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La Providence Divine : Amour et Soumission

Rien ne se passe dans l'univers que Dieu ne le veuille ou que Dieu ne l'ordonne, et cela doit s'entendre absolument de toutes choses, excepté le péché. Rien, dit saint Augustin, n'arrive par hasard dans tout le cours de notre vie ; Dieu intervient partout.

« Je suis le Seigneur, dit-il lui-même par la bouche d'Isaïe; je suis le Seigneur, et il n'en est point d'autre; c'est moi qui forme la lumière et qui crée les ténèbres, qui fais la paix et qui crée les maux » (Isaïe 45, 6-7).

« C'est moi qui fais mourir, et c'est moi qui fais vivre; c'est moi qui blesse, et c'est moi qui guéris » (Deutéronome 32, 39).

« Le Seigneur ôte et donne la vie, il conduit au tombeau et il en retire; le Seigneur fait le pauvre et le riche, il abaisse et il élève » (1 Samuel 2, 6-7).

« Arrivera-t-il quelque mal qui ne vienne du Seigneur ? » (Amos 3, 6).

Oui, dit le Sage, « les biens et les maux, la vie et la mort, la pauvreté et les richesses viennent de Dieu » (Ecclésiaste 11, 14).

Vous allez dire, peut-être, que cela ne doit s'entendre que des maladies ou de la mort, du froid ou du chaud, et des autres accidents produits par des causes dépourvues de liberté, et non de ce qui dépend de la volonté de l'homme ; car, m'objecterez-vous, quand quelqu'un parle de moi, qu'il me ravit mes biens, qu'il me persécute, qu'il me frappe, comment attribuer cette conduite à la volonté de Dieu, lui qui ne veut pas que l'on me traite de la sorte, que l'on me fasse injure ; qui, au contraire, le défend ? On ne peut donc, concluez-vous, s'en prendre qu'à la volonté de l'homme, qu'à son ignorance ou à sa malice.

C'est en vain, vous répondrai-je, que vous voudriez vous prévaloir de ce raisonnement, pour vous défendre de vous abandonner à la Providence divine ; car Dieu lui-même s'est expliqué : sur sa parole, laquelle ne peut être que la vérité même, nous devons croire que, dans ces sortes d'événements, aussi bien que dans tous les autres, rien n'arrive que par ses ordres. Voici comment il s'exprime :

« Je punirai, disait-il à David, par vos propres enfants, l'adultère et l'homicide que vous avez commis ; je ferai sortir de votre maison les instruments de ma justice, je prendrai vos femmes à vos yeux, je les donnerai à qui vous est le plus proche, et il en abusera » (2 Samuel 12, 11).

Or, je vous le demande, Dieu pouvait-il se déclarer plus ouvertement l'auteur des maux qu'Absalon fit souffrir à son père ?

Cependant, les Juifs aussi chancelèrent dans cette croyance, à l'occasion de leur captivité et de leurs maux, qu'ils attribuaient plutôt à leur fortune et à d'autres causes qu'à la volonté de Dieu ; mais le Prophète les reprit en ces termes :

« Qui est celui qui a dit qu'une chose se fit sans que le Seigneur l'eût commandée ? Est-ce que les biens et les maux ne sortent pas de la bouche du Très-Haut ? Nous avons agi injustement, nous nous sommes attiré la colère du Seigneur, c'est pour cela qu'il est devenu inexorable » (Lamentations 3, 37-39).

Si donc on nuit à notre réputation, si on ravit notre bien, si on brûle notre maison, si on nous donne un soufflet ; enfin, de quelque manière que l'on nous outrage, attribuons tout à la volonté de Dieu : ce sont des coups de sa main, des mesures de sa Providence. Cependant, me direz-vous, il y a péché dans toutes ces actions : comment donc Dieu les veut-il ? Comment y prend-il part, lui qui, étant la sainteté par essence, ne peut avoir rien de commun avec le péché ?

Je réponds qu'il faut, dans l'action de l'homme dont vous vous plaignez, distinguer deux choses : l'une, le mouvement ou l'acte extérieur ; l'autre, le dérèglement de la volonté, qui s'écarte de ce que les commandements de Dieu prescrivent. Ainsi, si cet homme frappe ou s'il médit, c'est, d'une part, le mouvement du bras ou de la langue, et, d'autre part, l'intention qui accompagne ce mouvement. Or, le péché n'est pas dans le mouvement, et c'est pourquoi Dieu en peut être et en est effectivement l'auteur ; car l'homme, ni aucune autre créature n'a ni l'être, ni le mouvement de lui-même, mais de Dieu, qui agit en lui et par lui. Quant à la malice de l'intention, elle est toute de l'homme, et c'est là seulement qu'est le péché, auquel Dieu ne prend aucune part, mais qu'il permet pour ne pas porter atteinte au libre arbitre.

Dieu ne participe donc à nos œuvres que pour en former l'être ; il ne va pas plus loin, il reste absolument étranger à la malice qui s'y rencontre et qui ne prend sa source qu'en nous. Il veut vous priver de votre honneur et de votre fortune, dont vous abusiez ; mais il ne participe en rien au péché du médisant ou du voleur qui vous les ravit.

