Au sein même du christianisme, l’incrédulité manifeste, et, pour tout dire, la haine de la religion, la haine du prêtre, la haine de Dieu lui-même font de jour en jour les plus lamentables progrès.
Comment peut-il se faire que Dieu ait des ennemis ?
C’est pour sa gloire et pour leur bonheur éternel que Dieu a fait les anges et les hommes. « Mais, comme dit M.Grimouard de Saint-Laurent (1), il ne peut se contenter d’être subi comme une nécessité. Il aime, il veut être librement aimé ; digne d’être préféré à tout, il veut être l’objet des plus libres préférences. ». Il a donc fait les êtres intelligents libres de pouvoir se rapprocher ou s’éloigner de lui. Et l’éloignement volontaire finit par constituer celui qui s’en rend coupable et qui y persiste, dans un état de haine.
C’est là que Satan est tombé du premier coup ; c’est là que les hommes arrivent après avoir longtemps résisté aux attraits divins : ils vont se placer volontairement sous la bannière de Satan qui les conduit au combat contre Dieu. Ce que nous voyons sur la terre n’est que le prolongement de ce qui s’est passé au ciel à l’origine des temps.
Et comme maintenant la séduction satanique se fait plus persuasive, le Souverain-Pontife a voulu que tous les jours, après l’oblation du Saint-Sacrifice, prêtres et fidèles récitassent la prière que nous avons déjà rappelée.
Remarquons toutefois que cette révolte, si Dieu la laisse se produire, il ne la tolère jamais que dans une mesure qu’il ne laisse pas dépasser ; et, de plus, la révolte et obéissance, amour et haine, tout servira, en définitive, à la plus grande perfection des élus et à la plus grande gloire de Dieu. Comme le dit fort bien Donoso Cortès :
« Lucifer n’est pas le rival, il est l’esclave du Très-Haut. (Il faut en dire autant des sectaires.) Le mal qu’il inspire ou qu’il introduit dans l’âme et dans le monde, il ne l’introduit pas, il ne l’inspire pas sans la permission du Seigneur ; et le Seigneur ne le lui permet que pour châtier les impies ou pour justifier les justes par le fer brûlant de la tribulation. De cette sorte, le mal même arrive à se transformer en bien sous la conjuration toute-puissante de Celui qui n’a d’égal, ni par la puissance, ni par la grandeur, ni par le prodige ; qui est Celui qui est, et qui a tiré tout ce qui est, en dehors de Lui, des abîmes du néant.(2) »
S’il faut parler de rivalité, elle a été au ciel entre Saint Michel et Lucifer ; elle est sur la terre entre Satan et la très Sainte Vierge Marie,
« Ait Dominus Deus ad serpentem : Inimicitias ponam inter te et mulierem et semen tuum et semen illius. Ipsa conteret caput tuum. »
(Genèse 3:15 Je mettrai de l’hostilité entre toi et la femme,entre ta descendance et sa descendance :celle-ci t’écrasera la tête,et tu lui mordras le talon.)
L’avènement du protestantisme et la Révolution Française qui en fut la suite, ont marqué une nouvelle phase dans le combat inauguré au commencement du monde.
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La Révolution n’est, à vrai dire, que l’église de Satan, incarnée dans une société, la franc-maçonnerie, qui actuellement a étendu son réseau sur l’univers entier pour le laïciser, c’est-à-dire pour la soustraire à l’autorité divine. Par elle, l’antique ennemi promet aux peuples de leur donner le progrès infini, et avec lui l’amélioration de l’humanité, le bonheur, la déification qu’il avait promise à Eve.
On ne peut nier que l’ordre d’idées que la Révolution représente ne soit précisément celui que le grand ennemi de Dieu, l’antéchrist, résumera dans sa personne : divinisation de l’humanité, glorification de ses droits hors de Dieu et contre Dieu, guerre acharnée à l’Eglise.
Quelle sera l’issue de la lutte ?
C’est le secret de Dieu. Quoi qu’il arrive, l’Église est militante et chaque chrétien doit être prêt à combattre avec elle par tous les moyens qui sont en son pouvoir. Les victoires passées sont le gage de celles qui l’attendent dans l’avenir. Nous savons que les luttes les plus terribles qu’elle aura à soutenir, seront le prélude de la grande victoire qui réduira pour toujours ses ennemis à l’impuissance, mettra le comble à sa gloire, et, de militante qu’elle aura été jusque-là sur la terre, la fera tout entière triomphante dans le ciel. C’est alors que se réalisera pleinement cette parole :
« Vincit in bono malum, Dieu sait vaincre le mal par le bien. »
1 : Les Ennemis de Dieu et de l’Eglise
2 : L’Église et la Révolution
Source : L’Américanisme et la conjuration antichrétienne par l’Abbé Henri Delassus