Roselyne Hamel est à Rome pour présenter la sixième édition du Prix qui porte le nom de son frère prêtre, décapité par des musulmans en 2016.
Avec la mère de l’un des assassins, elle a initié un processus de réconciliation : « Cette femme porte aussi une souffrance douloureuse« . « Connaître la dame Kermiche était le chemin que je cherchais pour donner un sens à ma vie, après avoir subi tant de violence« , affirme-t-elle.
Roselyne se trouve actuellement à Rome pour présenter la sixième édition du Prix de Journalisme Père Jacques Hamel dédié au dialogue interreligieux, prévue pour janvier à Lourdes, cette année ouverte à des candidatures de journalistes du monde entier. Ce prix vise à perpétuer la mémoire de son frère et à promouvoir le dialogue et la réconciliation. Ce qu’elle a elle-même accompli pour la première fois lorsqu’elle a rencontré la mère d’Adel Kermiche, l’un des terroristes de son frère prêtre de dix-huit ans, en initiant un chemin de guérison mutuelle.
« Jacques n’est pas seulement mort, il est mort avec toute cette méchanceté humaine. Alors, quand je suis allée voir la dame Kermiche, la première chose qu’elle m’a dite, bien sûr, c’est que c’était son fils qui agissait ainsi. Elle a demandé pardon.
Elle voulait nous rencontrer pour demander pardon et essayer de comprendre. Immédiatement, nous avons partagé cette souffrance qui avait un sens différent. Mais je me suis demandé ‘qui peut souffrir plus que moi?’. C’est vrai que cette mère, qui a élevé ses enfants comme moi, porte une souffrance douloureuse.
Elle nous a dit : ‘Comprenez, mon fils, ma chair et mon sang ; j’ai dû appeler la police pour le poursuivre et le mettre en prison parce que je ne pouvais plus le supporter. Et quand j’ai découvert comment il vivait en prison, à côté d’un adulte radicalisé, nous l’avons sorti de là, nous avons payé des avocats. Pour quoi faire ? Qu’il tue un religieux’« .
Cette mère, continue Roselyne, « porte constamment ce fardeau de culpabilité, en plus de la douleur d’avoir perdu son fils.
Et elle nous a dit : ‘Regardez, vous, les chrétiens, venez immédiatement me rendre visite. Mais ma communauté m’a abandonnée. »
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Rencontre avec les sœurs de l’un des complices Roselyne Hamel explique également qu’au cours du procès, elle a pu approcher quatre sœurs d’un autre prisonnier, accusé de complicité dans le meurtre.
« Pendant une pause du procès, je suis allée les accueillir aux bancs où se trouvait le public, et quand elles m’ont vue arriver, elles avaient une expression de peur sur leur visage, et tout de suite je leur ai dit : ‘N’ayez pas peur ! N’ayez pas peur de moi. Je suis venue vous exprimer ma compassion pour la douleur que vit votre frère cadet. Elles ont serré ma main. Elles m’ont remerciée. Nous avons ressenti un peu de paix.«
Le dernier jour du procès, les quatre sœurs ont attendu Roselyne aux portes du tribunal pour lui en dire plus sur leur frère.
« Ni elles ni leur mère n’avaient pu s’occuper de lui depuis qu’il était tout petit. Nous avons parlé longuement et, avant de partir, je les ai embrassées et leur ai dit que leur petit frère porterait maintenant un fardeau lourd. ‘Soyez le plus présent possible, allez le voir car il en aura grandement besoin’« .