvres d’art nées de mauvaises personnes. Comment discerner qui suivre et qu’admirer, qui éviter et que désavouer ?
Ces derniers mois, dans de nombreux pays, les communautés catholiques ont été secouées par la nouvelle de la condamnation de l’un des plus importants artistes sacrés européens d’aujourd’hui pour avoir abusé de femmes. Malheureusement, des cas comme celui-ci sont devenus monnaie courante en ces temps de Me Too. Le cinéma et la télévision regorgent de cas similaires. Mais il est néanmoins choquant, pour les catholiques, qu’un artiste qui a embelli tant d’espaces sacrés ait encouru ces mêmes erreurs…
Un débat est en cours sur la nécessité de retirer ses œuvres des espaces sacrés, même en tant que geste symbolique d’expiation des péchés commis. Il s’agit d’un choix controversé. D’une part, les œuvres n’ont rien à voir avec les erreurs de l’auteur, ce n’est pas qu’il ait dû pécher pour les réaliser. D’autre part, les victimes et la société ont besoin de signaux clairs indiquant que l’impunité n’a pas triomphé. Les générations futures doivent savoir que ces gestes ne peuvent être acceptés. Le pardon lui-même ne peut être appliqué correctement lorsque l’impunité règne.
Je ne veux ni attaquer ni défendre l’artiste. Le jugement, en particulier celui qui aboutit à une condamnation, devrait toujours être un acte douloureux pour nous, un geste à ne faire qu’en cas de nécessité. Cependant, les discussions autour de cette affaire ont soulevé la question du titre : les méchants peuvent-ils servir Dieu ? Une œuvre belle et bonne peut-elle naître d’un mauvais cœur ? Dieu écrit le droit par des lignes tordues, dit la sagesse populaire, mais nous sommes choqués et déconcertés lorsque nous rencontrons une telle situation.
Quand de bonnes choses naissent de mauvaises personnes
La vie de nombreux artistes est marquée par des addictions, des violences domestiques, voire des meurtres. Ce n’est pas pour autant que leurs œuvres cessent d’être belles, voire d’une beauté qui nous émeut et nous rapproche de Dieu. On a même parfois l’impression que l’aiguillon du mal pique l’âme, l’amenant à comprendre encore plus la splendeur du bien. Cela ne les exonère pas de leurs mauvaises actions et cela ne devrait pas non plus inciter les autres à faire le même mal.
Même parmi les prédicateurs, les gourous et les prêtres des religions les plus diverses, on trouve des personnes qui commettent de mauvaises actions. Parfois, leur propre prédication est mauvaise, non pas dans le sens où elle propose des actes mauvais, mais dans le sens où elle veut exploiter la foi et l’esprit religieux des fidèles à ses propres fins.
Mais même dans ce cas, ce qui compte n’est pas l’intention de celui qui parle, mais la foi de celui qui écoute. Combien de personnes n’ont pas trouvé la foi à travers la prédication et les discours de personnes qui n’étaient pas du tout dignes de confiance ! Lorsque nous rencontrons des cas comme celui-ci, nous sommes généralement en colère à cause de la fausseté du prédicateur, mais peut-être devrions-nous avoir davantage honte que Dieu ait dû avoir recours à lui, qu’il n’ait pas trouvé parmi les bons quelqu’un capable d’atteindre le cœur de nos frères ?
Une époque de jugements difficiles
Nous vivons une époque où l’art affiche une beauté douteuse, qui met en scène la douleur et la révolte des hommes plutôt que la splendeur de la Vérité, où de faux maîtres proclament la colère et exploitent le ressentiment, où tout devient une marchandise à consommer sans discernement. C’est sans doute une époque dangereuse que celle où l’on parle de bonnes choses venant de mauvaises personnes, mais c’est aussi une époque compliquée où de mauvaises choses peuvent venir de bonnes personnes.
Comment discerner qui suivre et qu’admirer, qui éviter et que désavouer ? Tout d’abord, nous devons garder à l’esprit que la Vérité, le Bien et la Beauté (avec une majuscule au début, c’est-à-dire qu’ils viennent de Dieu) mènent toujours à l’amour, à la miséricorde et à la solidarité. Ce qui nous conduit à la colère, à la violence et à la division ne vient pas de Dieu.
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Même si nous devons condamner les actes répréhensibles, cette condamnation, lorsqu’elle est éclairée par Dieu, est remplie de tristesse et d’espoir pour l’accomplissement du bien. Deuxièmement, le vrai renvoie à Dieu et à son amour, au désir de bien de nos frères et sœurs, tandis que le faux renvoie aux idoles du monde ou même à nous-mêmes. Les gourous qui génèrent un public irréfléchi, les artistes qui se mettent en avant ou qui ont une vision narcissique du monde ne sont pas des signes de Dieu, même s’ils parlent et utilisent les choses de Dieu.
La prière sincère et l’humble suivi de l’Église universelle (et non de tel ou tel prophète de service) seront toujours des voies sûres. Nous pouvons commettre de nombreuses erreurs, mais la bonté et l’amour de Dieu nous guideront toujours sur le bon chemin.
Cet article a été publié originellement par Aleteia (Lien de l’article).