Un exemple va rendre la chose plus sensible : un juge, par un équitable jugement, condamne à mort un criminel ; mais l'exécuteur se trouve être l'ennemi particulier de ce criminel ; et au lieu de n'exécuter la sentence que par devoir, il le fait par haine, par esprit de vengeance. Il est évident que le juge ne trempe en aucune façon dans le péché de l'exécuteur ; il n'entend point que ce péché se commette, mais seulement que la justice se fasse. De même, Dieu ne contribue absolument en rien à la malice de cet homme qui vous déshonore ou qui vous vole ; sa malice est son fait particulier.

Dieu veut, disions-nous, vous humilier ou vous dépouiller de vos biens pour vous délivrer de vos vices et vous porter à la vertu, et ce dessein, digne de sa bonté, qu'il pourrait exécuter par mille autres moyens, n'a rien de commun avec le péché de l'homme qui lui sert d'instrument. Et, au fait, ce n'est pas son péché qui vous humilie, qui vous appauvrit, c'est la perte de votre réputation, la perte de votre bien ; le péché ne nuit qu'au médisant ou au voleur qui s'en rend coupable. C'est ainsi que nous devons séparer ce que Dieu opère par les hommes et ce que la volonté de l'homme y ajoute.

Saint Grégoire nous propose la même vérité sous un autre jour : un médecin ordonne une application de sangsues ; ces insectes ne sont occupés, en tirant le sang du malade, que de s'en rassasier et de le sucer, s'ils le pouvaient, jusqu'à la dernière goutte. Cependant l'intention du médecin n'est que d'ôter ce que le malade a de mauvais sang, et de le guérir par ce moyen. Il n'y a donc rien de commun entre ce que veulent les sangsues et ce que le médecin se propose en se servant d'elles.

Or, Dieu se sert des hommes comme le médecin se sert des sangsues. Le malade ne se fait aucune peine de leur avidité, il ne les envisage nullement comme malfaisantes; il cherche, au contraire, à surmonter la répugnance que leur laideur lui fait éprouver, et même, il protège, il favorise leur action, sachant bien qu'elles n'agiront qu'autant que le médecin le reconnaîtra utile à sa guérison.

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De même aussi devons-nous ne pas nous arrêter aux passions de ceux à qui Dieu a donné pouvoir d'agir sur nous, ne pas nous mettre en peine de leurs intentions malveillantes, et nous préserver de toute aversion contre eux, sachant bien que, quelles que soient leurs vues particulières, ils ne sont toujours, à notre égard, qu'un instrument de salut dirigé par la main d'un Dieu d'une bonté, d'une sagesse et d'une puissance infinies, qui ne leur permettra d'action qu'autant qu'elle nous sera utile. Notre intérêt devrait donc nous porter à accueillir plutôt qu'à repousser leurs atteintes, puisqu'elles ne sont véritablement que les atteintes de Dieu même. Et il en est ainsi de toutes les créatures quelconques : elles ne sauraient agir sur nous, si le pouvoir ne leur en était donné d'en haut.

Cette doctrine a toujours été familière aux âmes vraiment éclairées de Dieu. Nous en avons un exemple célèbre dans le saint homme Job. Il a perdu ses enfants et ses biens, il est tombé de la plus haute fortune dans la misère la plus profonde, et il dit :

« Le Seigneur m'avait tout donné, le Seigneur m'a tout ôté, il n'est arrivé que ce qu'il lui a plu, son saint nom soit béni ! » (Job 1, 21 ).

Il ne parle point des voleurs, des vents, des murs écroulés, il ne voit que Dieu en tout ce qui lui est arrivé ; c'est que sa foi lui faisait tout envisager comme venant de sa main.

Le roi David ne pensait pas autrement lorsqu'il disait, dans sa fuite de Jérusalem, à Sémeï, qui l'outrageait et le chargeait d'imprécations :

« Laissez-le me maudire, car le Seigneur le lui a commandé » (2 Samuel 16, 10).

Et nous ne lisons pas que Job et David, bien que souverains, aient songé à tirer vengeance des injures qui leur étaient faites. C'est une réflexion que saint Augustin nous propose, afin que nous nous persuadions qu'il est d'un vrai chrétien, autant qu'il dépend de lui, d'éviter toute opposition et toute résistance contre ceux à qui il plaira à Dieu de donner pouvoir d'agir sur lui. Il cite pour ce sujet la conduite de Jésus-Christ notre modèle, qui, selon l'avis de saint Pierre, nous engage à nous remettre à celui qui juge avec justice, à souffrir sans nous plaindre, comme une victime qu'on mène au sacrifice, sans ouvrir la bouche. Enfin, selon l'avis du même Père, c'est une vérité constante, que tout ce que nous souffrons est l'effet de la volonté de Dieu, qui n'a rien d'injuste.

Source : La voie de la paix intérieur - P. DE LEHEN - 1883

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