L’homélie du Père Robert (Bob) en ce troisième dimanche du temps ordinaire, Pierre et André venaient de terminer leur travail quotidien de pêche. Ils tendaient leurs filets pour qu’ils sèchent au soleil. Ils sont probablement en train de parler de la prise du jour, de compter les bénéfices et de maudire les accrocs dans les filets.
Au loin, ils remarquent quelqu’un qui s’avance vers eux, un étranger. Il les regarde, ne leur dit pas bonjour, et ne parle pas de la prise de poissons ou du bateau. Il ordonne simplement et tranquillement :
« Suivez-moi et il s’attend clairement à ce qu’on lui obéisse. «
Et ils obéissent, immédiatement, sans hésitation. Se sont-ils interrogés sur leur avenir, qui s’occuperait de leurs bateaux ? Qu’en est-il de leurs familles ? Ce sont toutes des questions valables ; mais pour Pierre et André, ce sont des préoccupations du passé. Ils ne semblent pas le moins du monde préoccupés par leur geste brusque. Nous nous demandons comment ils ont pu quitter cavalièrement leur emploi. Nous nous étonnons de leur manque de curiosité. Ils auraient pu répondre :
« En fait, nous n’avons rien décidé, tout a été décidé pour nous. Nous n’avions pas à réfléchir, on nous a présenté la chose comme une fatalité. Nous avions toujours été maîtres de notre vie et soudain, nous ne l’étions plus, nous n’avons pas changé, nous avons été changés. «
Par qui, par cet homme, Pierre et André ont clairement vu son visage, entendu sa voix et compris ses paroles. Il n’était pas un mirage au bord de la mer, pas une vision, mais il y avait quelque chose au-delà de Lui. Une force agissant à travers lui, une puissance le conduisant. Et Jésus ? Avait-il des questions à leur sujet ? Je ne le pense pas. Il a simplement entendu une voix intérieure qui lui disait :
« Dis-leur de te suivre.«
Pierre et André n’étaient pas des jeunes hommes qui débutaient, mais des hommes d’affaires bien établis. Pourtant, en une seconde, tout cela a changé, ils étaient des hommes ouverts à l’appel de Dieu, à la grâce de Dieu. Et lorsque nous, humains, nous nous ouvrons à Dieu, des choses merveilleuses peuvent se produire.
Malgré toute l’horreur qu’Adolf Hitler a déchaînée sur ce monde, il y a des points de lumière. Le soldat Joseph Schultz, un loyal soldat allemand, a été envoyé en Yougoslavie. Un jour, un sergent a appelé huit noms, le sien parmi eux, ils pensaient qu’ils allaient faire une patrouille de routine.
Alors qu’ils franchissaient une colline sans savoir quelle était leur mission, ils ont vu huit Yougoslaves debout sur le sommet de la colline. Cinq hommes et trois femmes. Ce n’est qu’à ce moment-là qu’ils ont compris quelle était leur mission.
Les soldats se sont alignés, le sergent a aboyé « Prêt » et ils ont levé leurs fusils, « Visez » et ils ont visé. Et soudain, dans ce moment de silence avant qu’ils ne tirent, il y a eu un bruit sourd. La crosse d’un fusil est tombée sur le sol et le soldat Joseph Schultz s’est dirigé vers les Yougoslaves.
Son sergent l’a appelé et lui a ordonné de revenir dans le rang, mais il a fait semblant de ne pas entendre. Il fit les quinze mètres qui le séparaient du sommet de la colline et joignit les mains des Yougoslaves.
L’officier lui a rappelé sa loyauté envers le Führer. Il y a eu un moment de silence où personne ne savait ce qui allait se passer. Mais ensuite, l’ordre « Feu » et le soldat Joseph Schultz est mort avec ces autres hommes et femmes innocents. Qu’est-ce qui a changé le soldat Joseph Schultz…. serait-ce le pouvoir de la grâce divine ? Le même pouvoir qui a transformé Pierre et André en pêcheurs d’hommes ?
Dans la poche du soldat Schultz se trouvait une lettre de sa mère, qui s’opposait à l’engagement de son fils auprès des nazis. La lettre se trouve dans son dossier militaire à Berlin. Elle ne dit rien dans la lettre contre la guerre ou les Nazis. Mais elle lui parle de son appel baptismal à suivre le Christ et elle termine la lettre par une citation de St Paul :
« L’amour ne prend pas plaisir au mal, mais se réjouit de la vérité, il protège toujours, il a toujours confiance, il espère toujours et il persévère toujours. »
Pierre, André et le soldat Schultz étaient des hommes changés. Mais notez que leur changement impliquait de déposer quelque chose.
Les premiers disciples ont déposé leurs filets, qui représentaient leurs affaires, leurs revenus. Schultz a déposé son fusil, il semblerait que le discipulat ne soit pas gratuit. Nous pouvons tous nous demander :
« Y a-t-il quelque chose dans ma vie que je serre, à laquelle je m’accroche ? Quelque chose qui m’empêche d’avoir une union plus étroite avec le Christ ? Quelque chose dont je ne veux tout simplement pas me défaire ? »
Peu nombreux sont ceux qui sont appelés à donner leur vie pour le Christ, voire à vendre tout ce qu’ils possèdent pour le donner aux pauvres. Et ensuite le suivre comme un saint François ou une mère Teresa.
On a dit que le plus long voyage que la plupart d’entre nous font est celui qui va du sommet de notre tête au fond de notre cœur. Le voyage auquel le Christ nous appelle n’est pas un voyage de tête. La foi chrétienne n’est pas tant un ensemble de croyances qu’une manière de vivre. Jésus n’a pas dit :
« Prenez votre orthodoxie et vos credo et suivez-moi« .
Il a dit :
« Prenez vos croix et suivez-moi.«
La semaine prochaine, nous écouterons l’évangile des béatitudes, aussi je vous laisse avec quelques questions.
À lire aussi | Une lettre secrète au Pape Léon XIII contre les Bonapartistes
Êtes-vous une personne à qui Jésus donnerait le nom de miséricordieux ? Êtes-vous une personne à qui Jésus donnerait le nom d’artisan de la paix ? Êtes-vous une personne à qui Jésus donnerait le nom de pauvre en esprit ? Vous êtes-vous jamais arrêté pour réfléchir à ce que signifie être chrétien ?
Homélie de ce dimanche du Père Robert Warren, Franciscain de Garison NY