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Le Château Saint-Ange durant l’occupation de Charles Quint

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La marche du lieutenant de l’empereur Charles-Quint, Ugo Moncada, avait été si imprévue et si rapide qu’il parvint à Rome le 20 septembre 1526, alors que le pape Clément VII et son entourage étaient dans la plus profonde sécurité.

Ses troupes entrèrent par la porte Saint-Jean de Latran et se répandirent assez lentement dans la ville, établissant leur campement près des Saints Apôtres, dans le quartier des Colonna, c’est-à-dire presque au centre de Rome. Le lendemain matin, le pillage commença ; le Vatican fut envahi, et le pape se retira en hâte, avec quelques cardinaux, au château Saint-Ange, dont les herses furent baissées et dont l’artillerie fut mise en état de défense.

Ce fut même la crainte des canons du château qui arrêta les ennemis dans la dévastation de la région circonvoisine ; mais le reste du quartier du Borgo et le palais pontifical subirent un pillage complet. Comme les soldats revenaient imprudemment par le pont Saint-Ange, la garnison du château se précipita sur la queue de la colonne, tua ou captura une soixantaine d’hommes et s’empara du butin qu’ils emportaient, parmi lequel était la tiare, qui fut aussitôt rapportée au pape.

On surprit également et l’on fit prisonnier l’un des chefs de l’armée impériale, Mario Orsini, au moment où il était occupé, au Vatican, à dépouiller la garde-robe du pape. Cependant, Clément VII avait trouvé le château mal préparé à la résistance ; soit par négligence, soit plutôt par la faute du pape, le gouverneur, Teobaldo Starnotti de Fabriano, avait laissé réduire les approvisionnements amassés par Alexandre VI et Jules II.

Dans ces conditions, il ne pouvait être question d’un siège ; Clément VII demanda donc à négocier, et Moncada accepta d’autant plus volontiers que ses troupes s’étaient débandées après le sac du Borgo. Les cardinaux Cibo et Ridolfi, neveux du pape, lui ayant été donnés comme otages, il se prêta à venir dans le château traiter personnellement avec le pape, et une trêve de quatre mois fut conclue.

Le 8 mai, le siège commença effectivement sous la direction de Vespasiano, d’Ascanio Colonna, et du cardinal Pompeo Colonna. On pratiqua des tranchées tout autour du château, à une assez grande distance, non pas pour le miner, mais afin d’empêcher le pape et les prélats, que l’on supposait possesseurs d’énormes richesses, de s’évader.

Ces tranchées partaient du pont qui est sous le Belvédère et se terminaient devant l’église San Rocco, c’est-à-dire près du pont Ripetta ; les Espagnols, qui semblent avoir été les plus actifs parmi les assiégeants, en avaient mené une autre plus près sur la place Sant’Angelo. Les voies d’accès furent également barrées par des défenses improvisées. Cependant, l’artillerie du château tirait sans relâche ; le 26 mai (1527), Baglioni fit une sortie qui coûta aux assaillants plus de six cents hommes.

Le 29 mai, le duc d’Orange, qui avait pris le commandement des Impériaux à la mort du connétable, fut blessé à la tête d’un coup d’arquebuse, tiré par Cellini, s’il faut l’en croire malgré sa présomption coutumière ; les chirurgiens qui le bandèrent reçurent vingt et un écus. « Vingt et un escus donnés par l’escuyer Chantrans aux chirurgiens qui habillèrent Monsieur quand il fut blessé à la tête d’un coup d’arquebuse devant le château Saint-Ange.« 

D’ailleurs, les escarmouches se répétaient et inquiétaient fortement les Espagnols et les lansquenets qui s’efforcèrent de barricader le pont et d’envelopper le château d’une ligne complète de circonvallation à laquelle on fit travailler des criminels tirés de prison.

Les prélats, pendant ce temps, multipliaient leurs dévotions ; sans cesse on psalmodiait et l’on disait des litanies ; la nuit comme le jour, on lisait le Psaume 50 ; le pape célébrait souvent la messe et accordait de nombreuses indulgences. Le jour de l’Ascension, il dit l’office divin et fit communier lui-même tous les cardinaux qui en manifestèrent le désir ; les cardinaux et les évêques disaient de nombreuses messes et l’ordre religieux était admirable.

Comme le trésor accumulé par Jules II avait été dissipé par Léon X, le numéraire manquait totalement ; Cellini fut chargé de fondre des objets en métal précieux ; on obtint ainsi pour deux cents livres (68 kilos environ) d’or. Cependant, les vivres se faisaient rares ; les Espagnols se saisirent d’une femme qui apportait des laitues pour la table du pape et la pendirent devant le château ; ils tuèrent aussi à coups d’arquebuse des enfants qui cueillaient des herbes pour les déposer dans un panier que les assiégeants faisaient descendre du haut des créneaux. On en était réduit à manger de la chair d’âne. Il n’était plus possible de communiquer avec l’extérieur qu’au moyen d’enfants déguisés en mendiants.

