Cette vertu du silence, est-ce que cela nous oblige à ne pas parler ? Notre génération est habituée à ce qu’il se passe beaucoup de choses autour d’elle en permanence.
Nous vivons dans une agitation quotidienne, dans un monde où nous sommes entourés de publicités parfois très fortes. Nous vivons aujourd’hui dans une dictature du bruit, et très souvent ce bruit n’est pas seulement à l’extérieur, mais, malheureusement, aussi en nous.
Peut-être vaut-il la peine de surmonter cette agitation intérieure, de prendre soin du silence dans lequel Dieu peut être entendu. Dans la tradition chrétienne, le silence n’est pas uniquement une absence de parole, mais une présence, et il est essentiel pour construire une relation juste avec Dieu et avec les autres.
Le silence ne concerne pas les « disputes » qui se produisent lorsqu’un couple boude l’un à l’autre par exemple. Dans ce cas, en fait, le silence est « bruyant » parce qu’il est l’expression du ressentiment, de la douleur et de la déception.
Le silence ne consiste pas seulement à se taire – le silence vient du fait de faire taire son intériorité. Saint Benoît, dans sa « Règle« , lorsqu’il parle de la vertu du silence, utilise le mot latin taciturnitas, qui signifie l’aptitude morale d’une personne ; il ne s’agit pas d’un simple non-dit, mais de la bonne habitude du silence. Un homme qui sait se taire connaît la valeur du silence.
Le silence ne peut pas non plus être une fin en soi. La parole est, en effet, un don de Dieu ; elle sert aussi à l’apostolat et à la transmission de la foi. Le silence imprègne tout notre être, notre cœur. La véritable compétence du silence est une invitation pour une personne à laisser les bavardages vides et sans intérêt sur une autre personne, à abandonner les ragots blessants et nuisibles.
Le silence nous apprend que nous pouvons blesser quelqu’un inutilement par les péchés de la langue. Le silence nous apprend à parler au moment opportun. Dans le livre de la Sagesse de Siracide, nous lisons :
« L’un se tait parce qu’il ne sait pas quoi répondre, l’autre se tait parce qu’il sait [attendre] le moment opportun » (cf. Sir 20, 6).
Le silence nous apprend à nous abstenir de tout jugement, de tout soupçon. Le Père Szymon Hiżycki, abbé de Tyniec, observe que celui qui vit en harmonie avec Dieu, avec ses voisins, avec lui-même et avec le monde qui l’entoure, est vraiment silencieux.
La vertu du silence réside aussi dans le fait que le cœur n’accuse personne, ne murmure pas. Dans le Livre des Anciens, qui est un recueil de sentences des Pères du Désert, nous trouvons la pensée de l’Abba Pojmen, qui dit qu' »il y a un homme qui semble être silencieux, mais son cœur juge les autres ; il parle continuellement. Mais il y a aussi un homme qui parle du matin au soir, et qui garde le silence, c’est-à-dire qu’il ne dit rien d’utile« .
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Et cela signifie que le véritable silence consiste en une liberté intérieure de ne pas juger constamment la vie et les actes des autres. Le Père Hiżycki note que Abba Pojmen n’exige pas que l’on ne dise rien, mais que l’on ne pense rien d’inapproprié sur une autre personne.
Le Pape François souligne que « nos paroles peuvent devenir flatterie, vantardise, mensonge, détraction, calomnie (…). Le silence, le parler correct, parfois une légère morsure de la langue – cela nous fera du bien, au lieu de parler bêtement« .
Cet article a été publié originellement par Niedziela (Lien de l’article).