Enfin, le pape demanda à entrer en composition et, le 8 juin, un accord fut signé en vertu duquel Don Fernando de Alarcon prit possession de la partie inférieure du château avec deux compagnies de cent cinquante hommes chacune, composées l’une d’Espagnols, l’autre d’Allemands.

« Le château Saint-Ange fut mis entre les mains de l’Empereur, jeudi 5 de juin dudit an 1527, videlicet le bas et le haut le tient encore le pape. »

Philippe de Cervella fut nommé gouverneur du château. De fait, le pape était prisonnier et même assez étroitement gardé. Orazio Baglioni et Renzo de Ceri furent autorisés à s’éloigner. Orazio retourna à Pérouse, emmenant Cellini, et il arriva le 12 juin 1527. Guido de Médicis demeura gouverneur du château en ce qui concernait la partie supérieure où résidait Clément VII.

D’ailleurs, si les Impériaux faisaient une bonne surveillance autour de leur captif, celui-ci, pour sa part, ne permettait guère qu’on vint du dehors jusqu’à lui, parce qu’il redoutait la peste qui venait d’éclater dans Rome à la suite des massacres du mois précédent (27 juin). Cependant, le château ne demeura pas longtemps indemne. En juillet, le cardinal Rangone avait perdu quinze de ses serviteurs ; il demanda à s’éloigner pour s’établir dans une de ses villas, ce qui lui fut accordé à la condition de rester prisonnier sur parole.

Plusieurs des serviteurs du pape périrent également. Le 17 juillet, mourut un vieux serviteur du château, le capitaine Garcias de Heredia, qui y tenait garnison depuis quarante-quatre ans et avait vu sept papes. Parmi les personnages de marque qui succombèrent, furent Alberto Serra, qui avait fait embellir la rue dell’Orso par San Gallo, l’abbé Nogefo, représentant de l’empereur Charles-Quint, le cardinal Rangone qui était revenu au château (28 août). Le cardinal Francesco Armellini y mourut en octobre ; on ne sait toutefois si ce fut de la peste.

Ce fut seulement le 31 octobre qu’une convention fut conclue entre le pape et l’empereur, et le 26 novembre (1527) qu’elle fut signée au château Saint-Ange ; Charles-Quint s’engageait à rendre au pape sa liberté, et celui-ci à lui payer une forte rançon qui était supposée représenter les frais de la guerre.

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À partir du 1er octobre, le pape avait pu, grâce à l’intervention de Veyra, se procurer des vivres à sa convenance ; les dépenses de sa table s’élevèrent durant le mois à 283 ducats de dix giuli et 69 bolognini ; durant le mois de novembre, elles furent de 351 ducats. Dans la nuit du 7 décembre, Clément VII, qui se sentait mal sûr dans le château malgré le pacte conclu, s’enfuit sous un déguisement au sujet duquel les contemporains ne sont nullement d’accord ; les uns affirment qu’il se cacha au fond de la litière de son chancelier, d’autres qu’il se travestit en marchand, ou bien encore qu’il se couvrit d’un chapeau de pauvre, d’un méchant manteau, se mit une fausse barbe et trompa les sentinelles en se donnant pour un fourrier du pape chargé de préparer son gîte quand il partirait. Quoi qu’il en soit, il gagna Viterbe presque sans escorte et parvint, le 8 décembre, à Orvieto. Il était resté sept mois enfermé au château.

Quelques jours auparavant, le cardinal Trivulzio avait tenté de fuir, mais les Espagnols le ramenèrent au château (28 novembre 1527). Le pape fit frapper un peu plus tard une médaille commémorative de sa captivité.

Le 14 janvier 1528, les Espagnols quittèrent Rome, au nombre de quatorze mille environ ; la partie inférieure du château fut rendue aux représentants du Saint-Siège, et Carlo Aslalli ou Astaldi en eut aussitôt la garde, Guido de Médicis demeurant gouverneur de la partie supérieure. Toutefois, suivant certains chroniqueurs, la partie inférieure du château aurait été confiée, jusqu’au retour du pape (6 octobre 1528), à Niccolo Maurizio qui avait défendu avec énergie Anagni contre les Impériaux lors des derniers événements et qui devint, par la suite, gouverneur du Borgo.

Le 2 janvier 1528, Clément VII avait récompensé Guido de Médicis de sa conduite pendant le siège en lui donnant l’évêché de Chieti transformé, à son intention, en archidiocèse (1528-1537).

Source : Revue des questions historiques – Jean Guiraud – 1866

Publié par Napo

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